Société des Missions Africaines –Province de Strasbourg
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né le 7 avril 1907 à Salmbach dans le diocèse de Strasbourg, France membre de la SMA le 29 juillet 1928 prêtre le 8 janvier 1933 décédé le 28 mai 1996 |
1933-1936 missionnaire en Côte-d'Ivoire, Katiola décédé à Saint-Pierre, France, le 28 mai 1996, |
Le père Alphonse HAEUSSLER (1907 - 1996)
Alphonse Haeussler a traversé près de 90 années de ce siècle : né le 7 avril 1907 à Salmbach, il est décédé à Saint-Pierre le 28 mai 1996.
Il était le 9e de 14 enfants, d’une famille vivant du travail des champs. Son enfance fut celle des garçons de son village, avec les huit années d’école primaire, d’abord allemande, puis, après l’armistice de 1918, école française. Enfant pieux et éveillé, il entendait souvent dans sa famille chrétienne parler du sacerdoce, mais il n’y prêtait pas attention, ne pensant pas, a-t-il dit plus tard, que cela pouvait le concerner. Pourtant un jour, âgé de 14 ans, lors d’un pèlerinage à Marienthal, comme un Chapelain lui demandait ce qu’il comptait devenir, maintenant qu’il était hors d’école, il s’entendit répondre : Je veux devenir prêtre. C’était sérieux. Mis en relation avec le Père Joseph Vogel, jeune missionnaire s.m.a. de Scheibenhard, il entra le 27 septembre 1921 à l’école apostolique de Bischwiller.
Alphonse attribuait sa vocation aux prières de sa très pieuse mère et aussi à celles d’une sœur, qui devient plus tard religieuse et qui, plus âgée que lui de 13 ans, avait fait sa première Communion le jour même de la naissance et du baptême de son petit frère : elle avait demandé au Seigneur ce jour-là que l’enfant qui était entré dans la vie devienne prêtre.
Tout alla bien pour lui. Après ses études secondaires à Bischwiller et un noviciat de deux ans à Chanly, il fit, le 29 juillet 1928, le serment d’appartenance à la s.m.a., serment d’emblée perpétuel à cette époque. Suivirent une année de service militaire et, au séminaire s.m.a. de Lyon, quatre années de théologie. Il fut ordonné prêtre par Mgr Hauger à Lyon, le 8 janvier 1933, dimanche de la fête de l’Épiphanie.
De 1933 à 1977, le Père Haeussler fut missionnaire en Haute Côte d’Ivoire, sauf deux interruptions : en 1936-1941 et en 1964-1965.
Au mois de juin 1933, le temps de séminaire achevé, il avait reçu sa nomination pour la Préfecture Apostolique de Korhogo. Il partit le 3 octobre 1933. Affecté à la mission de Katiola, il eut comme charge l’enseignement à l’école primaire de la mission, les samedi et dimanche étant toutefois réservés au ministère des stations secondaires. Il s’adaptait à cette vie laborieuse. Cependant, de santé un peu fragile, il tomba sérieusement malade au bout de 2 ans et demi. Les crises de foie et le paludisme exigèrent son rapatriement au mois de janvier 1936. Soigné à la Croix-Valmer et à Vichy, il lui fut possible, à partir du mois de novembre, d’assurer un petit travail à l’école apostolique de Saint-Pierre. Il fut aussi vicaire de dimanche à Stotzheim.
En septembre 1939, commençait la Seconde Guerre mondiale. Mobilisé dès fin août au 22e R.I.F., le Père Haeussler passa l’automne et l’hiver au Col du Pfaffenschlick dans un campement de baraques au milieu de la forêt. Un décret du ministre Mandel permettait, dans certaines conditions, un retour aux Colonies pour des missionnaires. Le Père Haeussler, se référant à ce décret, demanda à retourner en Afrique. Il n’obtint satisfaction qu’après d’assez longues démarches. Enfin au tout début de juin 1940, il se trouvait à Bordeaux pour s’embarquer. Mais arrivé là, le bateau qu’il pensait prendre, le Brazzaville, venait de partir la veille. On ne prévoyait pas d’autre bateau avant un mois. Le Père attendait donc à Bordeaux, où il apprit bientôt que le Brazzaville, deux jours après son départ, avait été torpillé par un sous-marin ennemi sur les côtes d’Espagne en face de Vigo. Le navire avait sombré en quelques minutes à 6 h du matin. Des 600 personnes, qui étaient à bord, 400 périrent dans les flots.
En France, la situation se transformait rapidement avec la victoire des armées allemandes. Le Père Haeussler, démobilisé, et attendant qu’il y ait des bateaux pour l’Afrique, rejoignit d’abord sa famille, qui avait été évacuée en Haute-Vienne dès l’automne précédent, avec les habitants de plusieurs villes et villages d’Alsace. Puis il se rendit à Lyon. Il fut quelque temps vicaire à Saint-Charles de Lyon. Et après une longue attente, il obtint un passage sur un bateau pour l’Afrique le 14 avril 1941.
