Société des Missions Africaines - Membre honoraire
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né le 8 mai 1922 à Toffo, Bénin dans l'archidiocèse de Cotonou, Bénin membre honoraire de la SMA le 25 juin 1993 prêtre le 14 janvier 1951 ordonné évêque le 3 février 1957 cardinal le 27 juin 1977 décédé à Paris le 13 mai 2008 |
1953-1956 Rome, étudiant décédé à Paris, à l'hôpital Pompidou (France) le 13 mai 2008 |
Le cardinal Bernardin GANTIN - 1922-2008
Le cardinal Gantin fut au Bénin ce que fut Jean Paul II pour la Pologne
Hommage au Grand Cardinal Gantin
Le cardinal Bernardin Gantin est décédé à l’hôpital Georges Pompidou mardi 13 mai à 16 h 30, en la fête de Notre-Dame de Fatima. C’est donc à Paris, chez nous, qu’il est entré dans l’éternité.
Paris, ville où il vint d’abord comme jeune prêtre en 1953, lorsqu’il quittait pour la première fois son pays, le Bénin où il est né en 1922. Paris et la France où il est venu si souvent ! Lors de sa messe d’au revoir à la France, le dimanche 10 novembre 2002, il avait dit à Notre Dame de Paris en présence de son grand ami, le cardinal Lustiger et d’une foule d’amis : "La divine Providence, qui nous réserve toujours des surprises, devait ramener mes pas en ces mêmes lieux dans le sillage de Jean Paul II en 1997 pour la béatification du grand et exemplaire chrétien que fut Frédéric Ozanam".
La divine Providence a conduit ce grand africain depuis Abomey, ville royale du Dahomey, jusqu’à Rome où il a servi l’Eglise, aux côtés de Jean Paul II pour lequel il avait une grande admiration et avec son ami le Cardinal Ratzinger, qui lui a succédé en 2002 comme doyen des Cardinaux.
La divine Providence l’a conduit aussi à Lourdes pour présider au nom du pape le Congrès Eucharistique de Lourdes en 1981. Il disait alors à son arrivée dans la cité mariale : "Les voies surprenantes de Dieu m’ont conduit de Cotonou à Rome à l’appel du pape. Les voies surprenantes de Dieu ont conduit des hommes et des femmes missionnaires partis de France pour allumer la foi chrétienne sur la côte du Bénin appelée alors la Côte des Bonnes Gens".
La divine Providence a conduit le cardinal dans le monde entier, et jusque dans la lointaine Océanie où j’avais eu la joie de l’accueillir en août 1984. Et elle l’a ramené en 2002 dans son pays natal pour y vivre en "missionnaire". Elle lui a permis de célébrer ses 50 ans d’épiscopat le 3 février 2007 lors d’une célébration grandiose dans la basilique de Ouidah, lieu de l’arrivée des Pères des Missions Africaines et lieu de son ordination sacerdotale en 1951.
La divine Providence a permis qu’il soit accompagné par ses proches jusqu’à Paris pour les ultimes jours à l’hôpital Pompidou et les dernières minutes chargés d’émotion et de prières pour ceux qui avaient le privilège d’être là à ses côtés.
Et voici maintenant les souvenirs. Ils sont nombreux, joyeux et émerveillés. Souvenir de son accueil délicat à tous, des repas fraternels dans son appartement près de la basilique Saint Pierre à Rome ou dans sa résidence à Cotonou. Souvenir d’un homme d’exception, attentif à tous, petits et grands, de ses messages multiples pour les grands évènements ou pour les anniversaires ou fêtes.
Exceptionnel, le cardinal Gantin le fut par son itinéraire. Il n’a rien cherché et il a pourtant été nommé aux plus hautes fonctions qu’il a assumé avec humilité et sens de l’Eglise. Le président Chirac a exprimé à plusieurs reprises "toute l’estime que la France vous porte". Et un de ses amis, l’académicien Maurice Druon a écrit à son propos : "Vous avez occupé avec une dignité parfaite les plus éminentes fonctions dans l’Eglise, mais sans ostentation aucune."
