Société des Missions Africaines – Province de Lyon
Le Père Bernard CURUTCHET
Né le 20 mai 1930 à Bustince-Iriberry – diocèse de Bayonne
Membre de la SMA le 25/07/1952
Ordonné prêtre le 30/06/1957
1958-1962 |
Baudonne |
Professeur |
1962-1970 |
Porto-Novo (Bénin) |
Supérieur du petit séminaire |
1970-1974 |
Azowlissé (Porto-Novo) |
Curé |
1974-1979 |
Espagne |
Animation missionnaire |
1979-1982 |
Borotou-Koro (RCI) |
En paroisse |
1983-1987 |
Madrid (Espagne) |
Recyclage - animation missionnaire |
1988-1994 |
Montferrier |
Directeur |
1994-1995 |
Paris, Hidalgo |
Formation à l'économat provincial |
1995-2003 |
Paris, Hidalgo |
Econome provincial |
2003-2004 |
Paris Crillon |
Temps sabbatique |
2005-2008 |
Crillon |
Responsable de la communauté |
2009 - 2010 |
Pays Basque |
En famille |
2010 - 2012 |
Montferrier |
Soins |
2012 - 2018 |
St Jean le Vieux - 64 |
EHPAD |
Décédé à St Jean le Vieux le 5 octobre 2018
à l’âge de 88 ans
Les funérailles ont été célébrées le lundi 8 octobre 2018 à 15h en l’église de St Jean le Vieux (64)
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Bernard CURUTCHET
1930-2018
Il est né le 20 mai 1930 à Bustince-Iriberry (Pyrénées Atlantiques), diocèse de Bayonne. Il a cinq frères et une sœur et son papa est cultivateur. Un de ses frères entrera dans la congrégation des Pères du Sacré-Cœur de Bétharram. Il fait toutes ses études au petit séminaire d'Ustaritz, de la 7e à la philo, puis demande à entrer à Chanly après avoir rencontré le père Goyenetche, recruteur sma à Baudonne Il fait son Grand Séminaire à Lyon. Un confrère se souvient : Physiquement c'était un colosse. A cette époque (52-58) on avait une solide équipe de foot - qui affrontait sans complexe les équipes des nombreuses maisons de formation théologique, l'Ecole Vétérinaire ou l'Ecole Dentaire et d'autres - et Beñat était une vraie locomotive de milieu de terrain, jamais à bout de souffle, robuste et élégant. Je l'ai vu jouer à la pelote basque en Espagne, avec la même force et la même détermination. Il était exigeant avec lui-même et avec les autres. Il n'aimait pas la défaite! Et je crois qu'il n'a pas aimé du tout l'anéantissement de la maladie qui l'a terrassé. C'est cette image que j'ai gardée de lui tout au long de nos relations : énergie, détermination, générosité, droiture, fidélité... avec quelquefois des raideurs de jugement et des entêtements... qui sont souvent la marque des gens qui ont de la santé et du caractère.
Après son ordination, il est nommé professeur à Baudonne, titulaire de la classe de 6°, et après
4 années à ce poste, il part au diocèse de Porto-Novo au Bénin
1962-1974 : Porto-Novo au Bénin
Il est d’abord affecté au petit séminaire de Porto-Novo avec le Père Perrin comme supérieur, auquel il succédera lorsque ce dernier tombera malade. A ce poste, il accueillera de nombreux coopérants venus faire leur service militaire, devenus prêtres par la suite, la plupart à la SMA. En 1970, il va à Azowlissé, toujours dans le diocèse de Porto-Novo, comme curé. La succession
n’est pas facile, mais il y est heureux, réalisant ainsi sa vocation missionnaire.
1974-1987 : l’Espagne et la Côte d’Ivoire
L'initiative vient de Joseph Hardy, supérieur général. Il est nommé pour trois ans, avec le père
Ramon Bernad, à Madrid, en Espagne.
En mars 1977, Maurice Grenot fait sa visite officielle. Il note : "S'entend très bien avec Ramon. […] Il est au courant de beaucoup de choses de la vie espagnole. N'a pas trop de peine pour aller et venir à travers le pays pour entrer en contact avec les prêtres, les jeunes et les gens.
En 1978, il est pressenti pour faire partie d'une équipe d'animation à Baudonne avec Jules Lahargou et Sébastien Eppherre. Il ne dit pas complètement non, mais il donne des arguments contre : "Mon devoir m'impose de parler souvent de l'Afrique et de la mission, je vois que je me répète, que je me redis, que je ne me renouvelle pas, que je vis un peu sur l'acquis, or je sais par expérience qu'il est très important dans n'importe quelle réunion, rencontre, causerie ou sermon d'apporter un témoignage personnel et frais, si possible." (le 31 octobre 1978)
Finalement, pour le bien de la SMA, il est décidé, au Conseil plénier de 1978, de "t'envoyer en Côte d'Ivoire et d'être un peu l'animateur d'une équipe qui pourrait accueillir des stagiaires".
(Lettre du 13 novembre 1978). C’est ainsi qu’il part dans le diocèse de Man en 1979, dans le
complexe sucrier de Borotou-Koro.
Les débuts sont bien difficiles. Les agissements de l'évêque ne correspondent pas toujours avec ce qu'il avait écrit.
En mars 1983, il fait un long rapport sur le complexe de Borotou. Il note en particulier : "L'insuffisance de logements est grave. […] L'emploi est incertain. […] Le travail est très pénible. […] L'hôpital n'a que peu de lits. […] Une fraction des salariés ne cache pas son sentiment de frustration. […] Notre présence de petite communauté chrétienne nous a permis, à nous missionnaires, pour la première fois, d'avoir des rapports quotidiens, simples et souvent pleins de sympathie avec de nombreux musulmans."
