Société des Missions Africaines - Province de Lyon
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né le 20 novembre 1914 à Quessoy dans le diocèse de Saint-Brieuc, France membre de la SMA le 24 juillet 1935 prêtre le 6 janvier 1939 décédé le 8 mai 1997 |
1939-1942 Pont-Rousseau, professeur décédé à Moncontour-de-Bretagne, France, le 8 mai 1997 |
Le père François PRUAL (1914 - 1997)
François Prual est né à Quessoy, dans les Côtes d’Armor, le 20 novembre 1914, de François et de Françoise Beslay. Il est baptisé le jour-même de sa naissance. A la mort de la maman, la famille compte trois enfants, 2 filles et un garçon. François aura un demi-frère après le remariage de son papa. Celui-ci est cultivateur. Le jeune François fréquente l'école de son village, puis celle de Lamballe, avant de faire ses études secondaires au petit séminaire des Missions Africaines de Pont-Rousseau, de 1927 à 1930, puis à Offémont, de 1930 à 1933. Admis à Chanly, en Belgique, il prononce son serment missionnaire le 24 juillet 1935.
Appelé à effectuer son service militaire à la base aérienne de Chartres, il sera réformé le 8 novembre 1935. Il peut donc entreprendre aussitôt son grand séminaire, à Lyon. Ses supé-rieurs apprécient son caractère franc, dévoué et affable, tout en souhaitant de sa part plus de souplesse et de réalisme dans l'action. Le 29 octobre 1938, il prononce son serment perpétuel en présence du père Aupiais. Diacre le 1er janvier 1939, il est ordonné prêtre le 6 janvier.
La guerre arrive. Le jeune prêtre commence son ministère comme professeur à Pont-Rousseau, employant ses vacances comme vicaire dans sa propre paroisse. En mai 1942, alors qu'il sollicite son envoi en Afrique, il s'exprime avec quelque impatience : Cette vie de professeur n'a, pour moi, aucun attrait. Il sera bientôt exaucé, recevant sa nomination pour la Côte-d’Ivoire. Dans une lettre du 22 octobre 1942, il laisse éclater sa joie : Enfin, nous voilà fixés sur le jour du départ. Tous les trois, le père Furst, le frère Octave et moi, nous embarquons le 31 sur le "Dahomey".
Ce voyage vers l'A.O.F. se transforma, hélas, en véritable cauchemar, car le cargo sur lequel il s’embarque, faisant partie d'un convoi de 13 cargos français non armés, accompagnés d'un escorteur, fut attaqué par 24 bateaux de guerre américains au large de Port-Lyautey, au Maroc. Le bateau, la coque déchirée et une voie d'eau dans les cales, dut être évacué. Débarqués avec les morts et les blessés, les survivants furent acheminés à Bouznika, à mi-chemin entre Casablanca et Rabat. Puis, ce fut une traversée du désert absolument épique : Marrakech, Tiznit, le désert mauritanien, Nouakchott, Rosso, Saint-Louis, Dakar, Bamako où les pères Tourillon (rescapé d'un autre bateau), Furst, Prual et le frère Octave se séparèrent. Le père Prual écrit : Je suis descendu vers la région de Man et Tabou en Côte-d'Ivoire, où je suis arrivé le 15 février, après un voyage qui avait duré plus de trois mois.
Après cinq ans au vicariat apostolique de Sassandra, le père Prual est nommé professeur à la maison d'Ave, en Belgique, où il restera un an. Il se confie dans une lettre au Provincial du 4 décembre 1947 : Il faut que vous m'ayez cru bien malade ou bien fatigué pour me confier cette douce sinécure qu'est la classe de 7ème à Ave. A l'automne 1948, c'est, à nouveau, le départ pour la Côte d'Ivoire. Le père rejoint Oumé où il restera jusqu'en 1964. Nous savons qu'un de ses gros soucis fut le fonctionnement du collège catholique qui ne cessait de se développer. Mais il fallait trouver des professeurs, ce qui n'allait pas de soi. C'est ainsi que, successivement, les frères de Saint-Viateur de Bouaké, les frères Maristes de Dimbokro, et les frères du Sacré-Cœur ne purent répondre favorablement à ses appels.
En août 1964, à la fin de son congé, le père apprend que monseigneur Etrillard, son évêque, le nomme dans une autre mission, alors que le père Joël Roy le remplace à Oumé. Pensant ne pas pouvoir accepter cette nomination qu'il juge, pour le moins, inopportune, il préfère ne plus retourner au diocèse de Gagnoa.
Le Conseil provincial va lui proposer de remplacer le père Clamens à Lagos, au Nigeria, comme conseiller technique pour la langue française auprès de l'archevêque de Lagos, et chargé du soin des ressortissants français et autres francophones de sa ville archiépiscopale. Si le père est d'abord réticent, en raison de l'état de santé de son père et de ses propres problèmes médicaux, il accepte, cependant, espérant que les quatre mots d'anglais que je baragouine suffisent pour occuper le poste que vous me proposez.