Exceptionnel, le cardinal Gantin le fut par sa mémoire phénoménale des personnes. En nommant un pays ou un diocèse, il mentionnait de suite les nombreuses personnes qu’il connaissait… et qu’il n’oubliait pas. "Je garde tout le monde dans ma mémoire et dans mon cœur", m’a il dit un jour.
Exceptionnel, le cardinal Gantin le fut par sa douceur, sa bonté et son esprit évangélique. Il vivait de "l’Esprit des Béatitudes" comme l’a dit le Père Joseph Vandrisse qui l’a bien connu à Rome.
Exceptionnel, le cardinal le fut par son lien avec tous les Béninois de toutes conditions et de toutes religions. Lié à tous les évêques béninois par les ordinations épiscopales qu’il a présidées, il était aussi admiré par tous ses compatriotes là bas au Bénin comme ici en France. Aussi, l’Eglise catholique béninoise qui s’honore de nombreuses vocations a été marquée par cette personnalité. Et le cardinal Gantin est au Bénin ce que fut Jean Paul II pour la Pologne.
Aussi, l’adjectif qui le qualifie le mieux est celui de "Grand". Il utilisait ce mot pour désigner des saints ou des missionnaires. Il est adapté pour lui, "grand cardinal" reconnu et vénéré par ses pairs qui ont fait de lui leur doyen.
A l’âge de 80 ans, alors qu’il pouvait rester à Rome, il a souhaité revenir dans son pays, le Bénin en disant à Jean Paul II : "Vous, Très Saint Père, revenir dans son pays, vous pouvez comprendre cela". Et il a vécu six années de retraite active, présidant récemment la messe d’ordination épiscopale de Mgr Houndekon, évêque d’Abomey le 3 février dernier. Et c’est là, chez lui, qu’il a souhaité revenir pour reposer dans la chapelle du séminaire Saint Gall, près de la tombe de Mgr Parisot, l’évêque missionnaire dont il fut l’auxiliaire.
Merci, cher et vénéré Cardinal, de ce témoignage de votre vie et de votre foi.
+ Jean-Yves Riocreux, Evêque de Pontoise
14 mai 2008
Le Cardinal Bernardin Gantin, membre d’honneur de la SMA
C’est à Ouidah que le Cardinal Bernardin Gantin a suivi ses études secondaires au petit séminaire Sainte-Jeanne d’Arc et reçu sa formation théologique et presbytérale au grand séminaire Saint-Gall, sous la conduite des Pères de la Société des Missions Africaines de Lyon (SMA). Monseigneur Louis Parisot l’a ordonné prêtre le 14 janvier 1951. Dès 1953, il a envoyé à Rome ce jeune prêtre dont il appréciait tant les qualités et dont il souhaitait, dans son cœur, faire son successeur. Après une licence en Théologie et une en Droit canonique, et alors qu’il préparait une thèse sur les Sacramentaux, l’Abbé Gantin est nommé par Pie XII évêque coadjuteur de Mgr Parisot en novembre 1956 à 34 ans, et ordonné évêque à Rome le 3 février 1957.
Dans le message envoyé le jour de son ordination épiscopale à ses compatriotes, Monseigneur Bernardin Gantin affirme une conviction qu’il développera tout au long de sa vie. « En ce jour, plus que jamais, un hommage spécial monte de notre cœur vers Monseigneur de Marion Brésillac et le très Révérend Père Planque, les deux fondateurs, (…) de la Société des Missions Africaines de Lyon à qui nous devons la naissance et le développement chez nous de la foi chrétienne. »
Il s’est senti l’héritier et le continuateur de l’effort missionnaire des Pères des Missions Africaines vis à vis desquels il a toujours gardé une profonde reconnaissance. En réponse à Monseigneur Louis Parisot qui confiait dans son dernier message radiophonique du 30 janvier 1960 :«Il est mon fils spirituel et le fils de ma prédilection. C’est tout dire… », le nouvel Archevêque africain de Cotonou affirmait lors de son intronisation, : « Nul, mieux que Monseigneur Parisot, n’a su nous comprendre. Il s’est fait Dahoméen avec les Dahoméens (…) C’est sur ce modèle que nous espérons voir s’instaurer la collaboration missionnaire nouvelle qui va nous lier les uns les autres, nous engager les uns envers les autres, d’un engagement où la volonté réciproque de servir le pays et l’Eglise sera souveraine ».
