Société des Missions Africaines – Province de Lyon
Le Père André DESBOIS
Né le 11 avril 1927 à La Chapelle des Marais (Loire -Atlantique), diocèse de Nantes
Membre de la SMA le 25/07/1950
Ordonné prêtre le 28/06/1954
Années Lieux de travail Fonctions occupées
1955-1956 |
Ouidah, Bénin |
Professeur au petit séminaire |
1956-1957 |
Savalou, Dassa-Zoumé |
Curé |
1957-1959 |
Cotonou |
Econome du collège Aupiais |
1959-1968 |
Zagnanado, Abomey |
Curé |
1968-1973 |
Abomey, cathédrale |
Curé |
1973-1983 |
Cotonou |
Régional |
1983-2001 |
Zagnanado |
Curé |
2002-2003 |
Rezé |
Résident |
2003-2019 |
Montferrier |
Résident |
Décédé à Montferrier le 10 août 2019
à l’âge de 92 ans
Les funérailles on été célébrées le mardi 13 août à 10h15
à Montferrier (34)
André DESBOIS
Né le 11 avril 1927 à La Chapelle des Marais (Loire-Atlantique), diocèse de Nantes et baptisé le lendemain.
Il fait ses études primaires à l'école de la Chapelle des Marais de 1932 à 1939 et obtient son CEP, puis il fait quatre ans d'apprentissage aux ACL de Saint-Nazaire, de 1941 à 1945 ; il rentre ensuite au petit séminaire de Legé pour ses études secondaires, de 1945 à 1948.*
Il rentre au noviciat, à Chanly, en 1948. Il est ordonné prêtre le 28/06/1954.
1955-1956 - Ouidah, Bénin - Professeur au petit séminaire
1956-1957 - Savalou, Dassa-Zoumé - Curé
1957-1959 – Cotonou - Econome du collège Aupiais
1959-1968 - Zagnanado - Curé
Zagnanado est une mission fondée par le père Shenkel, la première à l'intérieur du pays. Zagnanado veut dire "aux portes de la nuit".
"La mission occupe l'ancien camp des Amazones dont les murs de terre rouge, hauts de quatre mètres, en forment encore aujourd'hui l'enceinte. […] Comme tout ce qui est vieux, la mission est branlante et la vieille église Saint-Benoît en terre rouge croule sous le poids de ses soixante années et sous l'action des termites. Monseigneur m'a demandé de construire une nouvelle église plus grande et plus solide. Nous avons commencé les travaux le 2 mai dernier, une église de 40 m de long sur 18 de large, toute en pierres apparentes, du granit bleu que l'on trouve à 12 km d'ici. N'allez pas vous imaginer un grand chantier avec compresseur et dynamite à la carrière, bétonnière et appareil de levage pour la construction qu'un ingénieur et architecte viendraient visiter en belle voiture ! Non, à pied d'œuvre vous trouverez seulement 4 maçons, 3 manœuvres et 4 apprentis qui ont pour tout outillage 3 houes et, chacun, une truelle et un marteau. A la carrière, vous verrez les chrétiens qui font du feu sur la pierre, pour la faire éclater et sur la route vous rencontrerez, comme au temps des cathédrales, des files de 200, 300 personnes, les hommes avec une grosse pierre sur la tête, les femmes avec une calebasse de terre ou de sable et les enfants avec une jarre d'eau. Notre église ne sera pas si belle que nos cathédrales ou que nos églises modernes de France, mais elle aura de commun avec nos cathédrales et de supérieur à nos églises d'aujourd'hui qu'elle sera l'œuvre d'une communauté chrétienne, un élan de foi au Dieu vivant." (Lettre du 25 octobre 1960)
1968-1973 - Abomey, cathédrale - Curé
En 1971, il est content de passer trois semaines de son congé à la maison de Saint-Briac. Pendant ce congé, comme il a une épaule qui se déboîte fréquemment, le médecin "a jugé nécessaire d'y pratiquer une butée : 8 jours de clinique, trois semaines d'immobilisation du bras et deux semaines de rééducation." (lettre du 25 septembre 1971)
1973-1983 - Cotonou - Régional
