Société des Missions Africaines - Province de Lyon
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né le 24 août 1919 à Hédé dans le diocèse de Rennes, France membre de la SMA le 27 octobre 1947 prêtre le 6 juillet 1950 décédé le 16 novembre 1990 |
1951-1953 Oumé (Gagnoa), Côte-d'Ivoire décédé à Montferrier-sur-Lez, France, le 16 novembre 1990 |
Le père Jules BEDAULT (1919-1990)
Jules Bedault est né le 24 août 1919, à Hédé, au diocèse de Rennes, de Louis Bedault et de Maria Honoré. Il reçoit le baptême le 26 août 1919. Son enfance et son adolescence se passent sur cette terre bretonne de la région de Rennes.
Il décrit lui-même son itinéraire dans une lettre du 10 mai 1946 au Père Boucheix, provincial : Sorti de l'école d'industrie de Rennes à 16 ans, avec le métier de menuisier-ébéniste, je suis entré chez un artisan où j'ai travaillé 3 ans et demi ; ensuite, j'ai travaillé 6 mois dans une entreprise de bâtiment de Rennes. Etant de la classe 1939, j'ai été appelé dans l'armée au début de la guerre, et j’y ai passé 4 années, en comptant le S.T.O. Démobilisé en décembre 1942, je suis entré, à 23 ans, au petit séminaire diocésain de Chateaugiron où j'ai fait des études secondaires très incomplètes, vu les bouleversements de l'époque. A la Libération, départ sur le front de Lorient, puis démobilisé, à nouveau, en septembre 1945. Je suis entré au grand séminaire de Rennes où j'achève ma première année de philosophie. Actuellement, j'ai 27 ans. J'ai déjà perdu de longues années par suite de la guerre, et je désire arriver au but le plus rapidement possible. Je viens à vous avec mes imperfections. De même que j'ai toujours cherché à servir le Christ dans ma vie de dirigeant de la J.O.C., dans ma vie de soldat, je chercherai également à le servir, le mieux possible, parmi vous.
Au moment où il demande son admission dans la SMA, le supérieur du grand séminaire de Rennes écrit au père Provincial de Lyon : Plus formé que d'autres par sa vie première, son service militaire, l'âge, il présente de grandes qualités de cœur et de volonté : dévoué, serviable, ardent et apôtre.
Fin août 1946, Jules est admis à Chanly, en Belgique. Il écrit au supérieur : Soyez assuré de ma bonne volonté ; après tout, je ne suis pas tellement vieux ; à 27 ans il est encore possible d'avoir suffisamment de souplesse pour se laisser former dans un bon moule, et je sais que le vôtre est d'excellente qualité. Au noviciat, certains aimeront le blaguer en tant que doyen, mais il le prend bien, dira son supérieur et, malgré un petit défaut d'élocution qui lui est habituel, il aime la conversation et est sympathique à tous. Il est admis à son premier serment le 27 octobre 1947. Il continue ses études au grand séminaire de Lyon. Le 8 février 1950, il émet son serment perpétuel. Ordonné diacre le 30 avril, il est ordonné prêtre le 6 juillet 1950. C'est "l'année sainte". Pour lui-aussi une page va se tourner.
En 1951, le père Bedault est mis à la disposition de monseigneur. Kirmann, vicaire apostolique de Sassandra. Affecté d’abord à Oumé, il rejoint le Père Martin à Duékoué, en 1953. Bien des années après, le père dira sa fierté d'être toujours un travailleur manuel, très marqué par ses responsabilités passées au sein de la J.O.C. A Oumé, j'ai monté cinq machines de menuiserie avec le Père Prual. A Duékoué, j'en ai monté une autre. A Guéhio, avec rien, j'ai équipé la mission avec cinq écoles, une église centrale, quatre chapelles en brousse. Sans ressources, sans bienfaiteurs, j’ai réussi à sortir quelques réalisations au prix d'un travail de forçat. C'est sans doute le poids trop lourd de tous ces engagements matériels qui seront à l'origine de frictions douloureuses entre lui et son entourage.
En octobre 1955, monseigneur Etrillard le nomme vicaire à Gagnoa ; il y servira jusqu'en 1957, date à laquelle son évêque le nomme curé de Guéhio, gros village de forêt entre Gagnoa et Sassandra. Il continue de s'investir dans les constructions : Grâce à une souscription ouverte par le journal "Ouest-France", j'ai pu aménager la mission et mettre des tôles sur l'église, mais tout y est passé et je n'ai pas la possibilité de me payer une 2 C.V. qui me serait cependant bien utile. Comme on le demande à cette époque, les pères sont amenés à beaucoup s'investir dans les écoles ; ce sera malheureusement, pour le père Bedault, l'occasion de très gros soucis, face au comportement de certains enseignants.
A Pâques 1966, sa santé est sérieusement ébranlée. Le moral est certainement bas, écrit son évêque. Très perturbé, il demande même à monseigneur Etrillard de lui donner le sacrement des malades. On découvrira, à Lyon, qu'il est intoxiqué par une surdose de glucidoral, médicament avec lequel il traite son diabète. Il y aura donc eu plus de peur que de mal. A son retour, le père retrouve Guéhio, mais ce sera pour son dernier séjour en Mission.
Le 17 mars 1969, en effet, il est admis à l'hôpital central d'Abidjan. Le médecin décide de le rapatrier. Le père rejoint sa famille à Rennes, et, à la mi-juillet, il reçoit du Provincial une nomination pour la maison de Saint-Briac, pour aider le père Duval à la procure et au suivi des activités liées à l'existence du camping. Mais, son départ définitif de Côte-d'Ivoire l'a profondément marqué ; c'est le cœur blessé qu'il écrit le 18 avril 1971 : Quel sera l'avenir ? Je l'ignore. De toute façon, une telle situation ne peut durer longtemps, je me sens comme déclassé. Il n'en met pas moins toutes ses qualités manuelles au service de la réfection de la maison.
En 1974, le père Bedault reçoit la responsabilité de cette maison de Saint-Briac. Il y est estimé par les habitués de cette côte touristique et les vacanciers venus de la capitale. Quand il sera question de la vente de la maison, le nouveau Conseil provincial de 1978 lui demandera de rester à son poste jusqu'à la fin des opérations de liquidation.
En mars 1979, le père est nommé, comme aide-procureur, au "150", à Lyon. Ce séjour lyonnais sera court, puisqu'en juin 1981, le Conseil provincial l'appelle à la maison de retraite de Baillarguet en lui précisant avec amitié : Ne considérez pas cette nomination comme une mise à la retraite pure et simple, mais comme un nouveau service que nous vous demandons, au sein de la communauté de nos anciens.
En janvier 1983, il se rend à Rennes pour les obsèques de sa mère. Le père devient dépressif et se croit atteint de maladie grave. La dernière lettre envoyée au père Provincial, reflète assez bien la personnalité de ce confrère : généreuse, soucieuse des petits et des pauvres, parfois tourmentée, mais toujours attachée à une grande fidélité. Je vous demande pardon de ne pas avoir été toujours très docile à vos directives, de vous avoir parfois témoigné de la froideur. Je vous demande de prier pour moi. A la grâce de Dieu. J'accepte sa volonté. Le père Jules Bedault s'est éteint le 16 novembre 1990, à la maison de retraite des Missions africaines de Montferrier. Il avait 71 ans.
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