Société des Missions Africaines – Province de Lyon
![]() |
né le 21 décembre 1931 à Champclause dans le diocèse du Puy (France) membre de la SMA le 25 juillet 1952 prêtre le 15 février 1958 décédé le 5 février 2013 |
1958-1959 Pont-Rousseau, professeur de 6ème décédé à Aubenas (07) le 5 février 2013 |
Le père Joseph ARSAC 1931-2013
Il est originaire de Boussoulet, village de la commune de Champclause, en moyenne montagne, dans le département de la Haute-Loire, à la limite de l'Ardèche. C'est une région rude, aux hivers rigoureux, aux sols parfois dénudés et rocailleux, ou couverts de denses forêts de résineux. C'est une région qui engendre des hommes au caractère bien trempé, car la vie y est difficile, des hommes à la foi solide et vivante où catholiques et protestants se sont autrefois affrontés, des hommes où les traditions se gardent, telle cette survivance du patois dans les conversations locales, et même parfois à l'église. La famille Arsac n'échappe pas à la règle : le papa est cultivateur et, sans que cela soit en rien péjoratif, on peut dire que Joseph est né dans une famille pauvre. Mais ses parents savent élever leurs cinq enfants (trois garçons et deux filles) dans la meilleure tradition chrétienne et leur transmettre tout ce qui donne une vraie valeur à la vie : une foi active, le prix du travail et de l'effort, l'ouverture aux autres et ce bon sens que l'on retrouve toujours chez ceux qui sont restés proches de la terre. Joseph n'échappera pas à la règle.
Il est né en plein hiver le 21 décembre 1931. Après ses études primaires, il rejoint dès l'entrée en 6e le petit séminaire de la Chartreuse, à Brives-Charensac. Ses parents acceptent volontiers et apprécient qu'il se destine ainsi au sacerdoce dans son diocèse. On peut dire d'ailleurs qu'il y a là une sorte de tradition familiale : en 1950, une lettre du vicaire général du diocèse parle de 4 prêtres (dont le vicaire général lui-même) et 6 religieuses actuellement vivants dans la famille ! En 1950, à la fin de sa terminale, il échoue à la seconde partie du baccalauréat ; c'est à ce moment-là qu'il fait sa demande pour entrer aux Missions Africaines. Le supérieur du séminaire écrit : "C'est un sujet que nous voyons partir avec regret de notre diocèse qui n'est pas riche en vocations. […] Malgré tout, rien n'a été fait pour le détourner de sa vocation, sauf que ses parents en ont une grande peine, et ils ont résisté longtemps." (15 05/50)
Après deux ans à Chanly, il part plus d'une année à Dakar dans le cadre de son service militaire. Avec un peu d'humour, l'aumônier écrira : "Taillé physiquement et moralement pour les missions du pays noir, […] grâce à sa jovialité et à son grand attachement aux Noirs, a lancé seul et maintenu en activité plusieurs centres de catéchisme de soldats africains, […] s'est révélé un bon militant de masse." En 1956, tout un contingent de la classe 52 est rappelé à cause des événements en Algérie : Joseph en fait partie. Un de ses camarades de l'époque rappelé comme lui à Lourmel en Algérie, le père Bruno Bataillon, rapporte le fait suivant le jour des obsèques de Joseph : "Au cours d'une opération, dans une région montagneuse de l'Oranie, un de nos camarades, Charles Bochaton, reçut une balle en plein front, tirée sans doute avec un fusil à lunette, à partir d'une grotte. Joseph était là, à côté. Sans crainte du danger, il se leva, et chargea son camarade sur ses épaules pour le ramener en arrière. Là, on constata le décès. Joseph reçut pour cet acte la médaille de la Valeur Militaire."
