Société des Missions Africaines –Province de Lyon
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né le 11 janvier 1920 à Beaune dans le diocèse de Maurienne, France membre de la SMA le 2 février 1943 prêtre le 24 février 1947 décédé le 20 juillet 1985 |
1947-1985 missionnaire en Côte-d'Ivoire décédé à Beaune, France, le 20 juillet 1985, |
Le père Alfred DUFOUR (1920 - 1985)
Le 11 janvier 1920, Alfred Dufour est né à Beaune (diocèse de Maurienne) de parents cultivateurs ; il a été baptisé le 18 janvier 1920. Après ses études primaires, il fréquente le collège à Saint-Jean-de-Maurienne de 1932 à 1937, le séminaire de Pont-Rousseau de 1937 à 1938 et celui de Martigné-Ferchaud de 1938 à 1940 où on l'apprécie beaucoup : Bonne piété, conduite excellente. Beaucoup de mémoire, travaille bien et réussit facilement. Bon sens, toujours prêt à rendre service.
Il est appelé à faire son service militaire du 9 juin au 15 août 1940, puis part aux Chantiers de Jeunesse jusqu'en janvier 1941. Il entre alors au Rozay pour y faire son noviciat et sa philosophie. En octobre 1942, il rejoint le grand séminaire où, par le serment, il est admis dans la SMA, le 2 février 1943.
En 1944, il fait partie des F.F.I. jusqu'en octobre. Il fait la campagne des Alpes pendant laquelle il est décoré de la Croix de guerre avec étoile de bronze : il avait été chargé, au cours d'une action, de faire diversion en restant seul à son poste et en concentrant sur lui le feu de l'ennemi, permettant à ses camarades de se replier.
En octobre, il entre à nouveau au grand séminaire du 150, où il est ordonné prêtre, le 24 février 1947.
Le 24 juin 1947, on l'envoie en Côte-d'Ivoire. Il est affecté au vicariat apostolique de Sassandra et c'est dans cette ville, comme vicaire, qu'il commencera sa vie missionnaire en parcourant à pied les plages et les villages des environs, sans craindre sa peine et sa fatigue. En 1949, monseigneur Kirmann le nomme à Gagnoa. En 1952, à son retour de congé, monseigneur Kirmann lui dit : Allez à Sinfra, tout est à faire. Jusqu'en 1962, il fera tout et tout seul, dira le père Jean-Paul Guillard, et c'est en septembre 1965 que je le rejoins et me mets à son école de simplicité et de rudesse. J'apprécie encore aujourd'hui tout ce qu'il m'a appris : son approche des gens, sa générosité, même parfois un peu excessive, son esprit apostolique. Il s’est attelé à la formation de communautés, à la construction d'églises, d'écoles, au travail d’animation rurale avec, surtout, une attention de partage avec les plus pauvres.
En 1968, monseigneur Rouanet, évêque de Daloa dont dépend désormais Sinfra, envoie le père Dufour à Saïoua pour y remplacer le père Vandaële, mort à la suite d'un accident. Le père Dufour obéit aussitôt : J'avais bien un peu mal au cœur, mais il faut savoir obéir dans la vie.
A Saïoua où il trouve le père Lemière, il continue à se dépenser comme il l'a fait à Sinfra. Il s'occupe des villages, fait le catéchisme dans les écoles. Il va aussi terminer l'église inachevée au moment de la mort du père Vandaële : Notre église se termine. A Noël nous avons eu une très belle fête, à la satisfaction de tous. Notre église était archipleine. Les chants français, bétés, mossis ont été exécutés on ne peut mieux, avec accompagnement de tam-tams. L'après midi en brousse, à 30 km, nous avons eu 15 baptêmes. (26 décembre 1969)
Le 20 décembre 1972, il est délégué des confrères à l'assemblée provinciale. C'est l'année qu'il a choisie pour rester en France et y faire son recyclage. A son retour, en septembre 1974, il est nommé à Guessabo. Le lendemain de sa fête, il écrit : Nous étions 16 à partager la même joie. C'était en même temps l’inauguration du “chalet savoyard” C'était très sympathique et très fraternel. Au point de vue apostolique, c'est beaucoup mieux que je n'espérais : en un an, j'ai inscrit au catéchuménat plus de 200 Niabouas. Sept centres ont la messe toutes les deux semaines. Trois sont uniquement Niabouas. Les autres sont composés de différentes ethnies : Mossis, Bétés, Baoulés, Niabouas... L'inconvénient, c'est d'être seul. Heureusement que j'ai 5 ou 6 catéchistes valables. Il faudra que je travaille à leur formation.
