Société des Missions Africaines – Province de Lyon
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Le Père Antoine CAILHOUX né le 23 avril 1919 à Chapdes-Beaufort dans le diocèse de Clermont-Ferrand (France membre de la SMA le 27 octobre 1947 prêtre le 7 décembre 1947 décédé le 17 décembre 2006 |
1948-1952 Bingerville (Abidjan), professeur
1952-1953 Adiaké (Grand-Bassam), vicaire décédé à Montferrier-sur-Lez France), le 17 décembre 2006 |
Le père Antoine Désiré CAILHOUX - (1919-2006)
Le père Antoine Désiré Cailhoux est né au hameau de Chirmaux, sur la commune de Chapdes-Beaufort dans le Puy-de-Dôme. Il est le 3ème d’une famille de 5 enfants. Son père décède en 1927 des suites de la guerre. Antoine devient alors pupille de la Nation, ce qui lui permet d’avoir des bourses d’Etat pour continuer ses études. Il suit ses humanités à la Maîtrise de la cathédrale de Clermont, obtient ses 2 baccalauréats, section philosophie, et, en 1936, entre au grand séminaire diocésain de Richelieu pour sa philosophie.
En 1938, il commence son service militaire à Clermont-Ferrand. Au début de la guerre, fait prisonnier, il est emmené en Allemagne au stalag XVII B. Là il apprend l’allemand et le russe. En 1944 il est rapatrié par la Croix-Rouge pour raison de santé. Il retourne alors au grand séminaire de Richelieu pour commencer sa théologie. C'est à ce moment qu'il demande à son évêque de pouvoir entrer aux Missions Africaines. Celui-ci ne faisant pas de difficulté, il fait sa demande d’admission en avril 1946. Ses formateurs de Richelieu vont faire sur lui un rapport élogieux : Il reste un modèle de fidélité ferme à ce qu’il a vu être sur lui la volonté de Dieu. Le curé de sa paroisse, qui le connaît bien, dira : Je suis certain qu’il se dévouera sans compter au salut des âmes, et qu’il fera du bon travail par son obéissance et son humilité. En septembre 1946, il est admis au séminaire des Missions Africaines à Lyon. Il est décidé qu’il fera son année spirituelle canonique et étudiera, en même temps, les traités de théologie qu’il lui reste à assimiler. Le 27 octobre 1947, il prononce son serment perpétuel avec dispense des 3 serments temporaires préalables. Diacre le 24 novembre suivant, il est ordonné prêtre le 7 décembre 1947 et, le même jour, il reçoit sa nomination pour le vicariat apostolique d’Abidjan.
Arrivé à Abidjan, il est d'abord nommé professeur au petit séminaire de Bingerville où il reste jusqu’en 1952. Puis, après avoir passé une année à Adiaké comme vicaire, il est nommé pour rejoindre le père Méraud retiré à Dabré, et il restera avec lui de 1953 à 1959. Ces 6 années passées à Dabré vont être pour lui une étape très importante de sa vie missionnaire. Il avait le vieux père Méraud en vénération, et celui-ci l’encouragea beaucoup à apprendre la langue, à découvrir les coutumes, et à mettre en valeur ce qu’elles contenaient de meilleur. C’est ainsi que le père Cailhoux prit goût à découvrir, collecter et traduire, le plus fidèlement possible, la littérature orale des peuples Attié et M’bato. C’est là aussi qu’il montra ses talents de constructeur, en édifiant l’église de Dabré, mettant lui-même la main à la pâte. En 1957, il participe à l'installation à Dabré des sœurs des Saints Cœurs de Jésus et de Marie, première communauté de religieuses, après les sœurs Notre-Dame des Apôtres, à arriver en Côte d'Ivoire.
En 1959, le père est nommé curé de la paroisse d’Agboville : là, il laisse volontiers l’apostolat de la ville à ses vicaires, trop heureux de parcourir les villages et de s’imprégner de la vie des gens dont il est l’hôte, ainsi que de la nature foisonnante qui l’émerveille. Mais il n'y reste qu’un an : on avait un besoin urgent de professeur à Bingerville, l’unique petit séminaire de toute la Côte d’Ivoire, et il y est donc nommé en septembre 1960. Pendant 4 ans, il est professeur de sciences naturelles, de physique et de chimie. Cependant, il ne peut s’empêcher d’agrémenter son régime de professeur, en allant faire de l’apostolat dans les villages environnants, en dirigeant les constructions de nouveaux bâtiments pour le séminaire.
La santé du père souffrait beaucoup du climat trop humide de la côte, aussi demanda-t-il de pouvoir rejoindre la région montagneuse de Man où le climat était réputé plus clément, et où il y avait un grand besoin de missionnaires. C’est ainsi qu’il est nommé, en juin 1964, au diocèse de Daloa, et que monseigneur Rouanet lui demande de devenir curé de la grande paroisse de Danané, proche du Libéria, un secteur très montagneux. Il a avec lui deux vicaires, auxquels il fait entièrement confiance, leur confiant volontiers la pastorale de la ville, et faisant lui-même beaucoup de tournées en brousse. En juin 1965, il écrit au supérieur régional : J’ai fait de nombreuses tournées, de longues marches, sans d’autres ennuis que des ampoules aux pieds.
