Société des Missions Africaines - Province de Lyon
![]() |
né le 5 mai 1929 à Tilff dans le diocèse de Liège, Belgique membre de la SMA le 25 juillet 1950 prêtre le 28 juin 1954 décédé le 19 janvier 1995 |
1954-1957 Kahemba (Kikwit), Zaïre 1957-1969 Kimbongo (Kikwit) Zaïre décédé à Kimbongo, République Démocratique du Congo, |
Le père Graas Edouard (1929 1995)
Edouard Graas est né le 5 mai, à Tilff, au diocèse de Liège, en Belgique. Son père est employé de banque. Il est le 4ème d’une famille de 6 enfants. Parmi ses frères, Yvan est devenu médecin, et Georges, pharmacien ; sa sœur sera institutrice.
Edouard fréquente l’école primaire Sainte-Marie, à Tilff, dès 1933. En 1941, il entre au collège Saint-Barthélemy à Liège, puis il rejoint, en 1943, un centre de formation des Missions Africaines, le séminaire Sainte-Thérèse d’Ave et Auffe. En 1948, il est admis au noviciat de Chanly, où il prononce son serment missionnaire, le 25 juillet 1950. Il continue son grand séminaire à Lyon. Au cours de l’année scolaire 1952-1953, il fait son service militaire au centre Alost, en Belgique ; il y poursuit ses études théologiques, et devient brancardier à l’hôpital. De retour à Lyon, il est ordonné prêtre le 28 juin 1954.
Dès octobre 1954, le père Édouard Graas est envoyé au Zaïre. Il rejoint le diocèse de Kikwitt où il va passer toute sa vie missionnaire. Il travaillera successivement dans deux postes de mission : Kahemba et Kimbongo. Durant toute sa vie missionnaire, il va se faire proche des pauvres et des petits. Il parle parfaitement la langue et fait un gros effort pour connaître les coutumes. Il va réaliser un énorme travail de traduction, pour que les gens s’imprègnent de la parole de Dieu. C’est dans ce but qu’en 1989, au cours de son congé, il s’initie à l’informatique et au traitement de textes.
En 1972, il fait un recyclage au couvent des dominicains de l’Arbresle, près de Lyon, et il apprécie beaucoup ce temps de reprise qui lui est offert. En 1974, son état de santé se dégrade et il doit rentrer en Belgique. Un examen, à la clinique universitaire de Louvain, permet de diagnostiquer une tuberculose et un développement de champignons dans un poumon. Opéré et bien soigné, il peut repartir au Zaïre en juillet 1976.
Le 22 février 1978, en compagnie du père René Ménard, il est victime d’un très grave accident de voiture sur la route qui mène de Kimbongo à Kikwitt. Au détour d’un tournant difficile, sa Land-Rover se retrouve face à un camion, venant en sens inverse. La route est étroite. La benne en fer fauche la partie supérieure de la Land-Rover. Le père Ménard n’est touché que superficiellement, mais le père Graas est sérieusement blessé, et perd connaissance. Il se retrouve avec un visage déformé, plusieurs fractures du crâne, et une fracture ouverte à la jambe. Amené à Kikwitt, il reçoit le sacrement des malades et, le 9 mars, il est rapatrié en Belgique, accompagné du père Christian Van Bunnen. Orienté par son frère médecin vers l’hôpital de Bavière, il est opéré avec succès. Une seconde opération sera nécessaire pour redonner un aspect normal à son visage. Une fois rétabli, il repart pour la mission de Kimbongo.
A partir de 1985, le Zaïre vit des moments difficiles. A chaque retour de congé, en reprenant le chemin de sa mission, le père Graas sait bien, comme les autres missionnaires, qu’il va au-devant de vrais dangers, dans un pays en pleine crise économique et sociale. S’il souhaite repartir malgré tout, c’est à cause des petites gens dont il porte le souci, et des communautés chrétiennes dont il a la charge. Et c’est alors que le malheur arrive !
Le jeudi 19 janvier 1995, un groupe de jeunes gens arrivent, en 4x4 Pajero, à Kimbongo. Dans l’après-midi, ils viennent solliciter l’aide de la mission pour réparer leur véhicule en panne. Le père Graas les aide avec son humilité et sa serviabilité naturelle.
Ce même groupe de 9 personnes, équipées d’armes automatiques, fait irruption à la mission vers 19h40. Le père Graas mettait du pétrole dans le réservoir du frigidaire, tandis que le père Sébastien Eppherre, son vicaire, feuilletait quelques revues au salon. Les bandits maîtrisent le gardien et le cuisinier, puis ils se jettent sur les pères Graas et Eppherre, les malmènent et les traînent, l’un et l’autre, dans leur chambre. Ils les ligotent et les frappent durement pour obtenir de l’argent.
Le père Sébastien Eppherre leur donne les zaïres, les dollars et les francs belges dont il dispose. Les bandits le laissent, après l’avoir blessé d’un coup de couteau à la jambe. Quand il peut se dégager de ses liens, il va dans la chambre du père Graas et le trouve ligoté, tombé à la renverse, sauvagement assassiné. Peut-être a-t-il été achevé pour n’avoir pu donner à ses agresseurs l’argent qu’il n’avait pas à ce moment, ou pour les avoir reconnus ? Après leur méfait, les bandits courent chez les sœurs qui sont, elles aussi, molestées pour les mêmes raisons. Elles doivent donner les clés de leur véhicule. Les agresseurs vont prendre la fuite, après avoir tiré des balles dans les pneus et les radiateurs des autres véhicules pour éviter toute poursuite.
Le vendredi 20 janvier, les sœurs, aidées par l’abbé Manzanza, exposent le corps du père Edouard Graas dans l’église paroissiale, juste devant l’autel. Toute la journée, les villageois se succèdent à la mission pour manifester leur affection et leur désolation. Monseigneur Mununu, évêque de Kikwitt, arrive vers 21 heures, accompagné du père Roger Nicol. La veillée de prière va se poursuivre, toute la nuit, avec des chants et des danses.
Le samedi 21 janvier, l’ambassadeur de la Belgique, le gouverneur de la région, les vice-ministres de l’intérieur et du plan annoncent leur arrivée. A 13 heures, monseigneur Mununu préside l’Eucharistie. Le père Graas est inhumé au cimetière de Kimbongo, auprès de la tombe de l’abbé Nioka, originaire de la paroisse, en présence d’une foule nombreuse et dans un grand climat de recueillement. Son départ, à l’âge de 66 ans, et dans des circonstances aussi tragiques, a été douloureusement ressenti dans toute la région.
Ceux qui l’ont connu gardent le souvenir d’un homme humble et discret, d’un confrère d’une grande serviabilité, avec qui il faisait bon vivre, proche des pauvres et des petits à qui il consacrait beaucoup de temps. Dans son travail missionnaire, il avait la patience du paysan qui sait attendre, sans agitation, le temps de la moisson. Si la mission de Kimbongo est devenue une des plus florissantes de la région, c’est sûrement, pour une bonne part, grâce à la présence discrète et tenace d’Édouard, et grâce au sacrifice de sa vie.
Recherchez .../ Search...