Société des Missions Africaines –Province de Lyon
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né le 1er novembre 1921 à Clermont-Ferrand dans le diocèse de Clermont-Ferrand, France membre de la SMA le 31 décembre 1953 prêtre le 29 juin 1956 décédé le 1er avril 1964 |
1942-1948 carrière militaire en France et en Indochine titulaire de plusieurs décorations décédé à Lyon, France, le 1er avril 1964, |
Le père Guy RABILLAT (1921 - 1964)
Guy Rabillat est né au cœur des montagnes de l'Auvergne, à Clermont-Ferrand, le 1er novembre 1921. Il fréquente l'école de Rouvray, en Indre-et-Loire, où il fait sa 1ère communion et reçoit la confirmation. Son père meurt en 1923, et Guy reste le seul enfant de sa mère. De 1932 à 1935, Guy continue ses études primaires à Paris. A 14 ans, il est employé à la maison Michelin de Paris, avec sa mère. De 1938 à 1942, il est pensionnaire, dans le 16ème arrondissement, chez les frères de Saint-Vincent de Paul.
En 1942, commence une vie militaire longue et mouvementée. Il est engagé volontaire et rejoint Nîmes et Draguignan. Puis, en mars 1943, il est à Limoges. Réfractaire au S.T.O. en juillet 1943, il se cache. Et voici comment il raconte, ensuite, son parcours militaire : Réfugié dans l'Aveyron, je prends définitivement le maquis le 25 mai 1944. Je passe au groupement du maquis du sud-ouest, à Dijon, le 15 septembre 1944, qui devient le régiment du Languedoc, puis, le 80ème régiment d’infanterie, le 19 janvier 1945. Je fais les campagnes d'Alsace, d'Allemagne et d'Autriche. Je pars comme volontaire en Indochine, le 24 mai 1946. Réengagé pour deux ans, je suis envoyé à Cholon, le 16 janvier 1948. Je suis muté à la base militaire de Saïgon, pour mise en congé de fin de campagne, le 1er juillet 1948. Je pars successivement au Cambodge, au Laos, en Annam, au Tonkin, en Cochinchine, au Cambodge, puis retour à Saïgon pour embarquement, le 29 septembre 1948. Je suis libéré le 16 janvier 1949, pour fin de combat.
Cette simple énumération en dit long, si on réfléchit aux nombreux périls auxquels Guy fut exposé tandis que sa mère, qui n'avait que ce fils, vivait dans l'angoisse de sa survie. Pour celle-ci, en effet, ce fut une période douloureuse, où elle vécut dans la crainte permanente. Un jour, elle découvrit, en rangeant ses habits, plusieurs décorations. Guy ne lui en avait pas parlé, tant il était modeste.
C’est au cours de cette période vécue en Indochine que Guy Rabillat redécouvre la foi. Il a raconté à un confrère l’anecdote suivante : C’était à Saïgon. J’étais resté au fond de l’église, car j’avais même eu peur que l’on m’empêche de rentrer à l’église, à cause de mon passé. Au début de la messe, au premier coup de clochette de l’enfant de chœur, je pense qu’on avertit l’assistance qu’un élément étranger est présent dans l’assemblée. Je me fais petit, mais remarque que personne ne se tourne vers moi. Seconde alerte au moment du coup de sonnette du Sanctus. Je reste à ma place. A la consécration, il y a plusieurs coups de clochette. Cette fois, n’y tenant plus, sûr d’être découvert, je quitte l’église en vitesse. A son retour en France, répondant aux questions de sa mère, il révéla qu'il voulait repartir, mais comme prêtre, ce qui provoqua un tollé dans la famille.
Guy s'adressa aux Missions Etrangères de Paris, mais on n'y acceptait pas de vocations tardives, et on l'orienta vers les Missions Africaines. En 1948, le 3 novembre, il est admis à Martigné-Ferchaud et, en trois ans, il assimile le latin et diverses autres disciplines. Les certificats présentés par les éducateurs antérieurs lui sont très favorables.
Après son noviciat à Chanly, il entre au grand séminaire, à Lyon, en 1953, y devient membre de la Société des Missions Africaines. Dans les colonies de vacances, on apprécie beaucoup son dévouement, son bon esprit, ses initiatives. Le 29 juin 1956, Guy devient prêtre des Missions Africaines, à la grande joie de sa mère, et achève sa théologie en 1957.
Cette même année, le Conseil le confie à monseigneur Boivin pour le diocèse d'Abidjan. Il arrive à Agnibilékrou en octobre 1957, et devient vicaire du père Favier. Il fait ses premières tournées avec son curé. A Damé, il fait son premier baptême, très ému. Il encaisse avec calme les leçons de son curé pour apprendre le métier et, en décembre 1957, celui-ci le juge apte à aller seul en brousse. Durant quatre ans, il tient sa mère au courant de ses activités missionnaires, ses lettres lui expriment son bonheur de pouvoir servir Dieu et ses frères et sœurs africains.
Le père voudrait lancer l'Action catholique, mais les jeunes sont réticents. En février 1958, son curé tombe malade, et se voit contraint d’aller à l'hôpital d'Abengourou, puis à Moossou, pour un temps de repos. Sa santé physique et morale se dégrade. Le 8 avril, il s'embarque pour la France. Le père Guy Rabillat se retrouve seul, mais il travaille avec ardeur, humour, soucieux d'Action catholique, d'accueil, d'éveil des âmes.
En 1962, il rentre en congé, à la grande joie de sa mère. Trois mois après, il repart en Côte-d'Ivoire. Monseigneur Bernard Yago le nomme à Anyama, vicaire du père Peyvel.
Mais, 6 mois après son arrivée à Anyama, il est victime d'une hémiplégie et ne peut plus parler. Ses membres aussi sont touchés. Le voilà contraint au rapatriement, en mars 1963. Pris en charge à Lyon, il récupère la marche, mais pas la parole ; il entend et comprend, mais sans pouvoir s'exprimer.
Pour sa mère, c’est une profonde tristesse, une grosse épreuve, mais elle garde espoir. Il faut l'accompagner à l'hôpital, tous les trois jours, pour la rééducation de la parole. Ce régime se poursuit en 1963 et au début 1964, permettant une sensible amélioration des membres et de la parole. Mais il y a une inquiétude, du fait des caillots de la carotide : ils peuvent se détacher et provoquer une thrombose ailleurs. Et c’est ce qui arrive. Le 1er avril 1964, on le trouve mort.
Après ses obsèques au 150, il est inhumé au cimetière de Loyasse à Fourvière. Sa maman est en larmes : Mon enfant unique ! Comprenez-vous ma douleur ? Ces mots pouvaient rejoindre ceux de Marie au calvaire, au pied de son Fils unique crucifié. Le Seigneur aura accueilli ce vaillant et méritant missionnaire.
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