Société des Missions Africaines –Province de Lyon
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né le 17 avril 1909 à Courrières dans le diocèse d'Arras, France membre de la SMA le 6 juillet 1946 prêtre le 4 juillet 1948 décédé le 27 octobre 1995 |
1949-1958 missionnaire au Dahomey, Kandi décédé à Lille, France, le 27 octobre 1995, |
Le père Etienne HUGOT (1909 - 1995)
Étienne Hugot est né le 17 avril 1909, à Courrières, dans le Pas-de-Calais, de Charles et de Flora Thélier. Son père est instituteur libre. Quant à Étienne, avant d'entrer au séminaire, il est employé au bureau des mines de Courrières. On écrit de lui à cette époque : Il avait sur ses camarades une heureuse influence. Il faisait partie du groupe de la jeunesse catholique et comptait parmi les plus fervents. Son départ pour le séminaire n'étonna personne.
En 1936, il est admis, comme vocation tardive, à Martigné-Ferchaud, où il passe deux ans, avant d'être accueilli à Chanly, en Belgique, pour sa philosophie. La guerre est déclarée en septembre 1939. Etienne, qui avait déjà accompli son service militaire, en 1930-1931, à Strasbourg, est alors mobilisé. Il passe 2 mois à Lyon, 2 mois à Lamballe, un mois dans la Marne, suivis de déplacements nombreux pendant la drôle de guerre. Le 29 janvier 1940, il écrit : Mon noviciat continue, mais dans d'autres conditions. Les épreuves ne manquent pas. La lutte est vive parfois, et ce ne sont pas les balles qui nous font peur. Demandez au Sacré- Cœur qu’il m'accorde la grâce de souffrir avec joie. Notre cœur devrait bondir à la pensée que nous pourrions mourir victimes de l'amour de Dieu et de la France, de l'amour de la justice, victimes de la charité. Peut-on approcher, de plus près, Jésus crucifié ?
Le 23 mai 1940, il est fait prisonnier, et ne sera libéré que 5 ans plus tard, en juillet 1945. Avec Joseph Malval, aspirant sma, lui-aussi prisonnier, il peut faire un peu de philosophie au séminaire de captivité du camp des aspirants, au stalag 1 A, de 1942 à 1944. Tous les deux seront notés comme séminaristes édifiants, tant par leur piété et par leur travail, que par leur conduite. Libéré, il entre au grand séminaire de Lyon en octobre 1945. Le retour à la vie d’étudiant est difficile. Son supérieur lui écrit : Ayez confiance, le fait d'avoir tenu le coup comme vous l'avez fait est une preuve de la solidité de votre vocation. Il est admis dans la SMA le 6 juillet 1946, et est ordonné prêtre le 4 juillet 1948.
En 1949, ses études de théologie enfin terminées, le père Hugot est mis à la disposition de monseigneur Faroud, préfet apostolique de Parakou, au Dahomey. Celui-ci l'affecte à la paroisse de Kandi, dans le nord du pays. Il va y travailler avec le père Lagoutte, qui est le responsable de la mission. En juillet 1958, son état de santé nécessitant plusieurs cures successives à Châtel-Guyon, le Conseil provincial lui propose un séjour prolongé en France, et le nomme économe au grand séminaire de Lyon, où il remplace le père Collaudin.
Le Père Hugot restera dix ans à ce poste, méritant les plus beaux éloges de la part de ses supérieurs : Votre exemple de missionnaire et de prêtre fidèle a eu son influence dans le secret des cœurs, sur la formation des jeunes. En août 1968, il est chargé de l'administration de l'Écho, et de l'Almanach noir, pour maintenir le contact avec les bienfaiteurs. En octobre, le Conseil lui confie aussi la responsabilité de supérieur de la maison provinciale.
