Société des Missions Africaines – Province de Strasbourg
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né le 19 juin 1887 à Itterswiller dans le diocèse de Strasbourg, France membre de la SMA le 15 juin 1912 prêtre le 13 juillet 1913 décédé le 10 avril 1978 |
1913-1952 missionnaire au Nigeria décédé à Strasbourg, France, le 10 avril 1978, |
Le père Eugène SIRLINGER (1887 - 1978)
Eugène Sirlinger est né le 19 juin 1887 à Itterswiller, au diocèse de Strasbourg. Il fut de bonne heure orphelin : son père mourut peu de temps après sa naissance et, âgé de cinq ans seulement, il perdit aussi sa mère.
Il entra à l’école apostolique de Keer (Pays-Bas) en 1902 et il y fit ses études secondaires jusqu’en 1908. Après une année de noviciat à Chanly (Belgique) en 1908-1909 et quatre années au séminaire de théologie à Lyon en 1909-1913, il fut ordonné prêtre le 13 juillet 1913 par Mgr Pellet. Il avait fait le serment s.m.a. à Lyon le 15 juin 1912.
1913-1922. - En novembre 1913, le Père Sirlinger partit pour la mission de Shendam avec Mgr Waller et le Père Donat Schelcher. Les missionnaires s’embarquèrent à Boulogne-sur-Mer le 10 novembre. Après 45 jours de voyage, ils arrivèrent à leur destination le matin de Noël. Ce 25 décembre, le P. Monpoint, qui était à la mission, fut heureux d’accueillir ses confrères. L’arrivée revêtit une certaine solennité car, rapporte le coutumier, le roi de Shendam et toute sa suite formaient cortège autour des Pères. Le 26 décembre, il y eut un Salut du Saint-Sacrement, que le Père Sirlinger présida et, dit encore le coutumier, désormais le Saint-Sacrement fut permanent dans la chapelle de la mission.
La mission de Shendam avait débuté en 1907. La prédication de l’évangile y était difficile. Au commencement même, les gens, qui n’avaient pas encore vu d’Européens, s’enfuyaient à l’approche des missionnaires. Dans un territoire jusqu’alors inconnu des missionnaires, ceux-ci devaient s’appliquer d’abord à connaître le pays et ses habitants, à étudier le langage et les coutumes. En outre, ils avaient à s’assurer le pain quotidien, et pour cela, sans provisions de France, il fallait demander au pays même, un pays pauvre, les moyens de vivre. Les Pères se firent paysans et pasteurs. Sans nos champs et nos troupeaux, la mission de Shendam n’aurait pu exister, écrivait plus tard le Père Mouren, un des trois premiers missionnaires de 1907.
Quand le Père Sirlinger arriva, en 1913, la situation s’était améliorée. Mais longtemps encore il dut s’adonner au travail manuel varié qu’exigeaient les conditions de vie de la mission. Sous la conduite du Père Schahl, il apprit toutes sortes de métiers : charpentier, menuisier, forgeron, maçon. Il était aussi un remarquable infirmier. D’autre part, il travailla intensément l’étude des langues du pays : il devint un spécialiste du haoussa et du goëmaï. La mission de Shendam demandait une grande patience et beaucoup d’endurance. Certes il y avait eu des progrès. Dès 1909, on avait pu ouvrir une station secondaire à Demshi, à l’ouest de Shendam. Cependant le véritable travail apostolique ne pouvait s’exercer que difficilement et, même à la longue, sans résultats visiblement de grande ampleur.
C’est donc grâce à un rude travail que la mission de Shendam put subsister. Le 10 juin 1914, un premier mariage chrétien fut célébré à la mission. En août 1914, éclata la guerre. Les Pères continuèrent à garder leurs postes comme auparavant, se confiant, dirent-ils, à la libérale Angleterre, et ils ne furent pas inquiétés. En 1916 cependant, il y eut une alerte, mais provenant d’une tribu voisine, les Montoïls, qui pendant plusieurs jours assiégèrent la mission : les Pères durent prendre leurs dispositions pour n’être pas surpris pendant l’obscurité de la nuit. Ce fut la seule fois qu’ils furent dérangés dans leur paisible travail. En novembre 1916, ils commencèrent à creuser les fondations d’une nouvelle chapelle, à l’est de la grande maison. Cette chapelle fut terminée en janvier 1917 et, le 13 février, pour la première fois la sainte messe y fut célébrée.
