Société des Missions Africaines –Province de Strasbourg
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né le 12 janvier 1920 à Still dans le diocèse de Strasbourg, France membre de la SMA le 2 février 1944 prêtre le 24 février 1947 décédé le 29 avril 1987 |
1947-1949 Saint-Pierre, professeur décédé à Lomé, Togo, le 29 avril 1987, |
Le père André WIDLŒCHER (1920 - 1987)
André Widlœcher est né le 12 janvier 1920 à Still, village des Vosges, non loin de Mutzig. C’est le mercredi 29 avril 1987, qu’il s’éteignait à l’hôpital de Lomé, au Togo, âgé de 67 ans. Son voyage missionnaire était achevé, voyage de paix et de grâce, qui fut toute sa vie.
Dès sa 12e année, il faisait ses premiers pas vers les missions en entrant à l’école apostolique de Saint-Pierre. Il y commença ses humanités, qu’il poursuivit à Haguenau et au Zinswald, entra au noviciat du Rozay en octobre 1939 et fit ses études théologiques au Séminaire de Lyon de 1943 à 1947. Admis dans la s.m.a. le 2 février 1944, il fut ordonné prêtre à Lyon le 24 février 1947 par le Cardinal Gerlier.
Ce n’est pas sans avoir eu à surmonter bien des obstacles qu’il parvenait ainsi au terme de sa préparation missionnaire. D’abord rappelons-nous que, durant des années, à cause de la guerre, il vivait loin de sa famille qui habitait l’Alsace, province alors entièrement coupée du reste de la France. Mais surtout, il avait dû subir l’épreuve de la maladie. Déjà en 1937, élève à Haguenau, atteint d’une affection pulmonaire, il avait interrompu ses études durant tout un trimestre. Par bonheur, cela s’arrangea assez vite, il se rétablit. Pourtant, la guérison ne fut pas définitive. Appelé au service national en août 1940 et affecté aux Chantiers de jeunesse, il en revint bientôt, réformé et malade. Il fut soigné avec succès à l’hôpital Saint-Joseph à Lyon, mais une cure sanatoriale fut jugée nécessaire. Cette cure dura deux ans, de 1941 à 1943, à l’Établissement de Saint-Hilaire-du-Touvet, dans l’Isère. Heureusement les résultats furent excellents et permirent d’effectuer ensuite normalement les quatre années de séminaire.
Maintenant le plus grand désir du Père était de partir pour l’Afrique : son état de santé s’était suffisamment rétabli et le médecin ne voyait aucun inconvénient à son départ. Cependant il convenait, par précaution, de ne rien brusquer. Le Père vint célébrer sa première messe solennelle en Alsace le 20 juillet 1947. Il reçut ensuite son affectation, qui était de rester en Europe au service de notre école des missions de Saint-Pierre : n’était-ce pas déjà un bel apostolat à exercer auprès de ces enfants que la Providence dirigeait vers nos maisons pour qu’ils acquièrent les connaissances indispensables et qu’ils se forment aux vertus chrétiennes ? Le Père accomplit ce ministère pendant deux années scolaires. Il s’y montra très dévoué, bien zélé et, dans la vie de communauté, excellent confrère.
Cependant il insistait pour obtenir son envoi en Afrique. Les docteurs furent encore une fois consultés et leur réponse, après examens, fut rassurante. Le Père fut nommé pour la Mission de Sokodé : il y sera missionnaire pendant près de 40 ans.
Il s’embarqua le 7 novembre 1949 à Marseille, sur le Banfora, en compagnie de plusieurs confrères. Après une excellente traversée, le bateau arriva à Lomé le dimanche 20 novembre. Ce jour-là, on célébrait la solennité de la Fête-Dieu, et le Père notait : Nous avons donc pu assister encore à la magnifique procession, qui nous a rappelé un peu celle de chez nous. Après la procession, la fanfare de la mission, qui avait contribué à solenniser la cérémonie, donna un beau concert de réception aux missionnaires nouvellement arrivés. Quelques jours plus tard, ce fut le départ pour le Nord-Togo et le Père André, nommé pour la mission de Bassari, arriva à destination le 6 décembre 1949.
La mission de Bassari avait été fondée en 1933. Lorsque le Père y arriva, elle avait pour Supérieur le Père Henri Bannwarth, qui eut donc la joie d’initier le nouveau missionnaire à la pratique de l’apostolat. Cela se fit dans la concorde et le bon accord. Nous nous entendons bien ensemble, écrit le Père André. Pour commencer, il se met sérieusement à l’étude de la langue, qui lui paraît fort difficile et lui prend un temps considérable. Mais il ne regrette pas cette tâche ardue, car il se rend bien compte qu’une activité efficace réclame la connaissance de la langue du pays. Sa santé reste bonne et le moral aussi.
