Société des Missions Africaines
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né le 4 juillet 1858 au Coudray-Plessé dans le diocèse de Nantes, France membre de la SMA le 23 septembre 1879 prêtre le 14 septembre 1883 décédé le 7 août 1898 |
1883-1897 missionnaire en Egypte décédé à La Croix-Valmer, France, le 7 août 1898, |
Le père Pierre-Marie BARON (1858 - 1898)
Le père Pierre-Marie Baron est né le 4 juillet 1858 au Coudray-Plessé en Loire-Atlantique (diocèse de Nantes) à environ 25 km. au S.E. de Redon. Il fait ses études à Riche-Lieu ( Clermont-Ferrand) et à Lyon. Entré aux Missions Africaines le 23 septembre 1879, il émet son serment en 1880 et devient ainsi membre de la Société. Il sera ordonné prêtre le 14 septembre 1883, fête de la Croix glorieuse, Croix qui marquera tragiquement la fin de sa brève vie sur terre.
Il est nommé aussitôt pour le Delta du Nil et arrive au collège de Tanta avec le père Arnaud ; il s'initie d'abord à l'enseignement. Il est bientôt désigné comme directeur de l'école gratuite, accueillant une centaine d'enfants pauvres. Très tôt, il se découvre des talents de narrateur qui l'amèneront à publier des articles dans « les Missions catholiques », puis dans le « Petit messager » du diocèse de Nantes. Il y décrit la vie des gens des villages de Mahalleth-el-Kibir, Zifta et Mit-Kamar.
Affecté, en 1886, avec le père Merlini, à Zifta, il y publie des notes sur ce qu'il appelle les « superstitions égyptiennes » et nous renseigne sur sa vie dans cette nouvelle mission. « L'ouverture de notre école s'est faite le lundi 3 octobre. Nous avons eu une soixantaine d'enfants. Le 1° novembre, nous aurions pu doubler le nombre de nos écoliers si l'insuffisance du local ne nous eût forcés à en refuser d'autres. Nos catholiques latins coptes, maronites, syriens de Zifta ( 16.000 habitants) et de Mit-Kamar ( 19.000 habitants) sont d'autant plus assidus à la messe le dimanche que, jusqu'ici, ils avaient plus rarement le bonheur de l'entendre ».
Le 7 juin 1887, il écrit: « La population nous aime et nous respecte. Les enfants qui fréquentent nos écoles ne sont, en effet, plus les mêmes : au dehors leur bonne conduite est beaucoup plus remarquée. Nous avons présentement 65 garçons, nous ne pouvons pas en loger un seul de plus. Notre école de filles est également trop petite. La mission de Zifta possède aujourd'hui une belle petite église ; deux petits clochers en surmontent la toiture »
En octobre 1886, le père Baron écrit à nouveau un long article sur la mission Saint-Pierre de Zifta : sa population, l'installation des Pères et des Sœurs, les usages touchant le mariage et le baptême des enfants, les coptes schismatiques... » Il raconte comment il a reçu une délégation faisant partie de la population copte schismatique de Soubath. Elle lui déclare : « Nous sommes chrétiens. Nous avons la même croyance et les mêmes sacrements que vous. Il faut vous avouer que nos prêtres ne nous instruisent en rien. Nous-autres, gens du peuple, n'avons pas besoin, prétendent-ils, de connaître ces choses-là. Nous ne voulons pas rester dans l'ignorance où nos pères ont vécu jusqu'à ce jour. Jésus-Christ est venu apporter la lumière et cette lumière est pour tous les hommes. Nous voulons à notre tour connaître la vérité. Père, venez chez nous pour nous instruire, nous vous attendons avec impatience ».
Les pères iront leur rendre visite « Malgré les trois heures de chemin qui les séparent du village de Zifta, ces bons fellahs viennent régulièrement, depuis plus d'un mois, entendre la messe à notre mission. Ils y arrivent le samedi soir, passent la nuit chez nous; ils ne cessent de nous interroger sur notre sainte religion. Tous les mois, nous irons dire la messe une fois. J'espère que les coptes reviendront dans le sein de l'Eglise romaine ». Le père Baron se rendra aussi, au cours du même mois d'octobre à Mit-el-Nassara.
Le 10 février, il écrit: « Nos coptes de Soubath sont en bonne voie et persévèrent toujours dans leur pieux dessein de se faire catholiques. Un de nos pères s'est fait céder par l'un d'eux un terrain assez grand pour y construire une petite école...Nous avons pu y laisser un jeune homme sous nos ordres, un copte catholique, qui fait l'office de catéchiste ».
Cette même année 1889, le père est parti en congé. A son retour, il retrouvera Mit-el-Nassara. Il remercie alors les personnes qui lui ont envoyé une magnifique statue de la Sainte Vierge. Il ajoute : « Maintenant notre cloche est installée à la grande joie de nos petits orphelins et de tout le monde. On ne peut se lasser de l'entendre; elle nous mène au travail, à la prière, etc., et dès lors notre vie devient plus régulière ».
Malheureusement, des problèmes de santé commencent à se manifester. Ce sera le début d'un long calvaire, car apparaissent les premiers symptômes de troubles psychiques qui se traduisent par des impatiences incontrôlées tournant parfois à la conviction d'être persécuté.
Entre 1890 et 1898, il ne reste que peu de lettres du père. Nous savons qu'il s'est initié à la photographie et qu'il aime beaucoup dessiner. Un autre père Baron ( Pierre, peut-être son neveu, car originaire du même village du Coudray-Plessé) , publiera plus tard des brochures sur l'histoire de l'Egypte: « L'Egypte vous parle », en quatre volumes, lui vaudra d'être lauréat de l' Académie française, ainsi que d'autres écrits « Sous la houlette d'un seul pasteur », « L'oncle d'Egypte », « Alo! Aloo! Ici...Zaï-el-Babour », etc.
Au début de 1896, la santé du père Baron donne de plus en plus d'inquiétudes. Le père Duret écrit, le 17 avril, au père Planque : « Depuis le commencement de janvier, il y a eu plusieurs absences assez accentuées...Quelle en est la cause ? Quoiqu'il en soit, la tête du père Baron ne me paraît pas en état de supporter les soucis, les tracas et les difficultés de l'administration de Samanoud »
En juillet 1897, il est obligé de rentrer en France pour se reposer à la Croix-Valmer. Il souffre d'hallucinations et du délire de la persécution. Il restera un an dans cette maison avant le drame qui occasionnera sa mort. Le père Desribes raconte ainsi les faits dans une lettre au père Planque. « A votre départ de la Croix-Valmer, la période d'hallucinations commença, en augmentant de jour en jour, à tel point que, surtout la nuit, nous ne vivions plus à cause de cela... Ce matin (dimanche 7 août), vers 5 heures, au moment du réveil, réussissant à tromper la surveillance que l'on était dans la nécessité d'exercer sur lui, il ouvre sa fenêtre et se précipite dans le vide. Moins d'une minute après, il était ramassé, mais brisé. Le père Baron n'a vécu que 10 minutes après sa chute... Il s'était fait entendre en confession la dernière fois hier à 10 heures et avait dit pieusement sa messe le matin. Du reste, il s'attendait à mourir ».
Ce fut le premier confrère à être enterré dans le caveau SMA de la Croix-Valmer. Il avait 40 ans et venait de passer 14 ans comme missionnaire en Egypte .
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