Société des Missions Africaines –Province de Strasbourg
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né le 21 janvier 1889 à Strasbourg dans le diocèse de Strasbourg, France membre de la SMA le 17 mai 1928 décédé le 1er juillet 1968 |
1928-1931 Lyon décédé à Lyon, France, le 1er juillet 1968, |
Le frère Désiré LIENHARDT (1889 - 1968)
Désiré Lienhardt est né le 27 janvier 1889, à Strasbourg, près de la cathédrale, en cette terre d'Alsace, alors sous occupation allemande. Il n'entendit l'appel missionnaire qu'assez tard. Le premier document que l'on possède à ce sujet remonte à 1925, mais nous n'avons aucun renseignement concernant son enfance, son adolescence, son service militaire, ni même sa situation pendant la guerre 1914-1918.
Après la guerre, il succède, avec un frère, à ses parents qui tenaient un magasin de chaussures. Il parle l'alsacien et, tout en maniant assez bien la langue française, conserve l'accent bien marqué de son terroir. Il est donc commerçant, mais il entend l'appel à une vie plus pauvre. Il a un ami, Jean Bürgel, employé de bureau à Strasbourg, qui connaît la maison des Missions Africaines de Martigné-Ferchaud. Ayant réfléchi et prié, ils se décident, tous les deux, à écrire au père Chabert, supérieur général, comme deux amis aspirant devenir frères ! Voici des extraits de cette lettre datée du 27 février 1925. Nous sommes deux amis, du même pays, qui ont l'intention depuis longtemps, de participer, comme missionnaires, dans les Missions Africaines Ayant fait l'expérience de votre établissement en Bretagne, à Ferchaud, où l'on développe les frères missionnaires, nous nous permettons de vous demander, révérend père, quelles conditions il faudrait remplir pour entrer dans ce noviciat. Nous sommes tous deux dans la branche du commerce, et avons l'âge de 36 et 39 ans ; nous espérons que l'âge un peu avancé ne joue pas de rôle pour entrer au couvent. N'ayant pas assez d'expérience pour la langue française, nous avons choisi de préférence votre maison de Bretagne, qui nous permettra, en même temps, de nous y perfectionner. Nous serions certainement prêts à nous présenter personnellement dans l'espoir d'une réponse favorable.
Malgré le français pas toujours bien maîtrisé, le père Laqueyrie perçoit le sérieux et la sincérité de la démarche, et il leur répond, dès le 4 mars 1925, en envoyant prospectus et brochures sur la SMA. A leur tour, les deux "frères" lui écrivent à nouveau, le 15 avril suivant, le remerciant de la documentation et se proposant de faire un voyage à Martigné-Ferchaud, où, disent-ils, nous apprendrons les détails nécessaires. Après avoir réglé leurs affaires commerciales et civiles, ils arrivent à Offémont, le 23 décembre 1925. Ils y accompliront leur noviciat qui sera concluant, puisqu'ils deviennent membres de la SMA le 17 mai 1928, jour de l'Ascension. Ils seront affectés, tous les deux, à la maison provinciale de Lyon, le 25 avril 1928 : le frère Jean-Baptiste Bürgel à la procure générale, et le frère Désiré au bureau de l'Echo. Ils vivront ainsi côte à côte durant trois ans, puis leurs vies divergeront.
En 1931, le frère Désiré est nommé à Samos, où il semble se plaire. Il écrit de Vathy, le 28 décembre 1932, que la santé est toujours bonne, qu'il va faire une retraite et sollicite d'avoir dans vos prières (il s'adresse au provincial) un memento spécial pour vos chers enfants de Samos. Une autre lettre, envoyée au père Laqueyrie, le 16 mai 1933, évoque avec une délicate simplicité sa vie à Samos : Je suis profondément touché d'apprendre que vous avez pensé à moi dans vos ferventes prières, dont je vous témoigne ma plus tendre reconnaissance. En ce moment, nous nous occupons de la construction de cuves en béton armé, et j'espère que vous aurez bientôt l'occasion de les voir sur place, ainsi que la restauration de la chapelle. Mais, bientôt, un autre engagement va lui être demandé.
