Société des Missions Africaines –Province de Lyon
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né le 2 juin 1923 au Caire dans le diocèse d'Héliopolis, Egypte membre de la SMA le 5 octobre 1971 prêtre le 27 juin 1948 décédé le 19 juin 1982 |
1948-1949 Choubra, vicaire et Tanta, professeur décédé à Montréal, Canada, le 19 juin 1982 |
Le père Gabriel HADDAD (1923-1982)
Gabriel Haddad est né le 2 juin 1923 au Caire. Son père est un syrien jacobite, Selim Haddad ; sa mère arménienne, Farida Couzian, est rescapée du génocide de 1915 en Turquie. Il est baptisé et confirmé le 23 juillet à la paroisse syro-antiochienne du Caire. Après ses études chez les Frères, il entre au petit séminaire Sainte-Thérèse à Tanta, de 1938 à 1941. Il poursuit au grand séminaire du patriarcat latin de Jérusalem, à Beit-Jala, près de Bethléem, de 1941 à 1944. Il y fera aussi sa théologie de 1944 à 1948. En 1948, après deux mois dans un "camp de concentration", comme c'est la règle pour tous ceux qui viennent de Palestine, il retourne au Caire où il est ordonné prêtre le 27 juin 1948, par monseigneur Van den Bronk.
Il sera d’abord vicaire à Saint-Marc de Choubra, et professeur au séminaire de Tanta. Affecté à Héliopolis en 1950, il devient secrétaire de monseigneur Van den Bronk, vicaire apostolique et restera le secrétaire de ses successeurs. En même temps, il a un rôle pastoral : de 1951 à 1954, il est vicaire à Sakakini puis, après 1954, vicaire à Héliopolis.
Depuis longtemps, le père Haddad souhaite entrer aux Missions Africaines. Voilà 13 ans de vie communautaire avec les membres des Missions africaines, écrit-il le 15 août 1961. Je vous demande mon admission au serment. Je suis prêt à faire le noviciat comme les supérieurs le voudront. C'est précisément cette question du noviciat qui fera problème. Il y a des difficultés pour obtenir l'autorisation de quitter le territoire. La Province demande à Rome l' autorisation pour que le noviciat se fasse en Egypte avec l'accompagnement du père Dubois, lui-même ancien maître des novices à Chanly. A la maison généralice, on pense au contraire, que neuf mois de vrai noviciat à Chanly, dans l'ambiance du noviciat, devraient lui être bien plus utile et, indirectement, quoique à retardement, pour l'Egypte également (lettre du généralat au père Bruyas). Finalement c'est seulement le 5 octobre 1971 que le père Haddad pourra prononcer son serment perpétuel. Ayant alors appris, officiellement, son admission définitive dans la SMA, il écrit avec soulagement : Je me sens davantage solidaire, devant le Seigneur, des autres missionnaires et de leur œuvre d'évangélisation, et me recommande toujours à vos bonnes prières. Membre de la province, le père sera délégué par les confrères d'Egypte à l'assemblée provinciale en juin 1973.
En 1974, il reçoit le titre de corévêque de l'Eglise syrienne catholique. Il écrit à ce sujet au père Bonfils : J'ai bien accepté ce titre de corévêque comme signe d' appréciation pour les services rendus à la communauté syrienne catholique, dont ma famille est originaire, pendant une quinzaine d'années. Monseigneur Habra m'a offert une belle croix pectorale que j'ai remisée à l'armoire. (27 juin 1974). Il assume, de fait, le rôle de responsable de la paroisse d'Héliopolis. Dans le cadre de l'évêché et de la basilique Notre Dame d'Héliopolis, son activité est grande, mais ne tourne jamais à l' activisme. Si son cœur est défaillant, il a des nerfs d'acier et passe imperturbablement d'une activité à une autre. Il est polyglotte, parle aussi bien le français que l'arabe, l'italien, l'anglais. Il a un amour de prédilection pour la chorale de la basilique. Il s'occupe de la Conférence de Saint-Vincent-de-Paul, mais pas seulement en aumônier pour le temps de la réunion : il va lui-même apporter aux nécessiteux les couvertures, les chaussures, les vêtements, et les secours en espèces dont ils ont besoin. Et, quand vient le mois de septembre, il règle rapidement les problèmes d'école, de livres, de cartables et d'uniformes des enfants des assistés (Père Binoche).
