Société des Missions Africaines –Province de Strasbourg
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né le 30 août 1916 à Hohwald dans le diocèse de Strasbourg, France membre de la SMA le 30 octobre 1937 prêtre le 12 janvier 1941 décédé le 14 juin 1984 |
1941-1945 diocèse de Metz, Saint-Avold puis Vescheim décédé au Zinswald, France, le 14 juin 1984 |
Le père Paul FRÉRING (1916 - 1984)
Paul Fréring est né à Hohwald, le 30 août 1916. Le Hohwald, village de montagnes des environs de Barr, entouré de magnifiques forêts de sapins et de hêtres, allait être bien connu comme séjour estival des gens de la haute société. Mais les habitants, bûcherons et cultivateurs, vivant d’un travail pénible, restaient de condition modeste, tels les pauvres et les humbles que le peintre René Kuder a représentés sur les murs de la petite église paroissiale. Le Père Fréring n’y avait pas vécu longtemps. Descendant la vallée de l’Andlau, il était venu à Reichsfeld, au pied de la montagne, et c’est à l’école communale de ce village qu’il avait commencé ses études primaires en 1922.
Le 3 novembre 1927, il entra à l’école apostolique de Saint-Pierre. Il passa dès lors toutes ses années d’études et de formation aux Missions Africaines : Saint-Pierre 1927-1928, Haguenau 1928-1935, noviciat et philosophie à Chanly de 1935 à 1937, grand séminaire de Saint-Pierre en 1937-1939, grand séminaire de Lyon 1939-1940, grand séminaire de Saint-Pierre en 1940-1941.
Ayant été déclaré exempt du service militaire par le conseil de révision au mois de juin 1937, il avait pu commencer ses études théologiques dès après son temps de noviciat. Maintenu exempt par une nouvelle décision en novembre 1939, il ne fut donc pas mobilisé pour la guerre et n’eut pas à interrompre ses études. Mais à l’automne 1939, la maison de Saint-Pierre avait été transformée en hôpital et, d’autre part, le Préfet du Bas-Rhin avait fait savoir qu’il ne pouvait autoriser l’ouverture d’internats dans le département. C’est pour cela que la 3e année de théologie eut lieu à Lyon.
En automne 1940, le séminariste Fréring put revenir à Saint-Pierre, avec quelques autres séminaristes et professeurs. Mais, dans l’Alsace annexée, les autorités allemandes n’autorisaient pas la réouverture du séminaire et l’enseignement de la théologie. C’est donc dans des conditions incertaines et précaires que commençait la 4e année. Heureusement tout se passa finalement assez bien cette année-là. Le 12 janvier 1941, le Père fut ordonné prêtre à Pfastatt par Mgr Hauger. Il avait fait son premier serment le 30 octobre 1937.
Mais à sa sortie du séminaire, au mois de juin 1941, c’était devenu très risqué et difficile de quitter le pays pour se rendre en Afrique. En attendant des jours meilleurs, le Père fut mis à la disposition du diocèse de Metz à compter du 1er août 1941. À cette époque, beaucoup de prêtres du territoire mosellan étaient expulsés par les autorités allemandes. Le Père Fréring fut nommé vicaire à Saint-Avold, petite ville industrielle de la région des charbonnages, à 20 km à l’ouest de Sarreguemines. Au mois de décembre 1942, il tomba gravement malade. Atteint du typhus, il fut hospitalisé à l’hôpital Sainte-Blandine à Metz, puis, après quelques semaines de convalescence, il fut nommé administrateur de la paroisse de Vescheim, village de la contrée de Phalsbourg, dans une région de vastes prairies, paisible et verdoyante, qui convenait mieux à sa santé fragile. Il fut curé de la paroisse de Vescheim jusqu’au 15 juillet 1945.
La guerre terminée et l’Alsace libérée, le Père, nommé pour le Togo, pouvait songer à partir pour les missions. En ce temps-là, le bateau était le seul moyen de voyage pour passer outre-mer. Mais il était difficile d’obtenir un passage, à cause de la complexité des démarches préliminaires et du nombre assez restreint de bateaux qui partaient pour la Côte d’Afrique. Enfin le 25 mars 1946 un télégramme de Marseille annonçait au Père l’autorisation d’embarquer. Il put, en effet, le faire le 3 avril, avec quelques autres confrères, sur le bateau Médie. Ils débarquèrent à Lomé le 24 avril 1946, 21 jours après leur départ de Marseille.
