Société des Missions Africaines – Province de Lyon
![]() |
né le 17 avril 1925 à Halma (Belgique) dans le diocèse de Namur membre de la SMA le 8 juillet 1944 prêtre le 17 février 1948 décédé le 11 avril 2011 |
1948-1949 Baudonne, économe décédé à Montferrier-sur-Lez, le 11 avril 2011, |
Le père Marcel MAHY (1925 - 2011)
"On gardera de cette grande figure de la deuxième génération des fils spirituels de Mgr Melchior de Marion Brésillac le souvenir du pasteur proche de ses fidèles, les accompagnant peut-être avec un peu trop de sollicitude : il pouvait appeler par leur nom 80% des chrétiens de sa paroisse, et, comme le soulignait feu Mgr Mensah, à l'occasion de son jubilé d'or sacerdotal, il les connaissait jusqu'à la couleur de leur livret. Et pour cause : il les a catéchisés, baptisés, enseignés, mariés, éduqués dans la foi et à la vie !" Ces lignes du père Georges Laïlo, prêtre nago de la paroisse de Sakété, aujourd'hui prêtre dans le diocèse de Lyon, disent à leur manière ce que Jésus disait du bon pasteur : "Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent."
Belge, originaire de Halma, dans les Ardennes au sud du pays, 4e garçon de la famille - deux filles viendront par la suite - il est baptisé le 18 avril 1925, le lendemain de sa naissance, et il note : "Le 18 avril est aussi la date de l'arrivée des premiers missionnaires des Missions Africaines au Dahomey ; c'est aussi la date des premiers baptêmes à Sakété en 1921. Lorsque ces dernières considérations m'ont été connues, j'étais prêtre depuis longtemps : elles ne peuvent pas avoir été comme une sorte de prédestination ou obligation d'être prêtre. […] Moi j'y vois comme un des clins d'œil de Dieu. […] Selon les dires de maman, j'aurais été, parmi les garçons, le plus facile à élever et le plus calme. Pourquoi ? Peut-être parce qu'il y en avait trois avant moi qui commençaient à bouger et dont il fallait s'occuper. Je serais resté dans le berceau constamment souriant et babillant." (ses souvenirs)
Dès l'âge de trois ans et demi, il va à l'école gardienne ; c'est ainsi que l'on nomme chez eux l'école maternelle. Pour s'y rendre, il doit faire presque deux kilomètres à pied chaque matin, à partir de la ferme paternelle, conduit par son "grand" frère Louis qui le précèdera plus tard aux Missions Africaines. A cet âge, il est déjà demi pensionnaire et il précise que parfois les sœurs lui donnait de la soupe qui ne lui plaisait pas beaucoup. En 1931, il entre à la grande école, l'école primaire des garçons où il va rester six ans, jusqu'en 1937. Malgré son jeune âge, il raconte comment tous ses temps libres sont occupés par les travaux de la ferme : bêcher le jardin, planter les pommes de terre, couper les haies, faucher la luzerne, battre le grain au fléau, s'occuper des bêtes : apparemment, il aimait ça. Il s'émerveille devant l'arrivée de l'électricité à la ferme en 1930, ou la découverte de la radio en 1931. Il appréciait peu le froid, car les hivers sont rudes dans les Ardennes : le soir, on entourait le poêle : "On avait chaud devant, mais froid dans le dos."
Il ne reste que trois ans au collège Saint-Joseph, à Virton où il entre en 1937, car en mai 1940 il connaît l'exode. Les Allemands viennent d'envahir la Belgique : il faut fuir en France. Pour quelques mois, son papa trouve à s'embaucher comme garçon de ferme dans les Vosges, à Gigneville, où la famille loge dans un ancien poulailler. Heureusement, cela ne dure pas trop et, dès le mois d'août, la famille est de nouveau réunie à Halma. Marcel entre alors à l'école apostolique de Ave en octobre 1940. Il aurait dû rentrer en classe de troisième, mais, la classe n'existant pas, il est mis dans le groupe des grands, avec ceux qui devaient être en seconde ou en première, et, en 1942, comme ils ne sont plus que deux "grands", Marcel et Henri Desseille (Henri ne continuera pas dans la SMA, mais son frère Ernest sera missionnaire au Congo puis au Dahomey), il leur est demandé de commencer leur noviciat à Chanly : Marcel n'a que 17 ans. A 19 ans, il fait son premier serment et il reste encore une année à Chanly pour y faire sa première année de théologie. Partout, on note que c'est un excellent élève, doué d'une intelligence supérieure à la moyenne, très sociable et très apprécié de ses confrères. En 1948, il est ordonné prêtre par le cardinal Gerlier dans la chapelle du 150 et reçoit comme première nomination le poste d'économe à Baudonne. Il n'y reste qu'une seule année.
