Société des Missions Africaines – Province de Lyon
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né le 15 décembre 1925 à Decazeville (Aveyron) dans le diocèse de Rodez membre de la SMA le 27 octobre 1947 prêtre le 11 février 1949 décédé le 8 août 2006 |
1949-1989 missionnaire en Côte-d'Ivoire décédé le 8 août 2006 à Montferrier-sur-Lez (34) (France) |
Le père Antoine VALÉRO (1925 - 2006)
Antoine Valéro est né en 1925, le 15 décembre, à Decazeville, dans l’Aveyron. Il était d’une famille ouvrière d’origine espagnole, et de condition modeste. Il n’avait que deux ans quand la famille émigre vers la région lyonnaise, à Oullins, puis à Villeurbanne.
Très tôt, Antoine exprime son désir d’être prêtre. A onze ans il entre au petit séminaire de Oullins. Il y fait ses études secondaires, et entre au grand séminaire du diocèse de Lyon, à Saint-Joseph, puis à Saint-Irénée. Et c’est en 1946, qu’il est admis pour entrer aux Missions Africaines. Il est dit alors de lui qu’il est consciencieux, qu’il a un ensemble de bonnes qualités, un tempérament un peu timide mais qu’il est ouvert, facile et joyeux. Trois ans après, le 11 février 1949, il est ordonné prêtre.
Dès le mois de juin de la même année, il est nommé au diocèse d’Abidjan. Le père Antoine Valéro va passer 40 ans en Côte d’Ivoire. Successivement, il sera à Adzopé au diocèse actuel de Yopougon, puis à Abengourou, Agnibilékrou, Transua et, pour finir, à Koun-Abronzo. De toute cette période, nous ne savons que peu de chose sur ses activités pastorales. Et pourtant il écrit régulièrement, mais simplement pour dire que tout va bien ou que, au contraire, il n’a pas le moral, donnant quelques nouvelles de ses confrères, mais jamais très long, juste quelques lignes parfois. Il n’aime pas, comme on dit faire du baratin. Ces nombreuses petites lettres, toujours délicates, montrent bien qu’Antoine ne veut jamais se mettre en avant. En 1982, il aura quelques ennuis de santé et écrira avec humour : les médecins ont vu que j’ai les vertèbres usées, sans doute à force de regarder en arrière pour voir si le sillon est droit et si ça pousse dans le champ du Père.
S’il n’a pas beaucoup écrit sur son travail missionnaire, le père Gaby Noury, qui a longtemps collaboré avec lui, nous a laissé quelques souvenirs. Durant les 40 ans de sa vie missionnaire en Côte d’Ivoire, Antoine a sillonné les villages des paroisses où il était affecté. Il était très attaché à la formation de communautés qui tiennent debout par elles-mêmes, aussi bien du point de vue de l’organisation matérielle, que du point de vue pastoral, catéchétique et liturgique. N’ayant pas beaucoup d’argent, il vivait simplement, et il a toujours veillé à ce que la mission soit indépendante financièrement et que, par conséquent, chaque chrétien paie le denier du culte. Ses successeurs avaient ainsi une tâche assez aisée.
Il a vécu, parfois douloureusement, les changements apportés par le concile, ayant, par exemple, de la peine à concélébrer, du moins au début. Par la suite il est entré pleinement dans cet esprit et il disait : Je ne comprends pas qu’on ait pu nous faire dire la messe chacun dans notre coin. A partir de ce moment, il a toujours eu une très grande ouverture, et il regrettait, parfois, les retours en arrière dans l’Eglise.
S’il n’aimait pas trop les réunions, il savait partager avec les autres. Lorsque nous revenions du village l’un ou l’autre, nous parlions de ce que nous avions fait et vu. Entre nous la confiance était grande, et j’ai toujours apprécié ce fait.
En 1989, il quitte l’Afrique. Après une année sabbatique, il part à Baudonne comme procureur. Mais, en janvier 1993, à la demande du Conseil général, il est nommé en Argentine, à la maison sma de Cordoba. Il est tout heureux de pouvoir encore rendre service. Il raconte, dans une lettre, son étonnement : Alors ce n’était pas une blague ! Ils (ceux du Conseil général) m’ont appelé vendredi dernier. Branché sur Rome, j’étais plus qu’intimidé ! On a parlé un peu, il s’agit d’une présence à la maison et d’accueillir ceux qui viennent. J’ai appelé mes sœurs qui, bien sûr, ne sont pas d’accord, car je suis trop vieux. Mais ça ne pèse pas lourd, bien qu’elles aient raison !” Pendant trois ans, il va y assurer des cours de français auprès des séminaristes et rendre de nombreux services. Mais le froid, avec les différences de températures, le fait souffrir. Il revient en France. Il est nommé au 150 à Lyon où il s’occupe de l’accueil. Mais il n’a pas dit son dernier mot. En 2000, toujours à la demande du Conseil général, il repart en Argentine pour rester avec le père Ricardo Salamanca, le nouveau responsable en Argentine. Il a 75 ans. Il va y rester deux ans. De retour au 150, il cherche à se rendre utile. A son âge, il s’initie alors à l’informatique avec le père Gérard Sagnol et il se plonge dans les vieilles photos d’archives. Il arrivera à identifier un bon nombre de personnes qui sont sur ces photos, jaunies par le temps, un grand service pour l’utilisation des archives.
