Société des Missions Africaines - Province de Strasbourg
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né le 15 août 1941 à Eysson dans le diocèse de Besançon, France membre de la SMA le 4 juillet 1963 prêtre le 7 janvier 1968 décédé le 29 janvier 2002 |
1969-1970 Atakpamé, Togo décédé à Tchébébé, Togo, le 29 janvier 2002 |
Le père André BOUHELIER (1941 - 2002)
André Bouhélier est né le 15 août 1941 à Eysson dans le Doubs, de parents cultivateurs, le septième d’une famille de quatorze enfants. Après l’école primaire au village, il fait ses études classiques au Petit Séminaire Notre-Dame de Consolation pendant 6 ans. A douze ans, déjà grand de taille, on l’appelait « Le Grand Dédé » ou tout simplement « Le Grand ». Le 1er octobre 1959, il entre dans la section des vocations tardives du Séminaire de Faverney, pour une année. Il y fait également ses deux années de philosophie de 1960 à 1962. Le Père Frédéric Thomas, supérieur du séminaire de Faverney en 1962 résumait ansi son opinion sur lui : « il est aimé de ses condisciples et il le mérite ». Avec le Père Thomas, il a pratiqué et développé l’humour et l’art de la plaisanterie, qui ont toujours été des traits bienfaisants de sa personnalité.
Il fait une année de noviciat (1962-63) à Chanly en Belgique au terme de laquelle il prononce son serment d’appartenance à la Société des Missions Africaines le 4 juillet 1963. Il fait sa théologie au Grand Séminaire des Missions Africaines à Saint-Pierre près de Barr (Bas-Rhin) de 1963 à 1967 qu’il interrompt pour son service militaire en 1964-65. Il est ordonné prêtre le 8 janvier 1968 à Eysson son village natal. Il obtient un diplôme en catéchèse au terme de l’année scolaire 1968-1969, à l’institut catéchétique de Strasbourg. Il embarque à Marseille le 4 octobre 1969 pour la mission du Togo, où il passera 33 années, entrecoupées par les congés réguliers et deux temps de recyclage, à Lyon durant l’année scolaire 1989-90 et à Strasbourg durant l’année scolaire 1998-99. Ces années sabbatiques furent pour lui nécessaires autant pour se remettre à jour que pour réparer une santé qui ébranlait déjà son grand corps.
Il est d’abord affecté au diocèse d’Atakpamé. Pendant une année, il est à la cathédrale où il se fait connaître et apprécier de son évêque. Il part ensuite à Tomégbé, dans le Litimé, à la frontière du Ghana, pour une autre année, à l’école d’un franc comtois comme lui, qui a été le maître et le modèle incontesté de beaucoup, le Père Raymond Cottez, du Jura. Il est ensuite responsable de la mission de Notsé pendant 5 ans, puis de Anié pendant 8 ans. C’est alors que ses confrères le poussent vers un autre service, celui de Supérieur régional SMA à Lomé, un ministère délicat d’unité et de coordination et rempli de difficultés. Il est élu en 1983. Durant son mandat, il lance la Consumato (Conférence des Supérieurs Majeurs du Togo) dont il est le premier président. Son mandat achevé, il va à la paroisse de Notre-Dame de la Visitation dans le diocèse et la ville de Sokodé. Il montre beaucoup de patience à faire participer activement les laïcs à la catéchèse, à la bonne marche et au développement de la paroisse. En 1999, il arrive à Tchébébé, au sud du diocèse, plein de courage et d’espérance, pour une nouvelle expérience d’apostolat avec des confrères d’horizons différents… La mission commence à peine, il faut développer les communautés naissantes dans les villages et en ouvrir de nouvelles, organiser la catéchèse auprès des adultes et surtout dans les écoles qui sont très nombreuses. Il faut aussi accompagner les projets de développement, forages de puits, jardins, petits élevages, champs, amélioration des pistes… dont s’occupe principalement un autre confrère.
Après un congé qui lui avait permis de refaire ses forces, André était revenu au Togo à la fin août 2001, heureux et confiant. De septembre à Noël, le travail était plus fourni, suite aux départs successifs en congé de ses confrères de Tchébébé. Plusieurs fois, le paludisme l’avait attaqué et il avait même dû descendre une fois à Lomé pour une crise plus conséquente qui l’avait particulièrement fatigué. Le samedi 26 janvier 2002, il devait aller à Sokodé pour une cérémonie d’ordination, mais il est revenu très tôt chez les Sœurs marianistes de Tchébébé qui l’accueillaient chaque fois que le paludisme se manifestait sérieusement. De nouveau, André était en proie à une fièvre très forte. L’infirmier a vite prescrit le traitement voulu, la fièvre baissait mais revenait plus tenace. Sœur Rita était inquiète. Le malade transpirait et s’agitait. La journée du lundi avait été pénible, mais le soir il semblait aller mieux. Au matin du mardi 29 janvier 2002, vers 5h, Sœur Rita l’a trouvé endormi. Elle l’a laissé se reposer, puis elle est partie à l’église pour la prière et la célébration eucharistique. A son retour, André était étendu sans vie sur le sol.
Ses funérailles ont été célébrées à Tchébébé par une foule immense, émue et recueillie, le 12 février. Les prêtres du pays étaient venus nombreux. Ceux qui l’ont côtoyé l’ont beaucoup aimé, au delà de ses limites et de ses énervements, qu’il reconnaissait en toute humilité « Pardon pour mes erreurs, mes impatiences ou indélicatesses », ce sont les derniers mots de son testament. Un de ses frères avec son épouse a tenu à participer à la cérémonie au Togo, représentant ses frères sœurs et toute sa famille, qui ont toujours su l’entourer, l’aimer, l’aider, l’accueillir, le soutenir dans ses épreuves et ses accrocs de santé, et participer à sa mission.
André était un homme discret, qui n’aimait pas faire de bruit. Mais, par ses contacts personnels, il savait lier conversation et lier amitié. Il savait prendre son temps avec les gens. On l’appelait aussi « Dédé la pipe ». Lorsqu’il allumait sa pipe, qui pendant bien des années faisait partie de sa personnalité, il signifiait qu’il avait du temps non seulement pour savourer « cette chère pipe de bois », pour savourer aussi le moment de détente qu’elle lui procurait, le moment de conversation et de sagesse qui l’accompagnait. Il appréciait le temps passé avec les autres, qui était pour lui la plus grande part de sa méthode d’évangélisation. Lorsqu’il était en congé en France il aimait visiter les familles de chez lui, surtout celles qui lui rappelaient la simplicité, la chaleur et la pauvreté même de sa propre famille. Il savait dire merci pour tout cela. Des mercis il y en avait toujours dans ses conversations, comme dans les lettres qu’il écrivait, hélas de moins en moins nombreuses, vers la fin de sa vie. Dans son testament, il a écrit : « D’avance merci à ma famille, à la SMA, à tous ceux qui m’ont aimé, aidé ». « Lorsque je mourrai, écrivait-il encore dans ce testament, en 1992, je souhaite être enterré, non encimenté, avec des cérémonies simples. Ne pas parler de ma personne, parler plutôt de la mission du Christ, à laquelle j’ai essayé de participer ». « Que Jésus soit connu ! Au revoir, chez le Père ». Il repose dans la terre au cimetière des prêtres du diocèse de Sokodé, à Aledjo, siège de la première mission au nord du pays.
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