Société des Missions Africaines – Province de Lyon
né le 31 janvier 1915 à Rochesson (Vosges) dans le diocèse de Saint-Dié membre de la SMA le 27 juillet 1934 prêtre le 6 janvier 1941 décédé le 14 juin 2006 |
1941-1943 missionnaire à Fada N'Gourma Légion d'honneur à titre militaire décédé à Montferrier-sur-Lez (France), le 14 juin 2006 |
Le père Albert MATTHIEU - (1915-2006)
Albert Mathieu est né le 31 janvier 1915 à Rochesson, dans les Vosges, au diocèse de Saint-Dié. Son papa, bûcheron cultivateur, est tué à la guerre en 1918. Il avait un frère plus jeune qui sera tué au début de la guerre en 1939 dans un accident d’avion. Sa maman, restée veuve en 1918, a du travailler pour élever ses deux enfants. Elle mourra en 1970, le père Mathieu, alors à Djougou, rentrera près d’elle parce qu’elle est gravement malade, mais il l’a trouvera déjà dans le coma, quelques jours avant de mourir.
Albert fait ses études secondaires au petit séminaire diocésain de Mattaincourt. En 1931, il a seize ans, son curé donne son appréciation : Albert Mathieu est un jeune homme type de montagnard vosgien, très peu causant, très peu expansif, et en même temps toujours souriant. Je crois qu’il peut être un bon missionnaire. Cela n’empêchera pas son évêque d’être un peu récalcitrant. Mais, comme il n’est pas encore entré au grand séminaire et qu’il n’est pas tonsuré et donc pas encore clerc du diocèse, on le laisse aller aux missions.
De 1932 à 1934, il est à Chanly où il fait son noviciat et sa philosophie scolastique. En 1934, il entre au grand séminaire des Missions Africaines à Lyon. Au bout d’une année, voici comment il est noté : dévoué, souple, jovial, semble attaché à sa vocation, esprit de foi, caractère heureux et sociable, susceptible de s’adapter aux situations qui lui seront faites, bonne nature dans l’ensemble, jugement droit et sûr, n’est pas dépourvu de prudence.
En 1936, il part pour deux ans de service militaire à Fez, au Maroc. En juillet 1939, début de la guerre, il est mobilisé en Tunisie, puis en France pour un an et quatre mois. Donc déjà plus de trois ans sous les drapeaux ! Au cours d’un congé de trente jours, il obtient de Rome la permission de faire son serment perpétuel et de recevoir le sous-diaconat en janvier 1940. Il reçoit l’ordination sacerdotale à la fête de l’Épiphanie 1941.
En septembre, il est envoyé en mission à Fada-N’Gourma, aujourd’hui au Burkina Faso, qui faisait alors parti de la préfecture apostolique de Parakou. Il n’y restera qu’un an et demi. C’est court, mais ce premier séjour en mission le marquera beaucoup. Très souvent, lors de son séjour à Pont-Rousseau, il parlera, avec enthousiasme de Fada N’Gourma. Mission de l’abnégation, car il savait que ce territoire ne resterait pas aux Missions Africaines. Et pourtant, ceux qui viendront diront, avec beaucoup d’admiration, que les Missions Africaines ont travaillé à Fada N’Gourma comme s’ils devaient toujours y rester.
En mars 1943, il est mobilisé au bataillon du Niger. Il part pour une campagne de deux ans et deux mois : l’Algérie, la Corse, l’Ile d’Elbe, Toulon, le Rhin, le Danube. Il est blessé le 23 septembre dans un petit village du Doubs : une blessure sous l’œil et l’autre à la cuisse. Hospitalisé à Besançon, il achève de se guérir au 150, d’où il repart au front. Traversant son village, il constate que les Allemands ont brûlé sa maison natale. Il apprend que c’est par représailles, et il est alors sans nouvelle de sa mère. De cette campagne, il rapportera plusieurs décorations : Légion d’honneur à titre militaire, Croix de guerre 1939-1945, Ordre du mérite national, Ordre de Malte. Il n’en tire pas gloire, mais il était fier de s’être battu au sein de la «Coloniale ».
Après l’armistice, il repart pour Fada N’Gourma, mais pour peu de temps, car il reçoit une nomination pour le petit séminaire de Pont-Rousseau. Il croit d’abord à une farce du père Bréhier, mais bien vite une lettre du père Kerlévéo le fait déchanter ! Il écrit alors au provincial. Cette lettre révèle toute la modestie du père Mathieu : Je pense que cette décision, qui m’honore beaucoup, vient de ce que vous me connaissez mal. Vous avez vu passer un militaire en guerre, avec l’auréole des victoires d’alors ; mais, dans la vie simple du front, le dévouement suffit à l’aumônier. Dans les fonctions que vous vouliez me confier, il ne suffit pas. Il faut aussi des capacités spéciales qu’on n’improvise pas. Un bon soldat peut faire un mauvais officier. Je suis un petit missionnaire de brousse, sans autorité, moi qui ai du mal à me débrouiller dans mon petit Fada. Mon père, je m’excuse de mon refus, mais vraiment ne je peux pas ; je ne bluffe pas ; je n’ai pas d’arrière pensée, croyez-le bien. J’ai réfléchi et prié.
Et pourtant un télégramme arrive du provincial, le père Boucheix, le futur évêque de Porto-Novo : Nomination Nantes confirmée. Rentrez urgence. Le père Mathieu sera ainsi supérieur de Pont-Rousseau pendant cinq ans.
En 1951, il reçoit sa nomination pour le Dahomey. Il passe deux ans à Bembéréké, puis seize ans à Natitingou, avant d’aller à Djougou pendant dix-huit ans. Sur toute cette période, aucun commentaire car le père Matthieu n’aimait pas beaucoup écrire. Mais il pourrait être dit de ce confrère : trente six ans de vie ordinaire d’un missionnaire extraordinaire par sa bonté, par son zèle, par son amour des autres, car Dieu demeure en lui.
En 1987, il rentre en France où il est nommé au 150. Il sera, pendant sept ans, l’hôtelier toujours souriant. En 1995, le Conseil provincial le remercie de son travail : Vous allez quitter la communauté du 150 avec beaucoup de regrets, et les confrères, comme les sœurs, les employés et les visiteurs, sma ou autres, vous regretteront. Le Conseil vous dit un grand merci pour le temps que vous avez passé à accueillir, sans ménager ni votre peine ni votre temps, à écouter ceux qui avaient quelque chose à dire comme ceux qui n’avaient rien à dire.
Le père Mathieu a passé les onze dernières années de sa vie à Montferrier. Il aimait jouer aux cartes. La rumeur dit qu’il aimait tricher, sûrement pas pour gagner ou pour en tirer profit, mais pour s’amuser, pour rire, pour favoriser la bonne humeur. Bonté et sourire c’est ce qui reste du père Albert Mathieu. Il est décédé le 14 juin 2006 à Montferrier-sur-Lez à l’âge de 91 ans.
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