Il put ainsi retrouver sa mission en Côte d’Ivoire. Le Préfet Apostolique, Mgr Wach, l’affecta au petit séminaire de Katiola et, en même temps, il s’occupa efficacement de plusieurs stations secondaires.
Maintenir l’œuvre du petit séminaire comportait d’énormes difficultés en ce temps de guerre. Les candidats n’étaient pas nombreux. Aucune aide extérieure ne venait pourvoir à leur entretien. On n’avait pas de livres, pas de manuels. L’équipe de direction et d’enseignement se réduisait à deux Pères, les Pères Durrheimer et Haeussler. Pourtant ceux-ci ne se découragèrent pas. Et ils eurent raison : avec le temps, l’œuvre se révéla être un véritable berceau du clergé africain et de la hiérarchie, puisque beaucoup de prêtres du nord et de l’est de la Côte d’Ivoire sont venus de ce petit séminaire et parmi eux deux évêques, Mgr Kwaku et Mgr Keletigui.
Le Père Haeussler était resté au petit séminaire jusqu’en 1947. En 1948, il fut nommé directeur de l’école cléricale de Ferkéssédougou. En 1950, il assura un intérim de six mois à Kouto, en remplacement du Père Swierkowski, qui était rentré en congé en Europe. En 1951, il vint à la mission de Sinématiali, dont il resta supérieur jusqu’en 1959.
La mission de Sinématiali, fondée déjà en 1922, avait eu à surmonter bien des difficultés. Celles-ci n’épargnèrent pas le supérieur. La population, fortement attachée aux traditions des ancêtres, n’était pas facilement accessible au message chrétien. D’autre part, des ennuis furent suscités aux écoles de la mission. Il y eut aussi des désastres naturels, comme la violente tornade du 10 février 1953, pendant laquelle deux des meilleurs maîtres de l’école furent tués par la foudre. Malgré tout, à en juger dans l’ensemble, on pouvait dire que la mission semble être en pleine prospérité. Le Père note avec joie la construction et la bénédiction de plusieurs chapelles dans les villages. Et aussi, l’arrivée en 1955 des premiers missionnaires canadiens s.m.a., le Père Boily nommé à Togoniéré, et le Père Boucher affecté précisément à Sinématiali. La présence de jeunes missionnaires était un heureux motif d’espoir pour l’évangélisation de la Côte d’Ivoire Nord.
Au début janvier 1960, le Père Haeussler fut nommé professeur et directeur spirituel au petit séminaire de Katiola qu’il connaissait déjà bien par un premier séjour. En 1964-1965, il fut retenu en Europe : notre école de Haguenau avait besoin d’un professeur et d’un directeur spirituel pour ses jeunes séminaristes futurs missionnaires. Après ces services rendus à notre maison de Haguenau, le Père retourna en Côte d’Ivoire, le 3 septembre 1965.
Il fut affecté à Kouto, mission la plus septentrionale à cette époque en Côte d’Ivoire. Il était le doyen d’âge des missionnaires du Nord. Il restera à Kouto, avec d’excellents collaborateurs, pendant 12 ans, jusqu’en 1977 et rentra en France le 26 avril.
On n’a guère trouvé ici que quelques repères chronologiques pour situer les ministères exercés par le Père Haeussler. Il faudrait, bien sûr, y ajouter de larges développements pour décrire les travaux apostoliques de presque 40 années à Katiola, Sinématiali et Kouto. L’histoire missionnaire de la Côte d’Ivoire en écrira certainement de belles pages.
De retour en France, le Père se retire à la maison d’accueil de Saint-Pierre. Il y reste actif, autant que le permettent son âge et sa santé. Volontiers il se prête à des œuvres pastorales ou liturgiques pour aider ses confrères. En particulier, il vient plusieurs fois suppléer le Père Jung pendant quelques semaines à la maison Saint-Charles de Schiltigheim. À Saint-Pierre, on le voit travailler dans la propriété, spécialement pour le fleurissement des parterres. On le voit aussi faisant régulièrement ses promenades quotidiennes dans la campagne environnante.
Ainsi passent les années. Mais viennent peu à peu, les peines et les misères du grand âge. Les forces diminuent et en même temps faiblit l’activité extérieure. En toute fidélité, le Père garde jusqu’à la fin, comme la petite Bernadette à Nevers, l’emploi de prier.
Même les dernières années, il les a vécues dans une paisible sérénité, et il apprécia avec une sincère reconnaissance l’environnement fraternel et dévoué de la « communauté » que forment, avec le personnel, tous les habitants, frères et sœurs, de la maison de Saint-Pierre. Évoquant le bienfait de cette situation, il s’écriait : Oh ! comme on est bien ici ! Au ton ému dont il disait ces mots, on comprenait qu’il avait découvert, dans la bonté agissante de son entourage, quelque chose de la douceur de Dieu.
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