Le 4 avril 1965, il décrit sa nouvelle situation à la Délégation apostolique de Lagos : Mon peu de pratique de l'anglais me condamne, pour l'instant, à une certaine solitude. Mais je pense m'en sortir peu à peu…Dès réception de votre lettre, je me suis occupé des affaires du père Clamens (confrère décédé subitement, pendant son congé en août 1964). Ses activités pastorales sont très limitées : A part 2 ou 3 familles européennes, je n'ai encore pu contacter personne en dehors des rencontres officielles. Pour Pâques, une soixantaine de confessions. C'est peu ! Début janvier 1966, on l'avertit que son travail à la Délégation apostolique touche à sa fin, par suite de la création d'une nouvelle Délégation à Yaoundé pour les territoires d'expression française. Le père est très découragé : Le cœur n'y est plus. Je me trouve dans la mentalité de quelqu'un qui a fait faillite et qui n'a plus qu'un désir, retrouver les quelques amitiés qui lui restent.
Au printemps 1966, les Missions Africaines, ayant accepté de collaborer avec le laïcat carmélitain pour son œuvre de Rencurel-en-Vercors (maison de grande convalescence), au diocèse de Grenoble, le père Prual est sollicité pour accompagner cette expérience, tout en s'occupant du service de la paroisse. Il y reste jusqu'en mai 1968 et retrouve sa Bretagne natale, avant de recevoir une nomination officielle à la tête de l'imprimerie du "150", responsabilité qu'il assumera de septembre 1968 à la rentrée scolaire de 1969.
Puis, pendant un an, le père assure l'aumônerie d'un collège climatique (Cours Ponthus) à Saint-Genest-Malifaux, dans la Loire, poste qu'il quittera au mois de juin 1970. Il souhaite trouver à s'engager pastoralement dans un diocèse de l'Ouest. Finalement, c'est monseigneur Verdet, évêque de La Rochelle et Saintes, qui va l’accueillir. Celui-ci lui propose la charge de prêtre auxiliaire à Montendre, avec résidence à Rouffignac, à quelque distance seulement de la paroisse où se trouve le père Henri Thomas, ancien de Côte-d'Ivoire. Dans une lettre envoyée à Lyon, le Père présente ainsi sa nouvelle situation : Que ce soit l’idéal ! non. Mais il n'est pas possible de faire autrement. Cinq paroisses, presqu’un vrai pays de mission. Gens sympathiques, bien que méfiants, vous recevant bien. Baptême, communion solennelle, mariage et enterrement à l'église sont pratiquement les 4 seuls exercices religieux d'une vie. C'est bien maigre. La solitude de prêtre isolé en milieu rural lui pèse, mais il l'accepte, tout en souhaitant recevoir des visites des confrères de la Société.
En juillet 1973, l'évêque de la Rochelle le nomme dans une autre paroisse, plus importante, à Chevanceaux, où il demeurera jusqu'en septembre 1985, date à laquelle il est affecté à Jonzac, avec résidence à Saint-Germain-de-Lusignan. Il décrit ainsi sa nouvelle situation : Depuis ma nomination comme vicaire à Jonzac, mon travail se trouve bien allégé. Je n'ai plus le souci d'une paroisse aux 10 clochers, ni à m'occuper de catéchèse. Je n'ai plus qu'à seconder un curé très actif et à le remplacer quand il s'absente.
A cette époque, il laisse entendre discrètement qu'il souhaiterait prendre un service moins fatigant. Le Conseil provincial lui propose l'aumônerie des Sœurs de Notre-Dame des Apôtres, à Pommiers, pour remplacer le Père Veillard qui rejoint Montferrier. Mais le père pense plutôt se retirer à Loudéac, où il a un logement. Le 4 septembre 1989, arrivé à Loudéac, il écrit : Avec l'accord de monseigneur l'évêque de Saint Brieuc, l'équipe du clergé paroissial m'a demandé d'assurer les offices religieux à l'hôpital, l'ancien aumônier ayant été nommé à un autre poste. C'est là que le père Prual passera les dernières années de sa vie, jusqu'à sa mort le 8 mai 1997.
Le curé-doyen de Jonzac, l'abbé Genet, nous parle des dernières semaines du père, s'excusant, auprès des Missions Africaines, de n'avoir pu se rendre à Loudéac en raison de la fête de l'Ascension : Nous savions qu'il était gravement atteint suite à son opération à Moncontour, où il fut très entouré, jusqu'au bout, par des religieuses. Puis, son état s'était amélioré sensiblement, avant de se dégrader tout récemment. Caractère rude, non sans humour, il s'était bien adapté aux ruraux charentais, plutôt lents et réservés. Son esprit religieux transparaissait dans une collaboration loyale à la pastorale locale et diocésaine. Sans me substituer à l'évêque de La Rochelle, je puis dire la reconnaissance de notre Sud-Saintonge et du diocèse au père François Prual et à votre congrégation.
Quant au curé de Loudéac, l'abbé Le Borgne, il pourra conclure son homélie, à la messe des obsèques, par ce bel éloge : Une vie bien remplie sûrement, avec sa part de limites et de faiblesses, comme pour chacun, et c'est pourquoi nous prions pour lui. Car, cette fois-ci, c'est le grand départ pour une terre nouvelle et un monde nouveau, le jour de l'Ascension. Comment ne pas espérer quand on a tout donné ?
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