Le Père Schahl partit pour un congé en 1919 et il assista à l’assemblée générale de la Société. Pendant son absence, le Père Sirlinger le remplaça comme supérieur de la mission de Shendam. Le 19 septembre 1919, une dure épreuve accabla les missionnaires : le matin même, le Père Monpoint, à Demshi, trouva le corps sans vie du jeune Père Schelcher, mort subitement durant la nuit. Le Père Sirlinger se rendit immédiatement à Demshi. Lui et le Père Monpoint chantèrent une messe de Requiem, puis ils ensevelirent leur confrère dans une tombe creusée à côté de la chapelle.
À Shendam, le Père Sirlinger continue son travail missionnaire. Il visite les familles, il prend soin des malades. Comme Mgr Waller, il rayonne également vers le nord du pays, les Pères ayant remarqué au cours de leurs voyages, qu’il y a à Jos et à Kano de nombreux chrétiens qui seraient heureux de posséder des missionnaires parmi eux.
Au mois de septembre 1920, le Père Schahl revint de congé. À ce moment, le Père Sirlinger avait étendu son activité à une autre œuvre, celle des écoles. Jusqu’en 1919, Mgr Waller n’avait pas voulu d’écoles dans sa Préfecture. Il ne pensait pas que l’école pourrait être un élément utile d’une bonne méthode d’évangélisation. Lorsque, lors du départ en congé du Père Schahl, il proposa au Père Sirlinger d’être par intérim supérieur de la station de Shendam, le Père Sirlinger accepta, mais à une condition : qu’il puisse ouvrir une école. Le Préfet Apostolique hésita encore, puis finalement il céda et accorda l’autorisation. En 1919 donc, on ouvrit la première école, avec 20 élèves. Ce ne fut pas sans difficultés. Les deux professeurs, les Pères Sirlinger et Monpoint, avaient du mal à réunir leurs écoliers. Les parents aussi étaient hostiles pour la plupart. Cela dura jusqu’à ce que des élèves, sortis avec succès, obtinrent une place bien rémunérée dans l’administration officielle. Alors tous les chefs autour de Shendam voulurent avoir une école dans leur village. Le Père Sirlinger en ouvrit plusieurs dans la région. Il s’en occupait sérieusement. S’ajoutant aux diverses et difficiles activités missionnaires des Pères, l’ouverture des écoles ne fut pas étrangère à un certain progrès de la foi chrétienne. Ce furent des élèves baptisés qui commencèrent à former une chrétienté chez les Ankwés.
En février 1922, le Supérieur Général, Père Chabert, qui avait passé à Kano avec Mgr Waller, arriva à Shendam. Il y resta une huitaine de jours. On pouvait se demander ce qu’il penserait de la mission car avec critique on s’étonnait du genre de vie pastoral et paysan des missionnaires de Shendam. Cependant les impressions du Supérieur Général furent bonnes. C’est avec plaisir qu’en se promenant le soir après le souper, il alla voir le troupeau de vaches laitières. Il admira également les bâtisses de la mission, à la fois simples et solides. Il repartit le 18 février. Le Père Sirlinger quitta aussi Shendam pour venir se reposer en Europe, la première fois depuis 1913. Il prit le bateau de retour le 18 mars 1922.
1922-1931. - Durant son premier congé, le Père Sirlinger fut surveillant d’étude à l’école apostolique de Bischwiller, du 28 septembre 1922 au 11 avril 1923. Il fit ses adieux à Bischwiller le 18 avril, s’embarqua le 5 mai à Marseille et arriva, tout souriant, à Shendam le 20 juin. À cette époque Mgr Waller résidait souvent à Kano. Le Père Schahl était supérieur de Shendam. Quant au Père Sirlinger, il eut beaucoup à s’occuper des écoles. Le 25 août 1923, il ouvrit une école quasi-secondaire pour permettre à quelques élèves de faire plus de progrès.