En août 1949, à sa grande joie, il reçoit sa nomination pour Cotonou, mais l'état de santé de son papa l'inquiète et il demande que son départ soit un peu retardé. En septembre, c'est sa maman qui décède. Régler les problèmes de succession, aider son papa à se soigner (il meurt en 1958), des raisons qui font que le Conseil provincial lui demande de se rendre à Ave "en remplacement numérique du père Georges Lejeune qui reçoit une autre affectation ". (23/01/50)
Il en profite pour s'initier au ministère en paroisse. Il doit aussi régler la question de son service militaire avant de partir en Afrique. Heureusement pour lui, "les docteurs de l'hôpital de Namur m'ont jugé inapte définitivement pour le service militaire. Dans les raisons d'exception, il n'y a rien qui puisse empêcher un prochain départ en Afrique," écrit-il au Conseil provincial. (25/05/51) En conséquence, le Conseil le met à la disposition de Mgr Parisot pour le vicariat de Ouidah. Dans son dossier, on trouve cette note du provincial : "Sujet à mettre dans le ministère, malgré ses prétentions à l'enseignement où il lui serait difficile de réussir. Ne manque pas de moyens, mais doit être mis dans un poste où il sera encadré et son travail contrôlé."
Il passe son premier séjour à Sakété dans le diocèse de Porto-Novo et a pour curé le père Barottin avec qui il s'est toujours très bien entendu et pour lequel il avait beaucoup d'estime. Dès son arrivée, il se met à l'étude de la langue et il participe à toutes les activités de la paroisse. Dans ses souvenirs, il raconte ses premières leçons de catéchisme à l'école, ses premières nuits dans les villages qu'il visitait. Il est curieux de tout ce qu'il découvre sur les hommes et leurs coutumes, sur les familles, sur le pays, sur les cultures. Six mois après son arrivée, après examen, il obtient la permission de confesser, ce qui suppose qu'il commençait à posséder le yoruba. Moins de deux ans après son arrivée, le père Barottin le juge capable de tenir la paroisse et décide de prendre son congé. Le lendemain de son départ, Joseph, un ancien catéchiste lui dit : "Mon père, tu es tout seul maintenant, il faudra démierder (sic)". Peu avant de partir à son tour en congé, il écrit sa satisfaction devant le travail accompli : "A Sakété, les progrès sont constants, mais trop souvent nous rencontrons sur notre route les musulmans et, depuis quelques années les multiples sectes protestantes. Depuis le 1er juillet 1953, nous avons quand même administré plus de 500 baptêmes d'adultes et d'enfants et célébré 40 mariages ; sur les 7000 baptisés, nous avons plus de 1500 pascalisants."
C'est sur la demande du Conseil général qui veut encourager le projet de la fondation d'une Province belge (en envoyant des confrères au Congo), que le père Mahy, malgré sa demande de retrouver le Dahomey à la fin de son congé, demande appuyée par son évêque et le père Barottin, se voit nommé au Congo. Même le provincial n'y peut rien : "Je suis désolé, mon cher père, que votre désir ne puisse se réaliser, mais personnellement je ne puis rien, ni le Conseil provincial, contre la décision du Conseil généralice." (22/07/55) Il va y rester trois ans et n'en gardera pas un souvenir merveilleux. "Ce que je n'ai pas aimé au Congo, c'est la méthode d'apostolat imposée par les jésuites qui commandaient la pastorale : cette méthode ne ressemblait en rien à ce que j'avais connu au Dahomey ; pendant trois ans au Congo, je ne me suis occupé que de l'école, je n'avais pas de communauté au milieu de laquelle j'aurais à vivre et à connaître ses problèmes. Notre mission et ses infrastructures étaient établies en dehors de toute agglomération ; on ne voyait pas les gens vivre dans leur milieu ; j'aurais voulu être missionnaire et aller au milieu des païens annoncer la bonne nouvelle ; je ne l'ai pas fait au Congo." En août 1958, sans prendre de congé en Belgique, il retrouve Sakété, mais pour quelques mois seulement, car en décembre il est nommé curé de Pobè où il va rester dix-sept ans, jusqu'en 1975.
