Société des Missions Africaines
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de MARION BRÉSILLAC né le 2 décembre 1813 à Castelnaudary dans le diocèse de Carcassonne (France) prêtre le 22 décembre 1838 évêque le 4 octobre 1846 décédé le 25 juin 1859 |
1838-1841 Castelnaudary, vicaire décédé à Freetown (Sierra Leone), le 25 juin 1859, |
Monseigneur Melchior de MARION BRÉSILLAC (1813 - 1859)
Melchior de Marion Brésillac naît le 2 décembre 1813 à Castelnaudary, diocèse de Carcassonne, au sud de la France, dans une famille profondément chrétienne. Comme beaucoup de membres de la noblesse, son père a perdu une grande partie de ses biens au début de la Révolution française ; il a dû s’exiler en 1891 et, à son retour, il lui faut trouver un emploi avant de songer à fonder une famille.
Il sera superintendant du Canal du Midi, vendu à des actionnaires par décret impérial en 1810. Melchior est l’aîné de 7 enfants dont trois décèdent bien jeunes : dans ses écrits, il ne parle que de deux sœurs et d’un frère. C’est son père qui s’occupe de son éducation scolaire jusqu’à son entrée au petit séminaire en 1832, en classe de rhétorique. C’est un sujet très brillant qui commencera le grand séminaire en étant professeur au petit séminaire qu’il vient juste de quitter.
Ordonné prêtre en 1938, il est d’abord vicaire à la paroisse Saint-Michel de sa ville natale. Il n’y restera pas même trois ans ; en effet, afin de suivre pleinement sa vocation, après avoir longuement prié et mûrement réfléchi, il décide de se consacrer totalement à mission "ad gentes". Pour ce faire, il lui faut vaincre la résistance de son évêque qui finit par lui donner son accord ; mais l’opposition de son père est si forte qu’il part pour le Séminaire des Missions Étrangères de Paris sans même saluer sa famille. Il prend la diligence pour Toulouse, puis Paris, en confiant à un ami prêtre une lettre pour chacun des membres de sa famille, à charge pour lui de les remettre après son départ.
Quelques jours après son arrivée à Paris, il reçoit de son père les lignes suivantes : "Va, mon bien cher fils, va où le ciel te convie ; je reconnais la voix qui t'appelle. Qu'il te protège ; sois heureux ; je me soumets." Beau témoignage de foi et d'abandon, quand on sait qu'à cette époque le départ pour les missions était définitif et sans retour… Melchior va rester 9 mois à Paris pour se former à son futur ministère. Il est alors nommé pour la Mission de l'Inde, et il formule ainsi ses résolutions avant de partir : "Etre missionnaire du fond de mon cœur ; ne rien négliger pour faire avancer l'œuvre de Dieu ; saisir toutes les occasions de prêcher la sainte parole ; enfin, et c'est là que j'implore surtout votre bénédiction, ô mon Dieu, employer tous les moyens, toutes mes forces, toute mon étude à contribuer à la fondation d'un clergé indigène." Il débarque à Pondichéry le 24 juillet 1842.
Après quelques mois au centre du vicariat pour apprendre le tamoul, il est d'abord nommé à Salem, puis devient supérieur du séminaire collège de Pondichéry. Ses idées et son insistance sur la nécessité de former un clergé indigène font que Mgr Bonnand, son évêque, le nomme à ce poste où, malgré les réticences qu'il mettra à l'accepter, il donnera rapidement toute sa mesure. Il voudrait également que les vicariats (diocèses) soient de taille plus réduite afin que, rapidement, on puisse en confier la direction à des prêtres indiens. Il faut donc en créer de nouveaux, en divisant ceux qui existent déjà. Tout naturellement, en 1845, lors de la première division du vicariat de Pondichéry en trois vicariat distincts, le jeune abbé de Brésillac, il n'a que 32 ans et pas plus de trois ans de séjour en Inde, est choisi pour être à la tête de l'un d'eux, celui de Coimbatore.
Il est ordonné évêque en 1846, à 33 ans. Sur place, il lui faut tout organiser, mais sa priorité, ce sont les prêtres indiens. Il veut un clergé indigène, avec sa propre hiérarchie, capable d’assurer la responsabilité des missions où les Européens ne seraient que des auxiliaires. A Carumattampatty, il va continuer l'œuvre à peine ébauchée par le père Jarrige, réunir quelques enfants qui vivront au début dans des conditions bien difficiles, leur apprendre les bases de ce qu'ils doivent savoir, à commencer par le latin, les former à une vie spirituelle profonde, leur faire dépasser les problèmes des castes, les ouvrir à la liturgie romaine. Comme il le disait dans ses résolutions avant de quitter la France, il va y employer toutes ses forces et tous ses moyens. Quand il quitte l'Inde en 1853, il laisse six grands séminaristes, dont plusieurs tonsurés : cinq d'entre eux seront ordonnés prêtres et tous persévéreront ; le dernier mourra après 1910.
