Société des Missions Africaines – Province de Lyon
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né le 31 décembre 1890 à La Cluze-et-Paquier dans le diocèse de Grenoble membre de la SMA le 8 décembre 1915 prêtre le 10 juillet 1921 décédé le 19 août 1962 |
1914-1948 mobilisé, officier Croix de guerre, médaille militaire décédé à La Croix-Valmer, le 19 août 1962, |
Le père Albert GAYMARD (1890 - 1962)
A La Croix-Valmer, le 19 août 1962, retour à Dieu du père Albert Gaymard, à l'âge de 72 ans. Il naquit à La Cluze-et-Paquier, dans le diocèse de Grenoble, en 1890. Il fit toutes ses études secondaires et une partie de sa théologie dans son diocèse. En 1913, il arrivait à Chanly et fut mobilisé en 1914. Des quatre années de guerre, où il se montra vaillant soldat et séminariste apôtre, il revint officier de la légion d'honneur, avec la croix de guerre, la médaille militaire et 4 citations.
Un surnom lui resta de ce temps: "le brave des braves", et ceux qui ont entendu certains récits de cette période peuvent dire que ce nom était bien mérité. Au cours de la guerre, il fut aussi miraculeusement protégé par une médaille mariale de la rue du Bac.
Le lieutenant se remit à ses études théologiques. Il avait fait le serment en 1915 et fut ordonné prêtre en juillet 1921. Après un an de professorat à Saint-Priest, le père Gaymard partait pour le Dahomey. Sauf pendant la guerre de 1939-1945, où le capitaine Gaymard fut mobilisé, d'abord au Dahomey, puis comme aumônier militaire en France, il œuvra au Dahomey jusqu'en 1960. Il débuta à Ouidah. Peu après son arrivée, en la station secondaire de Pahou, il baptisait Bernardin Gantin, le futur archevêque de Cotonou. Le père travailla aussi dans les missions de Calavi et de Zagnanado. Il y apprit le "fon" au point qu'il le parlait couramment.
Au cours de sa longue agonie, il n'aura aucune réaction aux prières en français ou en latin, mais 10 minutes avant sa mort, ses paupières essayaient de remuer lorsqu'on priait en "fon" à côté de lui.
Le plus bel éloge qu'on peut faire d'un missionnaire, on l'a fait du père Gaymard: "Il s'est fait véritablement tout à tous." Il s'est fait tout à tous dans les postes de mission, mais aussi au séminaire où il fut nommé dès 1933. Il y fut "le professeur universel, équilibré, le maître compétent et précis" et cela qu'il s'agisse de "littérature, de géographie, de mathématiques ou des disciplines plus élevées et plus subtiles de la philosophie et de la théologie." ,Tout en étant au séminaire, le père Gaymard continua son apostolat en station. Les stations secondaires du séminaire, Tchibozo, Tori, Savi, ont bénéficié de son dévouement sans limite. Il évangélisait ces stations "avec un zèle et un cœur pastoral digne des premiers temps de l'Eglise." Il y fut le "défenseur intrépide de toutes les faiblesses et le père de tous les déshérites." Que de personnes il a dépannées, aidées, rendues à la joie, à la santé et surtout réconciliées avec le Christ.
Jusqu'au séminaire, le bon père Gaymard était assailli par ses bons campagnards en quête les uns d'un conseil, les autres d'un tube d'aspirine; il leur réservait à tous le meilleur accueil. Les couvents fétiches de Ouidah le trouvaient toujours dressé contre toute oppression ou agression injuste et humiliante. Le ministère paroissial du dimanche fut le charisme spécial du père Gaymard, celui où il a rayonné son sacerdoce avec le plus de joie et de consolation.
Il revenait le dimanche soir, "tout en sueur, après une route ensoleillée et poussiéreuse sur une moto" ou en vélo; il revenait fourbu, mais "plein de la joie visible de quelqu'un qui venait de donner le Christ aux autres".
Les séminaristes avec fierté le disaient polyvalent et le vénéraient comme un modèle du prêtre "à jour", de grande culture et de grande simplicité.
La simplicité, voilà bien encore une vertu du père Gaymard. Il détestait les complimentes et les complications, les discours ronflants, "le grand genre" et "le grand style". C'est en lisant le "guide du catéchiste" que nous pouvons découvrir le style et la simplicité du père Gaymard. Pour aider les catéchistes de la brousse, il fonda, rédigea et expédia pendant de longues années ce bulletin. C'était pour lui un gros travail de mettre à la portée de tous la doctrine et la morale chrétiennes. Il le fit magnifiquement.
Au séminaire, il fut l'un des révélateurs et le propagandiste de la dévotion sacerdotale des prêtres adorateurs. Il avait aussi une filiale dévotion à Marie et il a su la communiquer à ses élèves.
Depuis plusieurs années, la santé du père Gaymard laissait à désirer. Il passa ses dernières années dahoméennes dans son petit "ermitage" entre les deux séminaires. Il eut la joie de voir son "fils", son petit baptisé de 1922, devenir son archevêque et, en 1960, il dut rentrer en France. C'est à La Croix qu'il attendit l'heure du Seigneur.
"C'est dans ce Dahomey de ses rêves, de sa vie de missionnaire et de ses prières, qu'il aurait voulu dormir son dernière sommeil, parmi les siens. Mais la volonté de Dieu, qu'il a toujours servie et accomplie, en a disposé autrement. L'essentiel cependant nous reste: c'est son cœur." (Cardinal Gantin)