Société des Missions Africaines – Province de Strasbourg
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né le 11 février 1915 à Scherwiller dans le diocèse de Strasbourg, France membre de la SMA le 24 juillet 1936 prêtre le 4 juin 1942 décédé le 6 janvier 2007 |
1943-1945 en paroisse à Marange-Silvange (Metz) 1946-1980 missionnaire au Togo décédé à Colmar, France, le 6 janvier 2007, |
Le père Georges ERHARD (1915 - 2007)
La chapelle de Saint-Pierre a eu de la peine à contenir les nombreux fidèles accourus pour les funérailles du Père Georges Erhard, le 10 janvier 2007 : famille, amis, prêtres, membres sma et anciens paroissiens. La chorale de Sermersheim, paroisse dont le Père Georges a eu la charge pendant treize années, a assuré les chants de la messe. On remarquait aussi une belle délégation de la paroisse de Rheinfelden-Herten (Allemagne), conduite par le curé Albin Blümmel, un ami de nos missionnaires du Togo ; le Père Georges le remplaçait volontiers lors de ses nombreux voyages au Togo. Le Père Provincial assura l'homélie. En voici de larges extraits :
J'ai bien l'impression que nos anciens missionnaires, et probablement beaucoup de missionnaires d'aujourd'hui, dans leur style de vie, leur proximité avec les gens, leurs actions et leur présence essayaient de suivre Jésus et de porter comme lui la miséricorde et la Bonne Nouvelle (Marc 1,29-39). C'est une belle page de la mission que, probablement sans le vouloir, Georges Erhard a réussi à écrire. Dès son ordination en pleine guerre, le grand séminaire terminé, il s'en va à Marange-Silvange en Moselle pour un ministère paroissial de suppléance. Il y reste un peu plus de deux ans. Il aimera retourner plus tard à Marange où il avait bien marqué son passage. Dès que le curé du lieu prend la relève, il s'en va espérant un départ proche pour l' Afrique.
Mais voici qu'il se retrouve à Colmar en remplacement du Père Hagenbach, aumônier des sœurs de la clinique Ste Thérèse : "Me, voilà bientôt depuis huit jours à Colmar, à la clinique Sainte-Thérèse. Tout le monde est bien aimable a mon égard, les révérendes sœurs sont la gentillesse même, mais je ne m'y plais quand même pas. Dire la sainte messe le matin, un point c'est tout, est tout de même trop peu pour quelqu'un qui se sent en force".
Dès son arrivée au Togo il rejoint la mission d'Atakpamé, une mission importante à 180 km à l'intérieur du pays, qui deviendra plus tard siège d'un évêché. Il y rejoint le Père Jacques Knaebel. Son premier séjour en cette mission est plutôt court, mais il lui sert d'initiation. Il reviendra plus tard à Atakpamé, pour une bonne dizaine d'années. Ce sera sa mission préférée, celle de sa jeunesse, et il en gardera toujours une grande nostalgie.
Il n'aimera pas beaucoup les stations de la ville de Lomé, celle de la cathédrale où il passe deux ans, celle de Lomé-bè où il sera avec le Père Charles Rœsch durant les trois dernières années de sa vie au Togo : "Je ne suis pas fait pour le climat de Lomé" (17.7.50). A Atakpamé lors de son arrivée, c'est la joie de la découverte, la joie et les sueurs de la première évangélisation.
Il quitte Lomé par le train le 12 février 1946, et dès le 21 février il écrit : "Ici, nous ne manquons pas de travail. Il est vrai que jusqu'à présent, je ne suis pas une aide sensible pour le Père Knaebel. Mais cela lui permet tout de même de s'absenter plus facilement pour faire ses tournées en brousse. C'est ce qu'il fait déjà deux fois par semaine... Ma santé est excellente. Pourvu que la langue entre facilement dans ma tête afin que je puisse travailler pour de bon."
