Société des Missions Africaines
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né le 13 octobre 1865 à Volon dans le diocèse d'Annecy, France membre de la SMA le 14 juin 1889 prêtre le 1er mars 1890 décédé le 30 janvier 1923 |
1890-1902 missionnaire en Egypte, Mahalla 1902-1911 missionnaire en Côte d'Ivoire décédé à Cotonou, France, le 30 janvier 1923, |
Le père Charles VACHERET (1865 - 1923)
Missionnaire en Egypte
Charles Marie Vacheret naît à Volon, en Haute-Saône, le 13 octobre 1865. Il fait ses études secondaires à Marnez et ses deux années de philosophie au séminaire de Vesoul. Après avoir passé deux ans chez les Pères Blancs, il entre aux Missions Africaines en mars 1888 et prononce son serment d’appartenance le 14 juin 1889. Il est ordonné prêtre le 1er mars 1890. Le 28 du même mois, il part pour la Préfecture du Delta du Nil. Il travaille en particulier à Mahalla-Kébir, ville de 30.000 habitants sur la rive gauche du Nil (branche de Damiette) à cent kilomètres au nord du Caire.
Dans un article publié dans « les missions catholiques » (1902, p 217-220) il raconte son séjour en Egypte et mentionne les sept déménagements auxquels il a dû participer en huit ans. En 1890, l’établissement de Mahalla, qui servait de grand séminaire pour des candidats européens des Missions Africaines, avait été cédé aux sœurs N. Dame des Apôtres pour leur école de filles et leur dispensaire. Les prêtres doivent s’installer ailleurs. Les maisons dans lesquelles ils essaient de se loger, sont soit insalubres, soir récupérées rapidement par leurs propriétaires musulmans qui ne veulent pas de chapelle catholique. Les missionnaires sont souvent visités par la fatigue et les fièvres. Le Père Charles Kieffer, du Jura, est emporté par une fièvre typhoïde le 2 août 1898 à l’âge de 25 ans, de même que trois jeunes religieuses.
Grâce à plusieurs dons provenant des Comités de l’Alliance française de Paris et de Marseille, et une subvention du gouvernement français, la maison des Pères et l’école sont terminées pour le 1er janvier 1902. La chapelle provisoire peut accueillir un bon nombre de chrétiens de la ville, surtout de familles françaises, italiennes et maltaises pour le 1er janvier et la fête de l’Epiphanie. Mais déjà une très grande église, dédiée à Sainte Lucie, est en construction. L’école, avec quatre classes, ouvre ses portes le 15 janvier 1902, et au 1er mars il y a 60 élèves.
Missionnaire en Côte d’Ivoire
En 1902, Le Père Vacheret obtient de partir pour la Côte-d’Ivoire pour renforcer le groupe des missionnaires décimé par la fièvre jaune. L’année suivante, bien qu’étant le plus jeune des confrères il devient Visiteur (ou supérieur régional) de la mission, charge qu’il conserve pendant six ans. Il envoie plusieurs circulaires à ses frères missionnaires, leur demandant souvent de bien appliquer les Constitutions. D’un grand dévouement, il se donne tout entier à sa tâche ainsi qu’aux stations qui lui sont confiées. De caractère un peu rude, il est cependant fort apprécié dans les stations où il passe. Il passe huit ans en Côte d’Ivoire sans prendre de congé. En 1906, il est supérieur de la mission de Dabou, à 60 kms à l’ouest d’Abidjan, et raconte, dans « les missions catholiques » (1906, pp 86-87) une de ses visites, en compagnie du Père Bailleul, dans les diverses missions entre Dabou à Alépé à une cinquantaine de kms au nord est d’Abidjan. Le voyage se fait en barque sur la lagune et le fleuve Comoé. Premier arrêt à Abidjan, le Père Vacheret note que dans le quartier du plateau, une mission est en construction, et l’école qui est achevée va s’ouvrir. A Bingerville, la capitale politique, à une trentaine de kms à l’est d’Abidjan, « La maisonnette actuelle des missionnaires est encore plus pauvre qu’à Abidjan, et la chapelle aussi. La même petite case indigène sert d’oratoire et de salle à manger : une vraie crèche de Bethléem ». Une école est en construction, ce sera ensuite le tour de l’église.
Le lendemain les voyageurs repartent à 4 h du matin pour Moosou, à une quarantaine de kms. « Moosou est une station originale. Une nouvelle habitation, longue de vingt mètres, double presque l’ancienne devenue insuffisante. L’église occupe le rez-de-chaussée de la maison neuve ; l’ancienne a été convertie en magasins ». Entre la mission et la lagune, les Pères font fonctionner une briqueterie : « elle fournit déjà plus de quinze cent mille briques par an », et avec l’arrivée d’un nouveau four « on dépassera les deux millions… Pendant la semaine quatre vingt ouvriers travaillent dans ce chantier sous la surveillance d’un Père ou d’un Frère ».
Le Père Vacheret passe plusieurs jours à Moosou et repart avec deux compagnons pour Bonoua plus à l’est sur la côte. Ils montent ensuite vers le nord, empruntant le fleuve Comoé, un fleuve « trois fois large comme la Saône ». « Vers midi nous arrivons au terminus de notre voyage, à Alépé, après 170 kilomètres environ de navigation, soit 100 de Dabou Moosou par la lagune et 70 de Moosou à Alépé sur le fleuve ».