Il accepte de continuer son service en Espagne, autant que la Société aura besoin de ses services. Durant cette période, il y a des tensions. En 1987, une longue lettre au conseiller général, explique pourquoi il décide de quitter l'Espagne, lettre pleine de charité à l'égard de certains confrères au sujet desquels il aurait pu écrire des lignes dures.
1988-1994 : Montferrier, directeur
Il est nommé alors, en avril 1988 pour 4 ans, à Montferrier. "Etre responsable d'une telle communauté, c'est être en même temps le père qui sécurise, l'ami qui accueille, le confident qui
réconforte, le berger qui veille, le gardien qui défend. C'est être l'oreille qui écoute, l'œil qui
remarque, la main qui soutient et aussi l'intelligence qui discerne le mieux, la volonté qui maintient l'unité et le cœur qui édifie l'amitié fraternelle. C'est être le frère et l'homme de Dieu qui entraîne sur les chemins du Royaume pour avancer jusqu'au bout, jusqu'à ce point de rencontre où le temps de chacun s'achève dans l'éternité commune." (Lettre de nomination du 16 mars 1988)
"Je ne suis pas malheureux ici, loin de là. Je me considère même un peu en repos. J'ai certainement fait du travail beaucoup plus exigeant et épuisant dans le passé. La gestion de cette maison n'a rien d'extraordinaire. Seul point noir évidemment : l'animation au moins pour quelques éternels mécontents, animation où tout est à faire et à inventer." (Lettre du 10 juillet
1989). Sa nomination est prolongée jusqu'au 1er janvier 1994.
1994-2003 : Paris, Hidalgo, économe provincial
Il va venir ensuite à Paris pour se former à sa future responsabilité d’économe provincial. Au bout d’un an de formation, il est nommé à partir du 1er août 1995 et pour trois ans renouvelables, puis renommé pour une nouvelle période de trois ans en 1998. Finalement, il restera au poste jusqu'en 2003.
2003-2008 : Paris, Crillon.
Il quitte l'économat provincial à la rentrée de 2003. Après un temps de repos, la Province voudrait l'occuper : Il est nommé responsable de la rue Crillon A la fin de son mandat, il prend une année sabbatique dans son Pays Basque natal.
C’est au cours d’un séjour à Lyon, au 150, qu’il fait un AVC dans sa chambre. Nous sommes en 2010. On ne le découvrira qu’après plusieurs heures. Il est soigné et envoyé à Montferrier. Mais en 2012, sa famille le fait entrer dans un EHPAD près de chez lui. Il y restera 6 années, très diminué et c’est là qu’il s’est éteint ce 5 octobre 2018. Il est inhumé à Ostabat, (64) dans le caveau familial.
Extraits de l’homélie pour Beñat à Saint Jean le Vieux, le lundi 8 octobre 2018.
C’est Vendredi dernier que nous avons appris la mort de notre frère Beñat. Vendredi c’est le jour symbole de la mort du Christ après un calvaire crucifiant. C’est pourquoi j’ai choisi ce texte d’Evangile (Marc 14, 32-40) où Jésus, dans sa tristesse et dans son angoisse, se retrouve face à sa mort. Vendredi donc, nous sortions de la messe où nous avions prié pour la libération d’un de nos prêtres, enlevé au Niger par des ravisseurs appartenant probablement à Al-Qaïda.
En première lecture, nous avons lu le texte de Saint Paul aux Corinthiens, (2 Co 4, 6-10) un
texte que les missionnaires ont l’habitude de méditer chaque fois qu’ils connaissent des épreuves telle que cette prise d’otage sur le terrain de la mission.
Ce qu’a vécu Beñat dans ses 8 dernières années de sa vie a été à nos yeux non pas une phase terminale de sa vie mais un ministère sacerdotal caché dont Dieu seul peut mesurer la fécondité. Ce ministère caché sur son lit de douleur est à prendre avec la même considération que son ministère public de prêtre missionnaire qu’il a exercé en Europe notamment en France et en Espagne pendant 45 ans ou pendant 15 ans en Afrique, au Bénin et en Côte d’Ivoire.
Ce ministère nous a paru un ministère d’épreuve et de souffrance, un ministère qu’il n’a pas choisi, comme Jésus à Gethsémani n’a pas choisi l’épreuve qui le conduisit à la croix.
Personne ne choisit l’épreuve pour l’épreuve. Au pire on la subit, au mieux on lui fait face en la combattant avec force, mais aussi avec ses fragilités. C’est ce que Saint Paul dit avec énergie à ceux qui sont dans l’épreuve et qui connaissent une grande souffrance. « Pressé mais pas écrasé, pourchassé mais pas rejoint, terrassé mais non achevé. »
La foi ne nous dispense pas de la révolte, elle est même en première ligne chez ceux qui font
l’expérience douloureuse de la souffrance. La révolte pourrait même être une expression de cette foi combattante. Se révolter, c’est entrer en lutte pour ne pas être pressé, pourchassé ou terrassé. Beñat a connu cette révolte qui s’apparente à la révolte de Jésus à Gethsémani où il est abandonné par les siens. Il dit avec amertume : « Mon âme est triste à en mourir, écarte de moi cette coupe. » Il commença à ressentir frayeur et angoisse.
Ce n’est pas cet abandon qu’a connu Benat, bien au contraire ! les siens l’ont beaucoup soutenu, accompagné quotidiennement, aimé de tout leur amour et je voudrais ici vous remercier au nom de la Société des Missions Africaines pour l’attention permanente et bienveillante envers notre
frère. Cette sollicitude vous fait honneur.
Michel Cartatéguy, sma.
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