Société des Missions Africaines –Province de Lyon
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né le 29 avril 1910 à Limay dans le diocèse de Versailles, France membre de la SMA le 30 juin 1934 prêtre le 6 janvier 1937 décédé le 30 août 1978 |
1937-1978 missionnaire en Côte-d'Ivoire décédé à Dinan, France, le 30 août 1978, |
Le père Jules SAVÉAN (1910 - 1978)
Jules Savéan est né à Limay, en Yvelines, le 27 avril 1910, de Jules Savéan et de Marie-Léonie Burlot. Après ses études primaires, il rejoint le séminaire des Missions Africaines de Pont-Rousseau, puis le séminaire d’Offémont, avant d’entrer au noviciat où, le 30 juin 1934, il prononce son premier serment qui le fait membre des Missions Africaines.
Il accomplit son service militaire en Algérie en 1932, puis entre au grand séminaire de Lyon où il est ordonné prêtre le 6 janvier 1937. Il est, la même année, affecté en Côte d’Ivoire où il restera jusqu’en 1978.
En arrivant en Côte d’Ivoire, il est envoyé à Aboisso où, dès le premier contact avec une communauté chrétienne, il est conquis par cette vie missionnaire. Il est heureux, mais pour peu de temps car, en Europe, la guerre éclate et il est mobilisé. Il ne tarde pas cependant à être rendu à la vie civile et envoyé à Daloa pour rejoindre le père Tranchant. Il s’y rend par le train jusqu’à Dimbokro et, en auto-stop, par Yamoussoukro où il a l’occasion de rencontrer monsieur Houphouët-Boigny. La mission de Daloa a l’étendue du diocèse actuel, et le Père Savéan commence à visiter les villages de Bouaflé et Sinfra.
En mars 1940, il est, de nouveau, rappelé par l’armée et il rejoint Abidjan où on lui rend la liberté au bout de quatre mois. Le 2ème vicariat de Côte d’Ivoire vient d’être fondé avec, à sa tête, monseigneur Kirmann qui doit résider à Sassandra.
Le Père Savéan est envoyé à Bouaflé où il construit une case-chapelle. En attendant, il occupe un magasin dont il fait une chapelle, une classe et une petite chambre. Il commence aussi à prendre contact avec trois ethnies de la région : Gouro, Baoulé, Yahouré. Mais ses premiers chrétiens seront des Mossis qu’il visite régulièrement sur la route de Yamoussoukro. Il parcourt les villages et les campements à pied.
En 1943, il est, pour la 3ème fois, rappelé par l’armée et envoyé sur Bouaké où il restera pendant deux ans et demi, secrétaire du médecin-chef, ce qui lui permettra d’aider le père Allezard, resté seul à la mission.
En juillet 1945, il est libéré et rejoint Bouaflé. Il retrouve sa mission, ses villages mossis qui, dit-il, furent ma consolation, parce que vite organisés avec catéchistes, chefs chrétiens, groupes de catéchumènes adultes qui multiplient les foyers chrétiens. Les Baoulés ont été beaucoup plus réticents avec la polygamie et puis les maladies, les décès de premiers chrétiens, interprétés comme une vengeance des fétiches.
En 1947, pendant son 1er congé, sa mission brûle. Le père est prêt à recommencer. Il obtient l’autorisation de monseigneur Serrant, évêque de Saint-Brieuc, pour rechercher des fonds dans son diocèse. L’église de Bouaflé ayant été reconstruite par les soins de monseigneur Kirmann, le père Savéan espère monter, avec l’argent collecté, une petite scierie pour l’aider à vivre. Monseigneur Kirmann reconnaît le mérite que le père a eu de se fatiguer pour trouver de l’argent mais, au sujet de la scierie, il lui laisse entendre qu’il aurait aimé être consulté : Attention à ne pas être trop absorbé par le matériel. Ne négligez pas le spirituel !
Le père Savéan sera aidé par l’abbé Paul Kodjo qui s’occupera de l’école, le père Bernard Guillien qui, malade, ne pourra rester, les sœurs de Nevers, infirmières et institutrices pour les filles, le père Elie Cocho pour les villages de brousse, le père Henri Neau à l’époque des collèges et des CEG, et le père Marcel Dussud pour les jeunes et les villages gouro.
En 1972, le père Savéan quitte Bouaflé pour la paroisse de Daloa. Il est remplacé par le père Cocho, mais il ne restera pas à Daloa. Le 2 février 1974, il écrit au père Boiron qui lui propose un poste à Dabou. Il lui répond pour lui dire qu’il pense plutôt à ces Baoulés venus de la région du Bandama, groupés en huit villages rapprochés, et installés à une vingtaine de kilomètres de Bouaflé. Il aimerait s’installer au milieu d’eux. Pour cela, il apprend le baoulé et suit une session de langue à Bouaké.
Et c’est ainsi que le père Savéan va passer les dernières années de sa vie au village de Kangrékro où il loue une petite case. Il s’y trouve heureux, témoin de Jésus-Christ et de l’Eglise, parmi ces paysans Baoulé : Je puis dire qu’il a fallu trois ans pour avoir droit de cité au village et pour conquérir la sympathie générale. Et ça, c’est une découverte, malgré mes 40 ans d’Afrique, de découvrir ce sentiment chaleureux et spontané qui se manifeste dans ces visages épanouis, ces sourires rayonnants, larges et francs.
Il sortira de sa réserve en 1976 pour répondre à un article de Fraternité Matin qui écrivait : L’Eglise de Bouaflé est pratiquement inexistante ! Le père répondra : en 35 ans, les pères et sœurs n’ont pas perdu leur temps. Il citera les 2850 baptêmes, les 113 mariages chrétiens, la construction de l’église paroissiale et des 7 chapelles en dur, l’école du centre et les 10 écoles de villages.
En 1978, le père Savéan est en congé à Saint-Brieuc. Le lundi 28 août, il s’est couché avec une très forte fièvre. Le mardi, il va plus mal et ses amis le font hospitaliser à Dinan. Le médecin a décelé une méningite qui l’emporte le mercredi 30 août 1978. Il est enterré à Saint- Brieuc.
Les gens de Bouaflé organiseront pour lui un service solennel le 16 septembre 1978, et une messe sera concélébrée par les confrères le 25 septembre.
Après qu’il eut raconté plusieurs de ses échecs dans différents villages, on lui posa la question : Et vous ne vous êtes pas découragé ? Sa réponse fut toute simple : Non, le Christ ne demande pas à son apôtre de réussir, mais de travailler. Celui qui sème n’est pas nécessairement celui qui moissonne ! Cette parole résume un peu toute sa vie missionnaire.
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