Société des Missions Africaines – Province de Lyon
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né le 28 juillet 1949 à Lons-le-Saulnier (Jura) dans le diocèse de Saint-Claude (France) membre de la SMA le 23 juin 1974 prêtre le 29 juin 1975 décédé le 23 janvier 2012 |
1976-1986 Makalondi (Niamey) décédé à Makalondi (Niger), le 23 janvier 2012, |
Yves Marie Alphonse PELLETIER (1949-2012)
Il naît dans le Jura, à Champagnole, le 28 juillet 1949 dans une famille nombreuse où ils sont cinq garçons - Yves étant le troisième - et où les traditions chrétiennes sont bien ancrées : quatre de ses oncles sont prêtres dans le diocèse et une de ses tantes est religieuse chez les sœurs nda. Après des études secondaires relativement bonnes au Foyer Saint-Charles, à Dôle, où il obtient le baccalauréat avec la mention assez bien, il rentre au grand séminaire de Dijon à la rentrée de 1968 : c'est là en effet que commencent à se former les séminaristes de plusieurs diocèses, dont ceux du diocèse de Saint-Claude auquel Yves appartient. Déjà à ce moment-là, il pense aux missions et demande des renseignements sur la Société des Missions Africaines. Il fait cependant le premier cycle de théologie à Dijon, puis il part au Dahomey, au petit séminaire de Ouidah, en coopération, pour deux années de stage. Il écrit que ces deux années l'ont affermi dans son désir et sa certitude que c'est là que le Seigneur l'appelle. Néanmoins, à son retour du Dahomey, en 1972, il préfère entrer en second cycle dans son diocèse, "avec la possibilité de repartir dans quelques années comme prêtre Fidei Donum".
L'année suivante, peu satisfait de ce choix, il préfère continuer ses études aux Missions Africaines. Il entre alors à Chevilly, et à la fin de l'année scolaire, en juin 1974, il fait son premier serment temporaire. Au moment de l'appel aux ordres, ses formateurs, tout en déplorant le fait qu'il n'ait pas fait de noviciat, notent à son sujet : "Très motivé dans le travail pastoral, mais moins dans le travail intellectuel, bien qu'il retravaille personnellement tous les cours, et les complète par des lectures personnelles. […] De relations faciles et d'esprit communautaire." (22/02/75) Avant l'appel au diaconat, une convention de quatre pages est signée entre l'évêque de Saint-Claude et la Société des Missions Africaines pour instituer une double incardination ; elle porte le titre suivant : "Aspirants désirant se consacrer pour la vie à l'activité missionnaire dans la Société des Missions Africaines, en conservant l'incardination à un diocèse de France." Il est ordonné prêtre en juin 1975. Précisons qu'à ce jour, il n'a pas encore fait le serment perpétuel ; il fait seulement son second serment temporaire. A ce moment-là, il sait déjà qu'il est nommé au Niger. Avec deux autres confrères, il passe une année à Chamalières pour approfondir son appartenance aux Missions Africaines et il arrive à Makalondi à l'automne 1976.
C'est à Makalondi qu'il va donner toute sa mesure : il va y passer 18 ans au total. D'abord vicaire du père Prévot, un rédemptoriste, avec le père Louis Lopez, il en devient le responsable en 1980. Il commence par y perdre son temps, comme il le dit lui-même : "Temps perdu au marché chaque semaine, temps perdu le soir dans l'une ou l'autre famille, temps perdu sur les chemins, temps perdu à laisser ouverte la porte de sa case où ne manquent pas d'entrer tous ceux qui passent pour discuter un peu, temps perdu pour aller travailler un peu avec les gens pendant la saison des cultures. […] C'est d'abord la langue gourmantché qui commence par entrer dans ma tête, ce qui me permet maintenant de m'adresser directement aux gens." Il était arrivé à parler parfaitement la langue, ce qui est un très gros atout pour le missionnaire. "C'est ensuite la découverte de tous ces gens à qui nous sommes envoyés ; […] c'est aussi la découverte de tout ce qui se fait au Niger ; […] c'est aussi la connaissance des communautés chrétiennes du pays. […] Nous avons des catéchumènes dans 27 villages, ce qui fait pas mal de ballades en mobylette." (25/12/77)