"Le Conseil provincial te nomme à nouveau supérieur régional des confrères sma résidant au Bénin et au Niger. […] Nous savons que, pendant les cinq années à venir, nous pourrons compter sur toi, comme par le passé, pour être auprès du Conseil l'écho fidèle et régulier de la vie de l'Eglise au Bénin et au Niger et de celle de nos confrères sma. […] Nous espérons que dans quelque temps il ne restera plus qu'un mauvais souvenir de cette série d'interventions chirurgicales que tu as dû subir et que ta santé te permettra de faire face avec dynamisme et entrain à tout ce qu'exige la fonction d'un Régional." (le Conseil, lettre du 24 juillet 1978)
1983-2000 – Zagnanado - curé
Le 16 juillet 1983, il écrit à Mgr Agboka pour lui dire que le père Michel Loiret vient d'être nommé supérieur régional et que, pour cette raison, il est libre pour un poste dans le diocèse d'Abomey "De ce fait, me voilà aussi disponible pour un retour dans le ministère et c'est avec plaisir que je reviendrais dans votre diocèse si vous pensez toujours pouvoir m'y confier un travail comme vous me le disiez lors des fêtes de votre jubilé à Abomey."
"Voilà 16 que j'avais quitté Zagnanado où j'avais travaillé, vous vous en souvenez, pendant 9 ans, de 1959 à 1968 ; je retrouve l'église qu'on y avait bâtie, l'école des filles maintenant nationalisée, le cours ménager, le dispensaire, la maison des religieuses… Je retrouve surtout beaucoup de gens connus avec lesquels nous avons bien des souvenirs communs ; ils m'ont fait un accueil des plus sympathique comme on sait le faire en Afrique. […] Me voilà parti pour vivre une nouvelle étape de vie missionnaire qui sera et durera, avec l'aide de votre prière, ce que Dieu voudra." (lettre du 15 décembre 1983)
En 1991, il y a eu 233 baptêmes à la paroisse et le diocèse a eu 7 nouveaux prêtres.
"Le mois de février a été marqué par la visite du pape au Bénin. Il a ordonné 10 jeunes prêtres à Cotonou ; parmi eux, il y avait un enfant de Zagnanado, l'abbé Angelo Laleye. La paroisse a vécu cet événement dans la joie, tout particulièrement lorsqu'il est arrivé pour célébrer sa première messe. […]
"Nous venons, le 10 décembre passé, de célébrer le centième anniversaire de l'arrivée des missionnaires à Zagnanado. La fête a été belle et grande ; nous l'avions préparée pendant toute une année de prière ouverte par une prédication dans toutes les communautés de la paroisse. Une prière spéciale pour l'année du centenaire a été diffusée en 8000 exemplaires dans la langue du pays et en français : on l'a récitée dans les familles et les communautés. Chaque village avait sa croix du centenaire ; elle passait chaque semaine de maison en maison, la communauté se réunissait autour d'elle pour prier." (janvier 1996)
Encore deux ordinations de jeunes de la paroisse en 2000. En cette même année, il a un jeune vicaire sma originaire du Centrafrique qui est chez lui pour apprendre le fon. "Sa compagnie est agréable."
En novembre 2001, il écrit au Conseil : "La relève se prépare et sera assurée; […] C'est vrai je suis le dernier sma au diocèse d'Abomey et encore un peu et il n'y en aura plus !"
En mars 2002, le Conseil prend acte de son désir de rentrer en France.
2002 - Rezé puis Montferrier en 2003
Sa dernière circulaire, celle de décembre 2002, est signée de Rezé : il a passé 47 ans au Bénin, et il remercie tous ceux qui l'ont aidé et secondé dans son travail. "Depuis mon départ, un jeune prêtre béninois, diocésain (Georges Chéou), me remplace à Zagnanado."
En 2003, Il rejoint la maison de Montferrier où il séjournera pendant 16 ans. Il est décédé en 10 août 2019 à l’âge de 92ans.