Il travailla jusqu’en 1964 à Bassari. Pendant plusieurs années, il fut lui-même (1) Supérieur de la station et très souvent seul. Notons pourtant qu’il fut bien secondé, une année entière, par l’Abbé Chrétien, le futur Mgr Bakpessi. L’effort missionnaire porta principalement sur les écoles. Le Père s’occupa beaucoup des mouvements de jeunesse, Cœurs-Vaillants, Âmes-Vaillantes, J.O.C. et J.A.C. Il y avait, en 1964, près de deux milliers de catholiques et plus de 800 catéchumènes dans la mission. Et malgré les difficultés de l’évangélisation, le Père pouvait écrire : Sachez que nous sommes heureux de travailler dans ce champ d’apostolat et que nous y apportons tout notre cœur.
En 1965, le Père Widlœcher est nommé à la mission d’Aledjo, petit village situé à 50 km au nord de Sokodé, sur de belles montagnes à 800 m d’altitude. Le village est en majorité musulman, mais, outre la paroisse, la mission comporte quelques stations secondaires et, depuis 1961, un petit séminaire. Pendant plus de 20 ans, le Père se donna avec ardeur à ces différentes œuvres. Dès le début, au mois de février 1966, il y fut encouragé par la visite de Mgr Bakpessi, premier évêque africain du diocèse de Sokodé, ordonné à Rome au mois de décembre précédent. La venue du nouvel Évêque fut un événement pour Aledjo. Le Père Supérieur fit une courte allocution. Puis tout le village, les enfants des écoles et les petits séminaristes conduisirent Monseigneur à l’église au son des chants et des tam-tams. Au cours de sa visite, Monseigneur constata avec joie qu’il y avait des œuvres à Aledjo, Cœurs-Vaillants, Âmes-Vaillantes, Légion de Marie. Il rappela que ce pays avait été le point de départ du christianisme au Togo-Nord : en 1913, les Pères du Verbe Divin y fondèrent la première mission du Nord. Enfin Monseigneur montra aussi combien lui tenait à cœur l’œuvre du petit séminaire ; il voulut s’entretenir en particulier avec chaque séminariste, ainsi qu’avec les Pères et les professeurs.
Le Père Widlœcher fut pleinement heureux à Aledjo, heureux surtout de pouvoir continuer l’œuvre de Dieu sur le sol africain. Optimiste, très bon caractère, bien serviable, il se dépensait sans compter pour le bien de tous. Ses confrères d’Aledjo et des missions voisines n’étaient pas les derniers à apprécier sa bonté. Ils aimaient se réunir chez lui et lorsqu’ils plaisantaient un peu la qualité d’ancien qui était devenue la sienne, il savait accepter avec une humble gentillesse leurs taquineries. La fête de saint André, son patron de baptême, était, plus que toute autre, une occasion de réunion à ne pas manquer. Le 30 novembre, écrit-il un jour, nous étions tous en fête, unis à saint André.
Tel était le Père André, cordial et accueillant. Et en même temps, homme de foi profonde et d’esprit bien surnaturel. S’il reste confiant dans les travaux et les épreuves, s’il pense avoir toujours force et courage, c’est qu’il sait que toute grâce parfaite vient d’en haut et descend du Père des lumières. C’était chez lui une conviction acquise et fortifiée depuis longtemps : Nous savons pour qui nous peinons, disait-il, laissons faire la grâce de Dieu, faisons ce qui est en notre pouvoir, le reste viendra. C’est pourquoi son assurance était fondée sur une persévérante prière. Lorsque, le matin du 29 avril 1987, il célébrait la sainte messe avec ses confrères de la Maison régionale, il ne savait pas que c’était la dernière fois et que le même jour finirait son pèlerinage terrestre, mais il savait que le Seigneur, sur ses amis, veille à tout moment, prêt à les accueillir dans la paix.
Nous ne quitterons pas le Père André sans un regard reconnaissant vers le beau village de Still, qui se blottit paisiblement dans un vallon des Vosges commençantes. C’est là qu’il a vécu les années de son enfance, dans une famille bien chrétienne, laborieuse et de foi solide. Et c’est là aussi qu’il a connu d’abord les missions et qu’il a désiré leur donner sa vie. L’occasion première de sa vocation en effet, comme il a aimé le rappeler, est venue du Père Aloyse Fuchs, professeur à Saint-Pierre : celui-ci visitait souvent Monsieur le Curé de Still, qui était son frère, et rencontrant le jeune André il lui parlait des vocations missionnaires et des missions.
Tout cela rendait bien cher au cœur de notre missionnaire le souvenir de sa petite patrie. Lorsque, de la lointaine Afrique, il envoie des remerciements aux nombreux bienfaiteurs qui l’ont soutenu de leurs prières et de leurs offrandes, il se plaît à nommer en premier lieu le doux pays natal : Mein liebes Still, mein Heimatsdorf. Et nous aussi, nous remercions le cher village : il nous a donné ce modèle d’apôtre de Jésus-Christ, vrai et bon missionnaire, le Père André Widlœcher.
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note 01 cf. biographie du père Dauphin
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