Société des Missions Africaines – Province de Lyon
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né le 24 mars 1924 à Châteaubriant dans le diocèse de Nantes (France) membre de la SMA le 5 janvier 1946 prêtre le 9 février 1950 décédé le 25 juillet 2007 |
1951-1955 Martigné-Ferchaud, professeur décédé à Montferrier-sur-Lez (34) le 25 juillet 2007 |
Père René LEMASSON - (1924 2007)
René Lemasson est né à Chateaubriant le 24 mars 1924, en Loire-Atlantique et dans le diocèse de Nantes. Son père est instituteur dans l’enseignement libre, et la famille sera nombreuse puisque René aura 6 frères et 10 sœurs. A 12 ans, il entre au petit séminaire des Missions Africaines de Pont-Rousseau, dans la région nantaise, pour ses études secondaires. Il y obtiendra ses deux parties de baccalauréat. Puis il rejoint la maison de Martigné-Ferchaud pour ses études de philosophie et son noviciat. En 1945, il est admis au grand séminaire de Lyon. C’est là qu’il prononce son premier serment missionnaire le 5 janvier 1946. A la fin de ses études, il est ordonné prêtre le 9 février 1950.
Au cours de son grand séminaire, des problèmes de santé l’obligent à rejoindre, pour quelques mois, le sanatorium de Bas-Thorenc dans les Alpes, puis celui de Baignes dans les Charentes. Après son ordination, il doit continuer de se soigner. Ne pouvant rejoindre l’Afrique, il est nommé à la maison de formation de Martigné-Ferchaud où il va demeurer 4 ans. Son mal ayant disparu, il obtient de son docteur le feu vert pour l’Afrique et il est nommé le 15 juin 1955 à la Préfecture apostolique de Parakou au Dahomey. On pense avec raison que le climat sec du Borgou lui conviendra mieux que celui de la Côte.
D’abord vicaire à Parakou, il devient, en 1962, responsable de la Mission de Bembéréké. Puis, il est nommé à Kandi où il va rester 12 ans, jusqu’en 1981. La mission est difficile. A Kandi, en particulier, les distances à parcourir sont grandes. Le père Lemasson s’occupe de Malanville à la frontière du Niger et de Segbana à la frontière du Nigéria et les routes ne sont guère carrossables. Mais, surtout, l’évangélisation ne fait que commencer. Il y a tout à faire, et d’abord à se faire admettre dans ce monde bariba très organisé et qui ne s’ouvre que lentement à l’Evangile. Il faut durer sans résultat apparent, s’enraciner dans une terre qui semble très aride. Les gens s’intéressent à la Mission, mais ne demandent pas le baptême. Les communautés naissent donc difficilement. C’est le temps des semailles et de la première évangélisation qui demande une longue patience. René va vivre cette situation missionnaire sans tension particulière. Il visite les villages avec une grande régularité, développe l’école comme tous les missionnaires de cette époque, se soucie de la formation humaine et chrétienne de ses premiers collaborateurs. Le temps n’est pas encore venu, pour les gens qu’il rencontre, de suivre le chemin de Jésus.
Une circulaire de cette époque décrit très bien, et dans le détail, le travail dans cette région : L’équipe missionnaire de Kandi-centre est composée, moi compris, du père Troconiz, du frère Jean, des sœurs Cyprienne, Ursule, Stanislas et d’une dizaine de catéchistes, dont quatre sont au centre de Gogonou. Le ministère auprès des chrétiens de la ville est sensiblement le même que celui d’une paroisse d’Europe. Mais c’est à l’évangélisation auprès des non-chrétiens que nous consacrons la plus grande part de nos efforts. A tour de rôle, et chacun selon ses possibilités, nous visitons les gens chez eux pour essayer d’établir un courant de compréhension mutuelle qui doit permettre, peu à peu, les discussions, les réunions et, enfin, la constitution de groupes de catéchumènes pour les faire prier et connaître le Christ. Cela demande beaucoup de patience et de recommencement, sans qu’il soit possible de dire quand ils seront prêts à recevoir les sacrements. Nous préparons actuellement quelques vieillards au baptême parmi ceux qui ont été fidèles, pendant quelques années, aux réunions de prière. C’est le soir, quelquefois très tard, quand les gens sont revenus des champs, qu’il nous est possible de les rencontrer. Les religieuses sont souvent les seules à avoir une influence auprès des femmes. Tout cela commence par les services rendus : des soins aux malades, ou leur transport en ville en cas d’urgence. Il y a aussi la scolarisation, les réalisations dans le domaine rural, le creusement des puits, les internats de filles et de garçons…
A partir de 1976, à ces difficultés dans le travail d’évangélisation, viendront s’ajouter les difficultés nées des vexations du régime marxiste qui vient de s’installer au Bénin. Il n’est pas facile de travailler quand on est suspecté, quand on assimile le missionnaire au mercenaire et qu’il faut faire attention à tout ce qu’on dit sous peine d’être dénoncé et expulsé. Là encore, il faut une longue patience.
En 1981, René rentre en France pour une année sabbatique qu’il passera au 150. A la fin de son séjour, il écrit au Conseil provincial : Désigné pour vivre au 150 ces quelques mois de repos, j’ai voulu partager la vie de la communauté au maximum : partage du travail par une présence à la procure, partage de la prière et des différents services avec plusieurs remplacements à l’extérieur. J’ai découvert la vie d’une communauté importante de France avec ses valeurs, ses contraintes, ses lourdeurs. Qu’il y a loin du discours sur la communauté à la manière dont elle est vécue ! Car plusieurs n’ont ni oublié, ni pardonné des faits anciens douloureux. Mais l’esprit fraternel est capable de tout transformer, finissant par adoucir tous les contacts.
En 1982, il retrouve le diocèse de Parakou et rejoint la mission de Nikki, en traversant le Sahara avec d’autres confrères. Des problèmes de santé vont l’obliger à rentrer en 1985 pour une grave opération du cœur. Il va demeurer en France jusqu’en 1990 dans les communautés de Rezé et de Baudonne. En 1990, se sentant beaucoup mieux, il demande à rejoindre encore une fois le Bénin. Il est nommé au diocèse de Natitingou et il s’occupera particulièrement de l’aumônerie de l’hôpital de Tanguiéta. En 1996, à l’invitation de monseigneur Nestor Assogba, il devient vicaire du père Michel Auffray à Matéri. Il va vivre dans cette paroisse rurale ses deux dernières années au Bénin.
En effet, pour des raisons de santé, il demande à rentrer définitivement en France en 1997. Pourtant, il retournera quelques mois à Matéri, après le décès de père Auffray, pour essayer de rendre un dernier service et accompagner les deux jeunes prêtres béninois qui ont pris en charge la paroisse, mais il devra revenir très vite, dès septembre 1998. A son retour, il demande à rejoindre la maison de retraite de Montferrier. C’est là qu’il nous a quittés, discrètement, au matin du 25 juillet 2007. Le père Lemasson aura été toute sa vie un homme discret, effacé, ne cherchant jamais à se mettre en valeur. Il aura vécu comme un serviteur, un serviteur de la mission et un serviteur de ses frères.
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