Ordonné prêtre en février 1958, Joseph est nommé professeur de 6e à Pont-Rousseau. Dès l'année suivante, sur sa demande à cause de l'état de santé de ses parents et parce que son frère est actuellement sous les drapeaux, il est nommé à Chaponost professeur de 7e : il faut des bras solides pour travailler la terre ! Heureusement pour lui, le retour de son frère coïncide avec une demande urgente du diocèse de Gagnoa, et il se retrouve en 1960 dans ce diocèse, d'abord à Kpapékou, puis à Bayota. Les premières années se passent bien, mais l'apostolat chez les Bétés est difficile : il mise beaucoup sur les écoles, en particulier celles dont les classes sont subventionnées, et sur la formation des catéchistes : "Avec un peu d'argent amassé en congé et d'autres dons, j'ai pu faire un centre de catéchistes où je peux loger sans peine une cinquantaine de personnes. […] Si nous réussissons à avoir de bons catéchistes et à faire réfléchir nos chrétiens quelques temps chaque année à la mission, nos villages sont sauvés. […] Mais le berger doit toujours être là. […] Comme je leur dis : vous, les Bétés, vous êtes comme vos palmiers : pour que vous soyez bons, il faut vous chauffer deux fois par jour, mais doucement." […] Lucide, il termine cette lettre en écrivant : "Je remercie le Seigneur de m'avoir mis dans les mains d'un Africain pendant 6 ans (quand il était à Kpapékou avec l'abbé Atéa comme curé), car de plus en plus nous devrons travailler avec eux, et cela ne se prépare pas en un jour." (05/04/70)
Il doit surveiller sa santé. Durant son congé en 1969, le docteur Plauchu écrit : "La prudence serait de ne pas le laisser repartir en Afrique, sauf s'il tombe au-dessous de 100 kg." (20/06/69) Joseph écrit que son congé n'a pas été "drôle", mais qu'il a réussi à passer de 118 à 100 kg !!! "J'ai trouvé dans le régime un bon carême, même au temps de Pâques". Pourtant, après un nouveau séjour de trois ans à Bayota, il sent vraiment le besoin de se reposer : il voudrait respirer l'air de sa montagne et faire le recyclage de l'Arbresle. Contre toute attente, le Conseil provincial lui confie la direction de la procure de Saint-Briac. Il avait donné son accord oralement pour trois mois, mais, quand il reçoit la nomination suivante : "Vous assurerez donc la direction de cette maison durant l'année scolaire 1972-1973" (28/09/72), il écrit et clame son désaccord dans plusieurs lettres de cette époque : "Permettez-moi de vous dire que je ne suis pas d'accord." "Je ne suis pas un bureaucrate ; je n'ai même pas un bout de terre à remuer, aucun travail manuel." "De grâce ayez pitié de moi." "La mer et le camping, ce n'est pas dans mes cordes." "Après mon recyclage, retourner à Saint-Briac, je préfère vous dire la vérité, non !"
De fait, après le recyclage, il peut se reposer en famille et au 150, avant de retrouver la mission de Bayota pour encore deux ans : c'est une période un peu sombre dans sa vie missionnaire : "Trois villages des plus importants au point de vue chrétien sont en train de décrocher ; plusieurs catéchistes ne font plus leur travail. […] Nous sommes au creux de la vague. […] Le Seigneur doit vouloir m'éprouver. C'est excellent, car ça m'oblige à me dépouiller de bien des illusions. Je continue mon travail comme si tout allait bien." C'est là qu'on reconnaît l'homme, surtout qu'il poursuit quelques lignes plus loin : "Dans ma solitude, c'est le contact avec le Seigneur chaque matin qui me permet de rester sur la brèche." (14/03/74) Il faut signaler cependant que c'est l'année où il réussit son permis de conduire : "J'ai ramassé trois bûches en mobylette ; à la dernière, je me suis même brûlé assez sérieusement au mollet droit. Je me prépare à passer mon permis de conduire. C'est que, à chaque fois que je vais à Gagnoa, je me paye 80 km d'une piste épouvantable." (même lettre)
Nommé en 1975 à Guibéroua, il garde les mêmes impératifs que précédemment : la formation des catéchistes, les réunions de formation religieuse des maîtres, les réunions des jeunes du centre rural et celle des catéchumènes écoliers. Dans sa circulaire de janvier 1978, il écrit : "Les sœurs font tout pour m'aider ; de bonnes volontés surgissent. Si certains catéchistes ou chrétiens pouvaient prendre conscience que l'Eglise ce ne sont pas seulement les pères et les sœurs, mais les chrétiens de tout bord ! Je termine l'année meurtri, un peu vacillant, mais non abattu. Je vous demande d'être mon supporter auprès du Seigneur pour que je tienne debout dans le round 1978." (02/01/78) C'est vrai qu'il est bien fatigué, car le père Pascal a dû rentrer pour soigner un début de décollement de rétine, et le père qui s'occupait du centre rural est retourné dans son diocèse, et seul dans une mission comme Guibéroua ce n'est pas tenable.
