Société des Missions Africaines – Province de Lyon
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né le 11 janvier 1919 à Soye dans le diocèse de Besançon, France membre de la SMA le 25 décembre 1948 prêtre le 29 juin 1947 décédé le 4 janvier 1973 |
1947-1949 Paris, procure décédé à Abidjan, Côte-d'Ivoire, le 4 janvier 1973
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Le père André LOMBARDET (1919 - 1973)
André Lombardet est né le 11 janvier 1919, à Soye, dans le Doubs (diocèse de Besançon) de parents cultivateurs profondément chrétiens et André est le dernier de leurs six enfants. Après l’école primaire, il entre au petit séminaire de Consolation où il obtient le baccalauréat. Il continue ses études de philosophie au grand séminaire de Faverney et commence ses études théologiques au grand séminaire de Besançon (1938-1939).
Survient la guerre et André est appelé sous les drapeaux. A peine a-t-il fini ses classes et l’école des E.O.R. que l’armistice est conclue. Il réussit alors à passer en Afrique où il sert en plusieurs endroits, avant de débarquer à Naples pour participer à la campagne d’Italie puis, comme capitaine, à la campagne de France. Démobilisé en 1946, il poursuit ses études de théologie à Paris et il est ordonné prêtre le 29 juin 1947.
Avec l’autorisation de son évêque, il a déjà pris contact avec le père provincial des Missions Africaines, pour solliciter son admission. Cependant, il aimerait, auparavant, obtenir une licence de philosophie et une licence de théologie. Le père Boucheix, provincial, lui répond qu’à la procure de Paris, il pourra faire son noviciat, tout en poursuivant ses études. C’est ainsi que le père Lombardet devient membre des Missions Africaines, le 25 décembre 1948, et qu’ayant réussi ses examens, il reçoit, le 25 juin 1949, son affectation pour le vicariat d’Abidjan, en Côte-d’Ivoire.
Il est nommé au petit séminaire de Bingerville où, tout en étant professeur, il s’occupe avec succès des étudiants dont il est l’aumônier, apostolat qu’il continue l’année suivante (1950) à Treichville où il a été envoyé. D’un caractère heureux et d’un dévouement sans bornes, il est appelé à faire de grandes choses dans ce centre si important de Treichville. (Mgr Boivin). Plusieurs années après (1955), monseigneur constate : Nommé vicaire à Treichville, et en même temps chargé de remettre sur pied les œuvres qui avaient périclité, il réussit à merveille, de même qu’auprès des étudiants. Très dévoué, il demande à prendre en charge, la fondation de la nouvelle mission de Notre-Dame de Treichville. Pendant une année, il mène de front la direction des œuvres et l’installation de sa mission. Il fait un bien immense dans cette paroisse. Il a si bonne réputation qu’en 1955, puis en 1956, il apparaît en seconde position sur la « terna » pour le siège épiscopal de Gagnoa. Le 16 juillet 1956, pour le choix d’un conseiller du Régional, il réunit le plus grand nombre de suffrages dans la circonscription d’Abidjan.
En 1958, le père Lombardet est délégué aux assemblées générale et provinciale, et il manifeste énergiquement son opposition aux choix qu’on pourrait faire de lui comme conseiller provincial. Cependant, il accepte, à la fin de l’année 1958, d’être nommé supérieur régional et c’est pourquoi, en mars 1959, il assure les évêques de sa collaboration vigilante. Il leur écrit aussi, pour
leur annoncer qu’il recherche une paroisse pleno jure susceptible d’être cédée à la Société pour y recevoir le Centre de Pastorale. Quelque temps après, Dabou sera choisi comme paroisse confiée à la société avec, comme curé, le père Malval, vice-régional.
