Société des Missions Africaines – Province de Lyon
Le Père Michel IRIQUIN
né le 19 février 1950 à Itxassou
- diocèse de Bayonne -
membre de la SMA le 18 mai 1977
ordonné prêtre 8 juillet 1979
1979-1981 Bembéréké, Parakou, vicaire
1981-1988 Bembéréké, responsable
1988-1992 Baudonne, animation missionnaire
1992-2000 N'Dali, Parakou, responsable
2000-2002 Chaponost, animation missionnaire
2002-2015 Kolokondé (Djougou), responsable
2015-2016 Bayonne (France) hospitalisé
décédé à Cambo-les-Bains,
le 5 avril 2016
à l’âge de 66 ans
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25 messes seront célébrées par la communauté de Montferrier
et 5 par le Conseil provincial
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Le Supérieur général
La cérémonie des obsèques a été célébrée
le vendredi 8 avril 2016 à 15 heures
en l'église d'Itxassou (64)
Le père Michel IRIQUIN 1950-2016
Itxassou est un petit village basque, au pied des Pyrénées, traversé par la Nive, au sud-ouest de la France. Les limites sud de la commune coïncident avec la frontière entre la France et l'Espagne sur environ deux kilomètres. C'est dans ce village que naît Michel Iriquin dans une famille d'exploitants agricoles. Il est le dernier né de la famille : avant lui, il y a déjà trois garçons et trois filles. Après ses études primaires, il fait ses études secondaires à Ustaritz, à une quinzaine de kilomètres de son village ; il suit tout le cursus scolaire, mais il n'est pas présenté au baccalauréat, car ses professeurs ne le jugent pas "apte". Il suit une formation de charpentier. Muni de son CAP, il travaille alors pendant 6 mois dans une entreprise de son village de mai à novembre 1970. C'est à ce moment qu'il décide d'entrer au séminaire.
Il entre alors au séminaire Saint-Maurice de Gauriac, au nord de Bordeaux, sur l'estuaire de la Gironde. Il intègre la classe de philo et il accepte de recom-mencer la philo durant l'année scolaire 1971-1972. Ses professeurs notent sa grande timidité et ajoutent : "Esprit pas assez curieux ; aura besoin d'être contrôlé et aidé." (sept.72) Le même responsable de Gauriac ajoute : "A décidé de s'orienter vers la SMA. Difficile de dire pourquoi. Il connaît peu jusqu'ici les exigences de la vie missionnaire. Ne semble pas intéressé par les problèmes missionnaires (peu de rencontres avec des missionnaires, quelques contacts avec Baudonne). Quelle différence y a-t-il dans son esprit entre missions et ministère sacerdotal ?" (même lettre de sept 72)
Après une année de théologie à Lyon en 1972-1973, ses supérieurs notent à son sujet : "Il a encore besoin de mûrir son projet sacerdotal et missionnaire, mais il semble assez accroché pour réaliser ce projet et se plaît dans la SMA." (22/07/73) Il part alors à la découverte de l'Afrique : il va passer deux années à Diégonéfla avec le père Maurice Biotteau. Il se dit très heureux de cette expérience où il est appelé à faire "des activités très variées". De son côté, son responsable de stage écrit : "Michel est aussi un grand charpentier. Il a réalisé et monté la charpente de la mission. Excellent bricoleur, Michel arrivera à sortir de toute situation matérielle difficile." (sept 75)
De retour en France, son temps de noviciat commencé à Chamalières se termine à Baudonne où il participe à l'animation missionnaire de la maison et apporte son aide aux foires expositions. A la fin de cette année, il se dit d'accord pour rentrer au CERM, à Paris, présenté par la SMA dont il n'est pas encore membre ; car il pense que là la réflexion théologique sera davantage orientée vers la mission ; mais il ajoute qu'il espère pouvoir rester incardiné à son diocèse. Avant son engagement définitif dans la SMA et son appel au diaconat, il hésite, se pose des questions. Il se décide finalement et, le 6 mars 1978, il écrit une longue lettre au Conseil provincial pour demander son engagement perpétuel dans la Société. Il parle de son long cheminement et de sa réflexion qui le conduisent à être prêtre et il explique un peu comment il voit son sacerdoce "J'ai eu la chance de naître dans une famille chrétienne ; […] Considérant cette foi comme une richesse, je veux la partager avec d'autres qui n'ont pas eu la même chance que moi et, en essayant d'être témoin du Christ, je veux leur porter la Bonne Nouvelle." (06/07/78) Il précise même qu'il est candidat pour aller au Niger. Il est ordonné prêtre dans l'église de sa paroisse d'origine, à Itxassou le 8 juillet 1979 par Mgr Jean-Paul Vincent, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron. Le livret de la cérémonie montre que pratiquement tous les chants de la messe d'ordination étaient en basque.
