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Société des Missions Africaines – Province de Lyon

DENIAUD Michel né le 1er février 1935 à Geneston (44)
dans le diocèse de Nantes (France)
membre de la SMA le 16 juillet 1959
prêtre le 6 janvier 1963
décédé le 27 septembre 2008

1963-1964 Lyon, Vaise, année pastorale
1964-1970 M'Bahiakro, vicaire
1970-1984 Daoukro, vicaire
1984-1994 Bocanda, curé
1994-1995 année sabbatique
1995-1999 Chamalières, supérieur
1999-2004 Baudonne, économe
2004-2005 Chamalières
2005-2008 Rezé

décédé à Corcoué-sur-Logne (France) le 27 septembre 2008
à l’âge de 73 ans


Le père Michel DENIAUD (1935 - 2008)

Une vie toute simple, toute donnée, sans action d'éclat, beaucoup de discrétion, du travail bien fait, une grande foi devant la souffrance et la maladie, des qualités humaines d'accueil et d'écoute, un attachement profond à sa famille et aussi à ses racines - il aimait tenir propres et belles les propriétés où il était nommé : Chamalières, Baudonne, Rezé - , une fidélité sans faille à son sacerdoce missionnaire qu'il exerça pendant trente années en Côte d'Ivoire… voilà ce qu'on pourrait dire du père Michel Deniaud s'il fallait résumer en quelques mots ce que fut sa vie parmi nous.

Les témoignages entendus au cours de la cérémonie de ses obsèques vont tous dans ce sens : "Michel, tu n'étais pas un tonton ordinaire, tu étais l'oncle que l'on attendait avec impatience tous les deux ou trois ans à ton retour de Côte d'Ivoire, […] tu nous faisais découvrir la vie de tous les jours dans la brousse et les villages ivoiriens. Tu étais aussi le confident, le grand frère qui savait écouter sans porter de jugement, quel que soit la génération de chacun. […] Ces liens resteront en nous à jamais." (de l'une de ses nièces) "Atypique, il l'était par sa jeunesse, son enthousiasme et cette incroyable proximité qu'il avait su naturellement créer tant à la paroisse qu'à l'école. Je peux vous confirmer que le père Deniaud était respecté et aimé de tous, particulièrement de ses élèves. […] J'ai eu l'occasion de lui parler à plusieurs reprises au téléphone. Je sais qu'il a abordé l'épreuve finale avec courage, sérénité et un certain humour. […] Dans les sillons du Seigneur, le père Michel Deniaud a semé, que ceux qui l'aiment admirent le grain qui a poussé." (de l'un de ses anciens élèves de M'Bahiakro) Dans l'homélie de la messe des funérailles, le père Gaby Noury dira : "Dans ses lettres à ses amis, il parlait souvent de ce qui le faisait vivre. Et pour nous qui avons vécu avec lui, nous pouvons témoigner qu'il était un compagnon agréable à vivre, souriant et toujours prêt à rendre service."

Il est né à Geneston, à une vingtaine de kilomètres au sud de Nantes. Dès l'âge de 10 ans, il entre au petit séminaire des Missions Africaines, à Rezé, tout proche de chez lui, où il fait toute sa scolarité. Alors que nombre de ses confrères se sont retrouvés en Algérie pour y accomplir leur service militaire , il a la chance d'être envoyé en Afrique, au Sénégal, et peut dès lors découvrir une partie de la vie qui sera la sienne pendant trente ans. C'est à son retour de l'armée, et après une année de noviciat, qu'il émet le premier serment qui le fait membre de la Société des Missions Africaines. On est en 1959. Il passe ensuite quatre ans à Lyon pour ses études de théologie et est ordonné prêtre en 1963. C'est à Vaise, dans la banlieue nord de Lyon, qu'il fait son année pastorale, puis, en 1964, c'est la Côte d'Ivoire.

