Société des Missions Africaines - Province de Strasbourg
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né le 10 décembre 1925 à Haguenau dans le diocèse de Strasbourg, France membre de la SMA le 24 juillet 1948 prêtre le 22 mai 1952 décédé le 1er mai 2003 |
1952-1956 Haguenau (Strasbourg) petit séminaire décédé à Saint-Pierre, France, le 1er mai 2003 |
Le père Bernard KLAMBER (1925 – 2003)
Le Père Bernard Klamber était le digne neveu de Mgr Strebler, sma, ancien archevêque de Lomé. A la seconde guerre mondiale, alors qu'il était séminariste, il a dû subir les camps de concentration, en particulier Tambov, et le travail forcé en Russie. Il est rentré de cette épreuve physiquement anéanti et le corps usé pour le reste de sa vie. Toute sa vie a été une lutte de santé.
Il puisait une force extraordinaire dans une foi très forte et la dévotion à la Vierge Marie, ce qui lui a permis de se donner à fond dans le travail qu'il faisait et d'être porter de joie et d'optimisme. Il était aussi un animateur liturgique hors pair, avec une voix à faire envie. Ces derniers temps, il était très souvent chez sa sœur à Haguenau. Il a tenu à revenir à Saint-Pierre pour les célébrations de la semaine sainte et de la fête de Pâques avec ses confrères ; on a dû l'emmener aux offices sur une chaise roulante.
Depuis Pâques, il n'a plus pu se lever, et il s'est éteint petit à petit, difficilement.
Testament du Père Bernard KLAMBER,
Béni sois-Tu, Seigneur, de m’avoir créé.
Grâce soient rendues à Dieu pour mes parents qui m’ont donné plus que la vie, par leur témoignage de vie chrétienne.
Reçois, Seigneur, mon inépuisable reconnaissance de m’avoir appelé à être prêtre et missionnaire, malgré ma pauvreté et mes misères que tu connais mieux que moi.
De tout cœur, je pardonne sincèrement à tous ceux qui sont responsables de ce que je n’ai jamais pu aller en Afrique : les autorités militaires et mes supérieurs majeurs S.M.A.
Dieu, par son extrême bonté, a su tirer le bien du mal, en inspirant mes Supérieurs qui m’ont envoyé au Canada pour une mission dont je n’aurais jamais su rêver ; cette année m’a ouvert le cœur et l’esprit à des horizons nouveaux. Mon retour en Alsace m’a permis des engagements multiples et variés qui ont nourri toute ma vie sacerdotale.
Merci à toutes les paroisses, les pèlerins de Notre Dame de Thierenbach et les Communautés qui m’ont si charitablement accueilli et soutenu. Que tous me pardonnent si je n’ai pas suffisamment laissé le Christ transparaître, à cause de mes nombreuses réserves et attitudes de suffisance.
Merci à tous mes bienfaiteurs, spirituels et temporels, grâce à qui un peu de bien a sans doute pu se faire.
Merci à toutes les personnes qui m’ont aimé et permis de les aimer ; elles m’ont appris qu’aimer c’est servir, et elles m’ont fait grandir dans l’amour.
Merci à la communauté de Saint Pierre, Pères, frères et sœurs, qui m’a accueilli avec tant de confiance et d’affection. Si j’ai fait de la peine ou du tort à qui que ce soit, je leur demande de bien vouloir me pardonner.
Un matin, après le petit déjeuner… le Seigneur m’a fait une grâce d’illumination sur ma vie, jusque dans le régime alimentaire auquel j’ai dû m’astreindre depuis longtemps, j’ai encore cherché à façonner ma petite personnalité. Et subitement toute ma vie m’est apparue comme une vaste hypocrisie.
J’ai demandé pardon à Dieu et à tous ceux que je n’ai pas su servir et aimer avec suffisamment de pureté, de détachement et de simplicité. Je désire mourir dans ces sentiments de vérité pour que toute ma vie puisse devenir un éternel chant de louange au Dieu d’Amour.
Père de toute Bonté, garde-moi « en tes mains dont personne ne peut rien arracher ».