Le 3 août 1933, le père Laqueyrie l'informe de la décision du conseil : Plusieurs frères, qui faisaient la classe en Egypte, ont été obligés de partir. Je vous demande donc de bien vouloir prendre vos dispositions pour vous rendre directement de Samos en Egypte où il faudrait arriver les premiers jours de septembre, au plus tard, car les classes recommencent, en Egypte, à cette époque. Je ne sais pas à quelle école ou à quel travail exactement vous serez affecté : c'est le père visiteur d'Egypte qui vous le fera connaître. Dès le 12 août, le frère Désiré répond : J'ai bien reçu votre honorée du 3 août qui m'apprend ma destination pour l'Egypte. Je prendrai donc immédiatement mes dispositions pour le visa du passeport et j'avertirai à temps le père Pagès, le visiteur, de mon arrivée. Je prierai le bon Dieu de me donner les grâces nécessaires pour pouvoir remplir ce nouveau poste.
C’est en Egypte, à Mahalla, que le frère prononce son serment perpétuel le 17 mai 1934. Affecté au collège Saint-Georges à Choubra, le frère peut écrire : Je me plais à mon nouveau poste, au milieu de cette jeunesse maltaise et anglaise, pour qui j’aime bien me dévouer. J’enseigne le français et le dessin dans différentes classes. Ce travail m’intéresse et me fait trouver le temps très court. Le 20 août 1936, une lettre du père Delhommel lui apprend que la province d’Irlande, prenant possession du collège, s’est chargée de tous les emplois, et que c’est en France que nous vous occuperons. De Strasbourg, le frère Désiré répond avec une certaine amertume : La nouvelle que vous m’annoncez m’a un peu chagriné. Je m’étais attaché à mon travail en Egypte, avec tout mon cœur et avec beaucoup d’ardeur. Cependant, je m’incline devant la décision que vous voudrez bien prendre à mon égard.
Le frère Désiré est alors nommé à Baudonne, dans les Landes où il passera 9 ans comme professeur de 1936 à 1945. Puis, il est affecté à Pont-Rousseau près du père Marzin, nommé économe, pour l’aider dans la quête par correspondance. Dans cette maison, il restera encore 9 ans. En juillet 1954, il est affecté à Martigné-Ferchaud. Il n’y restera qu’un an parce que la maison va fermer. Sa dernière nomination date du 15 juin 1955. Elle lui est adressée sous la forme suivante : Affecté à la maison provinciale pour aider à la procure. Vous connaissez déjà le travail, et vous n’en ignorez pas l’absolue nécessité pour la vie matérielle de nos œuvres, et pour nos missions. A cette époque, son état de santé fait craindre le pire. On veut donc le ménager. A Lyon, il revient donc à ses premières amours, et il y restera fidèle jusqu’au bout. La machine est usée : elle fonctionne depuis 79 ans. Elle s’arrête tout doucement, le 1er juillet 1968, à Lyon, durant l’assemblée provinciale. Il est inhumé au cimetière de la Guillotière.
Lors de ses funérailles, on le décrivit avec les mots suivants : Il fut obéissant, allant d’un poste à l’autre, d’un pays à l’autre sans se plaindre ; il fut un homme d’une foi tranquille. Il fut un pauvre : après avoir quitté ce monde et de grandes richesses, il n’a jamais regardé en arrière, et s’est toujours contenté de la modeste situation financière du missionnaire. Au départ de sa vie missionnaire, sans savoir ce que le Seigneur attendait de lui, il avait tout accepté dans la foi et l’humilité. Tranquillement, il est entré dans l’esprit des Béatitudes. Aujourd’hui, il voit Dieu, et il a retrouvé ceux qu’il a aimés, en particulier le frère Jean-Baptiste Bürgel qui a laissé après lui une solide réputation de sainteté.
Mon cimetière est ensemencé de saints, disait le curé d’Ars. Pourquoi, dès lors, ne pas prier les confrères qui nous ont précédés dans la maison du Père ?
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