C’est une époque difficile pour les Régionaux. La hiérarchie locale s’installe et d’autres congrégations arrivent en Côte-d’Ivoire, ainsi que des prêtres Fidei Donum. Il faut définir de nouveaux rapports entre la SMA et les évêques africains et européens. Le père Lombardet aura quelques différends avec monseigneur Duirat, évêque de Bouaké, et monseigneur Yago, archevêque d’Abidjan au sujet du viaticum, des communautés mixtes, des nominations des confrères sma. Plusieurs fois, il donnera sa démission qui sera toujours refusée. Avec le temps, la fonction du Régional sera mieux comprise et mieux acceptée.
Cependant, le père Lombardet n’oublie pas son rôle d’animation auprès des confrères. En 1960, il envoie à chacun une circulaire d’ordre spirituel sur l’épreuve du missionnaire. Il y en aura d’autres sur l’espérance. En 1963, il parle du risque du "chacun pour soi" et du "laisser-aller" dans la vie spirituelle. Le père Méraud demeure pour moi le symbole du missionnaire authentique priant et connaissant son monde dans l’intimité de chaque famille : prier et connaître.
En 1964, le père Bruyas envoie à Rome les résultats des élections du nouveau supérieur régional qui montrent que le père Lombardet recueille la majorité des voix (93 sur 113 votants). Cependant, pour répondre au vœu émis lors de la rencontre entre le supérieur général, le supérieur provincial et le père Lombardet lui-même, le conseil provincial décide de choisir un nouveau supérieur régional : ce sera le père Thépaut.
Le père Lombardet est alors mis à la disposition de monseigneur Kouakou, évêque d’Abengourou, pour remplacer le père Thépaut. Cette nomination sera refusée par monseigneur Yago qui proposera au père Lombardet une place dans son archidiocèse.
Le père Lombardet va choisir alors le diocèse de Gagnoa, où monseigneur Etrillard est enchanté de le recevoir. Il le nomme curé de la cathédrale dans laquelle le père est accueilli, le 11 octobre 1964. C’est à cette époque qu’il est nommé, à titre militaire, chevalier de la Légion d’honneur.
Dès son arrivée, le père prend son rôle de curé très au sérieux : transfert du chœur, autel face au peuple, surélévation du sol de l’ancienne nef. Pendant l’Avent, il visite tous les quartiers. Mais, dans son rapport de l’année 1965-1966, le père Thépaut signale que le père est souvent fatigué. Il rentre en congé pour un repos absolu puis, après une thrombose cérébrale qui lui a fait peur, il revient quand même à Gagnoa où il aura beaucoup de peine à se ré-acclimater : maux de tête persistants, avec raideur dans le cou et la nuque.
En 1968, le père André Lombardet est délégué aux assemblées générale et provinciale. A cette dernière assemblée, il arrive en tête de l’élection du nouveau provincial (172 voix sur 407), mais il refuse pour raison de santé et revient, malgré tout, à Gagnoa. Trois mois après son retour en Côte-d’Ivoire, il va commencer à envoyer au père Régis Peillon, conseiller provincial, toute une série de lettres pour lui expliquer ses problèmes de santé. En fait, c’est le début d’une longue dépression. Je me prolonge, mais avec l’impression de tourner en rond, fatigué de l’apostolat, ne sachant plus quoi dire dans mes sermons, hésitant devant les séances de catéchisme, sauvant, malgré tout, les apparences. Dans ses lettres, il exprime son désir de rentrer en France pour y travailler dans une procure, de préférence à Marseille, puis il pense, après un congé, à revenir en Afrique dans une paroisse de moindre importance. Il accepterait Babré, dans un quartier de la ville de Gagnoa.
Il rentre en France en juin 1970 pour se reposer, se soigner. Il remet son retour en Afrique au mois de mai 1971, en faisant connaître ses désirs au père Falcon, provincial : J’aurais voulu échapper aux soucis d’ordre apostolique et me replier sur une œuvre de gestion.