Jésus-Christ, Toi qui as toujours été le compagnon fidèle et l’ami aimant de toute ma vie, par Toi, avec Toi et en toi, tout honneur et toute gloire à Dieu le Père dans l’Amour de l’Esprit pour l’éternité des siècles.
Vierge Marie, tu as toujours été Mère pleine de douceur et de miséricorde pour ton enfant si ingrat et qui n’a pas osé se laisser guider par Toi avec un cœur assez simple et transparent comme une source. Montre-Toi, maintenant et toujours, ma Mère, et apprends-moi â être ton enfant. Laisse-moi vivre et mourir dans tes bras maternels et que mon dernier soupir soit ce cri : « Merci, Mère de Dieu et ma Mère, prie pour moi, ton enfant pécheur, maintenant et à l’heure de la grande Rencontre. Alleluia ! Amen !
Haguenau le 6 octobre 1991
Homélie le jour de ses funérailles
Cette page d’évangile que nous venons de lire est celle qui est prévue pour ce lundi, le lundi de la troisième semaine de Pâques… C’est donc une parole que nous n’avons pas choisie, qui nous a été donnée… Jésus a traversé le lac… Nous faisons trop souvent partie de cette foule restée sur l’autre rive, attachés à la nourriture terrestre et nous ne nous apercevons plus que Jésus veut nous entraîner à des horizons plus vastes et plus lumineux ; nous le cherchons là où il n’est pas. Il nous entraîne à dépasser la nourriture qui se perd pour une nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle et il nous invite à travailler aux œuvres de Dieu : « l’œuvre de Dieu dit Jésus, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé ».
Lorsque nous nous rappelons le grand corps décharné de notre frère Bernard et que nous jetons un regard sur sa vie, on ne peut vraiment pas dire qu’il a travaillé pour la nourriture terrestre. Ce qui lui a donné force et énergie, c’est certainement sa foi en Jésus Christ : « l’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a’envoyé ».
« Le père Bernard Klamber n'est resté qu'une année au Canada, m’écrivait vendredi dernier un confrère canadien à l’annonce de son décès, mais il a marqué profondément les séminaristes que nous étions avec son grand cœur d'apôtre dans un corps maladif ».
Il a demandé qu’on reste discret sur sa personne lors de ses funérailles. Mais, toute sa vie, à travers la fragilité de son corps de chair, Bernard a été témoin de Jésus vivant… Je rappellerai l’une ou l’autre de ses paroles et donnerai simplement quelques témoignages qui nous aideront, selon son testament, à voir dans sa vie un chant de louange au Dieu d’Amour.
Bernard était fait pour la vie, pour le sport, le chant, l’enthousiasme, la paix, le partage, l’éducation… Ce corps maladif dont parle notre confrère canadien, il l’a ramené de Russie. Il avait 17 ans lorsqu’il a été incorporé de force en 1942 et qu’il est parti du côté où on l’a dirigé malgré lui … Il en est revenu en 1945, meurti, cassé à tout jamais dans son corps… Il n’a pas raconté ses années de souffrance, ni à sa maman, ni à sa sœur. Il ne voulait pas parler de cela … Il suffit de savoir qu’il était à Tambov et qu’il a passé bien des mois d’hiver en Russie… Ces jours douloureux lui sont revenus en mémoire durant la dernière semaine qui a précédé son décès alors que, pour quelques heures, il était entré dans un demi-coma.
Revenu à Haguenau en 1945, il rejoint sa famille dont il a toujours été très proche, et il est heureux de reprendre sa formation vers la vie missionnaire, à la suite de l’oncle, Mgr Strebler qui venait d’être nommé évêque. Il est admis au noviciat à Chanly à la rentrée d’automne 1946 : « Je suis impatient de voir approcher aussi lentement la fin des vacances, écrit-il le 19 août 1946. Ces temps d’incertitude complète étaient trop longs. On commence à avoir faim et soif d’une vie réglée et ordonnée qui nous permettra de voir plus loin que nos yeux… Il décrit son premier Noël d’après guerre avec beaucoup d’émotion : « … C’est vraiment la première fois que cette fête (Noël) m’apparaît aussi intime. Après toutes les circonstances possibles et imaginables qui accompagnaient Noël pendant ces tristes années de guerre, la fête que nous venons de passer se grave d’autant plus profondément dans nos cœurs qu’elle a été calme et simple ». (27.12.1946).
