Société des Missions Africaines - Province de Lyon
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Le Père Jean GUITTENY né le 27 décembre 1932 à Nantes dans le diocèse de Nantes (France) membre de la SMA le 29 juillet 1955 prêtre le 30 juin 1961 décédé le 18 décembre 2007 |
1961-1962 Lyon, licence en théologie décédé à l'hôpital de Montpellier (France), le 18 décembre 2007 |
Le père Jean GUITTENY (1932 - 2007)
Jean Guitteny est né à Nantes le 27 décembre 1932. Il est élevé par sa maman, avec ses deux sœurs, car il perd son papa très jeune, ainsi que son frère à l'âge de 5 ans. Il a 11 ans lorsqu'il rentre à Pont-Rousseau en 1943 où il va rester jusqu'en 1953, avec une année d'interruption (1950-1951) pour des soins et un séjour au préventorium de Megève. Doué d'une intelligence précise et brillante, il obtient les deux parties du baccalauréat. Il entre alors à Chanly, au noviciat, en 1953 et suit le cours normal de préparation au sacerdoce. Après avoir été incorporé à Fréjus, il a la chance de faire une grande partie de son service militaire à Dakar, et, lors de sa démobilisation, il demande à être envoyé par l'armée au Dahomey, ce qui lui permet de passer une année au petit séminaire de Ouidah comme titulaire de la classe de 4e (année scolaire 1957-1958). Le père Plumelet, alors supérieur du petit séminaire, dira de lui: Les confrères sont unanimes à reconnaître en ce jeune abbé un élément de valeur pour les Missions Africaines. Il est ordonné prêtre en 1961.
Après une année aux Facultés catholiques de Lyon où il obtient une licence en théologie, le doyen le notant comme un élément de premier ordre, tout à fait remarquable, il est nommé à Rome, au Biblicum, où il passe, en deux années, une licence en Ecriture Sainte. Dès lors, et jusqu'à la fin de sa vie, il enseignera l'Ecriture Sainte. Avant de rejoindre l'Afrique, il est professeur à Lyon, au 150 cours Gambetta : il va y rester cinq années, de 1964 à 1969. J'avoue que le travail que vous me confiez ne laisse pas de m'effrayer un peu, quant à l'enseignement proprement dit, et quant à l'œuvre de formation de missionnaires, écrira-t-il avant de commencer. En 1969, il est nommé au séminaire de Ouidah, mais, avant de partir, il demande à passer une année à Jérusalem pour faire des travaux sur le judaïsme et étudier l'hébreu sur place.
1970, le voilà maintenant en Afrique qu'il ne va pratiquement plus quitter pendant 30 ans. Il commence par le Dahomey, au séminaire de Ouidah, dans le diocèse de Cotonou. Dès son arrivée au mois d'août, et pendant les 5 semaines qui précèdent le début des cours, il s'investit pleinement dans l'étude du fon, langue dont il avait déjà étudié les premiers rudiments pendant l'année de son service militaire à Ouidah. Il veut pouvoir aller dans les villages, au moins pendant les vacances du séminaire ; peut-être, à cette époque, espère-t-il un jour être nommé dans une paroisse ? Mais il ne pourra pas consacrer suffisamment de temps à l'étude de cette langue, d'autant plus que, dès 1973, il accepte d'aller enseigner dans le séminaire de Pedu, au Ghana. Il avait bien appris l'anglais durant ses études secondaires, mais de là à enseigner l'Ecriture Sainte dans cette langue… Après plusieurs mois en Angleterre, une fois sur place il écrit : J'ai commencé le boulot. C'est dur les débuts. Je suis pratiquement obligé de lire mon texte écrit, ce qui est endormant et rudimentaire. Espérons que ça viendra. Au Ghana, il profite de son temps libre, ou des vacances, pour visiter les villages et y faire un peu de catéchèse et aussi pour s'occuper de la bibliothèque du séminaire. Pendant ses congés de 1976 et de 1978, il passe quelques semaines à Jérusalem et obtient même du Conseil provincial la faveur d'y faire une année sabbatique complète, puis une seconde, de 1980 à 1982.