En 1907, Le Père Vacheret est à Bonoua et il écrit une nouvel article dans « les missions catholique » (1908, p 205-206) intitulé « La mission de Bonoua en Côte d’Ivoire ». « Grâce aux dons généreux que j’ai reçu par l’intermédiaire des Missions Catholiques, nous avons pu créer un petit dispensaire et acheter des remèdes indispensables… Nous soignons de 150 à 200 personnes par mois… La fête de Noël a été pour nous une cause de douces émotions. Le matin, à huit heures, avant la grand messe, nous avons eu trois baptêmes d’adultes… Nous préparons plusieurs autres baptêmes pour Pâques, ainsi que les cérémonies de la première communion et de la confirmation ».
Il revient en congé en 1910, mais il doit se soigner à la maison de repos des Missions Africaines à la Croix-Valmer, dans le Var. Il a beaucoup de difficultés à accepter sa situation : « Quand on est malade, la vocation est de se soigner et de se reposer, c’est alors ce qu’il y a de plus parfait », lui écrit Mgr Pellet, Supérieur Général de la Société, le 23 décembre 1910.
Missionnaire au Dahomey
Le Père Vacheret suggère à ses supérieurs de l’envoyer en Tunisie où le climat est favorable. Il demande ensuite s’il peut se rendre au Libéria où Mgr Ogé a besoin de personnel pour un projet d’agriculture. Finalement le 16 juillet 1911, Mgr Pellet lui propose le Dahomey, qu’il rejoint tout de suite. Il travaille essentiellement à Abomey et à Bohicon, où il parvient à gagner la sympathie respectueuse des gens. Il s’intéresse avec le plus grand dévouement à l’instruction et à l’éducation des enfants. En 1914, un événement important se prépare à Abomey, l’arrivée des deux premières sœurs de la congrégation locale des « Servantes des pauvres », qui vient de se créer dans le sud. Le Père Vacheret s’occupe de la construction de leur maison et de l’internat destiné à accueillir les filles pour l’école. Il rend grâce pour Pédro Fadjoro ancien chef féticheur, devenu depuis cinq ans un fervent et zélé catéchiste. Il rend grâce aussi pour cette princesse royale, centenaire, qui se prépare au baptême et pour « cet autre personnage de sang royal, catéchumène, véritable architecte, très habile à édifier des murs de terre » qui s’occupe des constructions de la mission.
« A Bohicon, station importante du chemin de fer du Nord, reliée à Abomey par une voie Decauville et une avenue de 10 kilomètres sur 12 mètres de large, nous avons une chapelle avec un catéchiste et un moniteur à demeure fixe et, chaque samedi, un missionnaire d’Abomey s’y rend en bicyclette pour y exercer le saint ministère le dimanche et le lundi. Une centaine de personnes assistent chaque jour au catéchisme et la chapelle commence à devenir trop petite ».
« Quant à la station d’Abomey, elle a été inaugurée en 1903 dans deux vieilles cases ayant appartenu au roi Ghézô. Aujourd’hui, elle possède une chapelle-école longue de 24 mètres sur 7 de largeur. Elle suffit à la rigueur pour le moment. A cent mètres de distance, se trouve l’établissement commencé de nos Sœurs Noires. Au centre de la propriété s’élève la mission ; elle comprend cinq pièces sans étage… » Il y a aussi l’internat pour une quarantaine d’internes, un jardin, un verger, une petite ferme, des ateliers de menuiserie et de couture, une forge . Un « village de liberté » a aussi été construit, pour accueillir les anciens esclaves rachetés. « Il comprend déjà cinq cases proprettes de trois pièces chacune avec une véranda et des jardinets, cinq cases terminées et trois autres qui le seront prochainement… En résumé, dans le courant de l’année 1914, nous aurons quatorze constructions achevées ».
En 1921, il doit rentrer en Europe pour cause d’asthme et de fatigue, il est nommé au noviciat des Frères à Martigné-Ferchaud. Durant son bref séjour parmi les aspirants frères, il rédige un document intitulé : « Notes d’un vieux broussard pour les jeunes missionnaires et pour les Frères coadjuteurs ». Dans ce document, il énumère une longue série de conseils pratiques et spirituels en vue du séjour en mission.
Sur les derniers jours du Père Vacheret, nous reprenons le témoignage du Père Eugène LIEUTAUD (Revue interne sma Frères d’armes, juin 1923 ) : « Craignant de devenir neurasthénique, il fait tant et si bien qu’il obtient de repartir pour le Dahomey. Lorsqu’il débarque à Cotonou le 4 octobre 1922, tout le monde peut constater que sa santé laisse toujours fort à désirer. Des quintes de toux et des crises d’asthme le harcèlent continuellement. Il est envoyé à Calavi afin d’aider le Père Barril, mais l’acuité de ses souffrances augmente et ses forces diminuent rapidement, et il doit bientôt être hospitalisé à Cotonou. Les médecins comprennent très vite qu’il n’y a plus grand chose à faire.
Le Père Vacheret, conscient de sa fin imminente, se remit entre les mains de Dieu avec une patience admirable, ne cessant d’offrir ses souffrances au Seigneur et se faisant apporter souvent la sainte communion. Il s’éteignit tout doucement, sans heurt. Pas un seul instant il ne perdit connaissance et jusqu’au dernier moment il offrit à Dieu le sacrifice de sa vie pour le Dahomey et en particulier pour Bohicon, son ancienne mission ». Il est mort le 30 janvier 1923, à Cotonou. Il fut enterré le lendemain, accompagné par une foule immense.
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