Société des Missions Africaines –Province de Strasbourg
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né le 9 février 1913 à Colmar dans le diocèse de Strasbourg, France membre de la SMA le 30 juillet 1931 prêtre le 5 juillet 1936 décédé le 24 mai 1971 |
1936-1939 Haguenau, professeur décédé à Vescheim, France, le 24 mai 1971 |
Le père Joseph FRANCK (1913 - 1971)
Joseph Franck est né à Colmar, le 9 février 1913. Il entra à l’école apostolique de Saint-Pierre le 29 septembre 1925. Après ses études secondaires à Saint-Pierre (1925-1926), à Bischwiller (1926-1927) et à Haguenau (1927-1929), il fit son noviciat à Chanly en 1929-1931, et ses études de théologie à Lyon en 1931-1936, avec une interruption en 1933-1934 pour son service militaire à Colmar. Il prononça son premier serment à Chanly le 30 juillet 1931 et fut ordonné prêtre à Lyon par Mgr Hauger le 5 juillet 1936.
Son activité sacerdotale et missionnaire s’exerça à travers les étapes de sa vie selon les dates suivantes.
1936-1939 : le Père Joseph Franck est professeur et directeur de chant à l’école apostolique de Haguenau.
1939-1943 : il part pour le Togo le 8 juillet 1939, est affecté à l’école des catéchistes à Togoville (1939). Suivent trois mobilisations : Cotonou, Parakou, Cotonou et Thiès (1939-1943), entrecoupées de séjours à Anécho (1941), à l’école professionnelle de Lomé (1941), à Ouidah (1942).
1943-1947 : démobilisé au mois de décembre 1943, il directeur à l’École Normale de Togoville.
1948-1963 : à la mission d’Atakpamé (1948-1949), à Kudjravi (1949-1959 et 1961) et à Agou (1960 et 1962-1963).
1963-1971 : il rentre en France le 24 octobre 1963. Il est successivement à la maison de Saint-Pierre, aumônier à Lutterbach, à l’école de Haguenau, au séminaire de Saint-Pierre avec vicariat de dimanche à Barr. Depuis octobre 1970, il est, dans le groupe s.m.a. de Vescheim, administrateur des paroisses de Veckersviller et Metting. Le Père Joseph Franck est décédé à Vescheim le 24 mai 1971.
Les lignes suivantes, extraites d’un article de Mgr Strebler, donneront des renseignements plus détaillés sur la personnalité et sur les travaux du Père.
Après son ordination, ses supérieurs ont retenu le Père Joseph Franck durant trois ans en Alsace pour enseigner dans notre école apostolique de Haguenau : le jeune prêtre s’est toujours distingué par sa compétence pour toutes les branches du programme d’études secondaires. Il aimait aussi particulièrement la Sainte Bible et n’a jamais cessé de l’étudier dans ses textes originaux en vue de les mieux traduire dans le langage du pays en Afrique.
Missionnaire au plus profond de l’âme, il soupirait après l’Afrique. À sa grande satisfaction, il fut désigné pour le Togo en juillet 1939, pour y remplacer le jeune Père Hartmann, décédé trois mois auparavant à la suite d’un empoisonnement accidentel, à l’École des Catéchistes à Togoville. Arrivé à Lomé le 28 juillet 1939, il prit sans tarder la relève du cher disparu, et il se mit immédiatement avec ardeur à l’étude de l’Ewé. Mais la Seconde Guerre mondiale éclata quelques semaines plus tard et entraîna la fermeture de l’École et la mobilisation des deux jeunes missionnaires qui y travaillaient. Le Père Franck fut envoyé à Ouidah d’abord, puis il fut dirigé sur Parakou et plus tard sur Dakar et Thiès au Sénégal, et ce ne fut que sur l’intervention des Évêques du Togo, du Dahomey et du Niger, qu’il fut démobilisé en décembre 1943, pour devenir "Directeur de l’École Normale de Togoville", nouvellement créée à cette époque pour former les Maîtres des écoles catholiques des trois territoires. Il était l’homme providentiel qu’il fallait pour lancer cette œuvre : il était ferme et bon, entreprenant, intelligent et méthodique et il aimait la jeunesse. Les cours étaient de trois années et il forma la première promotion de maîtres catholiques à la grande satisfaction du Gouvernement et des Évêques.
Au début de 1947, il eut droit à son premier congé. Il remit la direction de l’École Normale au Père Peter et partit heureux, pour se refaire en Alsace. À son retour en 1948, ayant manifesté le désir de se consacrer désormais au saint ministère des âmes, il fut chargé, après un court séjour à Atakpamé, d’aller fonder un nouveau district sur le Plateau de Dayes, dont il fit rapidement un district modèle.
Il se fixa à Koudjravi, qui avait l’avantage d’avoir une maison d’habitation modeste mais convenable, facile à transformer en presbytère. Il dota la station d’une belle église, dédiée à saint Joseph. Ses amis d’Alsace lui envoyèrent trois grandes cloches et un harmonium. Le Père Furst lui construisit une grande école, de sorte que Koudjravi devint bientôt une station principale et un centre catholique de première classe.
Tout autour, un réseau de stations secondaires très vivantes se constitua, avec à leur tête un comité laïque, qui veillait au grain en l’absence du prêtre. Il insista beaucoup sur le denier du culte pour garantir la régularité du salaire du catéchiste, qui est la cheville ouvrière de chaque station. Grâce au comité laïque, tout marchait très bien. Pour faire vivre son poste, il avait créé une petite basse-cour, qui lui fournissait des œufs en quantité, pour lui-même et pour le marché hebdomadaire, et qui devint une source de revenu régulier pour sa mission.
