Société des Missions Africaines –Province de Lyon
![]() |
né le 18 septembre 1921 à la Houssière (Vosges) dans le diocèse de Saint-Dié, France membre de la SMA le 3 décembre 1947 prêtre le 15 juillet 1945 décédé le 8 juin 1976 |
1945-1946 Epinal, professeur à l’institut Saint-Joseph décédé à Lyon, France, le 8 juin 1976,
|
Le père Pierre CHIPOT (1921 - 1976)
Pierre Chipot est né le 18 septembre 1921 à La Houssière, dans le diocèse de Saint-Dié. Après l'école primaire, il entre au petit séminaire, puis au grand séminaire de Saint-Dié. En 1944, après mûres réflexions, il décide d'entrer aux Missions Africaines où l'avaient déjà précédé deux anciens grands séminaristes de Saint-Dié. Il fait sa demande le 17 mai. Mais l'évêque de Saint-Dié souhaite le retenir quelque temps pour rendre l'un ou l'autre service dans le diocèse.
Fin 1944, l'occupation allemande sévit fortement dans l'est de la France, en particulier dans les Vosges. En novembre 1944, Pierre Chipot est réquisitionné, puis déporté en Allemagne. Sa famille connaît une grande épreuve : tout le village est détruit et brûlé, et la famille, évacuée sous les obus, se trouve sinistrée à 100%. Pierre Chipot écrit le 10 mai 1945 au père provincial pour lui faire part de ses épreuves et lui donner l'assurance d'une vocation missionnaire toujours aussi ferme. Ses études sont terminées et il espère être ordonné prêtre en juillet. Le père provincial écrit à l'évêque de Saint-Dié pour intervenir en sa faveur. Il sera écouté. Pierre Chipot est ordonné diacre le 11 juillet, puis prêtre le 15 juillet 1945. Mais il doit encore servir dans le diocèse pendant un an, comme professeur dans un collège d'Épinal.
Ayant obtenu l'accord de l'évêque, il rejoint enfin les Missions Africaines, à Lyon, le 24 septembre 1946. Il est alors envoyé pour un an au petit séminaire des Missions Africaines à Baudonne, où il accomplira son temps de noviciat. Le 24 juin 1947, il est admis dans la SMA, et il prononce son serment perpétuel le 3 décembre 1947. Une longue histoire de vocation missionnaire se termine, faite d'épreuves et d'attente, vécue dans l'espérance et la fidélité, avec la joie au bout du chemin. Enfin, j'ai trouvé ma vocation. Ce fut long et pénible, mais quelle joie, quand on sait où Dieu nous veut. J'espère réaliser, dans la Société des Missions Africaines, mon idéal de missionnaire et de prêtre, par surcroît (lettre du 17 mai 1947).
Nommé pour le vicariat apostolique du Dahomey, le père Chipot s'embarque le 8 janvier 1948. Il est affecté à la paroisse de Ouidah comme vicaire. En 1952, il en devient curé. En 1954, après un temps de congé, il revient au Dahomey comme économe au petit séminaire de Ouidah. Mais le père Chipot rêve d'autres horizons. En 1955, il est nommé curé de Savé, au centre du pays. C'est là qu'il va inscrire son nom par une longue présence de 15 années. Grand bâtisseur, il entreprend la construction d'une église de 48 mètres de long et 15 mètres de large. Des collines rocheuses voisines, on extrait les pierres avec les moyens du bord. Quant aux dépenses pour le ciment et la main-d'œuvre, elles sont assurées par les cotisations des communautés et les dons de quelques bienfaiteurs.
La construction va durer 7 ans. L'église sera bénie et inaugurée officiellement le 1er mai 1962 par monseigneur Gantin, archevêque de Cotonou, en présence de nombreuses personnalités dont le représentant du président de la République. En même temps, le père Chipot mène de front la construction de chapelles dans une dizaine de villages environnants. Le secteur dont il a la charge est en effet immense : 90 km sur 60 km, avec 21 villages, regroupant 20 000 habitants de trois ethnies différentes.
Mais pour le père Chipot, le plus important est la construction de l'Église de pierres vivantes. Missionnaire zélé, il visite régulièrement les communautés des villages, s'absentant parfois de Savé toute une semaine. Très aimé des paysans, il dote chaque communauté d'une plantation de tecks, soucieux de leur assurer une indépendance économique. Il a lui-même son propre champ. Il veille à la formation de ses catéchistes, collaborateurs indispensables. Et la catéchèse s'accompagne d'un apprentissage de l'écriture et de la lecture pour les illettrés. Il publie un bulletin paroissial tiré à 450 exemplaires et distribué gratuitement. Sa paroisse compte 7000 baptisés, mais il est parfois inquiet pour l'avenir. Les sectes commencent à devenir influentes et l'islam affirme sa présence. Les jeunes, attirés par le monde moderne, rêvent d'une autre vie.
Les 28 et 29 juin 1970, le père célèbre ses 25 années de sacerdoce, dont 15 à Savé. Mais il est temps, pour lui, de passer la main à un plus jeune. Après un congé de 4 mois, il va aller fonder une nouvelle paroisse à Kaboua, à 35 km au nord de Savé. Il arrive à Kaboua en octobre 1972, et il commence par achever l'église et le presbytère dont il avait entrepris la construction lorsqu'il était à Savé. Il l'écrit lui-même à ses supérieurs : Je n'aspire qu'à annoncer Jésus-Christ par la parole et le travail de développement. Il creuse des puits, lance une école ménagère pour les filles, introduit la culture attelée avec quelques jeunes, mais, surtout, il passe beaucoup de temps à la formation des catéchistes. Un missionnaire heureux.
Voilà que la maladie fond sur lui et il est rapatrié, le 11 avril 1976. Hospitalisé à Lyon, on diagnostique une "adénite virale" cancéreuse. Bombe au cobalt, perfusions, transfusions. Malgré tous les soins, il s'affaiblit de jour en jour. Le 4 juin, il reçoit le sacrement de l'onction des malades en présence d'un prêtre béninois, de sœurs de Notre-Dame des Apôtres, de plusieurs pères et de sa sœur Jeanne. Décédé le 8 juin, il est enterré à Biffontaine, près de ses parents, dans le cimetière de son pays natal.
L'évêque d'Abomey, monseigneur Agboka, devenu son évêque en 1953, lui a rendu ce témoignage : Derrière un rude tempérament, il portait à un très haut point de perfection les grandes qualités missionnaires de zèle au service des âmes, de générosité, d'abnégation, d'amour des plus pauvres.
Recherchez .../ Search...