Société des Missions Africaines –Province de Strasbourg
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Le Père Paul PERRIN né le 25 décembre 1896 à Fouchy par Villé dans le diocèse de Strasbourg, France membre de la SMA le 16 novembre 1918 prêtre le 10 juillet 1921 décédé le 27 décembre 1966 |
1921-1925 Saint-Priest, professeur décédé à Porto-Novo, Dahomey, le 27 décembre 1966, |
Le père Paul PERRIN (1896-1966)
Paul Perrin est né le 25 décembre 1896, à Fouchy, dans le Bas-Rhin et le diocèse de Strasbourg. Fils de Auguste et de Marie Humbert, famille de condition modeste, de bonne pratique religieuse et bien considérée. L'Alsace-Lorraine fait alors partie de l'Allemagne. Le jeune garçon fréquente l'école primaire de son village, mais il part à Keer, près de Maastricht, en Hollande, pour ses études secondaires de 1911 à 1916, suivies de deux années de philosophie de 1916 à 1919.
Dès 1914, il avait fait part de son intention d'entrer aux Missions Africaines, mais c'est seulement, la guerre terminée, qu'il rejoint le grand séminaire à Lyon, le 1er octobre 1919. Devenu membre de la SMA le 1er octobre 1918, il est ordonné prêtre le 10 juillet 1921, avec onze autres séminaristes, dont monseigneur Strebler.
Après son ordination, il est question de l'envoyer au Togo, où ses talents de musicien et d'organiste le font désirer, mais il est, en fait, affecté à Saint-Priest comme professeur en classe de troisième, puis de seconde. Sa joie n'en sera que plus grande quand le père Chabert, alors supérieur général, le désigne, en date du 31 juillet 1925, pour le vicariat du Dahomey.
Monseigneur Steinmetz le nomme vicaire à la paroisse de l'Immaculée Conception de Porto-Novo, la seule paroisse existante alors, fondée par les premiers pères en 1864, et qui deviendra, plus tard, la cathédrale du futur diocèse de Porto Novo. Il va y trouver, comme supérieur et formateur, un missionnaire de grande classe, un vrai ami des Noirs, le père Françis Aupiais, qui aura à son sujet ces paroles flatteuses : Il s'est mis résolument au travail qui lui a été confié. Les fidèles ont beaucoup apprécié ce jeune prêtre qui, timide et discret, savait néanmoins parler à tous avec bonté et abandon.
De son côté, le père Parisot, visiteur, écrira dans son rapport de 1928-1929 : Le père Perrin fait une excellente impression. Celui-ci, originaire de la Province de l' Est, sollicite avec insistance son admission dans la Province de Lyon. Il écrit, le 3 mai 1929 : Je tiens à continuer mon ministère ici, au Dahomey. Maintenant, je commence à réaliser un apostolat fructueux pour lequel il faut la connaissance de la langue et du pays. Le père Laqueyrie lui répondra que sa demande a été agréée, et qu'il pourra continuer son ministère au Dahomey.
Mais, deux années plus tard, à la fin de son congé en 1931, alors qu'il est déjà à la procure de Paris, prêt à repartir, il reçoit du père Chabert, le supérieur général, une autre nomination : Le conseil de la Société vous a désigné comme conseiller à la place du père Ezanno qui ne peut quitter sa mission. Vous êtes donc, à partir d'aujourd'hui, membre (de ce conseil) avec résidence à la maison mère. Le père Perrin réagira avec vigueur auprès du père Aupiais, présentera ses raisons et son refus dans le bureau même du supérieur général, prendra conseil auprès du père Arial. Il finira par se soumettre : Puisqu'il en est ainsi, je me mets à votre disposition, dira-t-il, enfin, au père Chabert. Me voilà maintenant fixé ici, à Lyon. Mais le temps passera et amènera, il faut l'espérer, le jour d'un joyeux départ pour l'Afrique. En attendant, je remets tout entre les mains du Bon Dieu. Dans le cadre de ses nouvelles fonctions, il accomplit à cette époque une tournée en France pour présenter un film sur la Mission du Dahomey.
Lorsque monseigneur Steinmetz donne sa démission, le père Parisot écrit, à la date du 9 novembre 1934 : Parmi les confrères du Dahomey, il n'y en a que trois sur lesquels il y a plus ou moins concordance pour les désigner à la succession éventuelle, les pères Paul Perrin, Noël Boucheix et François Le Port. C'est dire toute l'estime bien méritée dont jouissaient ces trois confrères et le père Perrin, en premier lieu. Cependant, il ne deviendra jamais évêque, même si plus tard la question se posera à nouveau.
A la fin de son mandat de conseiller général en 1937, l'Assemblée provinciale le choisit, cette fois, comme conseiller provincial, avec la charge spéciale de remplir les fonctions de secrétaire. Il ne reverra l' Afrique qu'en 1946. Dans ce rôle, il se montre homme consciencieux, méthodique, précis, tout à fait efficace auprès du père Aupiais, provincial, et de ses conseillers, les pères Noël Boucheix, Laqueyrie et Neu. Il rédige les P.V., tient les registres, dresse l'inventaire alphabétique des noms propres et des sujets principaux traités lors des séances du précédent conseil provincial, afin de retrouver plus facilement les décisions prises par les prédécesseurs, un modèle de secrétaire (Notes du père Grenot ).
