Société des Missions Africaines –Province de Strasbourg
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né le 9 avril 1934 dans le diocèse de Besançon, France membre de la SMA le 16 juillet 1957 prêtre le 23 février 1963 décédé le 3 août 1999 |
1963-1987 missionnaire au Togo décédé à le 3 août 1999, au Russey, France, |
Le père Modeste BILLOTTE (1934 - 1999)
Jeunesse et formation
Modeste Billotte est né le 9 avril 1934 à Courtefontaine, dans le canton de Maîche. Il est le deuxième enfant d’une famille qui en comptera quinze. Quelques années après sa naissance, en 1939, ses parents viennent s’installer aux Plains et Grand Essarts. Si la maison d’habitation est relativement spacieuse, la ferme qu’ils exploitent est petite et ils doivent travailler dur pour élever la grande famille ; les années de guerre sont particulièrement difficiles et trois petites filles décèdent alors qu’elles sont encore bébés. De ses parents, et dans la grande fratrie, Modeste apprend la vie et la solidarité. Il hérite aussi d’une foi solide et d’une grande confiance en la Providence, il acquiert le goût du travail bien fait, une curiosité tenace, le sens de l’inventivité et un savoir-faire pratique.
Il fréquente naturellement l’école du village, tout en apportant sa contribution à la ferme. En 1946, il entre au petit séminaire diocésain à Maîche, pour ses études secondaires, il y demeure jusqu’en 1953. « Dès ma prime jeunesse, j’ai pensé à l’Afrique. Dieu a permis la concrétisation de ce rêve à travers mon itinéraire ». Il étudie la philosophie au séminaire de Faverney de 1953 à 1955, et fait une troisième année (1954-55) au séminaire des Missions Africaines au Zinswald près de Sarrebourg. Puis c’est le noviciat à Chanly en Belgique pour l’année scolaire 1956-57. Il prononce son premier serment d’appartenance à la SMA le 16 juillet 1957. En 1957-58, il vit sa première année de théologie au grand séminaire des Missions Africaines à Lyon. Vient ensuite le service militaire de septembre 1958 à décembre 1960 ; après ses « classes » en Allemagne il rejoint l’Algérie, période qui l’a beaucoup marqué. Il reprend finalement ses études de théologie aux Missions Africaines, en Alsace, à Saint-Pierre près de Barr. Il est ordonné prêtre le 24 février 1963 à Saint Pierre par Mgr Lingenheim, évêque du diocèse Sokodé au Togo, diocèse qu’il rejoint le 4 octobre suivant et qu’il ne quittera plus.
La découverte de l’Afrique : son premier poste, Niamtougou
Son premier poste est Niamtougou, dans le pays Kabyè. « Comme vicaire, la direction des écoles me fut confiée, avec en plus la catéchèse des villages, la charge de tout le matériel et la responsabilité des constructions... chapelles, église, écoles, centres sociaux, écoles ménagères, citernes, maisons de catéchistes, les mouvements de jeunes. Durant huit années, ce fut mon rythme de vie : lever normal 5 heures, coucher 22 heures ou plus tard selon les travaux. Beaucoup de travail pastoral et matériel fut réalisé avec des joies, mais aussi de lourds sacrifices, souffrances et peines morales, grâce aussi à l’entente entre nous. Malgré tout ce que j’ai pu y souffrir, mon cœur y reste profondément attaché »
La pleine mesure à Kambolé
Après huit années passées à Niamtougou, Modeste est envoyé à Kambolé, à l’autre bout du diocèse, sur la frontière du Bénin. Il travaille avec un groupe ethnique nouveau, les yorubas, aussi robustes et aussi forts que lui. Seul comme prêtre, j’y trouve une communauté de sœurs, Notre Dame de la Providence de Saint André de Peltre. Avec elles, je vais cheminer dans ce secteur de 1972 à 1987, soit 15 ans. Je tiens à leur dire merci sur toute cette tranche de vie où nous avons travaillé main dans la main…. A mon arrivée les murs et la toiture de la nouvelle église viennent d’être achevées ; à l’intérieur un immense trou qu’il faut combler pour pouvoir cimenter et crépir, achever l’église afin d’y célébrer, l’ancienne devenant trop exiguë ». Le travail pastoral aussi est abondant. Le premier catéchiste, Paul Amouzou Abodji, qui a fondé la chrétienté de Kambolé en 1942, prend une retraite bien méritée en 1975. « Il faut alors former des catéchistes, assurer la catéchèse et les offices. Les « ADAP » prennent naissance. Des jeunes prennent à cœur la catéchèse du primaire, j’assure le secondaire et la tournée des villages. Pendant deux ans, la paroisse s’étendait sur 110 km de long et 80 km de large ; ensuite elle a été scindée. J’ouvre des stations secondaires… ». La communauté chrétienne insérée en milieu musulman est petite et jeune. Il faut évoluer avec beaucoup de respect et de délicatesse.