Tous les ministères qu’il a exercés, il les a exercés avec foi et passion… que ce soit l’enseignement au petit séminaire, au grand séminaire, que ce soit l’apostolat en paroisse, ou son service d’animation en cette maison de Saint Pierre, que ce soit aussi son apostolat en paroisse. L’annonce au journal de son décès par la paroisse et la municipalité de Eichhoffen est libellée comme suit : « Il a administré avec beaucoup de générosité et de compétence notre paroisse de 1963 à 1975 ».
Au moment de son départ au Canada une note avait été transmise à ceux qui l’accueilleraient là-bas, pour mieux l’orienter dans son apostolat, elle était rédigée comme suit : « Le Père Klamber a été noté, à la fin de son séminaire, comme ayant une piété excellente, des relations très bonnes avec les camarades et les maîtres ; très appliqué à son devoir d’état ; bonnes études théologiques et philosophiques ; dévoué et animé d’un véritable esprit de foi ; de jugement droit et de volonté ferme ; bonne tenue ; très bon maître de chant… Il a passé quatre années dans notre maison de Haguenau et la dernière 1956-57 à Saint Pierre. Il a été excellent professeur et éducateur ; il aime la jeunesse et le travail d’éducateur ; il pourra faire aussi un très bon prédicateur et conférencier… Santé à ménager, le Père se dépenserait trop facilement.
Ce qu’il a certainement le mieux apprécié dans ses années de ministère, ce qui lui a fait donner toute sa mesure et exprimer sa foi, ce sont les dix ans passés à Thierenbach.
Ce fut un déchirement lorsqu’il eut fallu revenir à Saint Pierre pour un autre ministère. C’était en 1985, la maison de Saint Pierre prenait une nouvelle orientation et un nouveau visage. Le Père Bernard fut sollicité, je cite les mots du provincial d’alors : « Nous sommes assurés, que vous avez le doigté et l’enthousiasme nécessaire pour animer notre communauté du 3ème âge et y faire régner un esprit de fraternité évangélique ». Avec sœur Cécile, directrice de la maison et le Père Vonderscher économe, ce fut une équipe parfaite… « Jamais nous ne nous sommes disputés et n’avons eu de différent. Nous avons toujours travaillé dans une harmonie parfaite », me disait-il lorsqu’il avait demandé d’être déchargé de ce poste en 1995. Les confrères de la maison et davantage encore les sœurs de Notre Dame des Apôtres ont apprécié sa présence et son service… Elles ont su en ces derniers temps de sa vie, avec toutes les personnes qui travaillent en cette maison, l’entourer de façon délicate et lui rendre, disent-elle, un peu, (je dirais beaucoup) du bien qu’il leur avait fait.
A Thierenbach on avait été très réticent à le laisser partir. Mgr Brandt archevêque de Strasbourg est intervenu une dizaine de fois pour essayer de faire changer la décision: « Je dois vous avouer que cette nouvelle a été une surprise pour nous tous, et j’ose ajouter une mauvaise surprise. Le P. Klamber nous apparaît à tous comme tellement bien inséré dans son ministère actuel et il y est extrêmement apprécié… La bonne marche de Thierenbach repose aussi pour une grande part sur sa personne, sur ses qualités spirituelles, pyschologiques et son parfait bilinguisme… ».
