Société des Missions Africaines

A Freetown (Sierra-Leone), le 9 avril 1861, retour à Dieu du père Louis Edde, à l'âge de 24 ans.

Louis Edde était né dans le diocèse de Chartres en 1837 et y avait fait ses études. Entré aux Missions Africaines en juillet 1859, il fit sa "résolution solennelle" en décembre 1860. Prêtre le 22 décembre 1860, le 29 il quittait Lyon pour Toulon où il s'embarquait le 5 janvier avec les pères Borghero et Fernandez. Le père Edde avait "plus de générosité que de forces", il avait une bien pauvre santé. Son départ dans la première équipe pour le Dahomey ne fut pas une imprudence, "puisque le docteur espérait qu'il arriverait dans les pays tropicaux avant que le mal fût irrémédiable et que la chaleur lui rendrait assez de santé pour lui permettre faire longtemps du bien". Le père Edde partait avec le titre de "procureur général de la mission du Dahomey"; en somme, il était chargé du matériel, mais le père Borghero lui avait donné ce titre "pour faire effet sur les agents consulaires."

Le voyage fatigua beaucoup le pauvre jeune prêtre et il dut être hospitalisé à Gorée du 7 au 23 février. Le père ne se rendait pas compte de la gravité de son état. Ses compagnons ne savaient que faire: "Nous ne pouvons ni le laisser ici ni le renvoyer. [...] S'il doit mourir, qu'il meure au moins entre nos bras!" Le père Edde, lui, ne voulait pas rentrer en Europe: "Je sais bien que je ne suis pas venu en Afrique pour y vivre longtemps, mais ma détermination est prise depuis longtemps."

Le 19 mars, le père Edde reprenait la mer avec ses compagnons; ils s'arrêtèrent à Freetown pour y bénir les tombes de Mgr de Brésillac et du père Reymond. Ils reçurent l'hospitalité au consulat espagnol. C'est là que le jeune père Edde mourut, miné par la tuberculose, au matin du 9 avril. Il fut inhumé près des victimes de l'épidémie de 1859. La mission du Dahomey commençait dans le deuil et le sacrifice. C'était bon signe. Le 11 avril, les pères Borghero et Fernandez repartaient pour le Dahomey...