Société des Missions Africaines –Province de Strasbourg
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né le 29 mars 1890 à Zellenberg dans le diocèse de Strasbourg, France membre de la SMA le 5 février 1928 serment permanent le 6 février 1934 décédé le 7 avril 1976 |
1928-1930 Vigneulles, puis Haguenau, ferme décédé à Colmar, France, le 7 avril 1976, |
Le frère Xavier WELTERLIN (1890 - 1976)
Xavier Welterlin est né à Zellenberg, dans le Haut-Rhin, le 29 mars 1890. Ses parents étaient vignerons. Ils eurent six enfants. Xavier fut élève dans une École Professionnelle à Colmar, mais, étant l’aîné des enfants, il dut bientôt abandonner les études pour travailler à l’exploitation du domaine familial. Il aima le labeur du vigneron et, soucieux de progrès, introduisit même dans la culture de la vigne des améliorations qui s’imposèrent dans la région. Le 9 août 1914, au début de la Première Guerre mondiale, il fut mobilisé et, après quatre mois d’instruction militaire à Lahr-Diglingen, fut envoyé au front de Belgique, aux environs d’Ypres. Il resta peu de temps dans la zone des combats. Étant tombé malade, il fut ramené à l’arrière et, nommé Unteroffizier, fut chargé d’instruire les jeunes recrues. Au moment de l’armistice, en 1918, il était à Neuf-Brisach.
Après la guerre, il reprit au village son métier de vigneron. Participant aux activités de la commune, il fut, de 1920 à 1925, conseiller municipal. Cependant il songeait à donner à sa vie une autre orientation. Bien avant la guerre déjà, il avait envisagé la possibilité d’un changement. C’était en 1911. De cette année-là, bien plus tard, à 80 ans et plus, il parlait encore avec ferveur : il n’avait pas connu de toute sa vie un été plus chaud que celui de 1911 et, depuis le début du siècle, il n’avait pas récolté de meilleur vin que celui de l’année 1911. Mais cette année fut aussi celle où lui-même décida de devenir trappiste. Sans rien dire chez lui, laissant seulement une lettre pour expliquer sa résolution, il quitta un jour la maison paternelle et se rendit à la Trappe d’Œlenberg. Le Père Abbé lui déconseilla de poursuivre son projet : sa faible santé ne lui permettrait pas de supporter la rude vie des moines.
Il retourna donc au foyer paternel. Mais la pensée de la vie religieuse ne l’avait pas quitté. Il prenait des renseignements auprès de divers Instituts. Au cours des années 1920, il arriva que le Père Sitzmann, dont une sœur était religieuse à Zellenberg, rendit visite à la famille Welterlin. Par lui, Xavier eut connaissance des Missions Africaines. Et c’est finalement aux Missions Africaines qu’il résolut d’entrer en qualité de Frère Coadjuteur. Le 11 novembre 1925, âgé de 35 ans, il quitta à pied son cher village, rejoignit la gare de Ribeauvillé pour y prendre le train, passa à Saint-Pierre et de là se rendit à Vigneulles pour y commencer son noviciat. Le 5 février 1928, il fit son premier serment.
Les deux années qui suivirent, il fut employé aux champs et aux jardins, pour le service de la maison de Vigneulles en 1928-1929, puis de la maison de Haguenau, en 1929-1930. En février 1930, il vint à Saint-Pierre, comme surveillant des jeunes élèves de l’école apostolique. Enfin, à partir de novembre 1931, il fut affecté à ce qui sera l’activité principale de sa vie : la propagande pour notre revue missionnaire. Durant une période de presque 30 ans, il exerça son emploi de propagandiste, ayant comme point d’attache Saint-Pierre de 1930 à 1935, la maison de Haguenau de 1935 à 1939, de nouveau Saint-Pierre de 1939 à 1959.
Depuis 1923, notre petite revue, le Missions Glöcklein, était édité pour faire connaître dans les foyers chrétiens les travaux des ouvriers de l’Évangile sur les lointaines terres de l’Afrique. Partout en Alsace et en Lorraine, elle voulait entretenir l’idée missionnaire et l’amour des missions. Pour assurer à la revue la réussite de ses objectifs, il s’agissait de la répandre, de chercher de nouveaux abonnés, de lui amener des zélateurs et des zélatrices. Le Frère Xavier y réussit parfaitement, aux prix de beaucoup de fatigues. À pied d’abord, puis à bicyclette, enfin à motocyclette, il parcourut en tout sens le Bas-Rhin, le Haut-Rhin et la Moselle, pour intéresser les gens à nos œuvres missionnaires. Il n’épargnait ni sacrifices ni peines, passait par tous les temps, par le vent et par la pluie. Son activité eut du succès. Bientôt on le connaît partout, on l’apprécie et on l’aime. Simple et modeste, affable et bienveillant, toujours souriant, sans exigence et ami de la pauvreté, il est reçu avec plaisir chez les gens. Tel fut le Frère Xavier dans ses tournées de propagande, n’ayant en vue que Dieu, la sainte Église, l’œuvre des missions.