Il apprécie la venue d'un jeune vicaire africain en 1979 : "J'ai déjà vécu 7 ans avec l'abbé Atéa, et je suis bien résolu à renouveler l'expérience, en sachant très bien que c'est difficile, mais nécessaire. Il faut que les prêtres africains prennent la relève, mais pas dans n'importe quelle conditions" Ce dernier s'occupe des jeunes du collège, il visite les village, il remet sur pied les chorales. "Avec lui, je fais bon ménage". Cette même année, il prolonge un peu son congé pour se faire opérer des varices aux deux jambes : tout se passe pour le mieux. Il se dit prêt maintenant à "attaquer" de nouveau les Bétés et, comme il avait laissé son jeune vicaire seul à la paroisse, il ajoute : "J'espère que mon abbé s'est bien tiré d'affaire en mon absence ; s'il y avait quelques surprises, je n'en ferai pas une montagne !" (12/10/79) En janvier 81, il est tout heureux de pouvoir annoncer qu'il vient de terminer la construction d'un centre d'accueil, comme il l'avait fait à Bayota.
Sur le conseil de son provincial venu lui rendre visite dans sa mission, il rentre, fatigué, un an avant son congé, anémie, bilharziose. A Lyon, les analyses médicales sont formelles : il a besoin d'un grand repos. "J'ai lutté courageusement jusqu'au bout, mais j'ai dû reconnaître que je ne pouvais continuer. Je suis donc rentré, mais rassurez-vous, sans amertume ni découragé". (18 juin 1981). Il sait à ce moment-là que Guibéroua va rester une année sans pasteur, mais la santé avant tout. "Pendant deux mois, je ne bouge pas de Boussoulet, de mon nid d'aigle. […] Je n'ai pas de voiture, et je n'en veux pas, au moins jusqu'en septembre." (18/06/81) Pour lui, l'oubli des soucis est encore le meilleur remède : "Je parcours la forêt à la poursuite des champignons. […] Je suis comme le cheval : actuellement, je prends une bonne ration d'avoine pour donner un nouveau coup de collier l'an prochain en Côte d'Ivoire." (09/09/81) Forcé de rester en France, il devance d'une année le recyclage qu'il avait prévu de faire en 1983. "Cette année sabbatique m'a été très bénéfique; elle me permet de voir les événements et les hommes avec un autre regard Je sais que désormais i1 faudra passer à une vitesse en dessous pour durer plus longtemps" (18/03/82).Il a déjà quelques idées sur son futur quand il écrit au régional : "J'aimerais bien m'occuper des Voltaïques de la région de Gagnoa : ce n'est qu'un option." (19/03/82) Après un mois complet passé à l'abbaye de Notre-Dame des Neiges, il reçoit sa nomination pour le diocèse de Daloa.
Nommé à Vavoua pour la rentrée de 1982, il se dit heureux de pouvoir compter sur "l'expérience et la sagesse du père Mimile" (Pottier). Il arrive dans une paroisse où 90% des chrétiens sont des Mossis ; c'est la raison pour laquelle il se lance tout de suite dans l'étude de la langue, le moré, mais sans négliger le travail auprès des Gouros. Quand le régional lui demande ce qui lui ferait plaisir comme cadeau pour son jubilé d'argent en 1983, il écrit : "Si vous pouviez me procurer le nouveau missel moré et la bible en moré." Cette même année, il se retrouve responsable de la mission, avec un prêtre franciscain pour le seconder, mais il avoue que le changement est complet avec ce qu'il a connu jusque-là : "Mon expérience de 2 ans à Vavoua a été pour moi un renouveau parfois difficile, mais bien revigorant pour mon idéal missionnaire." (18/06/84) Un jeune originaire de la paroisse est ordonné prêtre en 1985 et un autre commence le grand séminaire, voilà de quoi le réjouir, tout autant que l'annonce de la venue de Jean Meynier pour le seconder en 1986. Il faut quand même signaler que chaque fois qu'il revient en congé, il signale qu'il se met au régime "dans ses montagnes", pour perdre les quelque 15 kg qu'il s'empresse de reprendre dès qu'il se retrouve en Afrique.