Cette retraite, qui aurait pu être tranquille et douce, s’est vue brisée brutalement par une grave opération au cerveau. Il rejoint la maison de Montferrier où la maladie marquera ses derniers jours. Il s’éteint le 8 août après plus de deux semaines de coma.
Alors qu’il était encore au 150, il a écrit quelques réflexions sur sa vie missionnaire. Il nous dit comment il a été soutenu dans son travail pastoral : C’est surtout les paroissiens qui, partout, ont été ma joie et ma force. Je les ai aimés et j’ai senti que j’avais besoin d’eux pour tenir bon. Comment oser négliger mon devoir de pasteur quand je sais qu’ils m’attendent et que c’est pour eux que le Seigneur m’a envoyé. Etre à leur service est et a toujours été ma plus grande joie.
Sur la première évangélisation, il écrit : Il faut dire que les premières années n’ont pas été riches en moisson. Mais j’étais heureux de parcourir les villages, de partager la vie des gens et d’apprendre à vivre avec eux. Pour moi, la première évangélisation, c’est de se connaître, de s’estimer et de s’aimer.
Le père Antoine Valéro avait horreur qu’on parle de lui. À cause de cela, il n’avait pas voulu que soit célébré son cinquantième anniversaire de sacerdoce. Il restera le modèle du confrère modeste, agréable à vivre et toujours prêt à rendre service.
Homélie
Un jour, Antoine présidait la messe en cette chapelle (du 150 cours Gambetta, Lyon), on faisait mémoire de Saint Gérard. Dans son homélie, Antoine nous dit qu’il ne connaissait pas la vie de Saint Gérard et donc qu’il ne pouvait pas parler de lui mais qu’il me connaissait et il a donc parlé de moi, j’avoue que j’étais gêné tout en étant touché par cette délicatesse. Aujourd’hui, c’est à mon tour de parler d’Antoine.
Je vais parler de lui non pour le mettre en avant, il n’aurait jamais voulu ça mais parce que par sa vie, il a poursuivi l’écriture de la Bonne Nouvelle. Il n’a pas laissé beaucoup d’écrits mais il a surtout vécu ce qu’il annonçait. Saint Jean dans son épitre nous as dit : « Mes enfants, nous devons nous aimer : non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité. » Dans ses réflexions sur sa vie missionnaire Antoine a écrit : « C’est surtout les paroissiens qui partout on été ma joie et ma force. Je les ai aimés et j’ai senti que j’avais besoin d’eux pour tenir bon. Comment oser négliger mon devoir de pasteur quand je sais qu’ils m’attendent et que c’est pour eux que le Seigneur m’a envoyé. Être à leur service est et a toujours été ma joie. »
« Il faut dire que les premières années n’ont pas été riches en moisson. Mais j’étais heureux de parcourir les villages, de partager la vie des gens et d’apprendre à vivre avec eux. Pour moi, la première évangélisation c’est de se connaître, de s’estimer et de s’aimer. »
Oui, c’est l’image du serviteur qui me revient quand je revois ce qu’à vécu Antoine. Je ne l’ai connu que ces dernières années qu’il a passé ici au “150”. À l’accueil, il était désireux de bien recevoir, il se chargeait lui-même de l’entretien du bureau souvent négligé par les autres ; il voulait qu’il soit accueillant. Dans le travail d’archivage des photos, il s’y donnait à fond. Il a eu le courage de s’initier sur le tard à l’informatique tout d’abord pour pouvoir échanger avec les personnes qu’il a connues en Argentine et ensuite pour répertorier et classer les photos des Missions Africaines. Il menait de véritables enquêtes pour essayer de retrouver des noms de confrères en comparant des photos, en interrogeant des confrères. Travail méticuleux et précis fait dans l’ombre et sans bruit.
Un confrère discret mais efficace. Je pense que les deux lectures que j’ai choisies illustrent parfaitement notre frère Antoine. « Père, ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout petits. Oui, Antoine est entré aux Missions Africaines pour être aux services des plus abandonnés de l’Afrique selon le charisme de notre fondateur. Il n’a pas recherché les premières places.
Très sensible, Antoine a souffert de paroles ou attitudes blessantes à son égard. Il lui a été aussi très dur de quitter le “150” pour Montferrier, car il avait trouvé sa place et se sentait très utile dans ce travail discret et la maladie lui a empêché de poursuivre ces recherches. Toute cette souffrance il l’a remise au Seigneur : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et moi, je vous procurerai le repos. »
Il a trouvé le repos auprès de celui à qui il a donné sa vie. Il vit maintenant dans la plénitude de l’Amour sans barrière ni incompréhension. Il participe maintenant pleinement à l’œuvre de Dieu et à travers nous il continuera de rayonner de son amour transfiguré.
Gérard Sagnol, sma
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