Mais en même temps, il participa activement à l’évangélisation de la Préfecture. De nouvelles stations étaient fondées. Les Pères avaient aussi à s’occuper des chrétiens étrangers de passage dans la Préfecture. C’est ainsi qu’en 1924, le Père Sirlinger fut chargé d’étudier les moyens d’être utile aux ouvriers qui travaillaient à la construction de la voie ferrée qui, de Port-Harcourt sur l’Atlantique, conduisait vers le nord. Celle-ci traversait la Bénoué à Makurdi et, à partir de là, entrait sur le territoire de la Préfecture de Shendam. Parmi les ouvriers, il y avait des chrétiens, venant surtout du sud nigérian et du Cameroun. Ils étaient environ trois cent, répartis dans divers campements. Le Père Sirlinger se rendit à Makurdi, où il arriva après huit jours de chevauchée et une journée de pirogue. Saintes messes et baptêmes, confessions, conférences et leçons de catéchisme, soin des malades occupèrent largement le temps de son séjour parmi les travailleurs.
En mai 1925, le Père Schahl devint pro-Préfet de la Préfecture de la Nigeria orientale et il résida désormais à Kano, comme supérieur de cette station. Mgr Waller rentra en France, après avoir béni, le 3 mai 1925, à Kano, une église et une maison d’habitation pour les missionnaires. Le Père Sirlinger restait à Shendam avec le Père Monpoint. Il fut même seul à Shendam lorsque, en 1928, le Père Monpoint rentra en congé en France. L’isolement devait être assez pénible, d’autant plus que, à cette époque, le Père Sirlinger tomba malade.
Mgr Waller, sa santé s’étant degradée, n’avait pu retourner en Nigeria depuis son départ en 1925. Il offrit sa démission de Préfet Apostolique en 1927. Elle devint effective le 18 juillet 1929. La Préfecture de la Nigeria orientale fut agrandie des territoires de la Nigeria occidentale situés au nord du fleuve Niger et elle s’appela Préfecture Apostolique de la Nigeria septentrionale. Mgr O’Rourke devint Préfet Apostolique (1929-1930) et, en 1930, Mgr Porter lui succéda. Le Père Sirlinger restait néanmoins très actif dans la Préfecture. Lorsque, en 1929, la station de Jos fut fondée, c’est lui qui construisit la maison d’habitation des missionnaires. À cette époque, fort heureusement, l’évangélisation, partie de Shendam, allait pouvoir prendre plus d’ampleur, grâce à l’arrivée d’un important renfort d’ouvriers apostoliques : des Pères de la Province s.m.a. d’Irlande. Mgr O’Rourke était arrivé à Kano avec les premiers Pères irlandais en octobre 1929.
1931-1952. - Le Père Sirlinger rentra en congé en France pour la deuxième fois au printemps de 1931. Il participa à l’assemblée générale de la Société, qui eut lieu à Lyon en juillet-août. À l’automne, il fut nommé à l’école apostolique de Haguenau pour la surveillance de l’étude et il exerça cette charge pendant toute la durée de l’année scolaire. Celle-ci achevée, il repartit, après une belle cérémonie d’adieux qui eut lieu à Haguenau le 25 septembre 1932.
Bientôt il écrivit de Jos : Me voilà de nouveau au pays de mes rêves. Je suis très content d’être de nouveau ici. Lorsque je suis arrivé à Jos, Mgr Porter m’attendait déjà pour que je commence les travaux de l’église. Un abondant matériel venu d’Angleterre était là depuis des semaines. Je me suis donc mis immédiatement au travail. Et quel travail ! Mais je suis heureux d’avoir beaucoup de travail. Cette église me donnera de nombreux mois de fatigue et de peine, mais ma seule ambition et ma vraie récompense, ce sera que le divin Maître aura un nouveau temple où les âmes pourront venir l’adorer. À Haguenau, à l’école apostolique, ce ne m’a pas été désagréable, mais maintenant seulement, je suis de nouveau dans mon véritable élément et, s’il plaît à Dieu, je serai heureux ici de nouveau pour plusieurs années. L’église de Jos fut bénie solennellement par Mgr O’Rourke, venu de Lagos, le 8 octobre 1933.
