Société des Missions Africaines – Province de Lyon
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né le 24 août 1914 à Vitré diocèse de Rennes membre de la SMA le 28 août 1948 prêtre le 29 juin 1942 décédé le 8 avril 2005 |
1942-1947 Lécousse (Rennes), vicaire décédé le 8 avril 2005 à Saint-Aubin des Châteaux (France), |
Le père Julien GAILLARD (1914 - 2005)
Julien Gaillard est né à Vitré, en Ille-et-Vilaine, le 24 août 1914. Après de bonnes études couronnées par le baccalauréat de philosophie, il fera tout son grand séminaire à Rennes. Dès son ordination, le 29 juin 1942, il est nommé vicaire-instituteur à la paroisse de Lécousse. Ayant des contacts avec le père Gandon, il insiste pour demander à l’archevêque de rentrer aux Missions Africaines, malgré l’opposition de sa mère. La SMA l’accueille en 1946 et l’envoie au grand séminaire de Ouidah pour faire son année de noviciat.
Après son premier serment, le 28 août 1948, le père Gaillard est nommé par monseigneur Parisot directeur du premier collège catholique du Dahomey. Pendant 2 ans, il devra affronter de multiples tracasseries causées par l’administration coloniale, les propriétaires coutumiers des terrains et les rivalités socio-ecclésiales qui se disputaient ce futur collège entre Ouidah, Porto Novo et Cotonou. Le collège ouvrit en 1948, près de l’ancienne procure, dans l’école primaire des sœurs nda. Mais la première pierre du collège fut enfin posée sur l’emplacement actuel à Cotonou le 23 août 1950 et, au mois d’octobre, la première classe fut ouverte. Jusqu’en 1957, le père Gaillard s’acquittera fort bien de sa tâche de directeur et fera prospérer ce nouvel établissement qui prendra le nom de Collège Aupiais et qui aura un avenir prestigieux.
En 1957, le père Gaillard est nommé curé de la paroisse cathédrale de Ouidah, où il manifeste de grandes qualités de pasteur. Sa gentillesse, son sens de l’accueil savaient gagner le cœur des gens. Il voulait vivre pauvrement, et les jeunes prêtres qui ont été nommés avec lui ont apprécié la confiance qu’il leur faisait. Il aimait particulièrement enseigner le catéchisme aux adultes et aux enfants, mais se montrait méfiant devant le renouveau catéchétique qui commençait. En 1970, tout en restant curé de la paroisse de Ouidah, il s’oriente davantage vers le quartier de Tovè qu’il aimait beaucoup, et dont il fera une annexe de la paroisse en construisant une église dédiée à Saint Paul. Durant cette période, il entre difficilement dans le renouveau conciliaire et manifeste, de plus en plus, ses réticences à l’accepter. Monseigneur Adimou, archevêque de Cotonou, en accord avec les responsables sma, lui demande alors, en 1973, de faire une année de recyclage.
Arrivé en France, le père refuse le type de recyclage que lui propose la Province pour ne pas se laisser convertir aux mutations en cours dans l’Eglise. Il choisit d’aller étudier à Bléré, près de Tours, en milieu traditionnaliste, persuadé que l’Eglise de Rome va à la dérive à la suite du Concile Vatican II. Son année terminée, il demande à revenir à Ouidah, précisant qu’il célébrera la messe de Saint-Pie V et enseignera le catéchisme du concile de Trente. Monseigneur Adimou, ne pouvant accepter de telles exigences, lui signifie son regret de ne pouvoir le reprendre dans son diocèse.
Il décide alors de s’installer à Rennes pour animer un petit groupe de chrétiens traditionalistes. C’était en 1974. Il célèbre la messe de Saint-Pie V dans un hangar aménagé et ses paroissiens viennent de 50 km à la ronde ; il les visite régulièrement. Non mandaté par l’évêque, il célèbre 3 messes, le dimanche, pour 800 à 1000 personnes, célèbre baptêmes, mariages, enterrements.
Voici le portrait du père Gaillard tel que le décrit un journaliste de Ouest-France dans l’édition du 16/08/76 : L’homme qui ouvre la porte a la poignée de main amicale. Cheveux, moustache et barbiche blanches. Soutane noire et col dur. La soixantaine. L’accueil simple et rond d’un curé de campagne du vieux temps. Ou d’un bon père au fond de sa mission de brousse. Le père parle de sa situation à Rennes : « Ici en ville, je n’ai pas pu dire la messe, celle de Saint-Pie V, dans une église. Cela a toujours été un non catégorique de la part des autorités. Ce n’est pas de l’animosité entre nous. Je connais pas mal de confrères. J'ai fait tout mon séminaire ici. On se parle, dans la rue, quand on se rencontre. Mais on n’a pas de relations directes. Je suis vraiment à part.
Il affirme ses convictions : Les messes nouvelles me semblent tout à fait invalides. Ce n’est pas une affaire de latin ou de français. C’est à cause du rite nouveau introduit qui en modifie totalement l’intention. C’est la négation de l’Eucharistie. C’est un canon à la sauce protestante. Comme responsable de tout cela, il dénonce : L’Eglise est occupée par la franc-maçonnerie et cite les cardinaux Villot et Liénart parmi ses membres. Il assure que ce complot vise toute la doctrine. Tout est mis en cause : les sacrements, le catéchisme, la foi et les mœurs.
Malgré ses options, il tient à rester en bons termes avec les Missions Africaines, tout en gardant ses distances par rapport aux confrères. En 2003, sa santé ne lui permet plus d’animer sa communauté de Rennes. L’association Saint-Pie V le confie à une petite communauté de sœurs clarisses traditionalistes au monastère Notre-Dame-des-Anges à Saint-Aubin-des-Châteaux. Sa santé se dégradant progressivement, les sœurs l’assistent avec un dévouement admirable. Après deux séjours à l’hôpital de Châteaubriant, il décède le 8 avril 2005 au monastère. Le 11 avril, une cérémonie solennelle des obsèques se déroule dans son église de Saint-Pie V à Rennes. Il repose au cimetière de Vitré.
Les marques d’amitié reçues à l’occasion de son décès, en particulier de Monseigneur Agboton, archevêque de Cotonou, et du personnel du Collège Aupiais, témoignent fortement du rôle important que le père Gaillard a joué pour la formation des jeunes cadres dahoméens et pour le développement de la paroisse de Ouidah. Le diocèse de Cotonou a prié pour lui et rendu grâces pour son travail missionnaire.
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