Société des Missions Africaines – Province de Lyon
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Le Père Jean LANDARRETCHE né le 3 octobre 1928 à Mendionde dans le diocèse de Bayonne (France) membre de la SMA le 25 juillet 1949 prêtre le 12 février 1954 décédé le 14 décembre 2006 |
1954-1959 Bingerville (Abidjan), professeur décédé à Montferrier-sur-Lez (France), le 14 décembre 2006 |
Le père Jean LANDARRETCHE - (1928-2006)
Jean Landarretche est né à Mendionde, au pays basque, le 3 octobre 1928. Il fait ses études secondaire à Baudonne, puis à Pont-Rousseau. Il y est connu comme un bon arrière de l’équipe de football. Après sa philosophie et son noviciat à Chanly en Belgique, il rejoint le grand séminaire de Lyon. C'est là qu'il est ordonné prêtre le 12 février 1954.
Il est aussitôt nommé en Côte d’Ivoire. Pendant cinq ans, il sera professeur au petit séminaire de Bingerville. Cette première expérience le marquera beaucoup car, plus tard, il dira souvent qu’il aime travailler dans la formation et l’éducation des jeunes et, plus particulièrement, des petits séminaristes. En 1956, il écrit : Notre souci est de préparer un clergé à la hauteur du sacerdoce, compétent, digne, zélé et pieux ; l’Église de Côte d’Ivoire sera ce que nous la ferons dans ses ministres. Et à ces ministres sacrés il faudra beaucoup de jugement, de vertu et d’esprit d’Église pour faire face aux difficultés qui, un jour ou l’autre, remueront la Côte d’Ivoire.
En 1959, il est nommé à Treicheville et, pendant dix ans, il va changer de poste presque tous les ans et cela lui pèsera : Treicheville, Port-Bouët, Pont-Rousseau, Baudonne, Bongouanou au diocèse d’Abengourou, Gagnoa, Paris et Chamalières en 1969. Si on le voit, pendant ces dix ans, revenir deux fois en France, c’est qu’il souffre d’un mal qui va le marquer toute sa vie. Déjà dans sa fiche d’admission au premier serment en 1949, on trouve à la rubrique santé : Jean a un œil mauvais, expression à ne pas prendre au sens symbolique, bien sûr, mais au sens réel, car il souffre déjà des yeux. Toute sa vie, il portera ce handicap. La lumière, la poussière le font souffrir. Dans ses lettres, il parle souvent de ses pauvres yeux. En 1969, il reste en France. Il prend contact avec le diocèse de Bordeaux qui lui confie une paroisse : Les Lèves. C’est là qu’il réside, tout en se faisant soigner. Il y trouve une France qui change et se déchristianise. Dans ma brousse girondine, écrit-il, c’est un travail de patience et d’espérance dans la foi, face à l’indifférence massive de nos gens enfoncés dans un tourbillon de matérialisme.
En septembre 1975, il repart pour Gagnoa mais, après quelques mois, il doit revenir en France, de nouveau à cause de ses yeux. Mon retour en Côte d’Ivoire a voulu être un test et un essai mais, à ma grande confusion et déception, il me faut envisager une conclusion douloureuse. De 1976 à 1979, il est à Seignosse dans le diocèse de Dax. Mais, au bout de ces trois ans, il ne s’avoue pas vaincu, il repart au petit séminaire de Gagnoa où il restera deux ans.
De retour en France, toujours pour ses yeux, il passe deux ans à Paris. Il est aumônier au Centre Saint-Jean-de-Dieu. Il semble que ce séjour dans la capitale ne l’ait pas enthousiasmé ! De là, il repart au diocèse de Bordeaux où il devient curé de Captieux tout en continuant ses soins.
Après un temps de convalescence à Baudonne, en 1988, il repart pour l’Afrique. Et, cette fois, il y restera dix ans ; cependant, en 1992 il rentrera quelques mois pour une opération à cœur ouvert. Durant toutes ces années, il sera à Abengourou, au secrétariat de l’évêché, au service de monseigneur Bruno Kouamé.
C’est sans doute pendant cette période à Abengourou qu’il a le ministère le plus fructueux. Il est heureux de son travail auprès des prisonniers. Je me consacre, écrit-il, aux prisonniers de la maison d’arrêt d’Abengourou ; ils sont 30 ou 40 à se réunir avec moi : baptisés, catéchumènes ou musulmans. Ils ont faim de Dieu. Mais que de misère ! C’est grand pitié de les voir affamés ! Avec la Caritas, nous essayons d’adoucir leurs souffrances : nourriture, médicaments, vêtements. Je côtoie bien des drames d’injustice et tente de faire libérer des mineurs de moins de 18 ans grâce à un juge humain. Jusqu’à présent, huit d’entre eux ont pu sortir. Un peu plus tard, il ajoute : En septembre, un jeune Burkinabé a pu être libéré. Embauché par une riche propriétaire, il fut accusé d’avoir volé une grosse somme, juste à la fin proche de l’année de travail. Verdict du juge : innocence. La femme lui devait 800FF. Elle s’obstinait dans le refus. Je suis allé chez elle. Je me fis insulter. Il a fallu près de cinq mois de ténacité pour amener cette exploiteuse à acquitter sa dette sur menace du juge. Dans une autre lettre, il se demande comment aider cet autre jeune, victime de croyance absurde. Son frère, armé de gris-gris et enduit de poudre, se disait invulnérable et, lui tendant un fusil, l’incita à tirer. Il le fit et tua net son frère.!
En 1998, il rentre définitivement en France. Après une année dans une paroisse du diocèse de Bayonne comme prêtre coopérateur, il vient à Baudonne. Il va y rendre des services pastoraux et s'occuper des liens avec les bienfaiteurs. Le 12 septembre 2006, fatigué, il rejoint la maison de Montferrier. C'est là qu'il nous a quittés le 14 décembre 2006.
Trois constantes se retrouvent tout au long de sa vie :
- D’abord c’est un homme de très grande franchise. Il écrit beaucoup à ses différents provinciaux, abordant avec eux tous les sujets qui lui posent question.
- Il donne souvent l'impression d'être un homme angoissé, surtout quand il reçoit une nomination pour laquelle il ne se sent pas préparé. Comme Saint Paul, écrit-il, je supplie le Seigneur de me délivrer de l’angoisse, du dégoût, de l’écrasement.
- Enfin Jean est un volontaire inlassable pour l’Afrique. Il sait qu’il a un problème grave avec ses yeux qui ne supportent pas la lumière, et pourtant, toute sa vie, il va demander et redemander à repartir en Afrique.
Jean nous a laissé un testament spirituel dont voici le dernier paragraphe : J’offre, en une dernière Eucharistie, ma vie et ma Pâque à notre Sauveur et Rédempteur, dans une fidélité inébranlable et dans la confiance pascale, pour nos missions d’Afrique, pour la sainte Église, pour ma Société des Missions Africaines, pour tous les miens, me confiant à leurs prières comme à la bonté et à la miséricorde infinies de Jésus et de Marie, en qui j’ai vécu, espéré et reposé.
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