En 1934, la Préfecture de la Nigeria septentrionale fut divisée en deux Missions : la Préfecture Apostolique de Kaduna avec Mgr Hughes comme Préfet Apostolique et la Préfecture Aposto¬lique de Jos avec Mgr Lumley. Le Père Sirlinger demeure à la Préfecture de Jos. En 1937, il est à Kwandé. C’est de là que, en avril 1937, il repart en congé. Il accompagne cette fois le Père Schahl. Le voyage se fait par la Trans-saharienne, en autocar de Kano à Alger.
En juillet 1937, le Père Sirlinger prend part à l’Assemblée générale de la Société à Lyon. Au début d’octobre, il vient à la maison de Haguenau pour y passer l’hiver. Il y occupe une chambre dans le bâtiment des ateliers et il trouve un abondant travail à la menuiserie, atelier que le Frère Jean quitte pour entrer à l’École professionnelle de Lomé. Il prête son concours à divers ministères pastoraux que les paroisses environnantes demandent occa-sion¬nellement au supérieur de l’école apostolique.
Le 28 mai 1938, il s’embarque à Marseille pour retourner au Nigeria. Il est de nouveau à Shendam, d’où il écrit bientôt : Je me suis bien plu à Haguenau, mais il me tardait de revoir ma mission. Quand on a souffert dans un endroit pendant 25 ans, on s’en détache très difficilement. La mission de Kwandé est encore fermée. J’ai un grand faible pour cette station, mais j’ignore si on va rouvrir cette maison.
Il célèbre son jubilé sacerdotal d’argent à Jos, le 21 août 1938. Puis, la mission de Kwandé ayant été rouverte, il s’y rend au début de 1939. Il fut très malade cette année-là, au point qu’il dira plus tard : On croyait à ma fin. Pendant 49 jours il fut hospitalisé à Jos. Il retourna à Kwandé le 31 octobre 1939, après quelque temps de convalescence à Kano. Et c’est à Kwandé qu’il résida, seul, durant toute la guerre et jusqu’au 6 avril 1946. Mais il commençait à être sérieusement fatigué. Par deux fois, en 1945, il dû être encore hospitalisé. Le 20 janvier 1946, il écrivait à Kwandé : Je ne peux plus faire que péniblement ces longues et pénibles journées à cheval que nécessite la visite de nos écoles de brousse. Il rentre en France en été 1946. Dès septembre, il demande à retourner dans sa mission, mais doit attendre jusqu’au printemps de 1947 et reste à Haguenau. En mai 1947, il assiste à l’assemblée générale à Rome, comme délégué de la mission de Jos. Il retourne ensuite au Nigeria.
Après son retour en Nigeria en 1947, le Père Sirlinger devient, selon son expression, un missionnaire vagabond, allant d’une mission à une autre presque chaque année, dit-il. Nous le trouvons à Kafanchan en 1948, à Kagoro en 1949, à Zawan au printemps de 1950. Zawan est une mission nouvellement fondée, d’où il écrit au mois de juillet 1950 : Tout mon travail consiste à étudier la langue et à soigner les malades. Je passe presque toutes les matinées entièrement au dispensaire... Je suis heureux et content de mon nouveau poste. Le 16 mars 1952, une lettre de Kwandé signale qu’il est en train de terminer son sixième catéchisme en langue indigène, avec Évangiles, grammaire, etc. Les fréquents changements de résidence étaient en effet motivés par les travaux linguistiques auxquels le Père Sirlinger était occupé de plus en plus intensément.
Lorsqu’il était arrivé à Shendam, en 1913, il s’était mis dès son arrivée à l’étude des langues. Les langues et dialectes étaient innombrables à cette époque dans la région et le fait de les ignorer était un sérieux handicap à l’évangélisation. Ce fut un grand mérite du Père Sirlinger de fournir à ses confrères et aux communautés chrétiennes les livres nécessaires pour l’évangélisation dans les langues du pays.
