Société des Missions Africaines - Province de Lyon
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né le 16 novembre 1932 à Pied-de-Borne dans le diocèse de Mende, France membre de la SMA le 10 juillet 1960 prêtre le 6 janvier 1962 décédé le 18 mai 1995 |
1962-1963 Lyon, pastorale décédé à Montferrier-sur-Lez, France, le 18 mai 1995 |
Le père Germain FLOURET (1932 1995)
Germain Flouret est né le 16 novembre 1932 aux Salces, commune de Pied-de-Borne, dans la vallée du Chassezac, en Lozère. Fils d’Augustin et de Martine Fournier, il est le troisième de cinq enfants, 2 frères et 2 sœurs, dont une sera religieuse de la congrégation de Saint-Joseph. Baptisé le 20 novembre 1932 à la paroisse de Planchamp, il sera confirmé le 5 mai 1943 à Villefort, toujours dans le diocèse de Mende.
Le collège du Sacré-Cœur de Langogne l'accueille pour ses études secondaires de 1947 à 1953, puis il entre au grand séminaire de Mende de 1953 à 1959, avec une interruption de deux ans, de 1955 à 1957, pour son service militaire en Algérie. Se sentant appelé à la vocation missionnaire, il hésite, un moment, entre les Oblats de Marie-Immaculée et les Missions Africaines. Monseigneur Boudon, son évêque, accède à son désir de quitter le diocèse. L'avis du curé de sa paroisse, ainsi que celui de son supérieur de grand séminaire, étant favorables, Germain peut être admis au noviciat à Chanly, en Belgique, à la fin du mois de septembre 1959.
Le 20 mai 1960, il envoie au provincial ces quelques mots : Me voici arrivé à la fin de mon noviciat. Me croyant appelé à la vocation sacerdotale et missionnaire, et ayant la ferme résolution d'entrer pour toujours dans la SMA, j'ai l'honneur de solliciter mon admission au premier serment. Celui-ci a lieu le 10 juillet 1960. Il est ordonné prêtre le 6 janvier 1962.
D'octobre 1962 à juillet 1963, Germain accomplit un stage de pastorale à Firminy dans la Loire. Le responsable du stage donnera à son sujet l'appréciation suivante : Le père Flouret estime avoir acquis une certaine expérience du ministère paroissial et pastoral. C'est certainement vrai. Il nous a rendu de grands services, et il est certain que son passage a été bienfaisant pour beaucoup de personnes qui ont apprécié son sens surnaturel, son dévouement et ses conseils.
Durant l’été 1963, il reçoit son affectation pour la paroisse d'Akpakpa, à Cotonou, au Dahomey. La lettre de nomination en explique les raisons : Le père régional aura ainsi, presque sous la main, quelqu'un de solide pour le cas où il se présenterait quelque urgence impossible à remettre. Vous serez notre réserve au Dahomey. En 1966, le père Bellut, curé d'Akpakpa, ayant été nommé supérieur régional du Dahomey, le père Flouret se voit confier, le 24 novembre, la responsabilité de la paroisse : La proposition a été faite et nul, mieux que vous, ne semblait convenir, assurant par votre nomination une continuité bénéfique, sans apporter aucun trouble dans la position respective des confrères.
En 1967, le père Trichet (senior) le remplace à Akpakpa, alors qu'il est lui-même nommé curé de la paroisse Sainte-Cécile de Cotonou. A la fin de l'année 1969, il aura ses premiers problèmes de santé, peut-être la vésicule biliaire : Il y a des symptômes "bâtards", mais on ne sait pas d'où ça peut venir. Je fais mon travail comme si rien n'était. De fait, dans la circulaire qu'il envoie à sa famille à Noël 1969, nous le retrouvons plein de projets pour l'aménagement de l'église et de la mission. Au plan pastoral, il nous parle des groupes de CV-AV, de la relance de la JOC, de la JOCF. Lors de rencontres mensuelles entre prêtres, ceux-ci constatent qu'un milieu est bien oublié, celui des étudiants. Une équipe est constituée qui pourra entrer dans la plupart des grands établissements scolaires, et y assurer des réunions de réflexion religieuse.
A son congé de 1974, le père est nommé supérieur de la maison de Chaponost, près de Lyon, en remplacement du père Ropélewski. Le souhait affiché du conseil provincial est que cette maison devienne progressivement un centre de prière, de réflexion, de rencontres et de communion fraternelle pour la Mission à l'extérieur, particulièrement en Afrique. En fait, ce noble objectif doit souvent se doubler de soucis plus matériels : trouver des fonds pour faire vivre les maisons. Germain se bat donc aussi sur le front des foires (Chambéry, Annecy, Tulle) et il s'y donne généreusement : Depuis le 23 août, je suis en foire ; on est rôdé dans le métier.
Cette parenthèse de trois ans à Chaponost se referme avec un nouveau départ pour le Dahomey, devenu, entre temps, le Bénin. Monseigneur Adimou lui écrit : Vous nous revenez donc à l'archidiocèse de Cotonou et j'en suis bien content. Vous serez chez les Toffin avec le père Cogard. Evidemment, il va falloir vous reposer un peu avant de venir. Mais, le plus tôt sera le mieux, car le père Cogard rentre très bientôt en congé. Le 8 novembre 1977, Germain écrit au père Grenot : L'acclimatation se fait très bien. Je suis à So-Tchanhoué avec le père Cogard. Je visite un nouveau village chaque dimanche ; il en reste encore 3 sur 7. Le père Grenot lui répondra dans la foulée : Tout de suite à pied d'œuvre, c'est excellent. Mais comme tu es loin du plateau ardéchois, toi, désormais condamné à vivre sur l'eau comme un canard ! Bonne pêche, au sens normal et au sens évangélique !