La question des castes et, de façon plus générale, l’adaptation aux usages de l’Inde étaient cause de divergence entre missionnaires et même entre les vicaires apostoliques. Mgr de Brésillac aurait voulu davantage de clarté dans les pratiques pastorales et une plus grande harmonisation entre les responsables. Plusieurs fois, il écrit à Rome, car il voudrait qu'on lui dise clairement la ligne qu'il doit suivre. Simple prêtre, il pouvait se reposer sur son évêque, mais évêque, il doit orienter la conduite de ses missionnaires. Sa rectitude de conscience, jointe à des problèmes de personnes, l’amène à donner sa démission qui est acceptée à Rome en mars 1855. Et pourtant, il aimait son poste, il aimait son rôle, son amour pour les Missions est toujours aussi fort, il reste missionnaire du fond de son cœur. "Suis la voix qui t'appelle" lui disait son père. Il ignore encore que le déchirement de sa démission va le conduire encore plus haut.
Il se retire alors chez les Pères Capucins de Versailles et, là, il prie et il attend que se manifeste le dessein de Dieu. Il refuse quatre ou cinq propositions qui lui sont faites, mais quand, par un armateur de Marseille, M. Régis, il entend parler du Dahomey, il décide de se consacrer aux "peuples les plus abandonnés de l'Afrique" et, revenant à Rome au début de 1856, il s'offre pour le Dahomey. Le 15 janvier, il écrit à M. Vian : "La Sacré Congrégation me verrait avec plaisir ouvrir une nouvelle mission ; mais elle ne veut pas que j'aille seul ; elle m'engage à faire pour cela une Société de missionnaires." Il va désormais mettre toutes ses forces au service de cette fondation.
Il parcourt alors la France du nord au sud et d'est en ouest, cherchant des collaborateurs, des finances, une maison pour commencer son œuvre. A lire le journal qu'il tient régulièrement, on ne peut compter le nombre de diocèses qu'il a visités, le nombre de sermons qu'il a donnés, le nombre de personnes qu'il a contactées, le nombre de kilomètres qu'il a parcourus le plus souvent en diligence ou en train. Ses efforts sont bien vite couronnés de succès, car la Société des Missions Africaines voit officiellement le jour à Lyon le 8 décembre 1856 et elle accepte le nouveau vicariat apostolique de Sierra Leone en 1858. C'est là que vont partir deux prêtres et un frère en novembre de cette même année. Accompagné de deux autres missionnaires, Mgr de Brésillac les rejoindra le 14 mai 1859, laissant en France le père Augustin Planque en lui disant dans une lettre du 1er janvier 1859 : "Si la mer ou les écueils voulaient que cette année fût la dernière, vous seriez là pour que l'œuvre ne fît pas naufrage."
Il avait raison, car il débarque à Freetown au moment où sévit une grave épidémie de fièvre jaune. Au début de juin 1859, ils sont six à pied d'œuvre, pleins de foi et d'enthousiasme, et tous sont jeunes, forts, ils connaissent les difficultés qui les attendent, mais ils sont prêts à les affronter… ils n'en auront même pas le temps. La fièvre va rapidement diminuer leur nombre et les éliminer tout à fait. Citons les noms de ces missionnaires obscurs, de ces pionniers qui n'ont pas eu le temps de donner leur mesure : le 2 juin, le père Riocreux meurt à 27 ans, suivi trois jours plus tard par le père Bresson, 47 ans. Le 13 juin, c'est le tour du frère Gratien de quitter cette terre à 29 ans. Mgr de Brésillac, qui commence à ressentir les symptômes de la maladie, profite d'un navire français de passage pour faire rapatrier le frère Eugène. Ils ne sont désormais plus que deux, et deux malades : Mgr de Brésillac meurt le 25 juin, il n'a même pas 46 ans et le père Reymond trois jours plus tard ; il avait 36 ans.
Il ne reste plus à Lyon que deux prêtres, quatre séminaristes et deux frères laïcs. Que vont-ils faire ? Il ne faut pas abandonner, il faut continuer. Le père Planque était là pour sauver ce qu'il pouvait du naufrage. Pendant près de cinquante ans, il va présider aux destinées de la Société des Missions Africaines ; le sacrifice des premiers missionnaires ne sera pas vain. L'évangélisation des pays de la Côte du Golfe de Guinée, depuis l'arrivée des premiers pères en 1861, c'est une autre page de l'histoire de la Société des Missions Africaines de Lyon.
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