Cette volonté de service, parfaitement traduite par sa devise épiscopale « A ton saint Service » (Seigneur), conduira effectivement toute sa vie.
Il a manifesté une véritable et fidèle vénération envers Mgr Louis Parisot. Mais il affirmera aussi son attachement aux Pères et Frères sma et à toutes les Sœurs missionnaires de Notre Dame des Apôtres et aux Sœurs catéchistes missionnaires du Sacré-Cœur. Il disait souvent : « C’est grâce à vous que j’ai connu le Christ ». Avec une foi très profonde et à travers des qualités exceptionnelles de cœur et d’intelligence, il rendait grâce pour ces missionnaires, intermédiaires providentiels de la grâce de Dieu. C’est dans cette lumière qu’il appréciait l’histoire de la SMA. Il n’ignorait ni les limites de l’action évangélisatrice conduite par la SMA, ni les aspects critiquables de son œuvre, ni les blessures personnelles qui lui avaient été faites. Mais il avait la grandeur de les dominer et de les dépasser. Il émettait ses réserves et ses critiques avec un humour délicat, expression de son respect pour les personnes et de son indéfectible affection.
Sa manière personnelle de rester fidèle à cette amitié avec « ses Pères dans la foi » se traduisait par des délicatesses de détail et des gestes simples d’une grande humanité. Il n’hésitait pas à bousculer son agenda surchargé pour rester attentif et présent aux anciens missionnaires du Bénin, à ses collaborateurs, pour entreprendre un voyage, visiter un malade, être présent à un deuil, participer à une célébration importante pour ses amis. « Mon cœur ne pourra se détacher de la SMA ».
Après plus de 125 années de fidélité à la pensée de Mgr de Brésillac de faire naître rapidement un clergé local nombreux et bien formé, la SMA jugea bon d’accepter en son sein des jeunes africains désireux de vivre la vie missionnaire. A contre-courant de beaucoup de personnes, le Cardinal Gantin a vu cette nouvelle orientation avec une grande largeur de vue qu’il puisait sans doute dans son service de l’Eglise universelle. A la bénédiction du Centre Brésillac à Calavi, le 8 décembre 1988, il disait dans son homélie : « Ce n’est donc pas une entorse faite au respect d’une pensée missionnaire ; mais plutôt une réponse actuelle et opportune à l’esprit plutôt qu’à la lettre d’un message. Il s’agit d’une fidélité authentique et plus profonde, au bénéfice du service d’une nouvelle évangélisation, offerte à de plus nombreuses générosités possibles ». Il estimait que la SMA, comme le voulait son Fondateur, se montrait ainsi « toujours prête à répondre aux besoins du moment ».
De son côté, la SMA a voulu exprimer son lien profond avec lui. Lors de sa promotion au Cardinalat en 1977 par le Pape Paul VI, le Supérieur général des Missions Africaines, le Père Joseph Hardy, lui avait passé au doigt l’anneau épiscopal du Fondateur Mgr de Brésillac, affirmant ainsi qu’il symbolisait le plein épanouissement de l’espérance et de l’effort des missionnaires depuis plus d’un siècle.
Il fut donc le premier archevêque africain à entrer au gouvernement central de l’Eglise. Il lui a fallu vaincre pas mal de préjugés et déployer beaucoup d’énergie pour montrer qu’une personnalité africaine pouvait assumer une telle charge. Il a trouvé alors, à Rome même, auprès des membres de la maison généralice de la Nocetta, un soutien sans faille en toutes circonstances. Finalement en 1993, la SMA par le Père Patrick Harrington, aujourd’hui évêque de Lodwar au Kénya, l’a accueilli comme membre d’honneur. Désormais, tous les missionnaires de la Société prieront chaque année pour lui, le 13 mai, anniversaire de son « jour d’entrée dans la Vie éternelle ». Ce sera leur manière de rappeler la place importante qu’il avait dans leur famille missionnaire, lui qui récemment disait : « L’histoire de l’Evangélisation rendra toujours hommage à ceux et celles qui généreusement ont marqué le champ du Seigneur par leur sagesse et mieux encore par leur sueur et par leur sang ».
Pères Daniel Cardot et Pierre Legendre.
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