En 1979, c'est l'arrivée d'une communauté de religieuses qui viennent faire du travail auprès des femmes, catéchèse, alphabétisation, couture… Puis, l'année suivante, c'est la construction d'un centre de formation pour assurer des sessions longues aux catéchistes, les animateurs des communautés chrétiennes de base, les catéchumènes. De 27 villages touchés en 1977, ils seront 43 dix ans plus tard, avec près de 400 baptisés. "La mise en place des communautés chrétiennes de base (CCB), nous l'espérons, aidera les petits groupes de chrétiens dispersés à se prendre en charge et à devenir actifs dans le milieu où ils vivent : travail de longue haleine qui se fera doucement, doucement, comme on dit ici." (janvier 80) Dans un article paru en 1987 dans l'Echo, Yves explique très bien l'évolution de son travail jusqu'à cette date. Il faut commencer par sillonner les villages pour enseigner les catéchumènes, puis former des responsables sur place. Le centre de formation fonctionne ensuite à plein pour une alphabétisation en langue, une formation religieuse et une expérience de vie communautaire. "Pour qu'une communauté puisse vivre, elle doit assurer ses propres services : les quatre piliers d'une CCB se présentent ainsi : le pilier de la prière, le pilier de la parole de Dieu, le pilier de l'amour et le pilier du témoignage. […] De 1984 à 1986, à partir de ces piliers, nous organisons des sessions de formation spécialisée pour des groupes de responsables. Ainsi, notre travail à Makalondi consiste à devenir davantage des serviteurs inutiles. Bien formée, une CCB peut assurer elle-même ses différents services et devient missionnaire en ouvrant d'autres secteurs à l'évangélisation." (1987)
En 1982, Yves fait sa demande pour un engagement perpétuel dans la SMA. Une nouvelle convention est alors signée avec le diocèse de Saint-Claude, et Yves peut faire son serment perpétuel en novembre 1982.
L'année sabbatique qu'il prend à Lyon en 1986-1987 (quelques cours à l'IPER, deux jours par quinzaine dans une abbaye et quelques sessions) n'est qu'un petit entracte dans son séjour à Makalondi, car il y reste jusqu'en 1995. Il reste toujours très axé sur la formation des animateurs et, à cause des villages qui demandent une formation chrétienne, il envisage la création d'une seconde paroisse dans le nord, à Bomoanga. En 1992, en réfléchissant sur son travail et ayant en perspective l'arrivée d'un sma africain à la paroisse, il écrit : "Je ne pense plus personnellement me consacrer à l'organisation de la paroisse, mais à l'étude plus approfondie de la culture gourmantché, en passant plus de temps dans les villages et avec les gens, car depuis deux ans, nous menons avec la communauté chrétienne une vie de plus en plus parallèle à celle de ceux à qui nous sommes envoyés." (06/05/92)
Dans sa circulaire de 1992, on voit que maintenant s'élargit le domaine de la formation qu'il donne : "Nous avons commencé à publier des petits livres de post-alphabétisation. […] Pour l'animation agricole, l'animation portera cette année sur le paludisme, les parasites et nous commenceront la série sur l'environnement, le reboisement et l'appauvrissement des sols. […] Au plan de l'évangélisation, nous sommes heureux cette année de pouvoir envoyer huit jeunes dans les villages éloignés pour les aider à démarrer leur communauté." (1992) Puis, l'année suivante, il annonce la création d'un comité de développement rural pour le secteur de Makalondi, composé de trois jeunes paysans, deux prêtres et une sœur, et chargé d'intensifier les activités de formation humaine et de soutenir les actions communautaires.
Après 18 ans dans le même poste, il est bon de prendre un peu de recul et de laisser la place à d'autres. C'est ce que lui demande, de manière très officielle, le Conseil provincial. Il se repose alors quelques mois dans sa famille et va passer le temps de l'Avent et les fêtes de Pâques 1996 en Guadeloupe, sur l'invitation du père Claude Nachon en poste dans cette île. A son retour, l'évêque de Basse-Terre et Pointe-à-Pitre écrit au Conseil provincial pour demander, pour la Guadeloupe, l'aide pastorale de Yves Pelletier pour une année. C'est ainsi que ce dernier va se retrouver responsable de l'île de la Désirade, normalement pour une année. D'ailleurs, il écrit en janvier 1997 : "Je n'ai toujours pas l'intention de rester en Guadeloupe, bien que l'on puisse s'y aménager une vie beaucoup plus cool qu'en Afrique." (07/01/97) Et surprise, en mai 1997, le Conseil provincial reçoit une lettre des chrétiens de la Désirade, avec 412 signatures ( !), où on peut lire : "Nous serions très heureux qu'il puisse rester, s'il le souhaite, encore quelque temps avec nous. Nous avons encore tant de choses à partager… Il a encore tant de choses à nous faire découvrir." (16/05/97) Il va y rester jusqu'en 2000.