Il commence son ministère à M'Bahiakro, dans le diocèse de Bouaké aux côtés du père Maurice Pavageau ; c'est la vie habituelle de la mission : les écoles, le catéchisme, les constructions, les visites en brousse. Mais, dès son premier séjour, il aura des ennuis de santé, en plus des amibes qui sont le lot courant de tous les nouveaux arrivants. Cela n'entame pourtant pas son optimisme : "Question d'être joyeux dans le ministère, ne vous en faites pas, je le suis. Je me sens à l'aise dans mon travail. Ce n'est pas que les conversions nous envahissent, mais elles se font quand même, sans bruit, sous l'action de l'Esprit", écrit-il en 1969, peu avant de rejoindre Daoukro où il va rester 14 ans avec le père Paul Le Goff comme curé. Au cours de son congé en France, en 1971, le Conseil provincial, voyant qu'il avait besoin d'un séjour un peu long en métropole pour se retaper, le nomme à Nantes, responsable de l'animation missionnaire. Finalement cette nomination ne se fera pas et, après plusieurs mois de soins, il peut rejoindre l'Afrique en 1972. Une collaboration de deux confrères pendant 14 ans dans la même mission est un fait assez rare ; il mérite d'être souligné et prouve, s'il en est besoin, les qualités humaines de relation et d'amitié, aussi bien chez le curé que chez le vicaire.

En 1984, il est nommé curé de Bocanda, aujourd'hui dans le diocèse de Yamoussoukro créé en 1992. Il y fait un gros travail. Sur le plan pastoral d'abord, les résultats qu'il obtient sont très encourageants. "Actuellement, il y a un courant vers l'Eglise très sensible au niveau des jeunes. […] Les entrées au catéchuménat ont plus que doublé. […] Les gens du centre se regroupent dans des communautés de quartiers et sont de plus en plus actifs." (d'une lettre de 1989). Sur le plan matériel également, aidé du père Gotte, son voisin, il refait pratiquement entièrement l'église qui tombait en ruine. Sa santé se ressent des efforts physiques qu'il doit consentir. Il demande alors une année sabbatique qu'il fait à Paris en 1994-1995, et il ne sait pas encore qu'il ne retournera pas en Afrique.

Il est d'abord supérieur de la maison de Chamalières pendant quatre ans, puis économe à Baudonne pendant cinq ans. En 2005, il retrouve la maison de Rezé qu'il avait laissée 50 ans auparavant, à la fin de ses études. Il est ainsi plus proche de sa famille, peut rendre service au clergé de son village et emploie une partie de son temps à l'entretien du jardin de la maison de Rezé et à divers travaux d'intérieur. A la fin de son séjour à Bocanda, il avait déjà eu des problèmes avec un gros ulcère à l'intestin. Était-ce là le début de la maladie qui devait le faire souffrir pendant les deux dernières années de sa vie et finalement l'emporter ? En 2007, une très grosse opération lui laissait espérer une certaine rémission dans la progression de son cancer. Elle devait être bien courte, et, au cours de ces derniers mois, ses séjours de plus en plus fréquents à l'hôpital lui prouvaient à l'évidence que sa maladie avait pris le dessus.

Il se savait condamné, son docteur lui avait dit que son mal était irréversible Moins de deux semaines avant son décès, il avait été admis dans une maison de soins à Corcoué-sur-Logne. Un confrère qui partait en Afrique est allé le saluer avant son départ. Il écrit : "Quand j'ai vu Michel pour la dernière fois, il m'a embrassé avec émotion : il savait bien que c'était la dernière fois… avant les retrouvailles éternelles." Jusqu'à la fin, il a été très entouré par les membres de sa famille et par les confrères de la communauté de Rezé. Plusieurs confrères le visitaient chaque jour. Il s'est affaibli rapidement et il nous a quittés dans la nuit du 27 septembre. Il repose maintenant dans son village auprès de membres de sa famille.