Société des Missions Africaines –Province de Strasbourg
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né le 29 septembre 1907 à Thanvillé dans le diocèse de Strasbourg, France membre de la SMA le 29 juillet 1926 prêtre le 21 juin 1931 préfet apostolique de Korhogo le 9 septembre 1940 décédé le 9 avril 1983 |
1931-1947 missionnaire en côte d’Ivoire décédé à Reinhardsmunster, France, le 9 avril 1983, |
Monseigneur Louis WACH (1907 - 1983)
Louis Wach est né à Thanvillé, près de Villé, au diocèse de Strasbourg, le 29 septembre 1907. Il eut deux sœurs et un frère. Son père était tisserand et, exploitait avec sa famille un petit domaine de quelques champs et prairies : c’était le mode de vie à peu près général dans les villages de montagnes du Val de Villé.
En 1919, Louis Wach entra à l’école apostolique de Mozac ; la communauté de Mozac s’étant installée aux Roches le 1er octobre 1920, c’est dans cette nouvelle maison qu’il fit sa deuxième année d’études secondaires. Il continua ensuite ses études à Saint-Priest, où il fut élève de 1921 à 1924. Il fit son noviciat et ses études de philosophie à Chanly en 1924-1926, son service militaire au 152e R.I. à Sélestat en 1928-1929, quatre années de théologie au grand séminaire de Lyon en 1926-1928 et 1929-1931. Il avait prononcé son serment d’adhésion à la s.m.a. à Chanly, le 29 juillet 1926, et fut ordonné prêtre à Lyon par Mgr Cessou, le 21 juin 1931.
Le 5 juillet suivant, il célébra sa première messe solennelle au pays natal, assisté du Père Aloyse Fréring, qui avait été ordonné le même jour que lui, et de Victor Werlé, qui serait ordonné l’année suivante. Tous deux étaient des paroissiens de Thanvillé. Le Père Wicky prononça le sermon de circonstance.
Quelques semaines plus tard, il s’embarqua pour la Côte d’Ivoire, ayant reçu sa nomination pour la Préfecture Apostolique de Korhogo. C’est dans cette Préfecture qu’il fut missionnaire de 1931 à 1946, avec une interruption de juillet 1936 à septembre 1937, qui fut son unique congé. Ce congé s’était un peu prolongé : le Père passa plusieurs mois au Zinswald, où il put se reposer, et il prit part ensuite, comme délégué, à l’assemblée provinciale et à l’assemblée générale de 1937. Mais il lui tardait de retourner en missions. Dès le mois de décembre 1936, il désirait pouvoir repartir en Afrique le plus tôt possible.
C’est qu’il s’était profondément attaché au ministère de la mission. À son arrivée en Côte d’Ivoire, en 1931, il fut affecté à la mission de Katiola, où travaillaient le Père Porte et le Père Etrillard, et également le Frère Théodose qui, en 1932, commença à creuser les fondations d’une nouvelle église. La mission de Katiola avait déjà une chrétienté importante. Le travail principal du Père y fut l’école. De plus, les jeudis et les dimanches, il visitait les stations secondaires, dont on peut espérer beaucoup, écrit-il. Il se plaît bien en mission et il espère que le Seigneur lui accordera la grâce d’y rester longtemps et d’y travailler pour le mieux. Sa santé restait bonne. Il fut pourtant fortement secoué dès le début de son séjour et pendant plusieurs semaines par la fièvre. Il fallait s’acclimater et ne pas commettre d’imprudences à l’égard des rayons du soleil, des moustiques et autres ennemis en climat tropical.
En 1932, Mgr Diss, Préfet Apostolique, nomma le Père Wach pour la mission de Sinématiali, et ce fut la résidence du Père jusqu’en 1946. Bien que fondée en 1922, cette mission en était encore à ses débuts et ne comportait qu’un petit noyau de chrétiens, fervents, il est vrai, et vivant de foi. Mais de puissants obstacles s’opposaient à l’évangélisation. Le principal semble avoir été une grande peur qui opprimait les gens, surtout la peur des Chefs : un jeune n’était pas libre et, s’il voulait se faire chrétien, il ne le pouvait pas sans la permission des Chefs. D’autre part, la population tenait à garder ses coutumes et ses pratiques : celles-ci étaient des marques de la volonté des ancêtres et c’était s’exposer à toutes sortes de malheurs que de ne pas obéir aux ancêtres. La terre à défricher était ingrate, écrit à ce sujet Mgr Durrheimer, la population était des plus réservées, farouchement accrochée aux traditions des ancêtres. La vie individuelle, familiale, sociale et religieuse constituait un tout indissociable et, par surcroît, était étroitement réglementée et contrôlée par les responsables des sociétés secrètes.