Novembre 1974, un père de passage signale : Le père se plaît à Guessabo. Bricoleur, il a arrangé son “chalet suisse”. Il vit comme un spartiate et il est trop bon.
Comme il le dit, ce n'est pas son habitude d'écrire, mais il sait parfois le faire quand il pense qu'il a le devoir de faire connaître à l'autorité une situation qui résulte de décisions prises et qu'il regrette. Ainsi, le 24 juillet 1975, il écrit au Conseil provincial : Je vous envoie un mot pour vous parler du diocèse de Daloa : Des pères sont retenus, rappelés sans être remplacés ; des pères sont âgés. Ceux qui restent font de leur mieux. Nous tâchons d'assurer nos arrières par la formation des catéchistes, mais ce n'est pas facile. Nous faisons confiance au Seigneur.
Il écrira même aux supérieurs de Rome pour leur exprimer sa surprise, son désaccord devant le rappel en Europe d'un père vraiment nécessaire dans sa paroisse. Il est toujours seul pour faire face à tout. Il aimerait avoir de l'aide, en plus de ses catéchistes : un père, des sœurs. Plus tard, un jeune de France viendra bien pendant quelques temps, mais ne restera pas. Le père Dufour voit en effet son champ d'apostolat s'étendre à un nouveau secteur, celui de Buyo situé à plus de 100 km. Il pense à se replier sur Zoukougbeu pour le jour où il faudra évacuer Guessabo à cause du barrage de Buyo. Il doit donc commencer des travaux sur cette nouvelle implantation.
En août 1980, c'est fait : il s'est installé à Zoukougbeu. Au mois de décembre, il s'y trouve mieux. Le moral est bon après ce déménagement : Ça va normalement désormais, mais c'est trop de travail pour un seul.
Janvier 1982. Je suis bien installé à Zoukougbeu, grâce à vous et à l'Eglise En Détresse (AED). Le travail pastoral augmente toujours. Les communautés chrétiennes aussi. Je commence à avoir du mal à suivre tout ce monde. En 1982, il aura enfin la satisfaction d'avoir de l'aide avec l'arrivée du père Laborde-Barbanègre qui vient du Bénin pour le seconder. Malheureusement, ce nouveau confrère ne restera pas longtemps, appelé à remplacer un prêtre africain dans la grande mission de Bouaflé, et le père Dufour se retrouvera encore seul.
En 1985, il doit rentrer en congé. Il pense revenir à Zoukougbeu et avoir enfin quelqu'un pour l'aider. A la rigueur, il accepterait de rester en second. Mais on lui demande de fonder une 3ème paroisse. Vieilli, fatigué, il n'en a pas le courage. C'est pourquoi il préfère se retirer. De France, il écrit à l’évêque et à son conseil : Au revoir, monseigneur et mes pères, que le Seigneur m'aide à porter ma croix ! Il écrit cependant, 5 jours avant sa mort : Début septembre, je rejoindrai Daloa ou un autre diocèse.
Le samedi 20 juillet 1985, le père doit présider un pèlerinage dans son pays natal en Savoie. La chapelle se trouve tout là-haut sur la montagne. Un de ses amis de Côte-d’Ivoire se propose de l’y déposer en hélicoptère. Une défaillance technique fait que l'appareil bascule soudain en contrebas d'une plate-forme où il cherchait à se poser. Le père est tué sur le coup.
Les funérailles du père Dufour ont lieu à Beaune, en présence de monseigneur Bontemps, ancien archevêque de Chambéry, et d'une quarantaine de prêtres dont une vingtaine de confrères sma et d'une grande foule. Le père Jean-Paul Guillard, ancien vicaire du père Dufour, prononce l'homélie : Nous sommes rassemblés, ses frères dans le sacerdoce, ses frères dans la mission, sa famille et ses amis, pour confirmer, dans la douleur mais aussi dans la foi et l'espérance, que le père Alfred Dufour était un pasteur.
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