À ce sujet, l’Appel de l’Afrique, numéro spécial 1986 (Missions Africaines) écrit, sous le titre Polyglotte pour dire Dieu au Nigeria : Le Père Sirlinger a travaillé six langues différentes : haoussa, gœmaï, gworok, bérom, anga et érom... Il a laissé en outre de courtes grammaires et des dictionnaires abrégés ! en gœmaï, gworok, bérom et anga... Ses livres furent longtemps les uniques textes imprimés dans ces langues... Eugène Sirlinger, en même temps qu’il a révélé aux gens du centre du Nigeria l’amour et la tendresse de Dieu, leur a révélé aussi les trésors de leur culture et par le fait même, leur dignité...
Il ne sera pas de trop de citer encore quelques passages d’un article que le Nigerian Catholic Herald publiait déjà en 1947, sous le titre Un spécialiste des langues africaines. Nous y lisons : La Préfecture Apostolique de Jos, avec ses 300 000 km2 couvre plus du quart de la Nigeria anglaise. On y parle 200 dialectes, ce qui constitue une énorme difficulté pour la diffusion de la foi et l’éducation de ces peuplades... Le Père Eugène Sirlinger s.m.a., qui depuis 1913 a toujours vécu dans la Nigeria du Nord, est sans contredit la plus haute autorité pour les langues de cette région... Il a passé la plus grande partie de sa vie de missionnaire dans le cercle de Shendam, au sud-est du plateau de Jos. Les gens du pays sont émerveillés par la connaissance qu’il a de leur langue gœmaï : jamais encore un Européen ne l’avait sue avec une telle perfection. Grâce au Père Sirlinger, le gœmaï est désormais une langue écrite, comptant, entre autres livres, une grammaire très complète, un dictionnaire, un catéchisme, un livre de prières et de cantiques, la traduction du Nouveau Testament et celle des Épîtres et Évangiles du dimanche...
En 1952, le Père Sirlinger, partant de Lagos le 24 mai, quitta définitivement le Nigeria. Il fut vivement regretté là-bas, comme en témoigne, entre autres, une lettre qu’écrivit le Préfet Apostolique Mgr Lumley et où il disait : Nous sommes tous profondément tristes à l’idée de perdre un si excellent prêtre, missionnaire et confrère. Il y avait des larmes dans les yeux de tout le monde lorsqu’il a quitté Jos. Et lui-même trouva très dur de se séparer d’ici. C’est une terrible perte pour notre Préfecture... Il était très aimé et très admiré chez les Pères ici. Il a été pour nous tous un exemple extraordinaire... J’ai le cœur brisé de le perdre.
1952-1958. - Le Père Sirlinger avait été le dernier Père de notre Province de l’Est en Nigeria. Il prit part à notre assemblée provinciale de 1952. Il y fut élu conseiller provincial. Pendant les six années suivantes, il fut supérieur de l’école apostolique de Saint-Pierre. Puis il voulut retourner en Afrique.
1958-1965. - Le 26 octobre 1958, le Père Sirlinger quitta Saint-Pierre pour Lyon et de là, pour Marseille, où il s’embarqua le 30 octobre. Il se rendait au Togo, comme aumônier des Sœurs NDA qui s’occupaient des lépreux dans la région de Kolowaré, au diocèse de Sokodé. Il arriva à destination le 12 novembre. Kolowaré était un village de quelques centaines de lépreux, dont certains très malades. Parmi eux, quelques dizaines étaient chrétiens. Il y avait une belle chapelle. Deux fois par semaine, écrit le Père, il y a classe de catéchisme et une fois classe de chant. Et le dimanche, nos chrétiens chantent la messe des Anges comme de vrais anges. Il y avait aussi une petite école, avec des d’enfants auxquels le Père donnait des leçons d’anglais.