Dès le début, le Père Wach se rend bien compte que la population est très réfractaire à toute influence étrangère, mais il ne veut pas désespérer de cette population, qui est capable tout de même de bien agir et de réfléchir. Il note avec plaisir qu’il y a un certain progrès, semble-t-il, dans la liberté des gens et dans la bonne intelligence entre les Chefs et les Pères. On respecte notre dimanche, écrit-il, et même les heures de catéchisme pendant la semaine, ce qui est beaucoup. Pour intéresser la jeunesse, la mission a organisé des parties de ballon : Nouveau et unique sport dans le pays (nous sommes en 1932), le ballon attire les regards des jeunes. Le Chef lui-même a donné le terrain et, ajoute le Père, il se montre satisfait de ma promesse que tous les jeunes gens du village y auront accès. De temps en temps aussi, nous donnons une pièce de théâtre, en français et en langue indigène, à laquelle assistent chaque fois les différents Chefs de villages et une foule de gens.
Une autre difficulté pour le missionnaire tenait au manque de ressources nécessaires aux constructions indispensables. Ainsi, à l’époque, en 1933, l’école n’était encore qu’une pauvre chaumière. L’église étant devenue trop petite on aurait dû l’agrandir et les fondations étaient faites, dans ce but, de longue date, mais le travail restait inachevé : que sainte Odile, la patronne de la station de Sinématiali, attire l’attention de ses généreux compatriotes en Alsace pour qu’ils viennent en aide à ce nouveau pays où elle est honorée beaucoup !
Malgré les diverses difficultés de cette situation et la lenteur de la pénétration chrétienne qui en était la conséquence, le Père travailla avec ardeur au développement moral et matériel de sa mission. Il visitait aussi fréquemment les villages pour développer les stations secondaires. Pendant plusieurs années, il fut aidé dans ce travail par le Père Nonnenmacher, qui lui était adjoint et avec qui il vivait dans une très bonne entente.
En janvier 1939, en remplacement de Mgr Diss démissionnaire, le Père Edmond Wolff fut nommé Préfet Apostolique de la Mission de Korhogo. Mais il mourut le 4 août de la même année. En septembre éclata la Seconde Guerre mondiale. Beaucoup de missionnaires furent mobilisés. Le Père Wach le fut également, dès le mois de septembre. Heureusement, le mois suivant, il fut mis en appel retardé pour une durée indéterminée et autorisé à se retirer à Sinématiali. Le 9 février 1940, il fut nommé Préfet Apostolique de Korhogo. Comme le remarque encore Mgr Durrheimer, c’était une charge plus lourde qu’honorifique. On est en pleine guerre, sans argent, avec un personnel réduit ; on est coupé de l’Europe, de nos familles et de nos bienfaiteurs.
Le nouveau Préfet Apostolique ne négligea rien pour continuer l’œuvre de ses prédécesseurs dans sa vaste Préfecture et, malgré les gênes et les embarras de l’heure, le progrès ne s’arrêta pas. De nouvelles missions furent même ouvertes dans l’Est : en 1940, Bondoukou avec le Père Pfister, Transua avec le Père Jules Meyer, et, en 1945, Tankessé avec le Père Grieneisen. Une œuvre nouvelle, celle de l’école cléricale, s’établit en 1942. Il s’agissait d’une école préparatoire au petit séminaire assurant pour cela une formation particulièrement soignée. Une telle école fut ouverte à Sinématiali le 22 avril et une autre à Katiola le 1er mai.