Le supérieur de Pedu voudrait bien le voir revenir : Il a été pour nous un trésor sans égal, écrit-il ; mais Jean aimerait revenir à un enseignement en français. Il avoue avoir une grosse préférence pour l'Afrique naturellement, mais ajoute avec humour : Mes talents sont limités ; ce que je fais le mieux, c'est l'enseignement de l'Ecriture Sainte et l'arrangement de la bibliothèque. […] Mes aptitudes pour la pastorale pratique n'ont jamais été très grandes, mais, en 7 années au Ghana, elles se sont singulièrement atrophiées. Peut-être qu'elles pourraient se dégourdir un peu. Il va alors enseigner pendant 6 ans au grand séminaire de Bangui. Il profitera de ce temps pour apprendre le sango, langue plus facile que le fon ; il était d'ailleurs entendu, dans sa nomination pour Bangui, que des moyens utiles lui seraient donnés pour pouvoir étudier sérieusement cette langue. De plus, il consacre beaucoup de temps pour mettre sur pied une bibliothèque valable au séminaire. Il explique lui-même comment il a réussi à constituer un fonds valable de théologie, mais aussi de philosophie ethnologique et d'anthropologie.
Lorsque le supérieur général demande au cardinal Yago l'autorisation d'ouvrir un foyer d'étudiants en Côte d'Ivoire, près d'Anyama, il lui propose en même temps le père Guitteny comme professeur d'Ecriture Sainte pour le grand séminaire du pays. Jean accepte ce poste au moment où il découvre qu'il est tuberculeux du poumon gauche. On est en mars 1988. Il termine cependant l'année à Bangui, puis se rend à Anyama où il va encore enseigner pendant 8 ans. Il se dit souvent fatigué : c'est vrai que c'est un homme qui ne sait pas se reposer ; il ne prend même pas toujours le temps de manger, et quand il vient partager le repas de ses confrères, il arrive souvent le dernier et repart le premier. En 1996, il sollicite du Conseil provincial l'autorisation de faire une année sabbatique. Il choisit Maynooth, à côte de Dublin et se réjouit surtout d'avoir un accès facile à la bibliothèque : Je peux aller lire sur place et emprunter les livres pour une ou quatre semaines, c'est épatant.
Il ne s'inquiète pas outre mesure des problèmes de santé qu'il rencontre en Irlande, grippe tenace, mal aux hanches, problèmes aux yeux… Et quand, en 1997, on lui demande de retourner enseigner au séminaire de Ouidah, il accepte volontiers. Il avait commencé sa vie en Afrique à Ouidah, il la terminera à Ouidah : ainsi la boucle est bouclée. Il ne reste que deux ans dans ce séminaire de ses débuts. En mai 1999, il est rapatrié d'urgence pour une opération au cœur et il s'en sort de justesse. Dès sa sortie de l'hôpital, il est conduit à Montferrier, à la maison de retraite. Il se rend compte qu'il a perdu complètement la tête pendant sa maladie. Si j'ai sorti des âneries, oubliez-les, je vous prie. […] Les sottises ne sont que le produit d'un esprit affaibli en pleine affabulation. Entre autres sottises, à l'hôpital, il se prenait pour un cardinal…!
Il ne se remettra jamais tout à fait. A la maison de retraite, il recommencera un peu à lire, à faire de l'hébreu, à s'occuper de la bibliothèque, mais la fatigue intellectuelle l'arrête rapidement et ses forces physiques sont bien diminuées. Pour garder la forme, il essaie de marcher dans la propriété et il monte les escaliers dans la maison, mais il est vite essoufflé. La maladie de Parkinson dont il est atteint rend difficiles ses mouvements et, parfois, son élocution. Est-ce cette maladie qui est à l'origine de la chute où il se cassa le col du fémur ? Conduit à l'hôpital de Montpellier, il y est opéré, mais il tombe dans le coma et n'en sortira pas. Il meurt à l'hôpital le 18 décembre 2007.
Il repose maintenant auprès de ses confrères, dans le cimetière des Missions Africaines, à Montferrier-sur-Lez.
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