Dans les années qui suivront, les circulaires que le père envoie à sa famille et à ses amis, à l'occasion de Noël, nous renseignent, année après année, sur les réalités de ce petit monde des pêcheurs du lac. Sa lettre de Noël 1977 se termine ainsi : Prêtres, religieuses, laïcs chrétiens, nous essayons de travailler ensemble et d'être les témoins du Christ ressuscité dans ce milieu de pêcheurs. Les gens vivent pauvrement et, par certains côtés, ils doivent ressembler aux pêcheurs du lac de Tibériade au temps de Jésus. Plus tard, il expliquera combien précieuse est, en particulier, l'aide des catéchistes et des religieuses qui continuent, même en l'absence du prêtre, d'animer la vie spirituelle. Les Petites Sœurs de l'Evangile sont à pied d'œuvre au village de Sô-Ava, et, notre petite sœur africaine, sœur Placida, a continué de rester seule, avec bien du courage, au village de Sô-Tchanhoué. Germain nous dit aussi son admiration pour la fidélité, parfois héroïque, des chrétiens face aux coutumes païennes, comme Joséphine qui a été mariée à un païen contre sa volonté. Enlevée de la maison par des amis du fiancé, ligotée dans une pirogue, elle a réussi à s'enfuir pour pouvoir continuer son catéchuménat.
Parlant de l'année sainte de 1983, il décrit les semaines de prière organisées dans chaque village. La Croix qui marque cette année sainte est portée en procession de village en village. Chez nous, la procession ne peut se faire qu'en pirogue. Nous espérons que beaucoup de nos chrétiens, de nos catéchumènes et même des animistes ouvriront leur cœur au Rédempteur. Et que de chaleur quand le Père parle de ces chers Toffinou : To = eau, Fin = voler, Nu = la chose, c'est-à-dire la chose volée par l'eau, car, disent-ils, nous avons fui la guerre au 17° siècle en nous installant sur l'eau. Il y avait un interdit à Abomey qui empêchait tout guerrier de s'aventurer dans l'eau. Nos ennemis s'en sont retournés, et nous avons retrouvé la paix, comme l'eau de la Mer rouge sauvant les Israëlites de la main des Egyptiens (Circulaire de Noël 1987).
Début 1989, le père doit rentrer en catastrophe, épuisé. Il a contracté la tuberculose. Soigné énergiquement au sanatorium de Hauteville, dans l’Ain, il se remet et, ensuite, à Lyon, il peut même suivre des cours de recyclage à la faculté catholique. Rétabli, il est affecté à Abomey-Calavi, fin septembre 1990, tout en assurant un intérim pendant quelques mois à la paroisse de Zê. Devenu curé d'Abomey-Calavi, Germain continue de vivre intensément son engagement missionnaire : la formation des catéchistes, la préparation et l'animation des fêtes de l'année liturgique avec son lot de baptêmes et autres sacrements, le suivi des villages. Tant et si bien qu'il est à nouveau très fatigué. Un confrère lui écrit de France : Je crois que tu dois prendre la chose au sérieux. Une hépatite, plus un ulcère, plus ce que tu as eu il y a quatre ans, ça fait beaucoup pour une seule personne !
Sa dernière circulaire de janvier 1994 rapporte longuement le témoignage d'une jeune-fille devenue "vodounsi", c’est-à-dire "consacrée au vodoun", contre sa volonté, enfermée de force dans un couvent fétiche, le corps marqué de scarifications indélébiles et qui, devenue majeure, put enfin choisir de devenir chrétienne. Seul le Christ peut me sauver. En venant au catéchisme c'est le Christ que je veux connaître, aimer et servir. Les cicatrices que je porte sur mon corps ne sont rien à côté de la marque de l'Esprit-Saint qui me sera donné au baptême. Le père pouvait être fier d’un tel témoignage.
Contraint au repos à la maison régionale, il doit absolument renter en France où il est affecté à Montferrier. Il en devient même le vice-supérieur. On pense qu'il pourra à nouveau se remettre d'aplomb, mais Dieu en décidera autrement. Germain arrive au bout de sa route. Le médecin expliquera qu'il avait présenté une hépatite B, en octobre 1993, dont il ne s'est pas vraiment remis. C'est cette hépatite, qui s'est réactivée, qui l'a emporté. C'était le 18 mai 1995. Le supérieur de la maison, le père Bellut, son ancien curé du Bénin, présidera la messe des funérailles, en présence de ses deux frères et de ses deux sœurs.
Quelques jours avant sa mort, monseigneur de Souza, son évêque de Cotonou, était venu le voir. Avant de partir, il lui avait dit : Germain, ce que tu souffres, offre-le pour nous à l'exemple du Christ. Un père, témoin de la scène, dira ensuite qu’il a vu un sourire sur le visage de Germain quand il a répondu, après un bref instant, "Oui, Monseigneur", et qu ils se sont embrassés.
Avec l'épître aux Hébreux, lue à ses obsèques, comment ne pas redire aujourd'hui : Souvenez-vous de ceux qui vous ont dirigés : ils vous ont annoncé la Parole de Dieu. Méditez sur l'aboutissement de la vie qu’ils ont menée, et imitez leur foi. Jésus-Christ, hier et aujourd'hui, est le même. Il est pour l'éternité (Hébreux, 13/7 et 8).
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