L'arrivée de Jean Meynier à Vavoua et le nombre impressionnant de communautés mossis sur la paroisse (60) le font décider, en accord avec son évêque, d'aller au Burkina faire le stage de langue qui dure trois mois. A Ouagadougou, il loge chez Mgr Tapsoba, ancien évêque de Ouahigouya, à la retraite. Il a trouvé sur place un ami qui a mis à sa disposition sa mobylette pour tout le temps du stage, et il peut ainsi facilement se rendre chaque jour à la maison des pères blancs, d'où avec trois autres stagiaires il gagne en voiture le lieu du stage. Il ajoute bien sûr quand il fait part de cette décision aux membres du Conseil provincial : "Je ne tiens pas du tout à jouer au franc-tireur ; mon désir, c'est de pouvoir toujours mieux servir le Seigneur et mes frères." (28/11/87) Dès son retour à Vavoua, il prêche dans la langue "même si cela demande beaucoup de préparation." Ce stage se termine en février 1988. Il reste à Vavoua jusqu'à son congé, où il continue de travailler la langue des Mossis ; puis, cette même année 1988, puis il est nommé à Daloa pour s'occuper plus spécialement des Mossis du diocèse. Sa nomination est ainsi formulée : "Le Conseil presbytéral vous a choisi pour continuer à votre manière le travail d'aumônerie des Burkinabés qui, pendant 10 ans, a occupé le zèle du père Jean Chauvineau. Il vous charge pareillement de mettre sur pied une pastorale rurale concernant les Bétés." (25/04/88) C'est Guy Ioux qui est en charge de la paroisse Saint-Joseph à laquelle Joseph est rattaché.
Voici comment il résume son travail à Daloa : "Pour moi, le chômage est un mot rayé du dictionnaire, mais je ne m'en plains pas. Ce qui est important, c'est d'avoir la peau dure et le cœur fort. Je rends grâce au Seigneur de m'avoir donné les deux. [...] Je sillonne les pistes pour contrôler les catéchumènes des communautés. […] 110 baptêmes. [...] Nous insistons beaucoup sur la formation des catéchistes. Mon travail est astreignant, mais très intéressant" (16/03/89). Sa charge ne se limite pas à la paroisse de Daloa, car les communautés de Mossis sont nombreuses dans toutes les paroisses du diocèse et il est précieux d'avoir un confrère qui parle leur langue et qui s'est initié un peu à leurs coutumes. Il est très régulier à remercier les membres du Conseil des vœux de fête qu'il reçoit chaque année. C'est souvent pour lui l'occasion d'écrire une lettre assez longue où il donne d'amples nouvelles dans lesquelles on sent un homme heureux, entièrement donné à son apostolat.
Au bout de trois ans, il est nommé au sud du diocèse, à Issia, où il trouve Michel Lemière comme responsable : ils s'entendent bien, Michel travaillant davantage sur la ville et Joseph allant volontiers en brousse, mais actif aussi sur la ville. Il est très perplexe, et un peu remué, quand, en 1993, il reçoit une lettre du Conseil lui demandant de prendre en main l'économat du 150. "J'ai prié le Seigneur et la Vierge et nos saints missionnaires de m'aider à y voir clair. J'ai vu aussi le père Michel que j'aime beaucoup, et il m'a répondu : Joue le jeu. Alors je vous dis oui, mais c'est un oui qui me coûte beaucoup." (11/05/93) Il se rétracte quelques mois plus tard : "Vous avez demandé à un éléphant d'entrer dans une bijouterie." (15/10/93) De plus, il est incapable de conduire de nuit à cause de sa mauvaise vue, et même le jour il a des problèmes : "L'an passé, j'ai passé deux fois sur une herse des policiers que j'ai vue trop tard ; […] Souvent je suis obligé de m'arrêter pour déchiffrer les panneaux de signalisation." (même lettre)
Les yeux qui faiblissent, les jambes qui enflent, un gros palu, une hernie à opérer, voilà bien des raisons de venir se reposer en France pour respirer "l'air de ma montagne". Il rentre en 95 (il est maintenant responsable à Issia), puis en 96, et encore en 97, passe quelques mois de repos au 150, puis à Montferrier, mais reste toujours impatient de repartir : "Oh! le phacochère s'impatiente bien un peu dans les couloirs du 150, mais bientôt il va recouvrer la liberté. Ce temps d'arrêt est pour moi une grande grâce du Seigneur" (27/02/97). Enfin, les docteurs le laissent repartir : "C'est dans l'allégresse que les chrétiens m'ont accueilli à la messe du mercredi soir 10 septembre" (21/09/97). Désormais, il ne peut plus aller en brousse et on lui déconseille les sessions de catéchistes, mais il ajoute: "La Côte d'Ivoire est un pays que j'aime et pour lequel je suis prêt à donner ce qui me reste encore de force si le Seigneur le veut." (22/10/97). Il passe la main à Issia à deux prêtres ivoiriens dont il dira le plus grand bien et il se dit prêt à faire partie d'une équipe de première évangélisation avec des confrères du DFA, mais comme quelqu'un qui pause et qui accueille. Mais une forte tension, une hépatite, un palu récalcitrant l'obligent encore à rentrer en France au début de l'année 98, et cette fois, c'est définitif.