Ainsi donc l’œuvre d’évangélisation continua durant ces années difficiles. Ce fut une étape importante dans l’implantation de l’Église en Nord Côte d’Ivoire, une préparation immédiate aux situations qui permirent, quelques années après la guerre, l’établissement de vrais et florissants diocèses dans cette région. Mais le Préfet Apostolique n’eut pas la joie de voir lui-même sur place les fruits de son labeur. Rentré en congé en 1946, il prit part à l’assemblée provinciale de cette année. Mais il ne devait plus retourner en mission. Ce lui fut un sujet de grande tristesse. Sur cette période douloureuse de la vie du Père Wach, il faut citer encore Mgr Durrheimer : La guerre achevée, il fallait songer à rapatrier les missionnaires survivants, car plusieurs étaient morts en pleine jeunesse. Ces survivants étaient fatigués, à bout de force, anémiés par une dizaine d’années de séjour ininterrompu. Le Préfet Apostolique était très affecté par ces pertes et des privations de toutes sortes du fait de la guerre. Personnellement affaibli par divers ennuis de santé, sur quoi se sont greffés des malentendus et des incompréhensions, il se décida à rentrer en France et finalement à offrir sa démission au Saint-Siège. Ce sacrifice, le plus douloureux, il l’a fait pour l’amour de la paix et le bien de la mission. Mais c’était pour lui une heure d’agonie.
Le Père ayant donné sa démission de Préfet Apostolique le 26 avril 1947, il exerça dès lors son ministère sacerdotal en Alsace. Il est d’abord, depuis fin 1947, aumônier de la Clinique Saint-Damien de Mulhouse. Puis, en novembre 1948, il reprend un service plus actif en acceptant l’administration de la paroisse d’Aubure. En 1952 il quitte cette paroisse et vient à l’école apostolique de Saint-Pierre pour y assurer un professorat. Il devient, en 1954 (1), à la mort du Père Bader, administrateur de la paroisse de Saint-Pierre. L’assemblée provinciale de 1958 l’élit conseiller provincial. En 1959, le grand séminaire de la Province de l’Est étant rouvert à Saint-Pierre, il y est nommé professeur de théologie morale. Il assure aussi des cours de missiologie au Centre Chrétien de formation pour les Laïcs au service des pays en développement. Enfin, en 1968, il prend en charge l’administration de la paroisse de Reinhardsmunster et de l’annexe de Hengwiller.
C’est à Reinhardsmunster qu’il mourut subitement le samedi 9 avril 1983, après 15 années de service. Un samedi soir, on l’attendait en vain pour l’office dominical anticipé. Le maire du village se rendit au presbytère, accompagné d’autres personnes. Ils trouvèrent le Père inanimé. La mort remontait à plusieurs heures. Depuis la mort de sa gouvernante, l’année précédente, il demeurait seul au presbytère. Bien que souffrant, le Père avait présidé tous les offices de la semaine sainte et de Pâques. La veille de sa mort, il s’était encore rendu à l’annexe de Hengwiller pour donner la communion à un malade.
La messe d’enterrement eut lieu à l’église paroissiale de Reinhardsmunster, le 14 avril. Mgr Durrheimer, ancien évêque de Katiola, présida la liturgie des funérailles. Le Père fut inhumé ensuite au cimetière des Pères à Saint-Pierre. Selon sa volonté, ni fleurs ni couronnes, mais des prières et des offrandes pour son ancienne mission de Sinématiali en Côte d’Ivoire.
En 1946, Mgr Weber avait nommé le Père Wach Chanoine d’honneur de la Cathédrale de Strasbourg. En tant que Chef de Mission et Préfet Apostolique, le Père Wach portait le titre de Monseigneur, et on continua à l’appeler ainsi après sa démission. Cependant, l’habitude s’en perdit peu à peu. N’étant pas évêque et n’exerçant plus les fonctions de Chef de Mission, il ne tenait pas à en garder les marques honorifiques, si modestes et si méritées soient-elles. C’est pourquoi, en fait et tout simplement, il est resté parmi nous : le Père Louis Wach. Pour résumer sa belle vie, on peut à bon droit citer le verset du psaume : Zelus domus tuae comedit me. Suivant les traces du Sauveur, à l’exemple des saints apôtres, il fut dévoré par le zèle de la maison de Dieu, il s’est dépensé toute sa vie pour la cause de Dieu.
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note 01 Père Bader = 10.03.1954. Le Père Wicky administra la paroisse de mars à juillet 1954
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