Toujours en bonne santé, infatigable pour la catéchèse, la formation des catéchistes, le travail, les visites dans les villages, il s'investit beaucoup à Pobè dans la construction d'une nouvelle église. Dans ses souvenirs, il raconte que, en juin 1969, Mgr Gantin, administrateur apostolique du diocèse de Porto-Novo depuis la démission de Mgr Boucheix en janvier, était venu à Pobè pour les confirmations : "Je lui demandai de venir un jour bénir la première pierre. Il me répondit ceci : "Dans ce pays, on a béni beaucoup de premières pierres, mais souvent on n'a pas vu la seconde ; ce n'est pas la première, mais la dernière qui m'intéresse." Avant de me quitter, il me donna un chèque de 500.000 francs ; avec cette somme, je pus acheter tous les bacs en aluminium pour la toiture de l'église." En 1970, il peut envoyer des photos de l'église en construction et demande de lancer un appel financier dans l'encart de "Peuple du Monde". Il ajoute dans une lettre de 1972 : "Il faudra aussi construire un presbytère convenable près de la nouvelle église. […] J'ai actuellement ouvert plus de 10 centres pour l'évangélisation des Hollis. […] Ma santé reste bonne, meilleure qu'autrefois."
Digne fils de Mgr de Brésillac qui avait dit : "Malheur aux pays qui ne voient que des missionnaires," il raconte comment il a envoyé des jeunes de sa paroisse à une journée d'éveil pour les vocations sacerdotales. "Parmi ceux que j'ai envoyés, […] Nicolas Hazoumé ne m'avais jamais dit qu'il voulait aller au séminaire, ni qu'il voulait être prêtre ; c'est moi qui l'ai appelé, je le suivais depuis quatre ans. J'avais remarqué son bon travail à l'école et son sérieux dans son comportement. Je l'ai appelé un peu comme Jésus a appelé Mathieu ; ses parents, de bons chrétiens, informés, étaient réticents : l'objet de leurs réticences était les dépenses qu'il fallait assurer pour rentrer au séminaire. On rassura les parents ; on leur fit comprendre que ce qu'ils ne pourraient pas faire dans ce domaine, le diocèse et la paroisse le feraient. Nicolas a fait de bonnes études au petit, au moyen et au grand séminaire et a été ordonné en 1984. Après avoir fait du ministère à Sainte-Anne d'Ataké, deux fois curé doyen à Azowlissé, curé à Banigbé et à Kétou, il a été envoyé en France pour des études de théologie ; revenu au Bénin en 2005, il est recteur du séminaire de Djimé." (ses souvenirs)
Avant de quitter Pobè, parlons du village d'Ahoyeye, situé à 4 km de Pobè, à la bordure des terres marécageuses. Le père écrit : "Ce village a été visité pendant longtemps ; le catéchiste, Michel Laleye s'y est dévoué pendant plusieurs années, mais manque de résultats, il s'est découragé et a abandonné. Mgr Mensah, lors d'une visite pastorale, y a été à peine reçu. J'ai pris le relais de Michel. Mon yoruba n'était pas parfait, mais j'arrivais à me faire comprendre ; je m'installais dans une cour de maison, je m'asseyais sur un vieux seau abandonné et les catéchumènes sur les branches de palmes. Ils n'étaient que quelques-uns à venir. Devant le peu de succès de mon apostolat, j'allais voir les vieux. Je leur dis que ce que je faisais n'avait pas l'air de marcher et que, s'ils n'étaient pas contents de ce que je faisais deux fois par semaine dans leur village, ils n'avaient qu'à me le dire et je ne viendrai plus. […] Ils me répondirent qu'ils étaient très contents de ma venue, qu'ils entendaient ce que je disais à leurs jeunes, que cela était bon. […] Le lendemain, ils vinrent me dire qu'il ne fallait pas rester assis sur un vieux seau, mais qu'il fallait s'installer dans l'abri du marché qu'on appelle "apatam" ; ils y avaient mis des traverses pour s'asseoir et, pour moi, ils y avaient apporté une chaise. Le nombre des catéchumènes augmenta jusqu'à 120. Un jour, je remarquai qu'on avait débroussé en vue d'une construction le terrain à côté de l'apatam. Je demandai qui allait construire là. Ils me répondirent que c'était le groupe des catéchumènes qui voulait construire une chapelle. Après 6 semaines, les murs en terre de barre étaient terminés. Ils vinrent avec 30 000 francs pour que je leur achète deux paquets de tôle. […] En mars 1973, Mgr Mensah revint à Ahoyeye en visite pastorale ; lui qui n'avait pas été reçu en 1971, cette fois, il y fut reçu comme le Messie : tout le village était là. Cela lui fit tellement plaisir qu'il promit de revenir pour baptiser les premiers catéchumènes admis au baptême."
