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Société des Missions Africaines – Province de Lyon

VIAUD Gerard né le 17 mai 1931 à Guérande
dans le diocèse de Nantes (France)
membre de la SMA le 25 juillet 1953
prêtre le 25 juin 1958
décédé le 24 juillet 2008

1959-1960 Paris, étude des langues orientales
1960-1966 Zifta, curé de l'église copte catholique
1966-1977 Facous, curé de l'église copte catholique
1977-1978 Paris, Œuvre d'Orient
1978-1980 Facous, curé de l'église copte catholique
1980-2006 Le Caire, rédacteur aux journaux
"Le Messager" et "Le Progrès Egyptien"
1980-1981 : aumônier des sœurs nda à Ezitoun
1981-2006 : aumônier des sœurs nda à Choubra
2006-2008 Montferrier, retiré

décédé à Montpellier (France), le 24 juillet 2008
à l’âge de 77 ans


Le père Gérard VIAUD (1931 - 2008)

Gérard Viaud est né le 17 mai 1931 dans le diocèse de Nantes, à Guérande, petite ville très typique de l'ouest de la France dont on admire encore aujourd'hui les remparts fortifiés très bien conservés, avec plusieurs portes d'accès pour le cœur de la cité. Son papa est cordonnier et sa maman tient une épicerie. Avec son frère et sa sœur, il fréquente l'école libre de Guérande, puis il entre à Pont-Rousseau en janvier 1945.

Il y fait toutes ses études secondaires, obtient le BEPC à la fin de la classe de troisième et se fait déjà remarquer par son amour de la liturgie et des belles cérémonies bien préparées. C'est la raison pour laquelle il occupera pendant deux années, au grand séminaire, le poste de sacristain. Comme tous ses confrères de cours, il fait une partie de son service militaire en Algérie - il est affecté dans la marine - et son aumônier militaire dira de lui : "J'ai toujours admiré sa piété, son dévouement, sa générosité et son esprit de foi. […] il a la fougue de la jeunesse et une personnalité très marquée qui s'assouplira sans doute avec plus d'expérience."

Un seul nom résume toute sa vie missionnaire : l'Egypte. Déjà avant la fin de son séminaire, à Lyon, il avait demandé au Conseil provincial d'être envoyé en Egypte. Aussi, au lieu de faire, dans la région lyonnaise, une année de pastorale pour s'initier aux responsabilités pastorales, il est envoyé, dès son ordination, à Paris pour y étudier les langues orientales. Il loge pendant une année au séminaire des Carmes et suit des cours à l'Institut Catholique de Paris. Dès le mois d'octobre 1960, il rejoint Zifta où il travaille de concert avec le père Binoche. Il y reste 6 ans et ses idées ne sont pas tout à fait en harmonie avec celles de ses confrères. Il écrit en 1968, alors qu'il est à Facous depuis deux années : "Je crois être le point névralgique de notre présence en Egypte, où deux optiques semblaient s'opposer : il s'agit du problème œcuménique qui englobe toute autre activité en Egypte. Faut-il travailler à l'unité directement avec les coptes orthodoxes, sans tenir compte de la minorité copte catholique, ou faut-il aller aux orthodoxes par les coptes catholiques, chemin qui est certes plus long et plus difficile ; c'est là, je crois, le point essentiel de division entre les pères des Missions Africaines."

A Facous, le souvenir du père Jacob Muyser est encore très vivant. Le père Muyser, curé de Facous de 1921 à 1955, plus copte que les coptes, n'avait qu'une seule préoccupation : gagner les coptes à l'unité. Ce sera en quelque sorte son modèle. Il écrit en 1972 : "Suivre la voie tracée par le père Muyser me paraît correspondre à une vocation tout à fait personnelle et qui, comme telle, est à respecter et à soutenir par le témoignage qu'elle donne, mais peut-on penser à la généraliser ?" Oui, ce qu'il fait est en quelque sorte un travail d'exception, il occupe une place un peu marginale, mais il pense que c'est vraiment sa place : "Je puis vous dire très humblement que je réalise ce triptyque de la mission en Egypte, apostolat de présence, de prière, de contact avec l'islam, les coptes catholiques et les coptes orthodoxes", écrit-il en décembre 1972. Le mois de retraite et de prière qu'il passe en 1975 à l'abbaye de Chevetogne ne fait que l'encourager à cultiver les amitiés avec les coptes orthodoxes.