Des problèmes de santé vont obliger le père Hugot à ralentir ses activités. Il est nommé, en mai 1969, à la procure de Paris, où l'attend un travail plus adapté. Son cœur, renforcé par la pose d'une pile, lui permet de prendre sa part dans la vie de la maison de la rue Crillon. L'été suivant, dans une lettre au père Grenot, il écrit : J'ai encore certains malaises indéfinissables qui sont dus, je pense, à de l'arythmie quand mon propre cœur veut reprendre son rythme. Je reprends petit à petit des forces, mais pas celles de 20 ans. Comme "cadeau" du nouvel an 1974, le père est nommé vice-supérieur de la procure de Paris, avec les encouragements suivants : Vous connaissez la maison, ceux qui l’habitent, les divers travaux de la procure, depuis plusieurs années ; votre gentillesse faisant le reste, tout sera bien fait !
L'année suivante, il exprime le désir de se rapprocher de sa famille. A cette époque, de gros travaux sont en cours au n° 9 de la rue Crillon, et le bruit le fatigue beaucoup. Le Conseil provincial accède à son désir de changement, et le nomme à la procure de Lille, pour seconder le père Devienne. Il exprime sa satisfaction : A la rue de la Bassée, c'est le calme complet, et le soleil, et les oiseaux, et la verdure, c'est dire que l'adaptation, pour votre serviteur, est assez facile, écrit-il au Père Grenot. Il faut bien, de temps en temps, offrir au Seigneur quelque chose qui sorte de l'ordinaire.
Au début de l'année 1977, nouveaux problèmes cardiaques. Ce fut quand même une assez grosse affaire médicale, chirurgicale et pécuniable (sic); j'en suis maintenant à la cicatrisation physique et morale. Cette fois, je suis tranquille pour cinq ans.
En envoyant ses vœux au Conseil provincial, fin 1979, il s'exprime une fois encore avec humour et délicatesse : Soyez assurés de nos prières (le père Devienne et moi) à toutes vos intentions. D'ailleurs, on y tient, à notre Société, et il nous arrive souvent de dire en regardant autour de nous : ils ne sont pas faits comme nous, ils n'ont pas la mentalité des Mis. d'Af. Que le Seigneur nous conserve précieusement cette bonne et excellente mentalité !
Ainsi, d'année en année, le père Hugot maintient le contact avec l'équipe provinciale, dressant des bilans parallèles de sa santé personnelle, et des résultats de la procure, avec une bonne humeur surprenante. Il sera bien éprouvé par la mort du père Devienne, la maladie de son frère, et ses propres ennuis de santé. Deux confrères plus jeunes vont désormais travailler avec lui : les pères Jean-Marie Féra et Dominique Peirsegaele, après un court compagnonnage avec le père Gabriel Chotard. Fin avril 1986, nouvelle alerte, et le père se confie, quelques mois plus tard : Merci au Bon Berger ! La brebis, ou plutôt le vieux bouc, se porte bien. Moral au beau fixe, malgré glaces et neiges.
En mars 1988, il rentre en clinique pour un changement radical de tout l'appareillage cardiaque. Voilà un carême que je n'avais pas prévu. Heureusement, le père Jean Her est là pour permettre à la maison de tourner, et lui donner, malgré tout, un air de communauté. Au mois d'octobre 1988, ce dernier est nommé responsable de la procure, soulageant le père Hugot du plus lourd de sa charge.
Dans une lettre au conseil provincial, en janvier 1994, le père Hugot remercie ceux qu’il appelle les colonnes de la Province, et il ajoute : J'ai beau scruter le ciel, il reste fermé. Même si j'allais dans les rues de Lille en criant "je vois le ciel ouvert", je ne serai pas pour cela lapidé : il n'y a plus de pavé ! La dernière lettre que nous ayons de lui, datée de janvier 1995, respire le même optimisme : Mon cardiologue dit que j'ai une poitrine d'ancien combattant (12 cicatrices, comme les 12 plaies d'Egypte). Tout va bien ; j'assume et je tâche d'être le plus tonique possible. Cependant, je me redis : partir, c'est mourir un peu, mais vieillir, c'est mourir à petit feu. Lui qui avait tant aimé la joie, la bonne humeur, le petit trait d’humour qui dilate le cœur, il s’en est allé vers Dieu le 27 octobre 1995, à l’âge de 86 ans.
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