Il est nommé au Bénin, chez Mgr Assogba, dans le diocèse de Parakou, à Bembéréké. Là, il aura à faire équipe avec les pères Bareyt et Quillet. Sa lettre de nomination précise : "Nous souhaitons que tu y épanouisses pleinement ta vocation missionnaire et ton sacerdoce, soutenu par une vie communautaire authentique." (23/07/79) Il va rester 9 ans dans cette paroisse, 2 ans comme vicaire et 7 ans comme responsable. Bien sûr, le travail pastoral est sa première préoccupation, mais il n'oublie pas sa formation de charpentier. Il aménage la mission et construit un bâtiment de 13 mètres sur cinq, un dortoir, un atelier de menuiserie, un petit garage. Il compte recevoir une communauté de religieuses et envisage de leur construire une maison. De plus, dans sa lettre circulaire de Noël 1983, il parle d'un montage de diapos qu'il est en train de préparer et qu'il voudrait passer durant son prochain congé. "J'essaierai de montrer nos communautés, ce que j'ai pu réaliser en quatre ans grâce à votre aide, et en même temps vous raconter ce qu'est ma vie missionnaire ici, comment j'essaie de vivre cette mission qui m'a été confiée." (23/12/83) C'est une manière pour lui de récolter des fonds. Il s'est beaucoup investi aussi au Prytanée militaire installé à Bembéréké pour lequel il était toujours disponible. Il a ainsi pu créé des liens avec des militaires assez haut placés et, plus tard, le cas échéant, il saura utiliser ces relations.
Le 15 janvier 1988, il est averti qu'il est nommé pour 4 ans à Baudonne. "A partir de septembre 1988, tu es nommé, pour une durée de 4 ans, comme membre de la communauté de Baudonne pour l'animation missionnaire." Quelques mois plus tard, une lettre du Conseil provincial précise que son affectation l'envoie pour chercher des vocations spécifiquement missionnaires. "Nous n'avons pas à devenir des missionnaires de l'intérieur pour l'évangélisation des non chrétiens de France." (29/04/88) Il reste donc quatre ans à Baudonne pour un travail souvent obscur dont peu d'éléments permettent d'en juger les résultats. C'est avec plaisir qu'en février 1992 il reçoit la nomination suivante : "Nous te remercions sincèrement de tout le travail que tu as fait sur le pays basque et à notre maison de Baudonne, que ce soit sur le plan de l'animation missionnaire ou vocationnelle. La dernière session nous a fait entrevoir les difficultés d'un tel ministère. Merci de tout le suivi de l'équipe des jeunes qui tournent autour de la maison de Baudonne. Cela portera des fruits, peut-être différents de ceux que nous attendions, mais peu importe. Les vocations des laïcs ou de prêtres missionnaires ne dépendent pas entièrement de nous. Heureusement !" (04/02/92)
Il est tout heureux d'être remis à la disposition du supérieur régional du Bénin qui avait déjà pris contact avec le diocèse de Parakou : "Nous souhaitons de tout cœur que tu puisses y vivre à plein ta vocation et mettre à profit ta vocation de pasteur, de constructeur et de missionnaire." (même lettre) Il retrouve ainsi le diocèse et le milieu qu'il avait quittés quatre ans auparavant. Il est nommé cette fois à N'Dali qui, avant de devenir diocèse, était une mission du diocèse de Parakou. Il va rester huit ans responsable de la paroisse (c'est lui qui construira la cathédrale, très belle et très appréciée) et le restera jusqu'à la nomination du nouvel évêque, le diocèse de N'Dali étant créé en décembre 1999. Dans les mois qui suivent, la Province demande au père Michel de quitter le nouveau diocèse et de faire un petit séjour en France. Le Conseil provincial écrit au nouvel évêque, Mgr Adjou : "Le père Michel Iriquin a accepté de rejoindre la communauté de Chaponost ; il va donc pendant plusieurs années accomplir ce service qui est important pour la Province avant de repartir en Afrique. Le temps qu'il passera en France, à l'animation missionnaire, ne sera pas perdu pour l'Afrique, car c'est la même mission qui continue, mais sous une forme différente." (05/10/00) Quant au père Iriquin, il est bien spécifié sur sa nomination qu'elle ne vaut que pour deux années : "Après une période de deux ans, une évaluation sera faite avec toi pour envisager ton avenir" (30/10/00).