En 1977, il accepte, par esprit de sacrifice, de venir à Paris travailler à l' Œuvre d'Orient : "Je suis sentimentalement très attaché à l'Egypte, à la communauté copte catholique, dont j'ai partagé ces dernières années les épreuves et les déboires, très attaché à Facous… mais si le Seigneur me veut pour un meilleur service de ces Eglises d'Orient, je suis prêt à faire le sacrifice d'une séparation qui sera pour moi assez douloureuse." Il ne reste qu'une année à Paris et se retrouve, dès 1978, à Facous, mais pas pour longtemps Ce sont les membres du Conseil patriarcal qui demandent sa démission. A cette occasion, il écrira un peu amer en octobre 1979 : "Je pense que dans mille ans on parlera encore de l'unité, car personne n'en veut. Les coptes catholiques ont peur de se faire absorber, et les coptes orthodoxes veulent absorber tout le monde."

Commence alors pour lui une nouvelle vie à laquelle rien ne le prédisposait, et pour laquelle il n'était pas préparé : journaliste. Il s'installe désormais à Héliopolis, quartier du nord-est du Caire et devient le rédacteur de deux journaux quotidiens, "le Messager" et "Le Progrès Egyptien". Il va y travailler pendant 26 ans. Il écrit lui-même en décembre 1990 : "Un prêtre dans un journal en Egypte, de plus un quotidien national, cela peut intriguer à première vue, mais les visiteurs comprennent vite cette présence dans un pays essentiellement religieux, où de nombreux prêtres travaillent dans des revues et des hebdomadaires comme Watani ou le Messager. […] Je suis responsable des pages en français de l'hebdomadaire catholique "Le Messager", c'est le seul hebdomadaire catholique en Egypte. […] Chaque jour, je fabrique un journal au Caire destiné à une trentaine de mille lecteurs en Egypte et en certains pays africains. Trier les dépêches des agences de presse, choisir des photos, tracer les maquettes, faire le titrage, etc. voilà ce qui peut occuper de longues heures. Le choix des dépêches est important, car il faut tenir compte des lecteurs, de la politique gouvernementale, de la moralité et faire attention à ne jamais choquer les sentiments religieux chrétiens et musulmans."

Durant ces 26 années passées au Caire, chaque jour, il traverse le Nil pour assurer l'aumônerie chez les sœurs Notre-Dame des Apôtres d'abord à Zeitoun, puis à Choubra, deux quartiers de la grande ville du Caire. Le dimanche, il assure une des messes de la cathédrale et reste à la disposition de l'évêque pour faire des conférences aux communautés religieuses. En plus de tout cela, il trouve le moyen d'éditer des livres ou de donner des articles à des revues spécialisées sur l'Egypte chrétienne. Il écrit lui-même que "entre articles dans la presse et les revues, avec les livres, j'en suis arrivé à plus de 3400 titres". Régulièrement, il envoyait ses "productions" aux archives de la maison généralice où elles occupent une place imposante et dans le courant de l'année 2007, il est allé à Rome passer plusieurs semaines pour mettre de l'ordre dans tous ses écrits.

Le 30 avril 1993, pour sa "contribution exceptionnellement appréciée à la presse égyptienne", M. Robert Jongerick, ambassadeur de France en République arabe d'Egypte, lui remet la médaille de chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres, au nom du Ministre de la Culture et de la Francophonie, Jack Lang. Deux pages du "Progrès Egyptien" du 2 au 8 mai 1993, relate l'événement avec plusieurs photos. A cette occasion, Mgr Egidio Sampieri, vicaire apostolique, lui écrit : "Je m'empresse de vous exprimer ma joie et mes félicitations pour l'honneur qui vous a été fait en vous nommant chevalier des Arts et es Lettres. C'est un acte de reconnaissance bien mérité pour votre contribution à la bonne presse en Egypte, et un encouragement à continuer votre apostolat à travers les mass-médias."

Des ennuis de santé - fracture du fémur en 2002, fracture de l'épaule, une constitution pas très forte - l'obligent plusieurs fois à venir se reposer en France. Finalement, sur l'insistance du supérieur régional, il rentre définitivement au printemps de 2006 et ce sont les soins attentifs qu'il reçoit à Montferrier, à la maison de retraite, qui lui permettent de se refaire un peu. Il avoue lui-même en octobre 2006 : "Ma santé va très bien maintenant, et j'ai dépassé les 50 kilos, alors que j'en avais 37 en arrivant ici. Je mange bien et je n'ai aucune douleur."

A peine un mois avant de nous quitter, il avait eu la joie de célébrer ses noces d'or. Son frère et sa sœur, présents à cette célébration, ne se doutaient pas qu'ils devraient revenir à Montferrier pour assister à ses obsèques un mois plus tard. Il a peu à peu perdu complètement l'appétit ; il ne pouvait plus rien avaler, rien ne passait. Transporté à l'hôpital, les médecins n'ont pas réussi à l'alimenter, ni à le réhydrater. Il est mort aux premières heures du 24 juillet 2008. Il repose désormais auprès de ses confrères, dans le petit cimetière à l'entrée de la propriété de la maison de retraite à Montferrier.