Société des Missions Africaines – Province de Lyon
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né le 17 septembre 1902 à Cheylard-l'Evêque dans le diocèse de Mende, France membre de la SMA le 10 juillet 1926 prêtre le 7 juillet 1929 décédé le 19 novembre 1980 |
1929-1967 missionnaire au Bénin : Calavi, Ganvié, décédé à Montferrier-sur-Lez, France, le 19 novembre 1980,
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Le père Joseph AUJOULAT (1902 - 1980)
Joseph Aujoulat naît le 17 septembre 1902 à Cheylard-l’Evêque, dans le diocèse de Mende. C’est à l’âge de 15 ans qu’il pense aux Missions Africaines. Il rentre alors à Pont-Rousseau en 1917 et poursuit ses études à Mozac (63), puis à Saint-Priest près de Lyon. Le 7 janvier 1924, il entre au noviciat à Chanly, en Belgique, où il reste, jusqu’au 13 février 1926. Deux jours après, il commence son grand séminaire à Lyon, au 150 cours Gambetta. C’est le 10 juillet 1926 qu’il devient membre des Missions Africaines. Il est ordonné prêtre le 7 juillet 1929.
Dès le mois d’octobre de la même année, il est à l’œuvre au Dahomey où il est arrivé le 5 décembre. Affecté d’abord à Calavi, il y reste 4 mois. Le 14 avril 1930, monseigneur Steinmetz le nomme à Notre-Dame de Cotonou, vicaire du père Colineaux. Fin 1934, il est envoyé comme vicaire à Dassa-Zoumé, mission fondée 10 ans plus tôt et qui connaît un courant inouï de conversions.
Après un séjour de cinq ans en mission, le père Aujoulat rentre en France bien fatigué. Sur les conseils de son médecin, il passe deux mois en famille et suit une cure à Vichy. La cure produit des effets très positifs. Ses supérieurs décident alors de le nommer à la maison des Roches, à Clermont-Ferrand, où l’air est très bon pour les plus mauvaises santés. Vers la fin de cette même année 1934, le supérieur des Roches fait son rapport et précise que le père Aujoulat fait tout ce qu’il peut et que sa santé se maintient. Quant à lui, puisque "sa santé se maintient", il n’a qu’un désir, retourner au Dahomey. Le médecin n’y voit aucune contre-indication, si bien que le Conseil provincial accepte son départ. Le père Auloulat s’embarque à Marseille le 6 avril 1935.
Après 3 années comme vicaire à Ouidah, il est nommé à Calavi le 20 septembre 1938. Un rapport de monseigneur Parisot, daté de 1950, montre que, sous sa conduite, la mission est en forte progression, même si les moyens humains et matériels sont pauvres : Des villages demandent la mission ; le manque de ressources et de bons catéchistes ne nous permettent pas de répondre à leur appel. Mais, de plus en plus de chrétiens prennent conscience de leur responsabilité : ils soutiennent leur mission par leur générosité. Cette année, chaque station a fait sa vente de charité et les plus pauvres stations ont dépassé nos espérances. Il y a de l’émulation entre elles. Les chrétiens comprennent mieux leur devoir religieux, l’esprit chrétien pénètre dans les familles et dans le pays. Depuis septembre 1946, il y a deux messes le dimanche et l’église est trop petite.
Le 7 juillet 1954, Calavi célèbre le jubilé d’argent de son curé, qui est entouré des abbés Bernard Dossou et Grégoire Hounyémé, tous deux enfants de la paroisse. Monseigneur Parisot préside la célébration. Le peuple de Calavi manifeste sa gratitude au père Aujoulat pour son école de 400 enfants, sa sollicitude pour les maîtres, pour l’internat d’une quarantaine de petits écoliers venus des stations lointaines et qui logent sous son toit, sa prédilection pour ses catéchistes, son zèle pour retrouver et ramener la brebis perdue, pour amener au bercail les brebis qui n’y sont pas encore et notamment les féticheurs et les féticheuses dont il fut dit qu’aucun ne meurt sans avoir vu le père Aujoulat et reçu de lui le saint baptême. Ce qui fut dit encore, c’est le désintéressement de ce père, son amour des pauvres et des petits, des malades, son mépris de la fatigue et du confortable, ses allées et venues, en vélo, à pied, en pirogue, sous le soleil ardent et sous la pluie.