Grâce à ses contacts directs avec son peuple, il est devenu rapidement un pasteur aimé et écouté de tous. Il prêchait toujours sans interprète en dialecte. C’est à Koudjravi qu’il traduisit l’épître de saint Paul aux Romains en Ewé. Il la fit imprimer et elle fut largement diffusée par lui. Il passait des nuits entières à faire des travaux de l’Écriture Sainte en Ewé. Peut-être a-t-il ainsi trop présumé de ses forces, et contracté par là, sans s’en douter le germe de la maladie qui le minait ces dernières années.
Ses fidèles ne l’oublieront jamais, car il ne s’est pas seulement occupé de leurs âmes, mais il leur a aussi rendu d’immenses services sur le plan social, surtout en leur assurant, par un barrage, l’eau potable durant toutes les saisons de l’année.
Sa dévotion mariale le décida à construire une grande Grotte de Lourdes à Koudjragan, à quelques kilomètres de son poste principal. Il a aussi bâti plusieurs petites églises dans le district, entre autres celle de N’Digbè et d’Apeyemé, qu’il n’a pas pu terminer, hélas !
Grâce à ses démarches et à son influence, le Plateau de Dayes est devenu un haut lieu de prière et de progrès social, où sont venus s’implanter successivement les Sœurs de la Providence de Peltre, les Moines bénédictins et les Sœurs bénédictines d’En-Calcat et de Dourgne-en-Tarn et les Sœurs Ursulines de Saint-Côme d’Olt (Tarn), dont le rayonnement salutaire a transformé le Plateau.
Après s’être donné tout entier à ces jeunes chrétientés naissantes durant dix ans, il fit un troisième séjour dans la plaine, au poste d’Agou, où il dut s’occuper surtout de la direction d’un C.E.G. et d’autres grandes écoles primaires. Mais sa santé était devenue défaillante et le sommeil le fuyait de plus en plus et sa forte constitution se minait. Malgré son grand amour de l’Afrique, il dut se résigner à rentrer définitivement en Europe en 1963.
Il n’était pas question pour lui de rester inactif durant ses années de convalescence. Volontiers il mit ses talents au service des futurs missionnaires, dans l’enseignement, soit à Haguenau (1965-1967), soit à Saint-Pierre (1967-1970) où il enseigna à nos grands séminaristes une méthode pratique pour apprendre rapidement une langue africaine. En même temps, il était vicaire de dimanche à la paroisse de Barr.
Au mois d’octobre 1970, il fut nommé administrateur des deux petites paroisses de Veckersviller et de Metting, près de Phalsbourg en Moselle, avec résidence à Vescheim, qui est desservi aussi par les Pères des Missions Africaines. Il se mit au travail avec enthousiasme et s’occupa surtout de la jeunesse : il leur enseigna les nouveaux cantiques français et prépara avec eux des soirées théâtrales populaires. L’ayant vu récemment, il m’a dit qu’il aimait son ministère et s’en trouvait très heureux. Cependant sa santé en apparence florissante, laissait beaucoup à désirer : il ne dormait guère et il ne se nourrissait plus régulièrement.
Dimanche 23 mai, il a fait tous les offices comme de coutume. Le soir, il s’est retiré au presbytère de Vescheim, sans souper. Le matin du 24, il se leva de bonne heure et il descendit à la salle à manger, mais ne prit rien. Il remonta dans sa chambre et s’assit au bord du lit, la tête penchée sur le dos d’une chaise. C’est dans cette position d’attente que la mort l’a frappé. Le docteur appelé d’urgence ne put que constater la mort, causée par une crise cardiaque foudroyante. Le Père Diebold, le supérieur du poste, qui le trouva dans cet état comateux, lui a administré "in extremis" les derniers sacrements de l’Église.
Vescheim et ses annexes lui firent des funérailles émouvantes le matin du 26 mai, et, le soir à 16 heures, l’église Saint-Joseph de Colmar accueillit sa dépouille mortelle, pour lui rendre les derniers honneurs de l’Église.
Sa famille et ses amis et de nombreux prêtres et missionnaires assistèrent à une messe de Requiem concélébrée par Mgr Strebler, entouré d’une couronne de dix prêtres, qui l’accompagnèrent ensuite au cimetière de Colmar, où il repose dans la tombe de ses parents.
Après les dernières prières liturgiques devant la tombe, M. le Curé de Saint-Joseph, qui connaissait bien le cher défunt, nous lut un beau passage de saint Paul aux Philippiens, souvent cité et commenté par le Père : pour le Christ, j’ai renoncé à tout... afin de gagner le Christ et d’être trouvé en Lui... Nous sommes citoyens des cieux... C’est de là que nous attendons comme Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ ! (Ph. 3, 8...).
En Afrique, ses funérailles sont célébrées successivement dans chaque village de son district et se termineront le 30e jour au monastère bénédictin de Dzogbégan. L’Afrique se souvient... et n’oublie pas ceux qui ont donné leur vie pour son salut.
(Mgr Strebler, dans Ralliement, n° 87, août 1971, p. 26 à 29. Une traduction en allemand a paru dans Terre d’Afrique-Messager, septembre-octobre 1971, p. 6 et 7).
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