La Seconde Guerre mondiale vint gêner son activité. En septembre 1939, après un voyage en Suisse, il se trouvait aux environs de Vesoul où il avait voulu rendre visite à une famille de sa parenté. Malheureusement, il eut un accident de bicyclette, se blessa à la jambe. Les soins nécessaires le retardèrent et, quand il voulut retourner en Alsace, parvenu dans le Territoire de Belfort, on lui refusa le passage parce qu’il n’avait pas le sauf-conduit prescrit. Ne sachant d’abord que faire, ayant ensuite rencontré par hasard une famille de réfugiés alsaciens qui étaient en route vers Bordeaux, il se décida à les accompagner et à descendre lui aussi vers le sud. Après bien des détours, il arriva à la maison des Missions Africaines de Baudonne dans les Landes.
L’économe de la maison aurait volontiers gardé le cher Frère, qui pouvait rendre de grands services au jardin et dans les champs et qu’il qualifia d’excellent religieux, qui édifie la communauté. Le Frère Xavier lui-même, persuadé au surplus que notre maison de Saint-Pierre avait été réquisitionnée par l’autorité militaire comme celle de Haguenau, serait bien resté à Baudonne. Mais le Provincial d’Alsace lui écrivit de revenir au plus tôt à Saint-Pierre : on avait l’intention de publier un petit numéro trimestriel du Glöcklein, il serait impossible de continuer la propagande sans le Frère Xavier, le laisser à Baudonne serait faire un grand tort à notre œuvre, déjà si grandement éprouvée par la guerre. Le Frère Xavier revint donc à Saint-Pierre, après avoir régularisé ses papiers d’identité. C’était tout à la fin de novembre 1939. On imprima effectivement un n° Das Glöcklein im Krieg et le Frère reprit sa tâche de propagandiste.
Mais bientôt l’occupation allemande vint freiner ce genre d’activité. Le Frère Xavier resta à Saint-Pierre et donna son concours aux travaux de la ferme. Pourtant, même durant cette époque difficile, il ne renonçait pas tout à fait à son rôle de diffuseur de l’idée missionnaire. De temps en temps il sortait pour chercher encore à gagner des amis aux missions. Au cours d’une de ces sorties, il lui arriva de commettre une imprudence, comme il le dit lui-même. Il est difficile à ceux qui n’ont pas connu ce temps de dictature, d’imaginer à quel régime de précautions tatillonnes on était réduit. Toujours est-il que le Frère Xavier, au cours d’une conversation dans une maison d’un village voisin, rapporta une prophétie qui annonçait la victoire des ennemis de l’Allemagne. Il y eut dénonciation, interrogatoires à la Sicherheitspolizei de Sélestat et de Strasbourg, et le Frère Xavier devint, du 12 mai au 3 juillet 1941, Sicherungshäftling au Sicherungslager Vorbruck b./Schirmeck i. Elsass. Tout finit bien, heureusement, et le Frère Xavier revint à Saint-Pierre et reprit son travail à la ferme. Après la guerre, en 1945, il fut élu conseiller municipal de la commune.
Mais il abandonna bientôt cette charge de conseiller, car il pouvait difficilement se rendre aux réunions. En effet, il avait repris activement les tournées pour la diffusion de notre revue qui avait reparu dès 1946 avec le nouveau titre de Messager des Missions Africaines. Avec joie et plein d’entrain, le Frère avait recommencé ses voyages et, de nouveau, il parcourait le pays pour faire connaître aux gens des villes et des villages l’œuvre des missions. Il le fit jusqu’en 1959, date à laquelle il fit une chute de motocyclette. La fracture du col du fémur qui s’ensuivit ne lui permit plus les déplacements fatigants. Il se retira à Haguenau. Âgé maintenant, il rendait encore tous les services en son pouvoir. Chaque matin, c’est lui qui ouvrait les portes de la Chapelle. Dans la journée, il assurait la permanence au téléphone, recevait le courrier, aidait aux travaux de la cuisine.
En septembre 1967, il rallia la maison d’accueil de Saint-Pierre. Il ne pouvait plus marcher et devait garder la chambre. Avec patience, il supportait ses souffrances, ne perdit jamais sa bonne humeur, accueillait avec bienveillance ses visiteurs qu’il savait égayer par une conversation agréable et variée. Plus que jamais il se montra un confrère humble et modeste, d’une piété solide, animé d’une vraie charité fraternelle qui aimait à faire plaisir aux autres.
Le 20 mars 1976, se déclara une maladie des reins. Le Frère Xavier fut hospitalisé le 25 mars à l’hôpital Pasteur de Colmar. Il mourut le 7 avril, aux premières heures du jour. Il fut inhumé le 9 avril au cimetière des Missions Africaines à Saint-Pierre.
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