En 1975, il quitte Pobè pour Azowlissé : "Le plus grand changement fut au niveau du ministère et de l'apostolat. A Pobè, j'avais un territoire dont les villages et l'ethnie holli avaient été très peu évangélisés, où j'avais presque tout à faire. Mais à Azowlissé, grâce au grand zèle de l'abbé Adeyemi qui a duré dans la paroisse pendant 33 ans, tout avait été fait ou presque. J'avais à gérer cet acquis, à approfondir la foi des baptisés et à évangéliser les coutumes. J'avais quand même trouvé quelques coins qui restaient à évangéliser. […] Mon travail consistait principalement à être curé dans la plupart des villages et à être missionnaire dans quelques villages." (ses souvenirs)
Il passe ensuite un peu plus d'une année à Banigbé où il fait un intérim. Il apprend indirectement que les paroissiens sont intervenus auprès de l'évêque pour qu'il le nomme curé de la paroisse. Le père, connaissant bien le caractère de son évêque, le sachant jaloux de son autorité, devine que cette demande aura un contre effet. De fait, il est nommé curé de Sakété en 1981 et il retrouve ainsi le lieu de mission de ses débuts au Dahomey. En faisant du porte à porte, chaque soir quand les gens sont rentrés des champs, il apprend à connaître tous les habitants de la ville, et sa mémoire des noms et des personnes lui sera d'un grand secours. Il doit s'occuper d'une trentaine de communautés et, le dimanche, ce sont seulement 2 ou 3 communautés qui peuvent avoir la messe. Sa sœur Mimie lui ayant envoyé un photocopieur, il se met à rédiger directement en yoruba des homélies et des fiches pour ses catéchistes : "C'était un lourd travail pour moi, mais les catéchistes m'en ont été très reconnaissants. […] Tous les samedis matins, je réunissais les catéchistes pour un temps de formation ; après cela, je leur donnais la feuille de l'homélie. […] Je recommandais aux catéchistes de ne jamais parler en dehors de ce que je faisais pour les aider dans la catéchèse. […] C'était pour moi l'occasion de présenter le message évangélique de façon simple et adaptée à la mentalité et à la culture de mes paroissiens." Il ajoute d'ailleurs modestement : "Ce n'était pas un yoruba parfait et les tons n'étaient pas indiqués, mais ceux qui s'en servaient savaient corriger et prononçaient avec un ton juste."
Depuis son premier séjour au Dahomey, il avait passé, en plusieurs fois, pratiquement 25 années à Sakété et il voyait, avec une grande joie, arriver le jour de son jubilé sacerdotal : une fête qui devait être à la hauteur de son travail, de son dévouement, de son activité inlassable et disons-le, de son amour pour ses paroissiens. Ordonné le 17 février 1948, tout était prévu pour le 17 février 1998. Hélas, ce jour-là, il est à l'hôpital de Cotonou où il est admis d'urgence pour un problème à la prostate. Le supérieur régional écrit le veille : "Le moral est bas, et l'appétit est presque nul ; ce matin, il m'a répété qu'il volait mourir. Il a rajouté aussi qu'il ne voulait pas partir ; il tient tout juste debout." (16/02/98) Le lendemain, il reçoit le sacrement des malades et, ô surprise, il voit arriver dans sa chambre d'hôpital son évêque, Mgr Mensah, accompagné de l'archevêque de Cotonou, Mgr de Souza, et d'une dizaine de prêtres qui viennent concélébrer la messe avec lui : suprême délicatesse dont il gardera un souvenir ému. Il rentre en France où il est opéré, mais il retourne au Bénin en septembre 1998 pour y fêter son jubilé avec grande pompe. C'est son évêque qui fait l'homélie. Il est le dernier prêtre des Missions Africaines à avoir travaillé dans le diocèse de Porto-Novo.
Il commence sa retraite à Lyon, au séminaire du 150 où il arrive en octobre 1998 : "La maison est confortable et agréable, tous les confrères sont charmants ; beaucoup étaient avec moi en Afrique, d'autres étaient au séminaire avec moi." (27/01/99) Il occupe son temps en lisant ou en écoutant la musique ou la radio : il y avait toujours du bruit dans sa chambre. Il innove même, car, avec un autre confrère, il fait installer une parabole pour son téléviseur, ce qui lui permet de recevoir plus de 100 chaînes de télévision. "Les chaînes qui m'intéressaient le plus étaient les chaînes d'histoire, de géographie et celles qui donnent des documentaires sur toutes sortes de sujets. […] La chaîne la plus intéressante reste Arte. […] Pendant mon séjour de 5 ans et demi à Lyon, c'est seulement deux fois que j'ai été au cinéma en ville, c'était pour voir un film sur Mobutu et les Choristes." (ses souvenirs) Il découvre aussi l'ordinateur qui sera un de ses compagnons à la maison de Montferrier qu'il rejoint en avril 2005. Il nous laisse une centaine de pages très serrées de sa biographie où fourmillent les détails et où on peut admirer les précisions de sa mémoire, mais aussi un petit fascicule sur la SMA en Belgique, un travail sur l'évangélisation de la région de Banigbé et de Sakété, une réflexion sur les chrétiens yorubas à la rencontre du Christ : autant d'écrits bien utiles pour écrire les pages que vous lisez.
