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Société des Missions Africaines

RAY Mathieu Mgr né le 9 avril 1848 à Saint-Hilaire-la-Croix
dans le diocèse de Clermont-Ferrand (France)
membre de la SMA en 1873
prêtre le 3 juillet 1875
préfet apostolique le 28 juin 1895
décédé le 13 mai 1899

1876-1880 ? missionnaire au Cap de Bonne Espérance
1880 ?-1884 missionnaire à la Côte du Bénin
1885 repos
1886-1888 Bugedo, Espagne
1888-1894 missionnaire à la Côte du Bénin
1894-1895 conseiller général
1895-1899 missionnaire en côte d’Ivoire
et préfet apostolique de Côte d’Ivoire

décédé à Grand-Bassam, Côte-d'Ivoire, le 13 mai 1899,
à l'âge de 51 ans


Monseigneur Mathieu RAY (1848 - 1899)

Mathieu Ray est né à Saint-Hilaire-La-Croix, dans le diocèse de Clermont-Ferrand, le 9 avril 1848. Sa correspondance montre qu’il a au moins deux sœurs religieuses, et deux frères, dont l’un deviendra prêtre diocésain. Il commence ses études au petit séminaire de Cellule, puis les continue à Riom et à Billom avant d’entrer au grand séminaire de Clermont. Il est admis aux Missions Africaines en 1872, prononce son serment en 1873 et est ordonné prêtre le 3 juillet 1875.

Voici comment il raconte la préparation de son ordination dans une lettre à son oncle et à sa tante. Me voilà prêtre ! Oui et pour l’éternité ! Quelle ne fut pas ma surprise et ma joie, lorsque, le vendredi 25 juin, monsieur le directeur frappait à ma porte et me disait : vous allez vous mettre en retraite pour aller recevoir le sous-diaconat au grand séminaire mardi prochain, fête de Saint-Pierre et Saint-Paul ; mais ce n’est pas tout, vous continuerez votre retraite jusqu’à dimanche pour recevoir le diaconat le samedi, fête de Saint-Irénée, patron du diocèse, et dimanche la prêtrise. Je restais stupéfait… J’ai reçu le sous-diaconat et le diaconat dans la chapelle du grand séminaire de Lyon à 6 heures du matin, et la prêtrise au grand séminaire des Missions Africaines à 7 heures… C’eut été pour moi une consolation bien grande que celle de vous sentir à mes côtés dans une circonstance les plus solennelles de ma vie, mais Dieu ne l’a pas voulu (mardi 6 juillet 1875).

Début 1876, après quelques mois en France, le père Ray est envoyé en mission au Cap de Bonne Espérance. Il va y rester près de 6 ans. On sait très peu de choses sur son travail missionnaire. Une lettre, datée de 1877, est envoyée depuis Oudtshoorn, petite ville située à 400 km à l’est du Cap, sans doute son lieu de résidence. En 1882, il rentre en France, en compagnie de tous ses confrères des Missions Africaines, car la Mission du Cap vient d’être confiée, désormais, aux pères Spiritains.

Après quelques mois de repos en France, il part pour le vicariat apostolique de la Côte du Bénin. On sait qu’il travailla à Lagos où il fit merveille par son éloquence. Mais il doit rentrer en France, pour raison de santé, au début de l’année 1885.

Alors qu’il prépare son retour pour la Côte du Bénin, le père Planque le nomme supérieur de la maison de formation Sainte-Marie de Bugedo, dans la province de Burgos, en Espagne. Il y a des réformes urgentes à opérer, soit sous le rapport des relations avec les gens du village, soit dans la marche des études à l’intérieur. Ce seront pour lui des années difficiles, au cours desquelles il essaiera de ramener la paix.
En octobre 1888, la décision est prise de le renvoyer sur la Côte du Bénin. Il se retrouve sous la responsabilité de monseigneur Chausse. Une lettre datée de 1891 permet de savoir qu’il réside à Lagos, comme lors de son premier séjour. Mais il lui arrive de voyager pour aller visiter d’autres missions. En 1891, il se rend à Abéokuta. J’ai fait le voyage à cheval, n’ayant d’autre chemin qu’un étroit sentier où ma monture avait beaucoup de difficultés à passer à cause des arbres tombés. Il y fera quelques baptêmes, rendra vite au roi, découvrira la religion traditionnelle et l’importance du dieu Oro. Vers la fin de son séjour, il est nommé, par le père Planque, visiteur sma pour la mission du Bénin, signe de la confiance qu’on lui fait.

En 1884, le père Planque lui demande de demeurer à Lyon pour devenir conseiller pour le Bénin et économe général. C’est à contre-cœur, après échange de plusieurs lettres, que le père Ray accepte finalement de se rendre disponible pour le service demandé.

Le 30 juin 1895, Rome érige la préfecture apostolique de Côte d’Ivoire, et nomme le père Matthieu Ray comme premier préfet apostolique. Deux missionnaires sma vont le précéder : les pères Alexandre Hamard et Emile Bonhomme. Le nouveau préfet apostolique ne peut s’embarquer que le 1er janvier 1896 sur "Le Dahomey", et il s’installe à Grand-Bassam le 23 janvier. Rapidement, un terrain est choisi pour la mission : on va y construire à la hâte un logement pour les missionnaires, et une chapelle. Celle-ci sera inaugurée le 14 juin et confiée au patronage du Sacré-Cœur de Jésus.

C’est sur l’intervention du capitaine Binger, le gouverneur, que les Missions Africaines vinrent en Côte d’Ivoire. L’idée du gouverneur était de leur confier les écoles. Le père Ray et ses confrères se mirent au travail. En décembre 1895, le père Bonhomme avait ouvert la mission de Memni. En 1896, s’ouvriront les écoles et les missions de Moossou et de Dabou, puis, un peu plus tard, celles d’Assinie, de Jacqueville et de Bonoua. Très vite, les missionnaires vont, aussi, se préoccuper de la promotion des femmes et, en 1898, monseigneur Ray ira négocier avec la supérieure des sœurs de Notre-Dame des Apôtres pour que des religieuses viennent s’installer en Côte d’Ivoire. En novembre 1898, les sœurs Damien, Basilide et Adrien débarquaient à Grand-Bassam, rejointes, quelques jours plus tard, par leur supérieure, mère Aloysia.

En avril 1899, voici qu’une violente épidémie, présentant tous les signes de la peste bubonique, s’abattit sur Grand-Bassam. Monseigneur Ray était alors à Memni pour bénir les nouvelles constructions. Estimant que sa place était au milieu de ses missionnaires en danger et des chrétiens si cruellement éprouvés, il quittait Memni le 8 mai pour rentrer à Grand-Bassam. A peine arrivé, il ressentit les atteintes du terrible mal. Dans la nuit du 12 au 13 mai, il reçut les derniers sacrements… et, le samedi 13 mai, à 11 heures et demi du matin, il quittait cette terre d’exil. Il n’avait que 51 ans. Le 14 mai, le gouverneur décida d’incendier la mission, considérée comme un foyer d’infection. Une religieuse, sœur Damien, et 3 missionnaires, les pères Vigna, Pellet et Teyssier, moururent les jours suivants.

Monseigneur Belmont, évêque de Clermont, écrira à sa famille : Ce n’est pas seulement un deuil pour votre famille , mais aussi pour l’Eglise, en particulier pour cette jeune Eglise d’Afrique qui se fonde dans le sang et les sueurs de ses apôtres. L’Eglise d’Auvergne sera fière de d’inscrire monseigneur Matthieu Ray à son martyrologe, après s’être fait un honneur de le compter parmi les plus vaillants de ses enfant