Mais déjà il prépare son retour dans le pays des Gourmantchés, non pas au Niger, mais au Burkina, de l'autre côté de la frontière, dans le diocèse de Fada N'Gourma. C'est vrai que les conditions sont difficiles à réunir pour un tel retour et un tel changement. Finalement, il sera membre de l'équipe pastorale de Fada N'Gourma qui comporte déjà trois prêtres, et il aura comme priorité le secteur de Gayéli, en vue d'y créer une paroisse, en travaillant surtout sur la formation des laïcs et la formation permanente des catéchistes. Suivent dans le contrat un certain nombre de conditions matérielles. Il y arrive en novembre 2000. "Le curé de Fada n'a pas encore tout à fait compris les désirs de l'évêque me concernant. […] Il se rend compte qu'il n'a pas un nouveau vicaire à la cathédrale, mais un quart de vicaire quand je suis là ; ça se passe sans heurt et l'ambiance est franchement détendue." (17/02/01) Il se dit très heureux à Gayéli qui se développe bien. De 4, il passe à 123 catéchumènes ; de 20 personnes à la messe le dimanche, il passe à 150 ; démarrage de la JEC, des CV - AV ; création d'une seconde école primaire ; camps bibliques, retraites pour les catéchistes ; une très bonne ambiance à la mission où règne vraiment un climat de fraternité : Dans sa lettre du 25 janvier 2003, il remplit une page entière pour dire tout le positif, mais en haut de la page 2, il écrit : "Bien que mon expérience à Fada soit très positive, je ne pense pas continuer pour plusieurs raisons." L'évêque ne lui verse pas les subsides promis, il ne reçoit aucun honoraire de messes, le diocèse ne lui a pas construit un pied-à-terre à Gayéli… autant de clauses prévues dans le contrat. Il lui est donc impossible d'envisager la création d'une équipe sma ou d'une équipe mixte sur place. Il termine sa lettre en disant : "Je termine mon contrat si je le peux et je prendrai une année de repos à Lyon, 150, si cela est possible ; ensuite on verra." Et c'est ce qui se passe.
Après une année sabbatique à Lyon, c'est lui-même qui fait le choix de retourner dans son diocèse d'origine, malgré les propositions du Conseil provincial pour un poste en Afrique. L'évêque de Saint-Claude le nomme prêtre accompagnateur de l'équipe d'aumônerie de l'hôpital Pasteur de Dole et prêtre accompagnateur de l'équipe diocésaine pour la pastorale "Santé-Solidarité", ce qui lui demande de s'investir en partie dans l'ACAT, le CCFD, le Secours Catholique et d'autres groupes. Il va rester 6 ans à ce poste, mais autant il donnait dans ses lettres des détails sur son travail en Afrique, autant il a été silencieux sur son travail à Dole. On sait seulement que des problèmes de santé l'ont obligé à rejoindre la maison de retraite des prêtres du diocèse en septembre 2010. Il a voulu revoir Makalondi et a organisé un voyage en janvier 2012. Le soir du lundi 23 janvier, à la fin du repas du soir pris à la mission de Makalondi avec le responsable, un confrère italien, il a été pris d'un violent mal de tête. Tandis que son confrère allait chercher un médicament pour le soulager, il s'est affaissé sur sa chaise et est décédé sur le champ. Rien, absolument rien, dans son comportement les jours précédents, ne laissait prévoir une telle issue.
Sur la demande de la population, la famille a décidé qu'il resterait à Makalondi : c'est d'ailleurs ce qu'il avait souhaité lui-même. La célébration des obsèques a été célébrée le 30 janvier, présidée par le père Laurent Lompo, vicaire général originaire de la paroisse de Makalondi, en présence de Mgr Michel Cartatéguy, sma, archevêque de Niamey, entouré d'une trentaine de prêtres, dont de nombreux confrères sma. Il repose désormais tout à côté de l'église de Makalondi qu'il avait lui-même construite.
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