Il retourne de nouveau en Afrique. A Gagnoa, monseigneur Tékry lui demande d’assurer seulement huit heures de français en 5° et la catéchèse du secondaire. Mais, dès le 24 mai, il écrit : A Dabou, j’ai été saisi d’angoisse et maintenant, je suis incapable d’attention. Je ne vois pas d’issue. Si seulement le Bon Dieu me faisait mourir subitement ! Je passe des jours terribles à faire semblant d’être à l’aise. Lui qui a remonté le moral de tant de confrères, le voici au fond du trou, trahi par la maladie. Il hésite entre rester à Gagnoa et, quelques jours après, accepter une place à la procure de Paris.
Le 8 juillet 1971, le conseil provincial décide de le rappeler en France pour raison de santé. Le père répond aussitôt qu’il accepte mais, dès le 13 juillet, il regrette la décision prise à son égard. Il revient cependant en France, mais en passant par Athènes où il veut rejoindre le pèlerinage sur les pas de saint Paul. Puis, il arrive à la procure de Paris. Quelques semaines après, en octobre 1971, le père Lombardet demande lui-même à se présenter à la clinique neurologique de Montjay. Après un trimestre, il dresse un bilan plutôt positif : Pour le docteur neurologue, tout semble indiquer que je puisse repartir à l’automne en Côte-d’Ivoire.
Sur les conseils de monseigneur Tékry et, avec l’accord de monseigneur Yago, le père est affecté à Abidjan où il est nommé curé d’Attiécoubé. Il consent à laisser l’essentiel du travail à ses deux vicaires. Le 31 octobre 1972, le père Lombardet est à Abidjan où monseigneur Yago lui parle d’une action auprès des familles de cadres, en lui laissant toute liberté d’action.
Mais, dès le 23 novembre, commence une série de lettres de plus en plus dépressives, lucides en même temps, au moins sur certains points : Je vais rentrer pour essayer de vivre en France. La mort serait bien préférable, si elle pouvait se décider à venir tout de suite. Dans une autre lettre au père Boiron, supérieur régional : Je roule, vous le pressentez, en perte de vitesse dans ma vie sacerdotale et spirituelle. Je me sens cruellement seul. Je pressens qu’en France ce ne sera pas mieux et qu’une reconversion, à mon âge, a toutes les probabilités d’être un échec.
Le 3 janvier 1973, veille du départ, le père Boiron vient rejoindre le père Lombardet à Attiécoubé, pour dîner avec lui ainsi qu’avec les pères Sébilo et Pavageau et célébrer aussi l’au revoir, en sablant ensemble le champagne. Le père Sébilo constate que le père est très en forme, tapant, avec beaucoup de joie, sur la table. Vers 22 heures, la mission est éteinte, sauf la chambre du père Lombardet. Des amis arrivent et le père leur exprime la joie de les revoir. Il semble très bien. Cependant, ils sont frappés par le fait qu’il parle souvent de la mort.
Le lendemain matin, à 8 heures, heure du départ pour l’aéroport, le père Sébilo va frapper à la porte du père Lombardet. Pas de réponse. Il passe alors par la fenêtre. Le père repose sur son lit, le chapelet entre les mains. Le corps est froid. L’attitude très calme.
Les obsèques se déroulent à Notre-Dame de Treichville, le samedi 6 janvier, à 11 heures. Elles sont précédées d’une longue veillée de prière, durant toute la nuit. Les prêtres sont très nombreux, autour de monseigneur Tékry, monseigneur Yapi, monseigneur Nobou et monseigneur Yago. Le recueillement est intense. C’est le père Boiron qui prononce l’homélie. Le père est inhumé au cimetière de Williamsville. Plusieurs années plus tard, le gouvernement de Côte d’Ivoire, malgré le risque de créer un précédent, acquiescera aux demandes pressantes de beaucoup de personnalités et des paroissiens de Treichville : transférer les restes du père Lombardet dans "son" église Notre-Dame.
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