De fait, il retrouvera le Bénin deux ans plus tard, cette fois dans le diocèse de Djougou, à Kolokondé. Il y remplacera le père Yves Bergeron nommé vice régional. Il va y rester 13 ans. Cette paroisse est toute jeune, créée seulement depuis 4 ans. On y compte 22 communautés chrétiennes dans les villages alentour ; elle est sous le patronage de Saint Joseph Artisan. Le père Michel a vraiment apprécié la coïncidence : lui, charpentier avant de devenir prêtre, curé d'une église placée sous le vocable d'un maître charpentier ! Dans la paroisse, chaque 1er mai, la fête de Saint Joseph artisan était célébrée de la plus belle manière. Michel était pleinement heureux dans cette paroisse où il a pu mettre en valeur ses talents et réaliser ici et là de très belles constructions. Mgr Vieira, son évêque à Djougou avait remarqué ses dons et l'avait nommé dans la commission diocésaine "Construction". Après le grand départ de Michel, Mgr Adjou, qui avait eu Michel dans son diocèse de N'Dali entre1992 et 2000, a envoyé au père provincial les lignes suivantes : "La vigueur de ce missionnaire et sa fougue au travail ont gravé dans son cœur l'image d'un bâtisseur infatigable et entreprenant. Le père Michel a laissé tellement de traces visibles dans diverses structures paroissiales et sociales de notre diocèse qu'il restera longtemps présent dans la mémoire de nos cœurs."(06/04/06)
Michel tenait en grande estime Jonas, son jeune vicaire bariba qui se donnait tout entier à la pastorale, mais ne reculait pas devant le travail manuel. Il était aussi très proche des prêtres africains et a beaucoup collaboré avec les évêques qui l'ont accueilli. De même, il s'est beaucoup dépensé pour les collégiens à N'Dali (Ina) et Bembéréké. Cela n'empêchait pas qu'il était resté très attaché à sa famille et à ses nombreux amis au pays basque qui l'aidaient matériellement et avec qui il préparait des containers pour l'Afrique.
Michel aimait le Beau et cela se sentait dans ses réalisations et dans l'aménagement de son presbytère. Il avait une belle prestance naturelle, c'était un homme de goût. Portant habituellement la tenue traditionnelle, il aimait et il savait recevoir ; d'ailleurs, il mettait un point d'honneur à bien accueillir ses confrères et ses invités. Par sa taille, sa stature et sa voix, il en imposait. Il aimait rire et taquiner. C'était un bon vivant.
Quand il est arrivé à Kolokondé, c'était une paroisse en plein démarrage, pourvue simplement d'une maison nouvellement construite par le diocèse, et de quelques églises. Michel va équiper et structurer cette paroisse, qui s'insérera dans un ensemble vivant et dynamique. La maison se retrouve vite sur un terrain bien entouré de murs propres et solides. Le terrain est aménagé en détail, des arbres sont plantés en ordre et avec grâce : une belle plantation d'anacardiers et de manguiers greffés qui lui rapportait des revenus non négligeables. La maison est organisée et meublée correctement. Les peintures se multiplient. Dans les villages, également, les églises sont aménagées au service des communautés qu'elles ont à accueillir, et des sessions de formation sont mises en places : catéchistes, animateurs, groupements de femmes. Cela ne l'empêchait nullement d'être apostolique. Il n'a pas ménagé sa peine et aimait beaucoup aller dans les villages pour soutenir les communautés chrétiennes. Très tôt le matin (à 6 h 00) avant que les paysans aillent au champ, il allait régulièrement célébrer la messe dans leur village : dès la fin de la messe, il sortait son paquet de cigarettes qui le suivait partout !
Au mois d'octobre 2015, la maladie l'oblige à rentrer au pays basque. Sans doute, sait-il à ce moment-là qu'il ne reverra plus l'Afrique ! Depuis ce jour, il a toujours manifesté un grand calme et une grande foi. A l'approche de la fête de Pâques, Michel savait sans doute que son heure était proche. Le jeudi saint en célébrant l'eucharistie, entouré des siens, il a voulu renouveler les promesses sacerdotales que tout prêtre est invité à faire à la messe chrismale. Il précise lui-même : "Soyons en communion avec les prêtres de Djougou, de Niamey et de Bayonne, rejoignons nos évêques, Paul, Laurent et Marc et affirmons comme ils l’ont fait "oui je veux être le fidèle intendant des mystères de Dieu par l’Eucharistie."
Il nous a quittés dans la nuit du 5 avril à l'hôpital de Cambo-les-Bains où il avait été admis quelques jours auparavant. La cérémonie des obsèques a été célébrée dans son village natal, à Itxassou en présence d'une foule très nombreuse et très priante ; une cinquantaine de prêtres originaires des diocèses de Bayonne et de Dax ou membres des Missions Africaines, étaient présents à la messe de sépulture, ainsi que trois évêques : Mgr Paul Vieira, évêque de Djougou qui présidait, Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne et Mgr Michel Cartatéguy, archevêque émérite de Niamey, sma, qui a prononcé l'homélie, dont une partie en basque. Il a conclu son homélie par ces mots : "Dans ses derniers instants, à tous ceux qui venaient le voir, alors que les mots se faisaient rares, il avait encore assez de force pour dire : "Merci, Milesker…"
P. Bernard Favier, sma
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