En février 1975, un rapport signé de trois confrères sma, sur la situation des latins catholiques en Egypte soulève l'indignation de la majorité des autres pères : les solutions de changement radical préconisées par les rédacteurs, en particulier le désengagement de la SMA, allant à l'encontre des convictions de la majorité de leurs confrères, ayant, pour le moins, une connaissance plus réelle et plus longue en durée, du travail apostolique en Egypte Le père Haddad fait part, quant à lui, de son avis plus mesuré face de cette crise interne au sein de la communauté sma d'Egypte. Que le Seigneur nous aide dans cette étape difficile de transition que traverse l'Eglise et la SMA ! A côté de la logique et des moyens humains, nous croyons aussi aux valeurs de foi et d'amour (lettre du 8 septembre 1975).
Au mois d'août 1979, le père avait décidé d'aller au Canada rendre visite à la famille de son frère qui venait de décéder subitement. De passage à Paris, il consulte un cardiologue à l'hôpital Beaujon, qui ajoute un petit médicament aux nombreux médicaments qu'il prenait déjà. Il revint au Caire très heureux de se sentir d'un seul coup beaucoup mieux. Mais il savait que ce n'était là qu'un sursis. En effet, depuis longtemps, le père Haddad se soignait pour une grave affection cardiaque qu'il avait contractée au cours de son adolescence et lui avait valu d'avoir ce qu'on appelle un "cœur de sportif", c'est-à-dire un cœur qui avait grossi démesurément et fonctionnait au ralenti, ce qui l'obligeait à de fréquents repos.
Ce sursis de trois années, il le passera de façon exemplaire, comme un malade auquel il reste peu de forces, mais qui entend les mettre toutes au service des autres. Il a continué, comme il l'a fait tout au long de son existence, à accueillir d'une façon merveilleuse, tous ceux qui venaient le voir, se faisant, pour les uns directeur de conscience, pour les autres un ami sincère et de bon conseil, toujours disponible. Avec tous, il était enjoué, simple et bon.
Au cours de ces dernières années, il avait installé son Q.G. dans le jardin de l'évêché. De ce jardin il prenait grand soin. Il l'arrosait généreusement avec l'aide de deux jeunes garçons, tout à sa dévotion. Il avait entrepris, avec le père Gennaro di Martino, la traduction en arabe des textes du dimanche des années A, B et C, travail qui fut mené à bien et imprimé. Il passait aussi beaucoup de temps à faire des enregistrements. Dans ces cassettes, il y avait de tout : de la liturgie à la musique classique, en passant par des chansons de charme, des sermons, des conférences. Pendant ces trois dernières années, il a continué fidèlement à assurer la messe au pensionnat du Sacré-Cœur, ainsi que quelques cours de catéchisme .
Début juin 1982, il se fatiguait plus vite que d'habitude, n'arrivait pas à se reposer. Il décidait cependant d'aller au Canada revoir sa belle-sœur, ainsi que de nombreux amis égyptiens immigrés. Avant de partir, il avait voulu revoir sa famille. Il fallait être là, à 6 heures du matin. Tous étaient venus l'accompagner jusqu'à l'aéroport, comme l'on fait pour de jeunes épouses. De fait, en allant au Canada, il allait à des noces, mais ne le savait pas.
Le 12 juin, il arrivait chez sa belle sœur au Canada. Une semaine plus tard, le 19, on le retrouvait inanimé dans la salle de bains. Il avait 59 ans.
Pour comprendre la place que le père Haddad tenait dans les cœurs, il fallait être à la messe du 40ème jour : l'église était pleine à craquer et l'émotion était grande.
Ses travaux apostoliques portent déjà leurs fruits et continueront à en porter, tout d'abord en Egypte, cadre de son ministère, mais aussi au Canada, aux USA, en Italie, en Australie…, partout où sont allés et où vont ces jeunes gens et ces jeunes filles qu'il a formés et dont beaucoup émigrent. La foi, l'optimisme et l'amour qu'il a su leur communiquer resteront ; ils sont même matière à héritage (Souvenirs du père R. Binoche, son ami).
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