Les premières impressions du Père Fréring furent optimistes. Ce devait être un trait de son caractère de regarder avec bienveillance les hommes et les choses. À l’arrivée des nouveaux missionnaires à Lomé, Monseigneur le Vicaire Apostolique et tous les Pères de la Mission étaient venus les attendre au wharf. Sur quoi, le Père note : L’empressement des Pères de Lomé à nous recevoir a créé de suite une ambiance de fraternité. Nous nous sentions de suite chez nous. Et pour les premiers jours qu’il resta à Lomé, le Père ajoute : Les quelques jours passés là-bas furent vraiment très agréables. Les Pères étaient aux petits soins. J’ai passé le dimanche à Lomé. Par une attention charmante, le Père Lingenheim m’a offert de dire la messe paroissiale ce dimanche.
Le mardi suivant, il monte à Assahun, qui est sa première destination. Il s’y adapte tout de suite avec bonne humeur. Jusqu’à présent, écrit-il le 11 mai, ma santé est bonne. La maison est très habitable, assez confortable. Mon travail actuel consiste à étudier la langue Ewé. Le catéchiste vient tous les jours me donner des leçons. La Mission cependant n’est pas encore très bien pourvue. Il y a une chapelle, qui date du temps des Pères allemands et qui est assez digne, mais beaucoup trop petite. Une église a été mise en chantier par le Père Hebting, et les travaux ont cessé depuis bientôt 10 ans. Cela laisse à penser que bien des choses restaient à faire dans une situation où le manque de ressources obligeait les missionnaires à vivre dans une grande pauvreté.
Le Père Fréring devait travailler au Togo pendant dix ans, jusqu’en 1956 avec un congé en 1951-1952. Comme le fit remarquer lors de ses obsèques le Père Provincial, il n’eut pas le temps de s’installer à quelque station que ce soit : Il était le jeune missionnaire, prêt à servir partout où on a besoin de lui. En l’espace de dix ans, il fut à Assahun, Palimé, Agou, Tomegbé, Vogan. Mais les changements ne le découragèrent pas. En ces différents lieux, il n’était pas sans remarquer les améliorations nécessaires, les efforts pénibles à fournir, mais, en même temps, ses dispositions à l’égard des situations diverses restaient positives, comme cela apparaît lorsque l’on a pu recueillir ses impressions.
Le travail ne lui fait pas peur, pourvu que la santé tienne. Il a confiance en la Providence pour l’aider dans les travaux où le devoir l’a appelé. De Palimé, il écrit : Les chrétiens de Palimé sont sympathiques... Ce travail me plaît réellement. Il relève la sollicitude du supérieur de la Mission : Le Père Supérieur est vraiment gentil, il prend soin de ses vicaires. Et il apprécie la bonne entente avec ses confrères : Par ici à Palimé, tout va très bien, nous menons vraiment une vie de famille à nous trois.
Le Père Fréring rentra en France le 15 juillet 1956. Il fut nommé professeur à l’école de Haguenau, et il se montra animé d’un joyeux entrain, tâchant de travailler à la satisfaction de tous. En 1961, une nouvelle orientation allait peut-être lui être demandée. C’était devenu nécessaire de fournir du personnel à l’œuvre canadienne. Le Père fut choisi pour cela et devait être vice-supérieur du séminaire de Montréal. Il accepta généreusement de partir pour le Canada, pour une œuvre attachante, dont il savait que l’on pouvait beaucoup attendre pour le bien des missions. Son mauvais état de santé mit obstacle à son départ. Les autorités canadiennes refusèrent le visa d’entrée. Il resta donc à Haguenau, continuant son service à l’école jusqu’en 1967, tout en étant, de 1958 à 1967, vicaire à Niederschaeffolsheim.
Il fut mis ensuite à la disposition de l’Évêché de Strasbourg et il devint administrateur de Reichsfeld et Bernardvillé, paroisses qu’il administra du 1er octobre 1967 au 1er mars 1975. Au mois de mars 1975, il se retira au Zinswald. Là, toujours disponible, il veilla à assurer les services que demandait la chapelle de la maison, pour la prédication et le ministère des confessions. Il se rendait aussi utile en aidant aux paroisses du voisinage. C’est au Zinswald qu’il mourut, le 14 juin 1984 : on le trouva mort dans sa chambre, terrassé par une crise cardiaque.
Le samedi 16 juin, eurent lieu ses obsèques. Après une messe concélébrée à la Chapelle du Zinswald, il fut inhumé au cimetière des Missions Africaines à Saint-Pierre. Le Père Lucien Derr, Provincial, prononça l’homélie. En toute vérité - et c’est une chose bonne et agréable à Dieu que nous sachions nous édifier des vertus de ceux qui ont vécu parmi nous -, le Père Provincial pouvait mentionner les excellentes qualités de notre confrère, sa bonté, sa disponibilité, son accueil simple et souriant, son comportement doux et paisible. Son passage ici-bas avait été situé par devoir en des occupations bien diverses, mais, sa vie fut animée à tout moment du même idéal : aller à la rencontre des hommes pour leur annoncer la joyeuse nouvelle du salut en Jésus-Christ.
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