Société des Missions Africaines –Province de Strasbourg
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né le 2 avril 1920 à Niederstinzel dans le diocèse de Metz, France membre de la SMA le 11 novembre 1946 prêtre le 11 février 1949 décédé le 2 juin 1978 |
1946-1968 missionnaire au Togo décédé à Strasbourg, France, le 2 juin 1978, |
Le père Joseph DASTILLUNG 1920 - 1978
Joseph Dastillung est né le 2 avril 1920 à Niederstinzel, village des environs de Fénétrange, au diocèse de Metz. Encore au berceau, il perdit son père et sa mère, qui moururent à quelques semaines d’intervalle. Il fut alors recueilli par un frère de son père qui habitait Vieux-Lixheim, non loin de Sarrebourg, et qui l’éleva dans sa famille avec ses propres enfants. C’est à Vieux-Lixheim qu’il passa son enfance. Il fut heureux dans sa famille adoptive.
En 1932, il entra, à Saverne, au Postulat des Frères de la Doctrine Chrétienne de Saint-Charles de Nancy. Il y fit quatre années d’études qu’il termina, en 1936, par l’obtention du Brevet d’Enseignement Primaire Supérieur et du Brevet de capacité pour l’enseignement primaire (Brevet élémentaire pour l’enseignement primaire).
Il se prépara ensuite à entrer dans la Congrégation des Frères. Celle-ci n’avait pas de maison de formation pour ses novices. Pour cette raison, il fit son noviciat à Chevilly, maison des Pères du Saint-Esprit, chez qui il séjourna de 1936 au mois de mars 1938. Il fit à Chevilly ses premiers vœux religieux le 21 novembre 1937.
Du mois de mars 1938 au mois d’octobre de la même année, il fut affecté au juvénat Saint-Charles de Saverne comme surveillant des postulants. Puis il fut nommé comme Frère enseignant à l’école libre Saint-Charles, dans la paroisse Notre-Dame de Lourdes à Nancy. Cela pourtant ne lui semblait plus être sa vocation. Se croyant appelé au sacerdoce, il avait déjà écrit, le 11 février 1938, à ses supérieurs pour leur exprimer son désir de devenir prêtre et demander l’autorisation d’entrer dans un séminaire de vocations tardives. Mais il n’obtenait pas satisfaction. Il renouvela ses vœux en 1938 et en 1939. Il ne les renouvela plus en novembre 1940, mais fut cependant autorisé à continuer l’enseignement à l’école libre de Nancy, jusqu’à la fin de l’année scolaire 1940-1941.
La pensée du sacerdoce ne le quittait pas. Étant maintenant libre de tout lien avec la Congrégation des Frères, il obtint en 1941 que l’évêque de Nancy, Mgr Fleury, l’accepte pour son diocèse. Au mois d’octobre 1941, il fut envoyé au Séminaire des Vocations Tardives Notre-Dame de Lourdes, à Saint-Jean-les-Deux-Jumeaux près de Changris en Seine-et-Marne. Mgr Fleury voulut bien prendre en charge aussi la pension. Lui-même n’y pouvait subvenir, sa famille habitant en zone lorraine alors annexée par les Allemands. Il resta deux ans à Saint-Jean pour y compléter ses études, principalement les études latines.
Cependant, tout en se préparant au sacerdoce, l’idéal missionnaire qui l’avait toujours hanté, se présentait plus précisément à lui. C’est pourquoi, au mois de février 1943, en accord avec le Supérieur du Séminaire, qui lui donna l’adresse de la Procure s.m.a. de Paris, il écrivit aux Missions Africaines. Il demandait donc des renseignements sur la Société et s’informait pour savoir s’il pourrait être reçu. Le Père Aupiais, Supérieur de la Province de Lyon, se trouvait alors à Paris. Une entrevue fut proposée et, bientôt, un accord fut convenu pour une entrée prochaine aux Missions Africaines. Le 11 février 1943, la demande avait été faite à Mgr Fleury d’une permission d’entrer aux Missions Africaines, et la réponse de l’évêque, du 6 mars 1943, avait été affirmative. Ainsi donc, le 27 mars 1943, l’aspirant missionnaire pouvait écrire au Père Aupiais : Plus que jamais, je veux être missionnaire. Je viens de terminer la lecture de votre beau livre : “Le Missionnaire”, et pour terminer, je dis au Maître : me voici, si vous m’avez choisi. Il acheva l’année scolaire à Saint-Jean et entra ensuite au noviciat des Missions Africaines.
La maison du noviciat se trouvait alors à Martigné-Ferchaud en Bretagne. C’est là qu’eut lieu le temps d’épreuve, noviciat et étude de la philosophie, pendant deux ans, de septembre 1943 à juin 1945. Il entra ensuite au grand séminaire à Lyon et y passa quatre années de prière et d’études théologiques. Le 16 novembre 1946, il fit son premier serment d’engagement dans la Société des Missions Africaines. Il fut ordonné prêtre par le Cardinal Gerlier, archevêque de Lyon et ancien évêque de Lourdes, le 11 février 1949, fête de Notre-Dame de Lourdes. Relevant plus tard cette date du 11 février, qui avait été décisive pour lui en diverses circonstances importantes de sa vie, le Père Dastillung pouvait écrire, en 1974, à l’occasion du jubilé d’argent de son ordination : Oui, Notre-Dame de Lourdes m’a toujours protégé. Notre-Dame de Lourdes veille sur moi. Et l’on doit noter que la dévotion à Marie fut une des caractéristiques de sa piété. Dans les situations difficiles, il disait souvent : J’ai confiance en la Sainte Vierge.