Le père va rester encore 14 ans à Calavi. Il verra l’établissement de la hiérarchie au Dahomey et son vicaire apostolique devenir le premier archevêque de Cotonou. Il sera toujours là lors de l’avènement de monseigneur Gantin, un dahoméen, sur le siège de Cotonou en 1960. C’est d’ailleurs monseigneur Gantin qui écrira dans le rapport qu’il enverra en 1963 à la Propagande : Le père Aujoulat est curé de Calavi depuis 23 ans. Malgré son âge, il s’occupe très bien de son travail. Le père Trichet va l’aider pour le ministère en fin de semaine.
En 1968, le père Aujoulat rentre en congé en France. Il a 66 ans, dont 38 passées en Afrique. Malgré son désir, il ne reviendra plus au Dahomey, car son état général ne le lui permet plus et son médecin s’y oppose. Le père voit dans cet avis un signe de la volonté de Dieu sur lui et il n’insiste pas. Mais il n’entend pas rester inactif et écrit à son provincial : Mon congé se termine à la fin de juillet. Je vous serais très reconnaissant de me dire ce que je dois faire ; je serais très heureux de prendre un travail que mon état peut accomplir. Quelques jours plus tard, sachant que les sœurs de Notre-Dame des Apôtres de Marseille demandent un aumônier, il se propose pour ce service. Il va demeurer un peu moins de deux ans chez les sœurs. Au mois de juin 1970, souffrant de troubles nerveux, il est hospitalisé à l’hôpital Saint-Joseph de Marseille, au service neurologique. Sur le conseil du docteur, il demande à être remplacé chez les sœurs.
Il part en famille se reposer quelques semaines et, le 16 août 1970, il entre à La Croix-Valmer (Var), dans la maison de retraite des Missions Africaines. Cette dernière étape de sa vie, où la santé va décliner lentement, peut se résumer en deux mots : prière pour la vie intérieure, et simplicité joyeuse et bonté pour la vie de relation. Tous les jours, je recommande à Dieu la Province, la SMA, les vocations, nos missions. Je ne manque pas de prier et de travailler pour me trouver un lozérien pour me remplacer au Dahomey. C’est là qu’il célèbre son jubilé d’or, le 26 juin 1979.
En octobre 1979, le père Aujoulat rejoint la maison de Montferrier qui vient d’ouvrir. Il n’aura guère le temps de s’y habituer car il meurt le 19 novembre 1980, à l’âge de 78 ans. Lors de la messe des funérailles, le père Fénéon, provincial, dira dans son homélie : Durant 38 ans, le père Aujoulat fut le fondateur et l’animateur de toutes les communautés lacustres du sud-Bénin. Il avait une immense paroisse, divisée aujourd’hui en quatre (Calavi, Zinvié, So-Tchanhoué et Ouédo), qui était à la fois sur terre et sur l’eau. Comme moyen de locomotion, il avait ses jambes, son vélo et une pirogue. Ce n’est que dans les toutes dernières années qu’il avait une moto. Il y a vécu de dures années, pauvre parmi les pauvres. Il aimait les pauvres et les pauvres le lui rendaient bien. Son modeste presbytère de Calavi était souvent envahi par des gens démunis ; il leur donnait pratiquement tout ce qu’il avait, même s’il le faisait parfois en bougonnant un peu. Mais ses gens le connaissaient bien, et ils savaient que, sous l’écorce apparemment rude, battait un cœur bon et généreux.
Une autre caractéristique du père Aujoulat fut sa grande humilité. Il fut un grand missionnaire parce que tout ce qu’il a entrepris, il l’a fait dans l’effacement total. Il est resté 28 ans dans sa mission de Calavi. Et tel un vieux laboureur de la Lozère, il a labouré et ensemencé le champ du Seigneur. Au milieu de ses paysans de Calavi et des pêcheurs du lac Nokoué, il était heureux ! Ses joies et ses peines mêlées ont porté du fruit, et les communautés lacustres sont devenues des communautés solides et ferventes.
Mais je pense aussi que les dernières années de sa vie, à La Croix-Valmer et à Montferrier, ont eu également une grande fécondité missionnaire. Si les communautés chrétiennes de Calavi et des environs sont ce qu’elles sont aujourd’hui, c’est un peu grâce à l’intercession incessante du père Aujoulat. Lorsque j’allais lui rendre visite dans sa chambre, combien de fois ne l’ai-je pas trouvé en train d’égrener son chapelet en union avec tous ceux qu’il avait laissés là-bas.
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