Au début de 1961, Mgr Reddington invita le Père Sirlinger à venir à Shendam afin qu’il puisse revoir les siens encore une fois. Il avait appris que le Père était maintenant de nouveau en Afrique. Mgr Reddington était le successeur de Mgr Lumley à Jos et le territoire de Jos avait été érigé en diocèse en 1953. Le Père Sirlinger accepta l’invitation et il passa un mois à Shendam. Il y arriva un dimanche matin, écrit Mgr Strebler. Toute la chrétienté était réunie pour l’enterrement d’un des premiers baptisés de Shendam. Le Père dit la messe, et prêcha, comme s’il n’était jamais parti.
Puis il vint reprendre son ministère à Kolowaré. Le jour de Noël 1963, il fêta, avec le Père Diebold et les religieuses de la léproserie de Kolowaré, le 50e anniversaire de son ordination sacerdotale.
Mais l’âge aussi faisait sentir son poids. En 1965, il avait 78 ans et sa santé faiblissait beaucoup. Le médecin consulté, il dut se résigner à quitter l’Afrique.
1965-1978. – Le Père Sirlinger prit l’avion en compagnie du Père Charles Cuenin et arriva à Entzheim le 25 juillet 1965. Il passa à Saint-Pierre, puis il alla à Eschau, où il resta quelque temps chez des amis. Enfin, le 10 octobre, il vint demeurer définitivement à Saint-Pierre. En 1966, le vénéré Père Schahl, avec qui il avait tant travaillé pour la mission depuis sa lointaine arrivée à Shendam en 1913 devait l’y rejoindre. Ensemble ils avaient été missionnaires, parmi les premiers évangélisateurs de la Nigeria du Nord.
Le Père Schahl mourut à Saint-Pierre le 16 décembre 1969. Le Père Sirlinger vécut encore près de 9 ans. Mais peu à peu ses forces l’abandonnèrent. Il perdait la mémoire. Le 21 janvier 1976, rapporte Mgr Strebler, il eut un petit accident en se rendant à la tombée de la nuit à Epfig, localité voisine de Saint-Pierre. Il ne remarqua pas une voiture qui le heurta. À partir de ce temps, il dut être hospitalisé d’une façon permanente, n’étant plus sûr de lui-même. En 1976-1978 il le fut à l’hôpital d’Erstein et le 7 avril 1978, son état devenant plus grave, il fut transféré à l’hôpital civil de Strasbourg. C’est là qu’il mourut, le 10 avril 1978, âgé de 90 ans.
Ses obsèques furent célébrées à Saint-Pierre le 14 avril. Mgr Strebler prononça l’homélie au cours de la messe concélébrée, à laquelle prirent part également, avec plusieurs confrères, Mgr Durrheimer et Mgr Lingenheim.
Lorsque, avant son départ pour Shendam en 1913, le Père Sirlinger rendit visite à la famille de Mgr Waller à Bennwihr, la vieille maman du Préfet Apostolique leur dit, à lui et au cher Père Donnat qui l’accompagnait : Je vous plains. Elle voulait dire par là sa compassion et sa sympathie à la pensée des épreuves que devraient accepter les deux jeunes missionnaires. Elle connaissait sûrement, l’excellente maman, par les écrits de son fils, la dure situation dans la mission de Shendam. Aussi aura-t-elle accompagné de sa prière ceux qui allaient ainsi résolument vers une vie de travaux pénibles. Nous savons avec quelle générosité les deux partants de 1913 ont accompli leur tâche ardue de missionnaires. Et nous, qui avons eu la joie de connaître le vaillant Père Sirlinger, si dévoué, si bienveillant de cœur pour ses confrères, nous remerçions le Seigneur pour l’édification que nous a donnée son fidèle missionnaire et pour tout le bien que son zèle et sa charité ont réalisé chez les peuples de l’Afrique. Au Nord Nigeria, le Père Sirlinger n’a pas été oublié. À l’annonce de son décès, un service liturgique fut célébré à sa mémoire à la cathédrale de Jos, comme à Schendam. À Schendam, la “coupe Sirlinger” met encore aujourd’hui les équipes de football locales en compétition.
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