Modeste est connu pour son dévouement incessant auprès des malades et des nécessiteux et sa collaboration au développement et à la promotion humaine. « Pendant plus de 10 ans, avec les sœurs, nous assurons le service ambulancier par tous les temps, de jour comme de nuit… J’ai admiré et continue d’admirer la disponibilité et la conscience professionnelle des sœurs. Elles essaient de former leur personnel à cette disponibilité et conscience professionnelle. Avec elles nous avons modernisé ce dispensaire qu’elles détiennent au nom de l’Etat ». Ses dons sûrs de sourcier lui font chercher et trouver l’eau si utile aux villages. Ce qui a donné lieu à la construction de nombreux puits, auquel Modeste apportait sa contribution en offrant notamment le ciment nécessaire à leur confection.
Bafilo, le « lion » au cœur sensible
Après une année de recyclage à Paris, il repart au début 1989 pour un nouveau poste, Bafilo. Il habite d’abord à Aledjo, siège d’une des premières missions dans le centre nord du Togo et en 1991, il s’installe à Bafilo, où il reste neuf ans. C’est là que lui est attribué son surnom de lion. Il ressemblait un peu au lion, surtout lorsqu’il oubliait d’aller chez le coiffeur, mais il en avait aussi le caractère et la force. Mais Modeste n’était pas fait que de force. Derrière sa carapace se cachait beaucoup de sensibilité, d’hésitations, voire de susceptibilité… « Travailleur acharné, le Père Modeste connaissait bien tous les métiers du bâtiment, depuis la conception jusqu’à l’ameublement. Il s’était aussi investi dans l’audiovisuel au service de l’évangélisation et engagé dans la justice sociale. Sous des dehors bourrus transparaissait une très grande sensibilité ouverte à l’amour de Dieu et des hommes et à une compassion réelle ». (de Mgr Djoliba, évêque de Sokodé) A Bafilo il monte un atelier de menuiserie afin de fournir du travail aux jeunes des villages environnants. Il tient absolument à rendre l’atelier autonome. Un jeune menuisier apprend à le gérer et à organiser l’apprentissage. Modeste se lance aussi dans des activités sociales et caritatives et distribue des livres scolaires venant de France, par le biais de l’association « Amour sans frontière ».
Durant ses congés, on l’a vu bien des fois travailler à la fromagerie de son village ou comme mécanicien chez son frère garagiste. Il savait souder comme un artiste : son plus bel ouvrage de soudure est cette immense effigie de la Vierge Marie, dressée comme un signe, en pays musulman, au bord de la falaise, derrière Aledjo. Cette effigie est en même temps le signe de sa dévotion, pourtant bien discrète, à Marie, la mère de Jésus. Elle est aussi le point de ralliement du pèlerinage diocésain.
Revenu d’urgence en France en mars 1999 pour une opération chirurgicale, il semble se refaire une santé. Une place d’avion lui avait été retenue pour le 23 août… Alors qu’il se préparait à retourner au Togo, Modeste est décédé, dans un accident, sur la route, le 3 Août 1999 à 15h15 à l’entrée du village du Russey. Il avait probablement eu un malaise. Ses funérailles ont été célébrées le 5 Août dans son village d’origine, les Plains et Grands Essarts. Mgr Lucien DALOZ, archevêque de Besançon présidait l’Eucharistie. Une foule immense est venue s’associer à la prière dans des tentes dressées autour de l’église bien trop petite.
(Les citations de cette biographie sont tirées d’un texte rédigé par Modeste lui-même en 1988 alors qu’il était en année de recyclage à Paris.)
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