Dans une lettre du 21 novembre 1944, il raconte les événements douloureux des bombardements de Lyon et de notre maison du Rozay. Les circonstances de la guerre feront que le mandat de l'Assemblée provinciale sera prolongé. Le père Perrin aura donc passé au total 15 années dans l'administration de la Société. A la fin de l' Assemblée de 1946, tenue au 150, le père a la grande joie d'être à nouveau affecté au Dahomey où il repart le 29 octobre.
Succédant au père Le Port à la paroisse Notre-Dame de Cotonou, il est aussi provicaire du vicariat de Ouidah. Il est ensuite nommé, le 1er juillet 1948, visiteur régional du Dahomey pour le vicariat de Ouidah et la préfecture de Parakou, mais il récuse cette charge pour des raisons qu'acceptera le conseil provincial.
Alors que, le 29 mars 1952, s'éteint monseigneur Steinmetz , le père Perrin, descend à Ouidah pour remplacer le père Delbaere. Il tombe sérieusement malade d’une typhoïde. Quand il sortira de l'hôpital, il restera en repos à la mission St. Michel de Cotonou. En 1954, le père Perrin figurera sur la "terna" proposée pour le diocèse de Porto-Novo, mais ce n'est qu'en 1958 que le siège sera confié à monseigneur Noël Boucheix. En 1956, il prendra son congé en France, pour revenir à la grande paroisse de Porto-Novo, dont il proposera le dédoublement par la création de la nouvelle paroisse de Saint-François-Xavier confiée au père Zerringer.
Alors qu'il est à nouveau très fatigué, il continue d'assumer sa charge. Quand monseigneur Boucheix fait construire le petit séminaire de Wando, il en confie la responsabilité au père Perrin. Monseigneur Strebler aura cette belle réflexion : Quelle plus grande consolation pour le missionnaire que celle de consacrer les dernières années de sa vie à préparer la relève de demain !
Après son congé en 1965, il retourne encore au Dahomey, mais, notera monseigneur Strebler, ses traits accusaient déjà l'anémie et la fatigue. Usé à la peine, sa réserve d'huile s'épuisait. Cependant, commente le père Maurice Grenot, il reste accroché à sa besogne. Il est tout près de 70 ans. Il les atteint, sans pouvoir les fêter, car il est gravement malade
L'évêque de Porto-Novo, monseigneur Boucheix, a fait lui-même un compte-rendu détaillé des dernières journées du père Perrin : Le voyant baisser de plus en plus, dans la matinée de Noël, jour de notre anniversaire commun et, pour lui, le 70ème, je lui proposais le sacrement de l’extrême-onction. Il était parfaitement lucide. J'allais donc chercher les professeurs du petit séminaire et, avant midi, le cher père reçut le dernier sacrement, répondant à toutes les prières. Le lendemain, lundi, vers 8 heures, je lui donnais à boire. Je lui dis alors :
- Père, je pense que je dois vous donner la bénédiction apostolique pour l'indulgence de la bonne mort.
- Vous croyez que c'est la fin ?
- Peut-être, c'est même probable.
- Merci, je suis prêt.
Le père Gaume, son confesseur, était venu le voir. Le père Gommeaux récita les prières des agonisants avec les sœurs. Je partis chercher les professeurs. Je revins à 11 heure ; le souffle se faisait de plus en plus court, mais sans souffrance apparente. Avec tous les prêtres présents nous lui renouvelâmes l'absolution et, à 11 heures 50, il cessait de respirer, mais le cœur battit encore durant cinq minutes.
L'enterrement eût lieu le mercredi 28 décembre 1966, à 7 heures 30 : messe concélébrée par 9 prêtres, présence de 40 autres. Jamais je n'avais vu une telle foule dans et hors de la cathédrale. Le cher père repose au cimetière dans la tombe des pères morts à Porto-Novo : il est le 12ème, le dernier ayant été le père Nouvel en 1908. Il dort ainsi, en communauté, son dernier sommeil.
Monsieur Paul Mihani, président du comité paroissial, déclara lors des obsèques : Il reposera en terre porto-novienne, la terre de nos aïeux et de nos rois. Merci, père Perrin, pour tout ce que vous avez été à chacun de nous. A son tour, monseigneur Strebler, qui le connaissait bien, fera de lui cet éloge chaleureux : Il a connu à la fois les fatigues du semeur et les joies du moissonneur. Il a été l'heureux témoin de la montée du clergé dahoméen. Il a vu un fils du pays devenir archevêque de Cotonou. Il a la consolation de dormir son dernier sommeil au milieu du peuple qu'il a aimé et servi toute sa vie.
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