Le départ du père Klamber de Thirenbach nous a valu ce beau témoignage du directeur du pèlerinage, le chanoine Gérard Sifferlen ici présent parmi nous aujourd’hui. Il m’a donné l’autorisation de le citer. C’était le 19 février et le 22 avril 1985 :
- « La venue du père auprès de ND de Thierenbach tient du miracle… C’est lors d’une retraite commune prêchée par le Père Varillon à St. Gérard de Haguenau, en juin 1975, que nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Nous restons convaincus que c’est à la Prière de Marie que l’Esprit Saint a orienté la décision de nos supérieurs de nous réunir en vue de l’Evangélisation du Peuple de Dieu que la Mère de Dieu rassemble à Thierenbach.
- Malgré une santé plus que déficiente – au dire des médecins traitants – malgré toutes les souffrances endurées, Bernard vit toujours et, en 10 ans, a réalisé un ministère merveilleusement fécond. C’est manifestement par la Grâce, stimulant une volonté de fer, travaillant un tempérament heureux, équilibré, mais passionné, que Bernard a pu tenir, rayonner sa foi et sa joie de vivre, annonçant la Bonne Nouvelle à nos foules de pèlerins et les aidant à rencontrer le Seigneur, grâce à un effort de conversion authentique !
- Il faut reconnaître que Bernard sait parler admirablement de la Vierge Marie ! Sa mariologie est saine, conforme à l’esprit de Vatican II et de « Marialis Cultus » de Paul VI : doctrine saine, évangélique, tonifiante ! Bernard a manifestement un charisme pour ce Ministère si délicat qui ne s’improvise pas !… Il sait mettre, en toute simplicité, ses grandes capacités au service, pas d’abord du Pèlerinage, mais de l’Eglise universelle qui se retrouve en ce Haut lieu .
- Grâce à un régime alimentaire strict et adapté, le Père Bernard a pu retrouver un peu de santé et trouver un rythme de vie lui permettant d’être efficace… Il est un guide spirituel de qualité et fait beaucoup de bien, surtout aux religieuses. Plus de 700 d’entre elles viennent au Pèlerinage des religieuses d’Alsace prêchée par le père Bernard
- Il me seconde efficacement à l’animation de la liturgie (commentaires, direction du chant de la foule) et tous sont heureux de le rencontrer… Il est pour moi plus qu’un Frère et pour tous un ami fidèle !
Frère et ami fidèle, le Père Klamber l’a certainement été pour beaucoup de religieuses. Et plusieurs communautés avaient réclamé sa présence. Frère il l’a été aussi pour les religieuses de Notre Dame de l’Eglise, la première congrégation de sœurs togolaise fondée par l’oncle, Mgr Strebler, en 1952. Elles ont tenu à envoyer une délégation pour ce jour, deux d’entre elles sont venues de Rome. Les seours Notre dame de l’Eglise nous laissent ce témoignage : « Le cher Père Klamber était et demeure pour nous ‘notre frère spirituel et de sang’, notre cousin et notre tuteur. Nous ne cesserons de le pleurer. Notre foi nous dit qu’il est plus que jamais plus près de vous et de nous et qu’il intercédera pour nous tous : sa famille religieuse et la notre qu’il a portée et adoptée depuis le départ pour le Ciel de notre Fondateur. C’est un ‘homme de bien’ selon l’Evangile, solidement implanté dans la foi, ‘un serviteur fidèle et avisé’… Nous lui restons attachés avec une reconnaissance chargée d’affection pour toutes les confidences qu’il nous a livrées sur notre Père fondateur dont il était le fils spirituel. Nous l’avons admiré pour sa foi et ses convictions religieuses ».
Frère et ami, il l’a été pour ses confrères des Missions Africaines. Il aimait beaucoup aller dans la famille de sa sœur Gaby, à Haguenau, qui l’accueillait toujours avec plaisir et qu’il l’a entouré avec beaucoup de délicatesse… Il y était ces derniers mois, mais il a tenu à célébrer la semaine sainte ici à Saint Pierre avec ses confrères. Il a pu suivre tous les offices, participer à la liturgie pascale… Et depuis Pâques il n’a plus quitté le lit… il est parti en ce premier jour de mai, le mois de Marie, vers l’autre rive, pour se nourrir à tout jamais de cette nourriture qui se garde pour la vie éternelle, lui que Dieu le Père a marqué de son empreinte ».
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