Depuis plusieurs mois, on parlait avec beaucoup d'inquiétude de la santé de frère Louis, ancien missionnaire en Côte d'Ivoire, et de 4 ans son aîné. Et voilà que, pratiquement sans signes avant-coureurs, c'est Marcel qui nous quitte. Quelques jours avant son décès, il n'était pas en grande forme, il se disait fatigué, mais rien ne laissait prévoir une issue rapide. Le soir du 10 avril, après le repas, en montant dans sa chambre, il redit de nouveau au confrère qui l'accompagnait qu'il se sentait las. L'infirmière de garde pour la nuit vint le surveiller plusieurs fois ; voyant qu'il avait de la peine à respirer, elle lui donna de l'oxygène. Il devait décéder au cours de la nuit.
Dans les dernières pages de ses "Souvenirs", il y a de belles réflexions sur la mort. C'est là que j'emprunte la conclusion de cette biographie : "Il faut une grande foi et beaucoup d'humilité pour parler de la mort aujourd'hui. […] Parler adéquatement de la mort est aussi difficile que de parler adéquatement de Dieu. […] Pour moi, la parole qui donne une grande confiance au sujet de la mort est de saint Paul dans la première épître aux Corinthiens, 2,9 : "Comme il est écrit, nous annonçons ce que l'œil n'a pas vu, ce que l'oreille n'a pas entendu, ce qui n'est pas monté au cœur de l'homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qu'il aime."
Bernard Favier, sma
Il avait son caractère… et son curé aussi !
(de son curé, l'abbé Parmentier, le 24 septembre 1945 : certificat de vacances)
"Monsieur l'abbé Marcel Mahy s'est montré bon séminariste pendant ses vacances. Fidèle à la méditation et à la messe de chaque matin, il a donné en général l'exemple de la piété. Dévoué et serviable, grand cœur apostolique, bien que distrait et quelque peu raisonneur. […] Il emporte avec lui l'estime de la paroisse tout entière…"
(dans les "Souvenirs" du père)
"A Halma, l'abbé Zéphir Parmentier était curé ; il avait une certaine antipathie envers notre famille. Un dimanche, après la messe de 7 heures, notre maman faisait ses dévotions à l'église, comme d'habitude. Le curé, voulant fermer l'église entre les deux messes, dit à maman de quitter l'église ; maman protesta et moi qui étais là me joignis à ses protestations. Il dit des paroles fort désagréables à notre maman et il ajouta : "qui bouffe du curé en crève." S'adressant à moi, il me dit que je n'avais plus à assister à la messe dans le chœur, ce qui se faisait toujours pour les séminaristes en soutane, mais que j'avais à assister à la messe dans la nef comme les autres paroissiens. Je lui rétorquais que, venant d'être tonsuré, j'étais clerc comme lui et que ma place était dans le chœur : "J'y suis, j'y reste." Je revins à l'église pour les vêpres ; le prie-Dieu du chœur que j'occupais régulièrement avait disparu ; je pris une chaise ordinaire dans l'église et la mis dans le chœur ; le lendemain matin, ma chaise avait disparu ; j'en pris une autre dans la nef ; je me présentai à la communion : le curé refusa de me la donner. C'est alors que j'abandonnais l'église d'Halma pour fréquenter la chapelle du séminaire de Chanly ; je ne retrouverai l'église d'Halma que lors de mon premier congé venant d'Afrique, en 1955."
(du père Wallon à son curé le 11 juin 1947)
"Je suis heureux de vous faire part de l'appel au sous-diaconat de votre séminariste Monsieur Marcel Mahy. L'ordination aura lieu le 6 juillet."
(réponse du curé, toujours le même abbé Parmentier, le 14 juin 1947
"Je vous remercie de cette délicate et non moins excellente attention ou intention, mais j'ignore (souligné dans le texte) ce Monsieur dont vous voulez bien me parler. Veuillez agréer, Révérend Père, l'expression de mes hommages respectueux."
Recherchez .../ Search...