Au milieu du peuple Dan (appelé communément Yakouba), très différent des ethnies de la côte, il se met à apprendre la langue, aidé par un linguiste, le père Doneux, hébergé durant plusieurs mois à la mission pendant l'année 1966, et venu depuis Dakar étudier la langue Dan, qui ne l’avait jamais été auparavant. C’est également avec avidité qu’il découvre les coutumes, la religion et les techniques traditionnelles de ce peuple. Comme il l’avait fait en basse côte, il collectionne récits, contes et mythes à travers lesquels s’exprime la philosophie de ce peuple. Il se plaint seulement qu’il est trop pris par les problèmes matériels : la paroisse a beaucoup d’écoles catholiques (une dizaine, sans compter les petites écoles dites catéchistiques à deux ou trois classes). La plupart sont sous-équipées et, dès qu’il trouve un peu de moyens, il lui faut construire des classes ou des logements de maîtres. Sa santé demeure toujours fragile, et les longues tournées en brousse éprouvent son organisme. En 1970, il rentre très fatigué en France ; les médecins lui trouvent des filaires, la bilharziose, une amibiase, une ankylostomiase, tout cela assaisonné de paludisme. Mais après une petite prolongation de son congé, il retourne en Côte d’Ivoire malgré les conseils de ses supérieurs.
En 1971, monseigneur Bernard Agré, devenu évêque du nouveau diocèse de Man, nomme le père Antoine Cailhoux dans la paroisse voisine de Zouan-Hounien comme vicaire du père Louis Mahy, fondateur de cette paroisse. Malgré sa santé chancelante, il y reste 8 bonnes années, présent la plupart du temps dans les villages, continuant à étudier ce peuple Dan à la culture si riche, et aussi la faune et la flore qui le passionnaient. Pourtant, en 1979, de graves ennuis de santé l’obligent à partir se soigner et se reposer à la maison régionale d’Abobo-Doumé. Ne pouvant rester en place, il s'en va quelques mois dans la mission de Tiassalé. On réussit malgré tout à le persuader de rentrer France : il part en février 1980
Devant son état de santé, ses supérieurs estiment qu’il est plus raisonnable qu’il demeure en France et, le 1er septembre 1980, il est nommé aide-procureur à Chaponost. Ce passage de l’une de ses lettres montre bien le peu d'enthousiasme avec lequel il accepte cette nomination : Me voici en hibernation à Chaponost dans un travail de procure et de prospection. Pour mon salut ! Deux jours par semaine, il va aux Œuvres Pontificales Missionnaires, en ville de Lyon, pour travailler à classer des archives qui avaient été négligées.
Il ne manque pas de redemander régulièrement son départ pour la Côte d’Ivoire, si bien qu’en 1984, de guerre lasse, les supérieurs prennent le risque de le laisser repartir avec une santé vacillante. Il est d’abord affecté à la paroisse d’Issia comme vicaire, mais ses nerfs n’arrivent pas à supporter les bruits et les allers et venues de cette mission très vivante. Aussi est-il heureux quand le père Paul Pageaud lui propose de venir, comme enseignant, dans le séminaire de propédeutique voisin qu’il vient de créer. Il fera onze belles années dans ce poste, heureux de partager aux jeunes son savoir encyclopédique, et de les aider de ses conseils pour voir clair dans leur vocation. En avril 1995, le père Pageaud écrira : Malgré son âge, le père Antoine rend un précieux service à la communauté du séminaire où il est apprécié à la fois par les élèves et les professeurs. En 1997, complètement usé, le père Cailhoux doit se résoudre à quitter définitivement sa chère Côte d’Ivoire pour rejoindre la maison de retraite sma de Montferrier.
Le père Cailhoux passera 9 ans en maison de retraite, tout heureux de découvrir les cailloux et la géologie du pays, ainsi que cette végétation particulière du midi de la France qu’il ne connaissait que dans les livres. Comme à son habitude, il se montre curieux de tout, presque jusqu’à la fin, avide de savoir et de comprendre.
Nous laisserons le mot de la fin au père provincial qui lui écrivait ceci en mai 1997, pour lui donner le courage d’aller en maison de retraite : Vous avez passé de très belles années en Côte d’Ivoire. Vous avez vu le pays changer et l’Eglise grandir. Vous avez participé activement à leur développement en donnant partout où vous êtes passé le meilleur de vous-même. Même si tout n’a pas été facile pendant vos 50 ans de vie missionnaire, votre cœur est devenu ivoirien.
A partir de 2005, la santé du père se mit à décliner de plus en plus. Il s'est éteint le 17 décembre 2006, à l’âge de 87 ans. Après la célébration de ses funérailles avec la communauté de Montferrier, sur la demande de sa famille, son corps a été ramené en Auvergne pour être inhumé, le 22 décembre, dans son village natal de Chapdes-Beaufort.
A l'annonce de son décès, le père Paul Pageaud, avec qui il a beaucoup travaillé à Issia, a écrit sur lui ces quelques mots : Il fut pour moi un confrère discret avec qui il faisait bon vivre, un confrère plein de tact sachant humblement faire des remarques qui portaient fruit. Dans les réunions, il avait toujours en réserve des histoires pleines d'humour qui détendaient l'atmosphère. C'était un homme de prière, mais une prière vécue dans l'aridité : il nous en faisait part lors de nos rencontres hebdomadaires. C'était un homme accueillant, très estimé comme confesseur et sa porte était toujours ouverte. Son seul péché mignon : il était tenace dans ses idées et ne cédait pas facilement du terrain. Par contre, il était un homme de bon conseil, même pour les choses pratiques : j'ai appris beaucoup sur la construction en l'écoutant. Pour les étudiants, il était miséricordieux à l'égard de ceux qui n'avaient pas de grandes qualités intellectuelles. Si, à la demande de monseigneur Coty, j'ai accepté d'ouvrir un séminaire de vocations d'aînés, c'est que je savais le père Cailhoux présent à côté de moi.
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