Société des Missions Africaines – Province de Strasbourg
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né le 20 juin 1931 à Dettwiller dans le diocèse de Strasbourg, France membre de la SMA le 5 novembre 1951 décédé le 4 janvier 2006 |
1951-1952 Haguenau, jardinier décédé à Saint-Pierre, France, le 4 janvier 2006, |
Le Frère Pierre FRITSCH (1931 - 2006)
Le beau métier de jardinier
Il était né à Dettwiller le 20 juin 1931. Comme ses quatre frères, il est allé à l’école du village. Désireux de dédier sa vie aux autres dans un institut religieux, il frappe d’abord chez les Frères de la Charité à la Roberstau, où il reste un an et demi. Ses formateurs voient vite qu’il n’est pas fait pour des études qui le destineraient à devenir religieux infirmier. Ils le dirigent vers les Missions Africaines, qui ont besoin de travailleurs manuels, et où il va trouver sa place et s’épanouir.
A 17 ans, le 6 avril 1948, il entre à Vigneulles pour son postulat et ensuite son noviciat. Là, il peut déjà se donner au jardinage. Il prononce son premier serment pour 4 ans le 4 novembre 1951, et le 9 novembre son Provincial lui adresse sa lettre de nomination, la seule qu’il ait reçue: "Vous irez à Haguenau assister le frère Edouard au jardin et apprendre ainsi avec lui ce beau métier de jardinier. En devenant jardinier vous vous rendez apte à être utile à l’œuvre et vous trouverez aussi dans cette activité, qui semble bien conforme à vos goûts et à vos aptitudes, une satisfaction qui vous attachera solidement à votre vocation."
Très vite, il s’attache profondément à la maison des Missions Africaines de Haguenau. Mais il doit la quitter pour le service militaire : "J’ai abandonné la maison de Haguenau", écrit-il le 10 janvier 1953, "comme un enfant qui a abandonné sa mère. Mais je pense toujours à cette belle vie que j’ai passée là-bas dans la prière et le travail". Son service militaire terminé, il renouvelle son serment. Le 29 mars 1955, il écrit : "Je me permets aujourd’hui de vous adresser la demande de renouveler mon serment pour quatre ans. si telle est votre volonté et celle de Dieu, qui seul voit et connaît ma fidélité et ma négligence aux exercices de piété, au travail, à donner l’exemple aux confrères et à faire des sacrifices. […] Le Frère qui prie pour vous et qui est heureux de compter parmi les membres de la Société.". Le 17 mai 1959. c’est le serment perpétuel qui le lie presque perpétuellement à Haguenau.
Une personnalité aux mille facettes
"Je ne sais pas dans quelle culture on dit que chaque fois qu’un homme meurt, c’est une étoile qui s’allume au firmament", disait Jean-Pierre Frey à l’homélie des obsèques de Pierre, "alors comptez bien les étoiles cette nuit... peut-être trouverez-vous celle de Pierre. Elle est malicieuse... Nous avions énormément de choses en commun — l’âge, la guerre, l’école allemande avec ses poèmes et ses ritournelles... Pierre avait une mémoire prodigieuse de ce qui s'était passé avant son accident. Il pouvait se révéler un homme plein d’humour. Lucide et clairvoyant, il faisait des remarques pertinentes. Peu à peu nos vues s’élargissaient et l’on faisait des projets de voyages en Allemagne, à Lourdes, à Paris, et Pierre était un compagnon actif.
Pierre aimait sa famille et il aimait Haguenau et son jardin dont la modernité et l’extension du collège allaient peu à peu le priver. Mais cela était providentiel, car au fur et à mesure que l’âge diminuait les forces, le jardin diminuait lui aussi de surface. C’est à Haguenau qu’il aurait aimé être enterré, dans cette terre sablonneuse qu’il avait si souvent remuée.
Pierre, le médecin t’avait donné six mois de vie il y a trois ans. Avec ton obstination habituelle, malgré les peines, tu as multiplié la mise, repoussé l’échéance, et c’est encore un trait de ta personnalité aux mille facettes. Ce que tu as découvert là-haut, conduit par les rois mages vers le Verbe de lumière, tu ne le diras à personne, et avec raison. Cela fait partie du mystère de ta vie et de ta personnalité, et des promesses que tu as faites à ton Dieu et que toi seul connais. Pour lui tu as toujours été le serviteur fidèle et obstiné, missionnaire par ton sens de la camaraderie et l’amitié que tu cultivais avec beaucoup de philosophie et de lucidité...
Pierre n’a pas été enterré à Haguenau, mais parmi ses frères des Missions Africaines à Saint-Pierre. De la terre du jardin d’Haguenau avait été apportée, elle a été déposée sur son cercueil et dans sa tombe.
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