Société des Missions Africaines - membre honoraire
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né vers 1893 à Kpé, près de Zinvié dans le diocèse de Cotonou, Bénin membre honoraire de la SMA le 8 décembre 1973 décédé le 16 avril 1998 |
1930-1940 Ouidah, Bénin décédé à Ouidah, Bénin, le 16 avril 1998 |
Le frère Gabriel HOUEZE (1893 - 1998)
Assogba Yémalo Houézé est né au sud du Dahomey, à Kpé, près de Zinvié, et dans le diocèse de Cotonou. Fils de Hounsou Koko Houézé et de Mèdédji Hountohounyo Zounmènou Akan, il gagne sa vie en se lançant dans le commerce.
Ayant découvert l’Evangile, il est baptisé à Calavi par le père Théophile Boulanger, le 7 avril 1927. Un peu plus tard, il abandonne sa boutique, décide de consacrer sa vie à Dieu et de devenir frère. Il se forme auprès du père Merlaud et surtout du père Le Port. En 1930, il est envoyé à Ouidah, avec d’autres candidats à la vie religieuse, pour participer au défrichage de terrain qui deviendra bientôt le petit séminaire Sainte-Jeanne-d’Arc et le grand séminaire Saint-Gall. Il exploitera jusqu’en 1940 une partie de ce terrain qu’il a transformée en plantation de café et de teck.
De Ouidah, il rejoint Zagnanado en 1940. C’est là, sous la direction du père Beillevaire, qu’il fait son noviciat. Monseigneur Louis Parisot, vicaire apostolique, reçoit ses vœux religieux en 1950, dans la cathédrale de Ouidah. Il entre ainsi dans la société des frères de Saint-Joseph dont il restera le seul membre. A Zagnanado où il restera 25 ans, il va exploiter un très grand domaine où s’installera plus tard un monastère bénédictin créé par les moines de Belloc, du diocèse de Bayonne. Il va se montrer très entreprenant et plein d’initiatives. A Zagnanado, il plante des cacaoyers, alors que cela ne se faisait pas au Dahomey. Et il essayera de fabriquer du chocolat.
En 1965, sur la demande de monseigneur Bernardin Gantin, il se rend à Toffo pour aider les moniales bénédictines, qui viennent d’arriver, à aménager leur terrain. Puis confronté à de sérieux ennuis de santé, il retourne au grand séminaire de Ouidah vers 1968, pour reprendre en main la plantation et travailler à l’approvisionnement du séminaire.
Ne constatant pas d’amélioration dans sa santé, malgré les interventions des médecins, il se tourne vers la médecine traditionnelle. Il deviendra, peu à peu, un spécialiste des plantes et l’on aura recours à lui. A partir de 1975, ses yeux seront atteints. Victime d’un glaucome, il deviendra, rapidement, complètement aveugle. Les séminaristes de Ouidah le prendront alors en charge. Chaque jour, l’un d’entre eux sera désigné pour s’occuper de lui : faire son ménage, lire son courrier, tenir les comptes, se charger de quelques commissions…
Il sera très aimé et apprécié. Son grand âge lui permet d’être une vraie bibliothèque vivante. Il partage volontiers, avec les séminaristes, tout ce qu’il sait sur l’histoire de l’Eglise du Dahomey, sur la vie des missionnaires qu’il a connus. Il partage aussi quelques-unes de ses connaissances thérapeutiques. Il se veut aussi formateur des séminaristes, les instruisant sur la politesse, la bonne tenue, la précision du langage. Il se révèle également comme un homme plein d’humour.
En 1973, il devient membre honoraire des Missions Africaines et il gardera toute sa vie une très grande amitié pour la Société, aimant recevoir les confrères de passage à Ouidah et profitant de ces visites pour rappeler le souvenir de ceux qu’il a connus. Sa présence au grand séminaire attire aussi de nombreux visiteurs, des gens simples et des personnages illustres heureux de le revoir. Et cela pendant une trentaine d’années puisqu’il est décédé le16 avril 1998.
Ses obsèques furent célébrées au grand séminaire de Ouidah le 27 avril 1998 et furent présidées par monseigneur de Souza, archevêque de Cotonou. Elles témoignèrent que cet homme, humble et fidèle, avait laissé un très grand souvenir. L’épiscopat du Togo et celui de Côte d’Ivoire, en la personne de monseigneur Agré, voulurent être représentés à la célébration. Ce fut une fête d’action de grâces : le séminaire disait officiellement adieu à son « ange gardien » qui repose aujourd’hui dans le cimetière du séminaire de Ouidah
Mais comment pouvons-nous oser parler d’adieu devant toi, autre Melchisédech, sans âge, sans lignée, monument de notre histoire chrétienne, témoin du passé, espérance d’un continent ! Frère Gabriel, quel vent puissant a pu te déraciner, toi arbre géant solidement enfoncé dans nos profondeurs ? Quel feu d’arrière-saison a pu calciner notre bibliothèque si riche et savoureuse ? Le patriarche qui a vu passer tant de prêtres béninois, togolais, ivoiriens, sénégalais, camerounais, burkinabés, maliens, nigerians, congolais, gabonais… n’est plus, mais son souvenir demeure d’âge en âge. (La Croix du Bénin. 29/5/1998)
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