À sa sortie du séminaire, le Père Dastillung fut nommé pour la Mission du Togo, où il arriva le 20 novembre 1949, s’étant embarqué à Marseille le 7 novembre. Une belle et grande activité apostolique allait être la sienne. Dévoué et plein d’ardeur, animé d’une forte piété, il arrivait en Afrique avec, au cœur, le désir de se dépenser entièrement pour donner aux Africains la bonne nouvelle du salut. Il sera aidé en cela par un heureux naturel, tout de bonté, de bienveillance, de gaieté franche et simple.
Il fut au Togo jusqu’en 1968 et y occupa successivement les postes suivants. De 1949 à 1954, il est vicaire à Palimé ; de 1955 à 1956, vicaire à Atakpamé ; de 1956 à 1962, supérieur de la station d’Agou. Dans ces trois missions, il est en même temps, directeur des écoles catholiques du district. De 1962 à 1964, il est professeur au Petit Séminaire Saint-Pierre-Claver à Lomé-Tokoin et aumônier à l’hôpital. Au mois de juillet 1964, il dut rentrer en France par suite d’un accroc de santé et ce fut la cause d’une assez longue interruption, car il fut gravement malade. Cependant, après une hospitalisation à Phalsbourg, il lui fut possible de retourner au Togo en octobre 1965. Il est alors, de 1965 à 1968, supérieur du Pré-séminaire de Togoville et aumônier de l’École Normale des Frères des Écoles Chrétiennes, établis également à Togoville.
Dès le début de son séjour en Afrique, le Père Dastillung se considéra comme Togolais avec les Togolais. Au bout de quelques mois, il avait passé avec succès l’examen en langue ewé. Le 21 juin 1950, il pouvait écrire : Je connais maintenant presque tous les villages du district de Palimé. Il peut aussi goûter les joies de l’apôtre : Samedi dernier 17 juin, écrit-il dans la même lettre, j’ai eu la joie de baptiser 24 adultes. Dans quinze jours, je me rendrai dans le petit village de Nyivé pour y préparer la première communion.
Déjà, il avait raconté, pour les lecteurs du Messager, avec une joie manifeste et une grande ferveur missionnaire, comment il avait célébré son premier Noël, en 1949, à Kpatapé, une des 18 stations secondaires du district de Palimé. Dans ce village, presque tous les habitants sont chrétiens. Il y a beaucoup de chrétiens dans le district de Palimé. Mais il manque des ouvriers pour la moisson. Ô Seigneur, s’écrie le Père, envoie des ouvriers dans ta moisson au Togo ! Il y avait alors trois Pères pour les stations de Palimé. Plus tard, notre missionnaire eut à regretter davantage encore la pénurie d’ouvriers apostoliques. Dans la mission d’Agou, en effet, il y avait eu deux Pères.
Mais en 1956, le Père Dastillung, devenu supérieur de la mission, était seul, alors que le nombre des chrétiens avait beaucoup augmenté et qu’il avait 32 villages à visiter. Aussi pouvait-il écrire, le 21janvier 1957, Agou est une belle mission et le pays est beau aussi. Mais le panorama, s’il est magnifique, n’empêche pas que la situation est difficile à Agou pour un seul prêtre. Depuis mon entrée en charge, le 1er avril 1956, j’ai visité presque tous les villages qui forment le district d’Agou. J’ai recensé les chrétiens et j’en ai trouvé plus de 12 000. Depuis le 1er avril, j’ai administré 582 baptêmes... Malgré les difficultés, il ne se décourage pas. Autant que cela dépend de lui, les gens sont évangélisés. Une nouvelle église est en construction à Agou ; déjà il a pu, en 1956, célébrer Noël dans cette église encore inachevée...
Le Père Dastillung rentra en congé en France le 4 juillet 1968. Il se préparait à rejoindre Togoville vers la fin de novembre. Mais son congé fut prolongé. Et au cours de l’année suivante, il fut nommé délégué aux vocations (DAV) et, comme tel, résida d’abord au Zinswald en 1969-1971, puis à Arry, où nous avions une communauté paroissiale, en 1971-1972. Son rôle était de faire connaître, dans le diocèse de Metz, les besoins spirituels de l’Afrique, en collaboration avec les responsables de la pastorale diocésaine des vocations. Au mois d’août 1972, il devint aumônier de l’hôpital Sainte-Barbe de Forbach, en remplacement du Père Dauphin, qui venait de mourir. Ce fut son dernier ministère. Il l’exerça pendant six ans. Il fut pour les malades ce qu’il avait toujours été : un homme de cœur, affable et serviable, un prêtre de charité surnaturelle. Il était aimé de tous.
Au mois de mai 1978, il fut atteint d’une congestion cérébrale. Malgré les soins intensifs qu’il reçut à l’hôpital civil de Strasbourg, il ne put être sauvé. Il mourut à Strasbourg le 2 juin 1978. Ses obsèques eurent lieu à Vieux-Lixheim, le 6 juin. Mgr Strebler, ancien archevêque de Lomé, présida la messe, concélébrée avec Mgr Bakpessi, évêque de Sokodé et le Chanoine Hirtz, délégué par Mgr Schmitt, évêque de Metz, ainsi que de nombreux prêtres, confrères des Missions Africaines et prêtres diocésains. Le Père Roger Moritz, Provincial de l’Est, prononça l’homélie, en français et en allemand, en prenant pour thèmes l’évangile du bon Samaritain et l’hymne de saint Paul sur la charité. Comme l’écrivit quelques jours plus tard Mgr Strebler, les deux textes de l’Écriture permirent au prédicateur de rappeler vigoureusement ce qu’avait été la vie du cher défunt, qui s’est dépensé tout entier au service de Dieu et de son prochain en terre d’Afrique et au pays natal.
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