Il passe d'abord 6 mois à Montferrier, puis il est nommé membre de l'équipe pastorale de Saint-Martin-de-Valamas, avec résidence à Arcens, dans le diocèse de Viviers. C'est Jean Bonfils qui est son évêque. Il n'a pas beaucoup de chemin à faire pour se retrouver chez lui à Boussoulet, et il apprécie beaucoup de pouvoir parler son patois avec ses paroissiens qui l'aident à s'installer. Il voit tout de suite le côté positif de ce changement : "Pour moi, une nouvelle vie missionnaire commence. Je remercie le Seigneur de l'épreuve qu'il m'a envoyée: elle a purifié ma vision de la mission, Dans la vie, il faut avoir le courage de tourner des pages, si excellentes qu'elles puissent avoir été ." (01/06/98) Bien sûr, son passé en Côte d'Ivoire est toujours présent : "Je m'abstiens de faire des comparaisons avec l'Afrique, mais disons qu'il y a des jours où cela me fait souffrir. Je ne comptabilise pas les résultats, c'est un travail dans l'ombre et l'enfouissement". Il faut relire avec attention toutes les lettres que Joseph envoie au Conseil provincial : il reste un homme passionné par son travail au service de l'Eglise, missionnaire dans l'âme, visitant tous les foyers sans faire de distinction entre les personnes, mettant tout le monde à l'aise par son ouverture et sa manière d'être, parlant, même parfois à l'église, la langue du crû, gardant toujours le même optimisme et la même foi qui l'ont animé depuis toujours. "Je rends grâce au Seigneur de vivre dans ce pays de montagnes, car je retourne à mes racines, Je suis parfaitement intégré et les gens m'ont adopté. [...] Etre missionnaire pour moi ici, ce n'est pas toujours parler de l'Afrique, car cela agace les gens, mais leur ouvrir l'esprit et le cœur aux dimensions du monde, d'être tout simple et accueillant à tous ceux que notre civilisation compte pour improductifs et sans voix. [...] Une chose à laquelle je tiens par dessus tout, c'est l'union au Seigneur Jésus ; je suis heureux d'avoir la cure à côté de l'église. Chaque matin, j'aime à rencontrer le Seigneur, je ne lui dis pas grand-chose, mais je suis là devant lui pour recharger mon cœur." (20/03/07).
Il ira ainsi jusqu'au bout de ses forces, "au service des montagnards isolés, malades ou handicapés, restant ainsi fidèle à l'esprit des Missions Africaines qui depuis 1952 est ma famille : être auprès des Africains les plus abandonnés." (16/12/11) En 2012, sa santé l'obligera à faire un assez long séjour à la maison de Montferrier. S'il peut retrouver Arcens pour quelques mois, il doit se rendre à l'évidence : après tant d'années sur la brèche, il doit maintenant aller dans une maison de retraite. Il choisit Aubenas, car il a bien des attaches dans le diocèse de Viviers. Dans sa dernière lettre, il fait le tour de tous les maux dont il souffre et il conclut : "Me voici passé à la phase souffrance de ma vie missionnaire. Le Seigneur sait bien ce qu'il veut faire de moi. Je vis dans la paix, et j'offre mes souffrances pour l'Eglise et pour la SMA. J'ai un remède extrêmement efficace, celui des visites régulières de mes montagnards : ça vaut bien les autres traitements. Avec toute mon amitié de missionnaire montagnard dans le combat et la souffrance." Ce sont là ses derniers mots ; ils datent du 12 décembre 2012.
Quand il reçoit le sacrement des malades, tous ceux qui sont là sont marqués par la joie profonde qu'il manifeste. Il s'éteint dans la paix le matin du 5 février à Aubenas. Une veillée funèbre a rassemblé un grand nombre de ses paroissiens à Arcens et la messe des funérailles a été célébrée, en présence de l'évêque de Viviers, de nombreux prêtres et d'une assistance très recueillie à Saint-Martin-de-Valamas. Il faut signaler la présence d'un prêtre ivoirien, l'abbé Michel Nana venu spécialement d'Italie où il fait actuellement des études ; ancien séminariste stagiaire de Joseph à Issia, il a voulu ainsi témoigner de l'estime qu'il gardait pour son ancien curé. Selon son désir, il est enterré dans le cimetière de Saint-Martin "aux côtés de mon cher ami, le père Félix Pérel", prêtre Fidei Donum en Afrique.
Recherchez .../ Search...