Témoignage de Rafael Marco qui a été le vicaire d’André Desbois à la cathédrale d’Abomey
Je vais à l’enterrement d’André, plein de gratitude, d’émotion et d’espérance. Plein de gratitude parce qu’il a été pour moi un père et un maître. J’arrivais pour la première fois en Afrique, à Abomey où il était le curé, en 1970, peu après mai 68 et mon ordination.
André m’a accueilli fraternellement et m’a aidé à faire les premiers pas dans un monde que j’ignorais complètement. Il m’a cherché un informateur pour apprendre le fon, m’a présenté aux gens de la mission et m’a montré les différentes activités qu’il y avait ; on visitait les villages que lui suivait : Singüe Lego, Singüe Hounto, Agbanhizoun… Il m’écoutait patiemment répéter la langue, m’encourageait, et supportait mes élucubrations fumeuses sur la nouvelle mission et ce qu’il fallait changer.
Il était sérieux, organisateur, appliqué, moi j’étais plutôt un rêveur, à l’imagination fertile, très critique, pleins de désirs de changements et de batailles sans trop savoir ce qu’il fallait changer ! Il a dû avoir une patience extraordinaire, j’étais sûrement la mouche du coche !
Je me rappelle quelques mois après mon arrivée, on a eu une assemblée diocésaine où on devait réfléchir sur « la mission et le développement ». On était là une quinzaine de prêtres diocésains et une quinzaine de missionnaires. Les débats s’échauffèrent jusqu’au moment où un prêtre béninois se dirigeant à nous les missionnaires nous dit d’une manière assez forte : » vous êtes des assassins au nom de la foi ». C’était comme une bombe qui explosait en moi. « Je retourne en Europe, je ne suis pas venu assassiner ! Attends », me répondait André, ne te laisse pas emporter par une bricole comme ça et réfléchit sur le fond de ces paroles. Attend que ton séjour de 3 ans se termine et tu verras.
J’ai attendu et j’ai découvert la blessure au cœur de ces hommes et leur histoire ainsi que la sagesse qui les habitait.
Plein d’émotion parce que ce sont les premiers moments de ma vie missionnaire et ça te marque pour toujours.
- André était un homme strict, droit, autant dans les comptes que dans l’administration et la pastoral. Il organisait ses activités scrupuleusement.
- Il aimait accueillir les confrères, il faisait tout chaque fois qu’apparaissaient les pères Dupuis, Morillon, Chipot ou Athanase le Berre. Tous les lundis, les confrères de la zone, du séminaire de Djimé, Bohicon, Saint Charles Luanga, on dînait ensemble et on jouait au « barbu » chez lui ou dans une autre paroisse. On parlait aussi de nos projets ou problèmes, le tout avec beaucoup d’humour.
- Il avait un sens profond de son identité sma, un grand respect pour les anciens et ceux qu’ils l’avaient précédés avec un une ironie et un sens de l’humour qui lui étaient naturels maissans aucune méchanceté. Il aimait ces rencontres et jouissaient de la présence des autres confrères. C’était des temps difficiles, souvent, les projets ou manières de faire ne coïncidaient pas avec celles de l’évêque. On raconte que l’évêque avait coutume d’appeler les pères Dupuis, Chipeau et Desbois « le triangle des Bermudes » à cause de leurs convictions éminemment missionnaires, parfois les discussions entre eux étaient épiques. André était le moteur de tout cela.
- Je suis plein d’espérance parce que la route qu’ils ont ouverte est toujours là et forte. Ils sont à l’origine de tellement de communautés et d’Eglises en Afrique par le don de leur vie, par leur créativité et organisation, parce qu’ils ont su encaisser des coups durs et se relever avec humilité et sérénité, parce qu’ils ont rêvé et travaillé pour les africains et parce qu’ils ont tout donné pour l’Eglise.
- Ils ont fait face à des situations difficiles, les accouchements sont toujours douloureux et on a facilement peur de faire des efforts devant l’incertitude ou les critiques acerbes : une Eglise nouvelle, un régime marxiste et un nouveau style de Mission.
- Je crois que c’est cette classe de témoins dont on a besoin aujourd’hui…
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