Un peu plus tard, le 19 juillet il donne d'autres nouvelles : "Depuis que je suis ici, j'ai les mains pleines de travail. Tout d'abord, je dois m'occuper des écoles. Nous avons dans notre district plus de 500 élèves. L'école d'Atakpamé en compte à elle seule plus de 350." Le samedi après Pâques, il a la joie d'administrer ses premiers baptêmes d'adultes, 36 personnes venues des villages... La mission d'Atakpamé compte en ce temps 41 stations secondaires, dont certaines étaient éloignées de 100 km... "Il faut voir chaque premier vendredi du mois, la foule de catéchistes qui viennent ici pour se confesser et communier, certains accompagnés de 10, 20, 30 et plus de leurs chrétiens... Ce qui nous fait défaut encore, c'est une voiture." Les déplacements dans les stations, qui sont très nombreux se font à pied, ou en voiture de location et le plus souvent à vélo.
"J'ai fait mon examen en langue locale, précise-t-il le 19 octobre 1946 de sorte que je puis maintenant faire du vrai ministère. Cela m'a déjà permis de faire quelques petites sorties en brousse... J'aurai l'occasion d'en faire d'autres. Nous avons un bon nombre de stations sur la montagne... Les montagnes d'ici ne sont guère bien hautes, 800 mètres d'altitude au maximum, mais tout de même la montée est parfois assez raide. C'est là en brousse que l'on rencontre les gens vraiment simples et souvent pleins de gentillesse. Si nous étions au moins trois, nous pourrions ouvrir d'autres stations encore, car par- tout on nous demande... En janvier 1947, les missionnaires d'Atakpamé disposent de la vieille voiture de Monseigneur qui roule encore assez bien. Le Père Georges ne pourra disposer personnellement d'une voiture qu'en 1955.
Il prend son premier congé en mai 1951... L'une des premières démarches qu'il fait est d'aller à l'école apostolique de Haguenau avec sa sœur pour voir son neveu, Jean. Et c'est au bout d'un séjour de 5 ans et demi qu'il prendra son deuxième congé. Cette vie d'apostolat au contact des gens, en tournée dans les villages, telle qu'il l'a vécue à Atakpamé, il va continuer à la vivre dans les divers postes de mission dans lesquels il est appelé à travailler, Kpalimé, Agou, Assahoun, une autre station qu'il a beaucoup aimée. Partout, comme à Atakpamé il sera en charge des écoles et souvent lui-même directeur d'école.
L'une des priorités de notre Société Missionnaire au Togo, et ailleurs, a été celle des écoles. Le Père Erhard dont le charisme premier n'était pas celui d'un enseignant, a dû, comme tant d'autres, faire face aux nécessités qui s'imposaient, celle de l'éducation primaire ; il avait certainement la poigne nécessaire pour orienter les maîtres dans la discipline et le travail... Le Père Erhard a construit bien des écoles, il a monté deux collèges d'enseignement général, l'un à Agou, le collège Rimli, l'autre à Assahoun... Sa contribution à l'enseignement lui a valu l'attribution des palmes académique en 1971.
Finalement, attendant une affectation pour un poste éventuel ailleurs qu'à Lomé où il était coincé, après 34 ans d'Afrique il revient définitivement en Alsace.
Mais c'est pour servir encore, puisque pendant 13 ans il dessert la paroisse de Sermersheim. La présence de la chorale et l'importante délégation du village démontrent bien ce que l'annonce de son décès dans les DNA rapportait : "Pendant ces années, il a été au sein du village le témoin dévoué et infatigable de la tendresse de Dieu, surtout auprès des personnes âgées et malades. Dans sa participation active à la vie de toutes nos associations, il était toujours à nos côtés pour partager nos joies et nos peines."
Ses dernières années, il les a passées ici à Saint Pierre. Il aimait rendre visite à sa famille qui l'a beaucoup admiré et choyé. Il gardait fidèlement contact avec le Togo, suivait l'évolution de ce pays auquel il était resté attaché, se réjouissait des progrès de l'Eglise, racontait maintes fois ses petits souvenirs. Il essayait aussi, non sans peine, d'accepter ses conditions de vie qui faisaient de lui une personne apparemment inactive, et à la fin, supportant difficilement d'être malade.
Pour cette longue vie, à la suite de Jésus dont il avait senti l'appel, nous rendons grâce et nous joignons cette action de grâce à l'offrande de Jésus.
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